Découverte au coeur de l'hiver (mi-janvier) une belle population de psylles squattait un éléagnus d'Ebbing ( Elaeagnus x ebbingei pour les intimes ! ), non loin de mon domicile. Encore appelé "chalef"' l'arbuste était isolé, et le feuillage parasité aisément accessible à travers les larges mailles du grillage clôturant un pavillon. L'occasion était évidemment trop belle pour la laisser passer, mais la petitesse de ces insectes s'est avérée un véritable challenge technique, notamment en regard des capacités de mon petit Lumix TZ30 .... fut-il de longue date "bidouillé maison" en vue des "missions impossibles" !
Les Psylles ... en général !
Les Psylles sont des insectes Homoptères, et à ce titre ils "voisinent" ( entre autres ! ), avec les cigales, cicadelles, et pucerons. Bien entendu ils empruntent aux uns et aux autres, à commencer par les ailes en toit au repos, et une relative aptitude au vol, mais aussi par la présence d'un rostre piqueur-suceur en charge de "pomper" la sève nourricière. A cela s'ajoute la faculté de sauter tous azimuts comme des puces (d'où le nom de "puces de feuilles" parfois donné ! ), grâce à des fémurs postérieurs souvent qualifiés de ... "renforcés" ! Bien entendu, cela ne facilite pas la tâche des prédateurs ... ni celle du photographe ! Au passage, vous noterez que les insectes sauteurs sont parfois dits "saltipèdes" .... car dotés de pattes "saltatoires" ! .... CQFD !
Par leur très petite taille, le plus souvent autour de 2 à 3 mm, et par la sécrétion de cires et miellats favorisant la formation de fumagine, les Psylles ne sont pas sans rappeler certains pucerons. La confusion est même parfois possible, comme avec le puceron lanigère (Eriosoma lanigerum). Ces "faux pucerons" sont toutefois aisément reconnaissables par la constance morphologique des adultes (au sein d'une même espèce s'entend), alors que le polymorphisme est de règle chez les vrais pucerons.
De très nombreuses espèces de Psylles sont connues, la seule Alsace en hébergeant déjà 64 (Malenovsky, 1999). Ces insectes sont très spécialisés, chaque bestiole ayant pratiquement son végétal attitré, tels les psylles des orties, des joncs, du buis, ou encore des ronces. Idem pour les arbres, y compris décoratifs (mimosa et arbre de Judée par exemple), et surtout fruitiers (tels les psylles du poirier, du pommier, du figuier, de l'olivier). Il s'ensuit bien sûr de sérieux problèmes en cas de pullulation du parasite, à commencer par le dessèchement du feuillage, d'où l'affaiblissement des arbres sévèrement touchés, avec souillure des fruits le cas échéant. A cela s'ajoute la difficulté des traitements en raison du chevauchement des générations, et de la protection induite par les excrétions cireuses.
... et celui de l'éléagnus ou chalef en particulier !
Comme celui de l'albizia (voir page entomo ! ), le psylle de l'éléagnus ( Cacopsylla fulguralis ) est un "cadeau" de la mondialisation. Originaire d'Asie de l'Est , il a été découvert en 1999, au nord-ouest de la France (Saint Paul de Léon, source OEPP = EPPO ) sur Elaeagnus x ebbingei. Ce parasite s'est depuis très largement répandu, puisqu'il est notamment connu d' Angleterre, Belgique, Pays-Bas, Suisse, Espagne, Croatie ... et plus encore sans doute !
Aussi surprenant que cela puisse paraître ce psylle est actif dès l'instant ou le mercure atteint les 2 ou 3° centigrades, d'où la trouvaille ci-dessus mentionnée, toutes les illustrations étant d'ailleurs estampillées janvier 2019. A contrario larves et adultes se font moins présents en été, au point de pouvoir disparaître quand les températures élevées perdurent au-delà des 30°. Les parasites "refont surface" en automne, après une sorte de diapause passée par exemple au sein de la litière sous-jacente ou proximale.
Comme toujours chez les psylles, plusieurs générations peuvent se succéder et se chevaucher, leur nombre étant bien sûr fonction des conditions climatiques du lieu et du moment. Dans le meilleur des cas le cycle larvaire de ce psylle serait bouclé en guère plus d'un mois. La donnée est tout à fait plausible, mais je n'ai pas eu l'occasion d'en vérifier l'exactitude. Cette "page entomo" est en effet issue de simples observations, là où d'autres sont plus orientées sur une expérimentation basée sur l'élevage.
Vous noterez que les pluies de quelque importance sont évidemment bénéfiques, car en dissolvant les "sucres" elles permettent d'éliminer une partie non négligeable des dépôts ... voire des "dépotoirs" ! L'amélioration, y compris visuelle, est aussi notable qu'éphémère car les minuscules bestioles ne cessent de sécréter ... ce qui vient d'être lessivé !