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le p'tit cheval brun -
les "Gaspards" d'antan
- 1958-1961:
les rats de guerre - "Choukette" la
fouine - le rat musqué -
"Picasso" le hérisson - la
biche de Jean - la surprise d'Azrou -
les putois du Tonton - faux
manchots, mais vraie fouineuse -
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- le p'tit cheval
brun !
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- C'était
dans le cadre des travaux pratiques d'anatomie
comparée
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- Il nous fallait un squelette de cheval faisant le pendant avec
celui d'une vache dite " nantaise " que j'avais déjà
eu l'opportunité de pouvoir préparer. Reste qu'il
fallait d'abord se procurer le fameux cheval
..
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- Nous avions été prévenus de sa noyade
accidentelle en Brière, et de son transport imminent dans
une station d'équarrissage de la région nantaise. Si
nous étions intéressés il nous suffisait de
prévenir l'entreprise en question, et bien sûr d'y
aller "officier" ...
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- On a beau être vacciné, et même
re-vacciné, un tel lieu n'est jamais très engageant,
et sa seule évocation donne déjà la
nausée. De plus, il faut le dire, je n'étais pas
vraiment préparé pour pareille
équipée, et encore moins outillé...
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- Partageant mes craintes, mais toujours là dans les
coups durs, Joseph B. , dit " Zef ", s'est alors proposé de
m'accompagner, et nous nous sommes lancés dans l'aventure,
"armés" de nos seules blouses blanches ... et de simples
cutters !
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- À l'extérieur c'était déjà
insoutenable, car à l'odeur écurante de
viandes plus qu'avariées se mêlaient les
émanations des " chaudrons " et autres fours transformant
notamment les sous-produits en engrais. Une fois la porte du
bâtiment franchie c'était bien pis, car outre l'odeur
cette fois concentrée, on embrassait d'un seul coup
d'il l'étendue de notre
témérité.
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- Des monceaux d'animaux de toutes sortes et dans tous les
états gisaient là, sous nos yeux, au milieu
d'excréments et de viscères épars. Dans ce
décor de cauchemar s'affairait une petite dizaine de
bipèdes du genre Cro-Magnon. Bottés, et
harnachés de grands tabliers de caoutchouc noir, ils
arboraient d'impressionnantes séries de longs coutelas
passés à même la ceinture.
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- Les uns dépeçaient tandis que les autres
dépouillaient les carcasses en un tour de main, par
insufflation d'air comprimé sous la peau de l'animal. Ainsi
traitée une vache prenait des allures de
montgolfière en quelques secondes!
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- Nous ne savions où poser le regard tant chaque m2
témoignait de l'innommable, et le tout était
complètement surréaliste, pour ne pas dire
hallucinant....
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- À notre entrée chacun s'est tu et
immobilisé, en nous dévisageant de la tête aux
pieds. Nous n'en menions pas large et nous nous sentions
parfaitement ridicules dans la blancheur de nos blouses. À
cet instant nous avions même le sentiment que tout pouvait
nous arriver, y compris un " accidentel " sceau de tripaille ou
d'excréments en guise d'accueil...
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- L'un de nous deux réussit néanmoins à
articuler que " nous venions pour le cheval ", et un coup de
tête nous indiqua où gisait l'animal. Il était
à terre, sur le flanc, et entièrement
dépouillé à l'exception de la tête. Ce
cheval était plutôt petit, mais pour l'heure il
prenait des allures de Percheron !
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- Nous n'étions pas manchots et, zoologie oblige,
l'anatomie animale nous était familière. Encore
fallait-il le prouver devant ces " pros de la carcasse" , pour le
moins septiques et curieux de nous voir à
l'uvre.
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- Quand on a sorti nos cutters, apparemment bien
dérisoires en pareil cas, nous étions
littéralement dans nos " petits souliers ", et dans ce haut
lieu de la découpe l'atmosphère était
elle-même à " couper au couteau ". Malgré
cela, dans la minute qui a suivie les quatre pattes de
l'équidé étaient " en vrac " et
c'était manifestement pari gagné.
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- De fait, alors que je finissais l'une des pattes
arrières, un des pro s'est approché pour me dire
qu'il y avait un " nerf ". Je me souviens lui avoir répondu
" oui, là ", et joignant le geste à la parole j'ai
tranché le nerf en question, libérant ainsi la
tête du fémur, ce qui entraîna d'un coup la
chute du membre entier sous l'effet de son propre poids...
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- Dès lors l'ambiance s'est détendue, gage de
notre admission au sein de cet étonnant cénacle, et
on a pu finir notre ouvrage dans de bonnes conditions,
bénéficiant même d'un coup de main quand il
nous fallait déplacer la pesante carcasse.
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- Au terme de cette anecdote, qu'il faut avoir vécue pour
en mesurer toute la " saveur ", je dirais que bien
involontairement nous avions presque inversé les
rôles. De fait, à quoi bon cette débauche de
coutelas aux allures de sabres d'abattis, quand un simple cutter
(bien manié il est vrai!) remplit le même office.
J'ajouterais que je ne suis pas près d'oublier cette
expérience, et que nos " collègues " d'un jour
doivent eux aussi se rappeler de nous !
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- Pour conclure je dirais que
c'était dans les années 80, et que les pauvres
bougres avaient bien du mérite de gagner ainsi leur vie.
Par ailleurs j'ose espérer que les conditions de travail
sont aujourd'hui plus décentes, mais ne me demandez pas
d'aller le vérifier !
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