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le "sac à puces"

 
tête de puce (Microscopie à balayage)C'était là encore au Maroc, et j'avais un très joli matou gris-cendre, et de surcroît semi angora....
 
Par principe son entretien m'incombait, mais j'étais plutôt enclin à laisser faire la nature, ce que le matou en question semblait d'ailleurs apprécier.
 
À l'issue de pérégrinations visiblement douteuses, il me suffisait en effet de brandir la brosse pour voir le " Grisou " disparaître sur le champ, et revenir 1 h plus tard, quasiment propre comme un sou neuf !
 
De temps en temps, et sauf à encourir les foudres maternelles, il fallait bien que le matou et moi-même " y passions ", mais à l'évidence mieux valait d'abord se saisir du félin avant d'aller quérir la fameuse brosse.
 
En regard de mes tortues, hérissons, caméléons, et autres bestioles du cru, le " Grisou " avait évidemment un statut à part. On peut même dire que son aptitude à traquer la souris lui valait une certaine bienveillance, et compensait par ailleurs des écarts de conduite au final bien anodins.
 
Un jour les premières puces firent leur apparition, et la suspicion maternelle se porta tout naturellement sur le matou. Traité de " sac à puces ", et accusé de traîner n'importe où, le Grisou faisait grise mine tandis qu'un péremptoire " j'te l'avais bien dit ! " venait m'incriminer et condamner sans appel mon peu d'enthousiasme pour le toilettage du minet.
 
Cela étant les choses commencèrent très vite à se gâter, car ma mère trustait littéralement les puces en question, le reste de la famille se réservant si je puis dire les moustiques. Bien entendu le Grisou s'est retrouvé en première ligne, mais le bilan des inspections maternelles était loin d'être à la mesure d'un envahissement qui perdurait, et allait même crescendo.
 
Le pot aux roses s'est découvert une bonne quinzaine de jours plus tard, et à ma grande surprise il s'agissait du vieux " jeans " que j'enfilais quand j'allais à la pêche ou à la chasse. Limite " crado-déguenillé " il faisait à mes yeux très baroudeur, ou encore vieux " blédard ", et bien entendu plus ma mère s'évertuait à vouloir le laver, plus je trouvais de " bonnes raisons" de l'en dissuader.
 
Ce jour-là elle avait eu le dernier mot, et après le bain j'avais donc mis le fameux jeans à tremper. En venant s'assurer de la chose ma mère avait découvert des dizaines de puces s'efforçant d'échapper à la noyade, et ce n'était là qu'un pâle aperçu de la réalité.
 
Prié manu militari de venir constater les dégâts, le pire s'est avéré quand elle a entrepris de dérouler ce qui était de mise à l'époque, à savoir les larges et multiples revers des bas de jambes du pantalon. Des centaines de puces étaient là, au milieu de débris végétaux qui ne laissaient aucun doute sur l'origine des parasites.
 
C'était en effet les vacances et tous les jours j'allais chasser les rats dans une ferme voisine, ce qui m'amusait, et me valait accessoirement de glaner un peu d'argent de poche au gré de tableaux de chasses parfois assez impressionnants.
 
La portée et la puissance de ma carabine étant des plus limitées, il me fallait évidemment ruser, et je passais des heures embusqué dans la paille et le foin entreposés dans les étables et les écuries.
 
Bien entendu c'est là que je récoltais " mes " puces, sans jamais avoir à souffrir de la moindre piqûre, et aujourd'hui encore il m'en étonne.
 
 
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