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LE VER LUISANT (Lampyris noctiluca) !
(Coléoptère Lampyridae)
 
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Spécificités alimentaires et morphologiques !

Grand consommateur d'escargots, mais aussi de visqueuses limaces (en net 2e choix me semble-t-il !), le Lampyre marque là encore sa différence en usant d'une technique pour le moins originale, et quasi chirurgicale. Il anesthésie en effet ses proies avant de les consommer, et il s'agit bien d'une anesthésie car les escargots en question sont susceptibles de "récupérer". Bien entendu il ne faut pas laisser le Lampyre passer à table, car c'est un adepte de la digestion extra orale, et à ce titre il liquéfie littéralement les tissus de sa victime avant de les absorber. Cette précision apportée, l'anesthésie en question est si efficace, et si subtilement instillée, que les quelques morsures infligées à cet effet paraissent d'aimables bécots, et ne provoquent aucune réaction de défense de la part de la victime ( rétraction dans la coquille, ou émission de mucus par exemple). Ces dernières demeurent toutefois possibles avec des proies de grande taille, mais il en faut plus pour éviter ... le "passage à la casserole" !

A titre indicatif, et comparatif, de nombreux Hyménoptères paralysent leurs proies, le plus souvent en vue d'assurer la subsistance de leur descendance. Cette paralysie est cependant irréversible, et elle résulte d'un coup d'aiguillon, au demeurant toujours très efficacement porté, car bien placé pour atteindre les centres nerveux de la victime.

 
Lampyre ou ver luisant (Lampyris noctiluca), la tête dévaginée, photo 1. Lampyre ou ver luisant (Lampyris noctiluca), la tête dévaginée, photo2 Lampyre ou ver luisant (Lampyris noctiluca), la tête dévaginée, photo 3.
Morphologie de la tête, et illustration de son caractère rétractile
ci-dessus: vues dorsale, latérale, et ventrale, de la tête d'une larve de "ver luisant". Vous noterez également la position de l'oeil ("fléché" sur la photo centrale), et surtout les très acérées mandibules ... l'arme fatale du lampyre ! (bien visibles à droite); ci-dessous: exemples de positions "rétractées" (également en vues dorsale, et ventrale), avec total "escamotage" à droite.
Lampyre ou ver luisant (Lampyris noctiluca), la tête invaginée, photo 1 Lampyre ou ver luisant (Lampyris noctiluca), la tête invaginée, photo 2. Lampyre ou ver luisant (Lampyris noctiluca), la tête invaginée, photo 3.
 
 
 
Lampyre ou ver luisant (Lampyris noctiluca), larve mangeant un escargot des dunes, photo 1. Lampyre ou ver luisant (Lampyris noctiluca), larve mangeant un escargot des dunes, photo 2. Lampyre ou ver luisant (Lampyris noctiluca), larve mangeant un escargot des dunes, photo 3. lampyre mangeant un escargot Lampyre ou ver luisant (Lampyris noctiluca), larve mangeant un escargot des haies
Lampyres à l'oeuvre !
 
 
Lampyre ou ver luisant (Lampyris noctiluca), 2 larves attablées sur le même escargot................ Lampyre ou ver luisant (Lampyris noctiluca), larve mangeant une limace.
ci-dessus à gauche: un escargot ... biplaces ! à droite: au pays des lampyres, faute de grives on mange aussi des merles !
ci-dessous: aussi surprenant que cela puisse paraître cette larve a été trouvée "attablée" sur un gros "p'tit gris" ... si je puis dire ! C'était début Octobre, dans mon jardin, et bien sûr j'ai voulu en savoir plus. La bestiole s'est donc retrouvée momentanément captive avec son escargot, et ce dernier s'est vu "liquidé" (et même liquéfié ! ) en l'espace de 3 ou 4 jours. Un autre escargot de même taille a subi le même sort, et permis cette très édifiante vidéo.
Lampyre ou ver luisant (Lampyris noctiluca), larve mangeant un  gros escargot, photo 1. Lampyre ou ver luisant (Lampyris noctiluca), larve mangeant un  gros escargot, photo 2. Lampyre ou ver luisant (Lampyris noctiluca), larve mangeant un  gros escargot, photo . Lampyre ou ver luisant (Lampyris noctiluca), larve mangeant un  gros escargot, photo 4.
 
 
Mieux que le téflon !
 
 Lampyre ou ver luisant (Lampyris noctiluca),  anti-adhésivité du tégument, photo 1. Lampyre ou ver luisant (Lampyris noctiluca),  anti-adhésivité du tégument, photo 2. ................. Lampyre ou ver luisant (Lampyris noctiluca),  anti-adhésivité du tégument, photo 3. Lampyre ou ver luisant (Lampyris noctiluca),  anti-adhésivité du tégument, photo 4.
Comme une poêle bien connue, le tégument du lampyre "n'accroche pas", et mieux vaut ! En effet l'anesthésie ne suffit pas toujours à empêcher ou tarir l'émission de mucus, d'où le risque de plus ou moins s'engluer, cela valant par exemple pour les gros "cagouilles"; à gauche: il s'agit de "bouillon" résiduel issu de la liquéfaction des tissus; à droite: simple gouttelette d'eau pure.
 
   
Le pygopode !

A la fois 7e patte et ...

La larve du lampyre dispose de 6 pattes parfaitement fonctionnelles, mais elles sont dépourvues d'ongles griffus, apanage de l'adulte, et se terminent donc par une simple pointe chitinisée, à l'évidence moins performante. Afin de parfaire le maintien et la propulsion, Dame Nature a prévu un "pygopode", sorte de "béquille" fonctionnant à la manière d'une 7e patte (à voir en vidéo ! ). Concrètement l'extrémité abdominale se replie, et fournit ainsi un appui supplémentaire (synchro avec les pattes), permettant de s'arque bouter, et au besoin de pousser pour faciliter la progression, ou encore "crapahuter", par exemple en terrain pentu ou accidenté.

Là où les Driles (héliciphages voisins des Lampyridae) disposent d'une forte ventouse anale, le pygopode du ver luisant est doté d'une sorte de bouquet de tentacules adhésifs excertiles qui jouent le même rôle, répondent aux mêmes besoins, et sont pareillement situés au niveau de la zone anale. Concrètement ces tentacules ajoutent à l'efficience de la béquille et permettent à la larve de se maintenir ou se déplacer sur des surfaces plus ou moins lisses ou glissantes, telle une coquille d'escargot rendue humide par la pluie ou la rosée. La puissance de cette adhésivité est telle que des larves à terme, et donc au maximum de leur corpulence, se maintiennent facilement sur une plaque de verre tenue verticalement.

 
Lampyre ou ver luisant (Lampyris noctiluca), la 7e patte ou pygopode, photo 1. Lampyre ou ver luisant (Lampyris noctiluca), la 7e patte ou pygopode, photo 2. ............... Lampyre ou ver luisant (Lampyris noctiluca), la 7e patte ou pygopode, photo 3. Lampyre ou ver luisant (Lampyris noctiluca), la 7e patte ou pygopode, photo 4. Lampyre ou ver luisant (Lampyris noctiluca), la 7e patte ou pygopode, photo 5.
ci-dessus à gauche: illustration de la "béquille", par exemple fort utile sur la coquille d'un escargot rendue glissante par la pluie ou le mucus (ici sur lame de verre ! ); à droite: aperçu des tentacules; ci-dessous à gauche: sur plaque de verre tenue verticalement les bestioles tiennent parfaitement grâce aux propriétés adhésives des tentacules de leur extrémité abdominale: à droite: le "panache" des tentacules, sur miroir à plat.
Lampyre ou ver luisant (Lampyris noctiluca),  larve âgée sur vitre verticale, photo 1. Lampyre ou ver luisant (Lampyris noctiluca),  larve âgée sur vitre verticale, photo 3. Lampyre ou ver luisant (Lampyris noctiluca), panache du pygopode, photo 2 Lampyre ou ver luisant (Lampyris noctiluca), panache du pygopode, photo 3. ..................Lampyre ou ver luisant (Lampyris noctiluca), panache du pygopode sur miroir à plat, photo 1. Lampyre ou ver luisant (Lampyris noctiluca), panache du pygopode sur miroir à plat, photo 2
 

... "gant de toilette" !

Les escargots étant bien connus pour baver ( et les éléphants pour "tromper" dit-on ! ) Dame Nature a été amenée à se "décarcasser" (comme qui vous savez ! ) pour trouver une parade à la viscosité des limaces, et plus encore à l'abondant et gluant mucus de certaines espèces de "cagouilles". Cela vaut notamment pour le classique et très commun "p'tit gris" (Helix aspersa), à la fois prisé des lampyres ... et des gourmets !

Dans la majorité des cas, surtout s'il s'agit de petits spécimens, ou d'espèces non baveuses (comme Theba pisana et Cepaea nemoralis), la conjugaison de propriétés plus ou moins antiadhésives et autonettoyantes suffit pour assurer l'entretien courant des organes essentiels du lampyre, qu'il s'agisse des pièces buccales ou des dispositifs sensoriels associés. A contrario, des proies "récalcitrantes" ou de grande taille peuvent s'avérer plus "salissantes", et obliger la bestiole à sortir le grand jeu. Là encore ce sont les fameux tentacules, à l'évidence "multifonctions", qui font office de ... "gant de toilette" !

Plus qu'un long discours cette édifiante vidéo vous montrera la bête à l'oeuvre, et vous pourrez apprécier l'efficience et la précision de ce peu banal toilettage. Vous noterez la capacité des tentacules à retirer ce qui doit l'être, quitte à devoir véritablement l'arracher, et l'effort fourni est visiblement patent. Les salissures ainsi récoltées et amassées sont ensuite "abandonnées" par le biais d'un bref frottement des tentacules sur le substrat environnant, un peu comme nous nettoyons des bottes boueuses en les passant dans l'herbe ... efficacité et rapidité en sus ! Pour conclure vous noterez la convergence de ces tentacules ( forme et usage ! ) avec un "balai à franges" (ci-dessous figuré), nouvelle preuve, si besoin était, que les inventions humaines sont avant tout celles de la Vie et de la Nature.

 
 
Lampyre ou ver luisant (Lampyris noctiluca),  larve  en train de se toiletter, photo 1. Lampyre ou ver luisant (Lampyris noctiluca),  larve  en train de se toiletter, photo 2.................... Lampyre ou ver luisant (Lampyris noctiluca),  détail des digitations du pygopode.
à gauche: la toilette de la larve du ver luisant. Le "gant de toilette" est fléché sur les agrandissements.
à droite: détail des tentacules, et comparaison avec un "balai à franges.
 
 
   
les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr