![]()
Amateurs de ponts-levis passez votre chemin !
De
retour des abattoirs, très tôt en matinée, un
assistant du labo m'a mis sous le nez une énorme masse plus
ou moins "mollassonne", brunâtre, et sanguinolente, qui
s'avéra être un foie de bovin
un peu
particulier. A l'entendre, il était en effet
"douvé", c'est-à-dire parasité par des
"grandes douves", sorte de vers plats parasites (ci-contre)
atteignant 3 cm de long pour 1 de large. D'aspect foliacé
ces vers vivent dans les canaux biliaires des bovins et ovins,
rendant à juste titre l'organe impropre à la
consommation.A cela s'ajoutait 2 grands bocaux contenant d'autres parasites, cette fois intestinaux. Dans l'un "nageaient" des tænias du mouton, sortes de "vers solitaires" logiquement longs de plusieurs mètres. Dans l'autre baignaient de véritables "fagots" d'ascaris, vers cylindriques blanchâtres longs d'une vingtaine de cm et pointus des 2 bouts.
Le petit déjeuner n'étant pas encore rendu bien loin ce peu ragoûtant spectacle avait de quoi vous donner la nausée, mais le pire restait à venir. Jouant des pinces et du scalpel l'assistant eut tôt fait d'extirper 2 ou 3 spécimens desdites "grandes douves" m'invitant illico à faire de même pour les besoins des classiques et incontournables "travaux pratiques" des étudiants.
Cette invite ayant à l'évidence valeur de test, je n'avais d'autre choix que celui de m'exécuter, et donc de surmonter mon appréhension et un dégoût difficilement contenu. Au final j'ai eu le sentiment de m'en être plutôt bien tiré, et l'heure du déjeuner arrivant, je me voyais déjà conter mes peu banals " exploits " à mon épouse.
Un hasard pour le moins facétieux s'en mêlant, la narration projetée a pris une très inattendue tournure et pour cause ! En effet une belle tranche de foie de buf poêlé m'attendait, dorée à point, et sa seule vue a suffi pour illico me couper l'appétit et c'est encore peu dire ! Est-il besoin de le préciser, le foie sous toutes ses formes a été très longtemps banni de la "carte" familiale, et du seul fait de me remémorer la scène, mon dégoût refait surface avec une étonnante acuité.
excréments
du bovin ou de l'ovin, leur très grand nombre
témoignant de leur infime chance d'être
ingérés par une très précise
espèce de "limnée" (ci contre). Cette sorte
d'escargot aquatique donnera vie a une forme latente de la douve
qui se fixera sur les herbes, en l'attente non moins
problématique d'être cette fois ingérée
par un bovin ou un ovin, et là elle pourra pleinement se
développer et ainsi boucler son cycle. Vous noterez que
cette douve est transmissible à l'homme, par exemple via
des salades mal lavées de pissenlits ou de cresson sauvage.
Il s'ensuit évidemment des troubles hépatiques, les
plus graves pouvant se traduire par des phases
hémorragiques, et même des cirrhoses.