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 la "dinde de Noël" !
 
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Nous habitions à deux pas de chez Belle-Maman, que j'appelais le plus souvent " Grand-mère ". C'était une adorable vieille dame, très attachée à la famille et aux traditions, mais aussi à la terre qu'elle jardinait à merveille et avec passion.
 
Sa cuisine était à son image, à la fois simple, généreuse, chaleureuse, et les rituelles agapes familiales étaient particulièrement appréciées. Bien entendu la "dinde de Noël" faisait partie des incontournables … et le volatile était bien le seul à s'en plaindre !
 
La bête en question était toujours achetée vive, quelques semaines avant une échéance pour elle fatidique. Il s'agissait bien sûr de parfaire la finesse, le moelleux, et le "goûteux" de la chair, d'où un statut privilégié au sein de la basse-cour.
 
A cet effet la future "dinde de Noël" disposait quotidiennement de maïs, verdure, et autres gâteries volaillères, ce régime de faveur lui permettant in fine de trépasser au mieux de sa forme … si l'on peut dire !
 
Cette année là, sentant sans doute sa dernière heure venue, la bête s'est échappée des mains venues lui "tordre le cou", pour aller d'un battement d'ailes se percher sur la barrière du poulailler.
 
Bien entendu Belle-Maman s'est précipitée pour récupérer son bien … lequel a pris un nouvel essor salvateur ! Profitant de la pente du terrain, la lourde volaille a parcouru une petite cinquantaine de mètres pour finalement atterrir sur le faîtage d'une maison … la dernière du village avant la rase campagne !
 
Du haut de ce nouveau perchoir, de surcroît doté d'un étage, la dinde aux marrons risquait fort de s'envoler à jamais (au propre comme au figuré !), et de finir dans la gueule d'un renard, maître Goupil étant toujours prompt à profiter d'une telle d'aubaine.
 
C'était sans compter sur "l'appel au secours" d'une belle-sœur, et plus encore sur ma petite carabine 22 LR à un coup, au demeurant plus adaptée au tir sur cibles en carton que sur "dinde de Noël" … en chair et en os !
 
Etant plutôt bon tireur, et afin de compenser la petitesse du calibre (5,5 mm), j'ai pris le parti de viser la tête. Sans appui et à plus de 30 m c'était loin d'être évident, mais ce jour là la chance était avec moi. Au premier tir la bête a tressailli, au second elle est tombée … "roide morte" !
 
L'honneur de Grand-maman s'en est trouvé sauf ( le mien aussi ! ), mais à l'évidence nous étions passés tout près de la catastrophe, car cette historiette a bien failli s'intituler "les dindons de la farce" … un comble pour une "dinde aux marrons" !
 
 
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