- la
valise du "pitou" - le
"sac à puces" - l' homme des bois
- les "pique-assiettes"
- l'aile ou
la cuisse - la
p'tite leçon d' "ostéo" -
la couette - l'écureuil
volant - le
camion de bonne terre -
la dinde de
Noël - la
bague de ma mère -
les grandes
douves - Brigitte
Bardot ... et moi ! -
-
-
l'homme des bois
!
- C'était
très précisément le 1er avril 1969, les
étiquettes des bestioles collectées faisant foi.
C'était aussi lors de ma 1ère grande
"expédition" consacrée à mes insectes
favoris, autrement dit aux Carabes ! (voir page
entomo).
-
- En compagnie de Michel C., mon
Maître es-entomologie, nous venions de passer une semaine de
chasse itinérante au travers du Tarn et de la Montagne
Noire. Continuant notre périple nous étions
présentement arrivés en Ariège, et chaque
jour apportant son contingent de "bonnes bêtes", nous avions
une vraie "pêche d'enfer".
-
- Nous avions également un look
à faire frémir, suite logique de crapahutages
quotidiens non-stop, d'ablutions plus que sommaires, de nuits
passées dans l'inconfort de la voiture, le tout sous une
météo passablement calamiteuse, ce qui n'arrangeait
rien.
-
- L'objectif du jour, si je puis dire,
était de prospecter les très montagneux et pentus
massifs forestiers du Bosc et d'Andronne, où vivent des
Carabes propres à cette partie des Pyrénées
ariégeoises.
-
- Alors que nous étions en pleine
forêt, et quasiment à des lieues de toute habitation,
nous sommes tombés sur un personnage sorti de nulle part,
si ce n'est de la nuit des temps.
-
- Plus vraiment jeune, mais bien loin
d'être vieux, l'homme était aussi barbu que chevelu,
et visiblement plus accoutré que vêtu. Quasi
cassé en deux sous le poids d'un énorme fagot de
bois mort, il nous a paru sur l'instant porter toute la
misère du monde.
-
- Il nous a regardé sans mot dire,
manifestement surpris par notre présence. Sans doute
était-il également intrigué par notre allure,
et par les solides piochons nous permettant de débusquer
les carabes dans leurs gîtes hivernaux (talus, vieilles
souches, troncs cariés, etc...).
-
- La surprise passée, nous l'avons
instinctivement salué, car nous éprouvions le
très net sentiment de jouer les intrus, tant il donnait
l'impression d'être chez lui, et pour tout dire d'appartenir
à l'essence même de la forêt.
-
- La réponse s'est faite attendre
une éternité, puis sans doute mis en confiance par
notre allure, au demeurant guère éloignée de
la sienne, l'homme a posé son fardeau, et demandé ce
que nous faisions.
-
- L'explication une fois donnée, et
les flacons de bestioles montrés, notre curieux bonhomme a
dû éprouver le besoin de se confier, voire de se
justifier, espérant peut-être se libérer d'un
fardeau qu'il savait autrement plus pesant que son
bois.
-
- L'homme n'était pas très
bavard, et il s'est contenté de devancer une question qui
nous brûlait les lèvres, mais que nous n'osions
formuler, à savoir les raisons de sa présence en ces
lieux , et de plus à pareille époque.
-
- A notre extrême surprise il nous a
dit avoir été médecin dans une grande
agglomération du sud-ouest pyrénéen, et avoir
en quelque sorte complètement "craqué", au point de
tout quitter: femme, enfants, maison, profession,
patients.
-
- A l'entendre il avait fini par
échouer ici, en pleine forêt, et il y était
depuis 6 mois en dépit des rigueurs de l'hiver
pyrénéen. Il nous a dit avoir retrouvé une
certaine sérénité, mais ne pas savoir quand
il quitterait sa glaciale retraite, ni même s'il la
quitterait un jour.
-
- Regrettant sans doute de s'être
ainsi dévoilé, ou craignant peut-être que nous
allions à l'encontre de ses choix, l'homme a très
vite coupé court et repris son fardeau. Pour lui tout
était dit, et nous n'avons pas su s'il
avait trouvé refuge dans une grotte,
une cabane pastorale, ou une simple cahute, et pas davantage su de
quoi il vivait, ou survivait.
-
- Notre seule certitude était que
le volume du bois transporté attestait d'une très
rassurante vigueur, et que la Nature sait se montrer prodigue pour
qui la connaît, ce qui était certainement le cas de
notre "homme des bois".
-
- Au final chacun est reparti vers ses
occupations, lui à son bois et sa solitude, nous à
nos carabes, mais de notre côté le coeur n'y
était plus vraiment, tant cette étrange et
troublante rencontre accaparait nos pensées.
-
- Pour clore cette historiette je
dirais qu'à sa manière notre ermite était
sans doute un peu fou ... et que nous l'étions tout autant,
comme le sont toujours les vrais passionnés
!
-
- Je dirais aussi que "la folie serait
de ne pas faire de folies", comme le chante si joliment Nana
Mouskouri, et je terminerais par une citation de Michel Audiard
qui mérite elle aussi réflexion "Bienheureux soient
les félés, car ils laissent passer la
lumière".
-
-
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historiettes
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andré lequet
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