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Le PSYLLE de l'ÉLÉAGNUS ou PSYLLE du CHALEF !
( Cacopsylla fulguralis, Homoptère Psyllidae)
 
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La larve ... suite ! 
 Production cirière et miellat !
Pendant sous les feuilles, tels de minuscules et blancs stalactites, les nombreux filaments cireux ( et "mielleux" ! ) secrétés par les larves finissent par tomber, et souiller le feuillage sous-jacent. La formation et la propagation de la fumagine (précédemment illustrée) s'en trouve évidemment favorisée. Vous noterez l'importance du volume de cire émis, en regard de la taille des larves. Vous noterez également que les gouttelettes de miellat perlent fréquemment à l'extrémité de filaments cireux brisés, ou en cours de formation. Il s'ensuit la nette impression d'un "écoulement", laissant supposer que les filaments sont à cet effet plus ou moins creux.
 
 Psylle de l'éléagnus  ou psylle du chalef (Cacopsylla fulguralis),  "stalactites" de cire, photo 1. Psylle de l'éléagnus  ou psylle du chalef (Cacopsylla fulguralis),  "stalactites" de cire, photo 2. Psylle de l'éléagnus  ou psylle du chalef (Cacopsylla fulguralis),  "stalactites" de cire, photo 3................Psylle de l'éléagnus  ou psylle du chalef (Cacopsylla fulguralis),  illustration de la production cirière, photo 1. Psylle de l'éléagnus  ou psylle du chalef (Cacopsylla fulguralis),  illustration de la production cirière, photo 2. Psylle de l'éléagnus  ou psylle du chalef (Cacopsylla fulguralis),  illustration de la production cirière, détail, photo 1. Psylle de l'éléagnus  ou psylle du chalef (Cacopsylla fulguralis),  illustration de la production cirière, détail, photo 2
ci-dessus à gauche : exemples des étonnants "stalactites" cireux, et des gouttelettes de miellat associées ; à droite : à l'origine des précédentes photos, ce "bouquet" illustre l'impressionnant volume des "déchets" (cires, gouttelettes mielleuses, exuvies) produits en l'espace d'une semaine ! ci-dessous à gauche : vue d'ensemble du revers d'une feuille; à droite : très démonstratif "gros plan" !
Psylle de l'éléagnus  ou psylle du chalef (Cacopsylla fulguralis),  dessous de feulle avec "stalactites". Psylle de l'éléagnus  ou psylle du chalef (Cacopsylla fulguralis),  gros plan sur cire.
 
 
 
Psylle de l'éléagnus  ou psylle du chalef (Cacopsylla fulguralis),  larves avec  ruban de cire. .............Psylle de l'éléagnus  ou psylle du chalef (Cacopsylla fulguralis),  larve avec très long ruban de cire, photo 1. Psylle de l'éléagnus  ou psylle du chalef (Cacopsylla fulguralis),  larve avec très long ruban de cire, photo 2 Psylle de l'éléagnus  ou psylle du chalef (Cacopsylla fulguralis),  larve avec très long ruban de cire, photo 3 .............Psylle de l'éléagnus  ou psylle du chalef (Cacopsylla fulguralis)  gouttelettes de miellat, photo 1. Psylle de l'éléagnus  ou psylle du chalef (Cacopsylla fulguralis)  gouttelettes de miellat, photo 2.
 à gauche : larves âgées, avec rubans cireux; au centre : où ces minuscules larvules vont-elles chercher tout ça !
à droite : exemples de gouttelettes de miellat, parfois proportionnellement très volumineuses.
 
Formes immatures ... pour le fun !
Est-il besoin de le rappeler, la croissance des insectes, de la larve naissante à l'adulte, est subordonnée aux mues, lesquelles se traduisent par l'abandon de dépouilles rigides devenues trop étroites, au profit de nouvelles enveloppes tégumentaires ... plus confortables ! Essentiellement constitués de chitine, ces téguments forment un véritable squelette externe ( = "exosquelette" ! ), par opposition à l'interne ( = endosquelette" ! ) ... tel le nôtre ! ... CQFD ! :-)
 
Bien que Dame Nature fasse en sorte que tout se passe bien, la mue reste une étape toujours délicate. Un "rien" peut en effet la compromettre, et ce ne sont pas les éleveurs d'insectes qui diront le contraire ! Par-delà les malformations accidentelles, plus ou moins préjudiciables, pouvant se produire in natura, il faut ajouter une vulnérabilité fortement accrue quand les mues se déroulent à l'air libre. La mollesse des téguments est en effet une aubaine assurément "gouleyante" pour les prédateurs, l'insecte étant bien sûr totalement incapable de fuir ou se défendre. Coloration et dureté s'acquièrent en quelques jours, et l'activité normale reprend logiquement quand les pièces buccales redevenues fonctionnelles permettent la prise de nourriture.
 
Psylle de l'éléagnus  ou psylle du chalef (Cacopsylla fulguralis)  imago immature, photo 1.   Psylle de l'éléagnus  ou psylle du chalef (Cacopsylla fulguralis)  imago immature, photo 2. Psylle de l'éléagnus  ou psylle du chalef (Cacopsylla fulguralis)  imago immature sur allumette, photo 1. Psylle de l'éléagnus  ou psylle du chalef (Cacopsylla fulguralis)  imago immature sur allumette, photo 2. Psylle de l'éléagnus  ou psylle du chalef (Cacopsylla fulguralis)  imago  naissant.
ci-dessus : imagos post-émergents, totalement immatures; celui de droite n'a pas encore déployé ses ailes.
ci-dessous à gauche : émergence d'un imago ( = mue imaginale ! ); à droite : larves venant de muer et de passer au 5e et dernier stade larvaire.
Psylle de l'éléagnus  ou psylle du chalef (Cacopsylla fulguralis) mue imaginale, photo 1. Psylle de l'éléagnus  ou psylle du chalef (Cacopsylla fulguralis) mue imaginale, photo 2. Psylle de l'éléagnus  ou psylle du chalef (Cacopsylla fulguralis) mue imaginale, photo 3. Psylle de l'éléagnus  ou psylle du chalef (Cacopsylla fulguralis) mue imaginale, photo 4............. Psylle de l'éléagnus  ou psylle du chalef (Cacopsylla fulguralis)  larve immature. Psylle de l'éléagnus  ou psylle du chalef (Cacopsylla fulguralis)  larve immature sur allumette.
 
 
Le coin des ( très ! ) curieux !

1)- le rostre, et son peu banal stylet !

En leur qualité d'insectes dits "piqueurs-suceurs", les adultes et larves de psylles disposent d'un rostre acéré ... mais pas que ! Chez tous les insectes ainsi qualifiés (cigales ou punaises par exemple) ce rostre comporte et protège un fin stylet chitinisé, canaliculé et rétractable, alliant dureté et souplesse. Plus ou moins long et effilé, ce stylet faussement monobloc résulte de l'évolution ( avec un grand "E" ! ), et de la coaptation de mandibules et mâchoires pouvant à l'origine se présumer classiquement broyeuses.

Concrètement le rostre proprement dit pratique une sorte d'avant trou dans le "garde-manger", en l'occurrence dans les feuilles de l'éléagnus, puis le stylet entre en action et va "pomper" la sève ... là où elle se trouve ! Logique me direz-vous, sauf que le fameux stylet est particulièrement long, beaucoup plus que nécessaire en apparence, sauf à considérer qu'il puisse s'insinuer dans les canaux foliaires pour y puiser le liquide nourricier, ce qui est certainement le cas. Reste à savoir où et comment la bestiole "rengaine" son interminable stylet !

Comme les illustrations ci-dessous et la vidéo le montrent, la longueur du stylet atteint en effet les 3/4 (bon compte ! ) de celle de la bestiole. Le fait est particulièrement patent sur une exuvie imaginale, ce qui confirme la nature chitineuse du stylet, et permet de rappeler que TOUT ce qui est chitinisé mue, y compris les plus fines structures, qu'il s'agisse par exemple des trachéoles aérifères ... ou d'un stylet quelques dizaines de fois plus fin ... qu'un de mes cheveux !

 
Psylle de l'éléagnus  ou psylle du chalef (Cacopsylla fulguralis)  rostre, sur larve. Psylle de l'éléagnus  ou psylle du chalef (Cacopsylla fulguralis)  rostre et stylet, sur larve. ............ Psylle de l'éléagnus  ou psylle du chalef (Cacopsylla fulguralis)  rostre et stylet sur exuvie, photo 1. Psylle de l'éléagnus  ou psylle du chalef (Cacopsylla fulguralis)  rostre et stylet sur exuvie, photo  2
ci-dessus à gauche : mise en évidence du rostre et du stylet (sur le vif, larves au dernier stade); à droite : idem, mais sur exuvies imaginales; ci-dessous, photos 1 à 3 : copies d'écrans de cette vidéo montrant le stylet en mouvement et sa rétraction finale; à droite : illustration de la finesse du stylet par comparaison avec un de mes cheveux.
Psylle de l'éléagnus  ou psylle du chalef (Cacopsylla fulguralis)  stylet sur larve, photo 1. Psylle de l'éléagnus  ou psylle du chalef (Cacopsylla fulguralis)  stylet sur larve, photo 2. Psylle de l'éléagnus  ou psylle du chalef (Cacopsylla fulguralis)  stylet sur larve, photo  3. Psylle de l'éléagnus  ou psylle du chalef (Cacopsylla fulguralis)  comparaison du stylet avec un cheveu.
 
 

2)- le "squelette" des pattes postérieures !

Respectant tout ce qui est chitinisé, et détruisant tout ce qui ne l'est pas, un traitement à la potasse caustique ( l'hydroxyde de potassium pour le chimiste ! ) a permis de mettre en évidence, "recto / verso", la complexité du "mécanisme" des pattes postérieures et structures associées. C'est notamment le cas des dispositifs losangiques très comparables aux mécanismes déformables dits "à 4 barres", très utilisés pour initier un mouvement prédéterminé, d'où leur probable implication dans le saut ou dans son pré-positionnement.

 
Psylle de l'éléagnus  ou psylle du chalef (Cacopsylla fulguralis)  "squelette" des pattes postérieures, photo 1. Psylle de l'éléagnus  ou psylle du chalef (Cacopsylla fulguralis)  "squelette" des pattes postérieures, photo 2.
Un "complexe" ... très complexe !
Mise en évidence ( procédé ci-dessus décrit ! ) de l'ossature du dispositif "saltatoire". à gauche : vue externe ventrale; à droite : vue interne "dorsale". Remarquer les parallélogrammes losangiques, très probablement impliqués dans le "mécanisme" du saut.  
 

3)- le saut ... comment ça marche ! :-) !

En règle générale le saut est la "chasse gardée" des pattes postérieures, d'où de logiques modifications morphologiques, au demeurant aussi simples qu'efficaces. L'adaptation au saut peut en effet se traduire par des fémurs plus volumineux ( et donc plus "musclés" ! ) que ceux des autres pattes, comme chez les altises par exemple. L'allongement plus ou moins conséquent des postérieures, toujours en regard des autres membres, constitue également une excellente option. Souvent complétée par des fémurs "renforcés", c'est même une solution particulièrement efficace, carrément plébiscitée ... par les sauterelles !

Pour info : 1)- chez les collemboles, insectes aptères "inférieurs" de quelques millimètres, le saut est rendu possible par la brusque détente du "furca" ( = "petite fourche" ! ), organe replié ventralement au repos. 2)- Les fémurs postérieurs très renflés de l'Oedemera nobilis sont l'apanage des mâles de ce petit coléoptère, et n'ont donc rien à voir avec le saut.

Concernant les psylles, et plus spécialement celui de l'éléagnus, la littérature et le web se contentent de mentionner leur capacité à sauter ... comme des puces ! Dans le meilleur des cas, faute de mieux, il est fait mention de fémurs postérieurs "légèrement renflés" (Encyclopaedia Universalis par exemple), mais la réalité est tout autre. Si l'aspect des pattes postérieures s'avère en effet très banal, et conforme aux autres membres, leur position à l'instant " T " est à coup sûr particulièrement originale. Cela semble "tout bête", mais compte tenu de l'instantanéité du saut, il m'a fallu un "certain temps" pour subodorer le processus, puis comprendre ... "comment ça marche" !

Dans un premier temps, et les illustrations ci-dessous en témoignent, j'ai été intrigué par la très inhabituelle position "post-mortem" des pattes postérieures, observations faites sur bestioles euthanasiées, puis mises en contention dorsale ... sur étiquettes autocollantes ! Habituellement, est-il besoin de le préciser, les pattes d'un insecte mort peuvent aisément et naturellement se recroqueviller, mais dans tous les cas leur positionnement est aléatoire.

A contrario les pattes postérieures des psylles sont quasi systématiquement rabattues sur la tête, tout en restant le plus souvent subparallèles, mais aussi très rapprochées comme le sont leur insertion au niveau des hanches ( = coxa ! ). Il était évidemment difficile de ne pas y voir un rapport avec le saut, la constance de cette position laissant en outre présager une sorte d'effet ressort susceptible de pouvoir "s'armer". Si tel est bien le cas, le "mécanisme" devrait logiquement siéger au niveau du renflement des hanches et de leurs 2 énigmatiques "pointus". Le "squelette" des pattes postérieures, précédemment illustré, semble bien le confirmer.

 
Psylle de l'éléagnus  ou psylle du chalef (Cacopsylla fulguralis)  retournement des pattes, photo 1. Psylle de l'éléagnus  ou psylle du chalef (Cacopsylla fulguralis)  retournement des pattes, photo  2. Psylle de l'éléagnus  ou psylle du chalef (Cacopsylla fulguralis)  retournement des pattes, photo 3..Psylle de l'éléagnus  ou psylle du chalef (Cacopsylla fulguralis)  retournement des pattes, photo 4.
Illustration des pattes postérieures "à la retourne" !
Systématique et totalement inhabituelle, cette peu banale position "post-mortem" résulte censément d'une conformation spécifique. Son rapport avec le saut  apparaît non moins évident; ci-dessous à droite : les énigmatiques "pointus", également bien visibles sur d'autres vues.
Psylle de l'éléagnus  ou psylle du chalef (Cacopsylla fulguralis)  retournement des pattes, photo 5. Psylle de l'éléagnus  ou psylle du chalef (Cacopsylla fulguralis)  retournement des pattes, photo 6. Psylle de l'éléagnus  ou psylle du chalef (Cacopsylla fulguralis)  retournement des pattes, photo 7. ........... Psylle de l'éléagnus  ou psylle du chalef (Cacopsylla fulguralis)  détail des "pointus".
 
Fort de ce constat j'ai ressorti les étiquettes autocollantes, et contraint les minuscules bestioles à jouer les antipodistes ( sous loupe binoculaire ! ) avec de menus fragments de lamelles histologiques (*) posés à plat sur les pattes. La transparence du verre était bien sûr censée laisser percevoir le mouvement "saltatoire", et à ce titre l'idée semblait bonne. En fait il s'est très vite avéré que les fragments trop lourds empêchaient la bestiole de "sauter", là où la vitesse d'éjection des plus légers ne laissait pas le temps de percevoir les pattes à l'oeuvre. La décomposition des vidéos, image par image, n'a rien apporté de plus, le rythme classique de 30 images / seconde étant beaucoup trop lent en regard de l'instantanéité du saut. .........(*) lames de verre très fines utilisées en microscopie.

Faute de disposer d'une caméra ultra-rapide (de l'ordre de 1000 images / seconde), permettant de "décortiquer" le mouvement, la multiplication des observations et "cogitations" fait que j'en arrive aux conclusions ci-dessous. Comme vous le verrez, il s'agit d'une sorte de saut "à pattes jointes", la bestiole étant bien la seule à savoir s'il est directionnel ou pas. Perso je pense que l'orientation du saut est le fait du hasard, la localisation de la zone d'appui pouvant néanmoins s'avérer déterminante, en regard du point d'équilibre du corps de l'insecte.

Le saut est initié par la rotation des pattes postérieures vers l'avant-corps ... et là c'est une certitude !
L'impulsion proprement dite a sans doute lieu vers la mi-course, cela restant une présomption ... fut-elle forte !
 
Psylle de l'éléagnus  ou psylle du chalef (Cacopsylla fulguralis) , schéma de principe du saut.
Schéma de principe du saut !
 

 

... et comme il se doit : les ennemis naturels !
 
En guise de conclusion ...

(11 février 2019) : je cite : Les insectes pourraient disparaître de la planète d'ici 100 ans !

"Les insectes du monde entier sont en voie d'extinction, menaçant d'un "effondrement catastrophique des écosystèmes naturels", s'est alarmé, fin janvier, la revue scientifique mondiale Biological Conservation".
 
arte glyphosate..............carte pesticides
No comment !
à gauche : MEDIAPART (3 mars 2019) "Près de 9 000 tonnes de glyphosate ont été vendues en France en 2017".
à droite : CASH Investigation (2 février 2016) : tonnage des ventes de pesticides (données brutes) en kg/année depuis 2008
  
FIN !
 
les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr