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le p'tit cheval brun
- les "Gaspards" d'antan
- 1958-1961:
les rats de guerre - "Choukette" la
fouine - le rat musqué -
"Picasso" le hérisson - la
biche de Jean - la surprise d'Azrou -
les putois du Tonton - faux
manchots, mais vraie fouineuse -
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- les "gaspards"
d'antan !
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- Cette
page témoigne d'une époque où toute
économie était déjà bonne à
prendre
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- Les moyens financiers du Labo de Zoologie étaient assez
limités en regard de ses besoins, et au lieu d'acheter des
rats blancs pour les dissections des travaux pratiques, nous
allions "faire nos emplettes" chez Kulman....
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- L'usine en question fabriquait des engrais à partir
d'os de boucherie collectés chez les grossistes et
détaillants de la région, et cette "matière
première" était stockée dans de vastes
hangars bordant la Loire. C'est là que nous nous rendions
périodiquement, pour des safaris semi-nocturnes aux
ingrédients très spéciaux...
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- Imaginez la nuit tombante, et la brume montant de la Loire.
Imaginez encore les hangars ouverts à tous vents, et
plongés dans la semi pénombre d'un éclairage
diffus. Imaginez enfin une lune blafarde à souhait, et le
silence inquiétant d'une nuit pas comme les autres....
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- Dans ce décor, érigez des montagnes d'os et de
crânes encornés sur une hauteur de 4 à 5 m,
puis donnez vie à des centaines pour ne pas dire des
milliers de rats. Faites-les sortir de la nuit, pour monter
à l'assaut de cette monstrueuse manne, et s'y fondre
furtivement. Entendez aussi le crissement des dents taraudant l'os
à moelle, et les brèves échauffourées
ponctuées de couinements aigus et de galopades
effrénées...
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- Ajoutez à cela les longs chuintements, et plus encore
le glacial cri de chasse des fantomatiques effraies venues ici
festoyer, mais aussi les évolutions ouatées et
zigzagantes des chauves-souris pareillement occupées.
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- Ajoutez pour finir des myriades de moustiques issues de Loire,
des nuées de mouches assoupies sur l'innommable, et le
grouillant tapis d'une progéniture vermiforme
s'étalant parfois jusqu'à 2 m alentour de ces
sanguinolents et monstrueux ossuaires.
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- Pour couronner le tout tentez d'imaginer l'odeur
pestilentielle, et insoutenable, née de ces pratiques d'un
autre âge....
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- Vous l'aurez compris, c'est dans cette atmosphère pour
le moins "Hitchcockienne" que Jean Claude D. , sa femme, et
moi-même, économisions les deniers publics....
à grands coups de gourdins !
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- Au milieu de tous ces os il était difficile d'ajuster
nos coups et beaucoup de rongeurs en réchappaient, souvent
plus ou moins éclopés, aussi
préférions-nous les attendre cachés
derrière les piliers de soutènement des hangars. Le
museau frémissant ils sortaient de la nuit par vagues
successives et ondoyantes de 6, 8, ou 10 individus, et au passage
nous "matraquions" promptement.
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- La technique était efficace, mais non sans risques, les
bêtes blessées pouvant évidemment se rebiffer.
C'est d'ailleurs pourquoi nous étions bottés,
gantés, et ne lésinions pas sur l'énergie de
nos coups. À cet égard nous avions des émules
car un jour nous avons eu la mauvaise surprise de trouver " notre
" hangar vidé de ses os, et manifestement d'une bonne
partie de ses locataires. De fait en son milieu 2 tas de rats de
70 à 80 cm de haut, sur 1,5 m de diamètre, ainsi
qu'une demi-douzaine de pelles et fourches aux manches
brisés, témoignaient éloquemment de
l'âpreté du combat.
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- Par la suite on tenta d'améliorer la technique car trop
d'animaux s'avéraient "impropres à la consommation",
c'est-à-dire aux dissections, tant nous y allions de bon
cur. De plus les rats étant réputés
pour leur intelligence, on craignait l'éventualité
d'une sorte de "coalition", n'étant pas en mesure de faire
face à plusieurs assaillants à la fois, vu la
rapidité et l'agilité de ces animaux.
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- Le labo a donc fait l'acquisition de grandes ratières,
mais les trop nombreuses prises s'entre-dévoraient et nous
n'y trouvions pas davantage notre compte. Sur une idée du "
patron ", en l'occurrence le professeur Robert S. , j'avais
même blindé une grande caisse en la tapissant d'une
feuille d'acier d' 1 mm d'épaisseur. En définitive
elle n'a d'ailleurs que très peu servi tant il était
périlleux d'en extraire les captifs, et de les manipuler,
sachant que les incisives de ces énormes rats parvenaient
quasiment à entamer le métal.
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- On a finalement repris nos gourdins, nous efforçant de
viser la tête afin de préserver
l'intégrité viscérale de nos victimes, ce que
l'expérience aidant nous parvenions à faire sans
trop de "bavures".
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- Bien entendu ces rats portaient la trace de leurs
vicissitudes, mais qu'ils soient pelés, galeux, pustuleux,
ou parasités, tous échouaient dans les cuvettes
à dissection des étudiants, après un bref
passage à l'alcool. Je vous laisse alors imaginer les
réactions, et les ongles carminés des
étudiantes aux prises avec nos affreux "gaspards".
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- En conclusion d'une époque
depuis longtemps révolue, je précise que l'on
dissèque maintenant des souris blanches, ce qui est
très nettement plus hygiénique et sécurisant,
mais infiniment moins pittoresque !
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andré lequet
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