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Subterfuge !
 
tête de couleuvre à collierA l'époque j'étais gamin, et dans la mesure de mes possibilités, j'aimais bien aider ma grand-mère dans ses travaux de jardinage.....
 
Ce jour-là j'avais été chargé d'un peu " retourner " le tas de compost, et ce faisant je suis tombé sur une ponte de la très typique couleuvre à collier. Plusieurs petites " couleuvrettes " étaient déjà nées, et par ailleurs le contenu de quelques œufs plus ou moins éventrés confirmait le " diagnostic ".
 
J'étais bien sûr ravi de ma trouvaille, mais ma grand-mère l'était nettement moins, et quelques coups de pelle bien sentis sont très vite venus me le confirmer. Devant mes suppliques j'ai finalement pu conserver les 3 bestioles que je tenais déjà par la queue, mais à l'évidence cette concession coûtait à Grand-Maman.
 
Sur les entrefaites, le petit minet de la maison est venu me faire des " 8 " autour des mollets, et quand je me suis accroupi pour lui faire une " papouille ", il s'est montré plus intéressé par les petites couleuvres que par la caresse.
 
Comme tout jeune chat il entendait bien sûr jouer, et j'ai laissé faire. Tout à coup, et avec un ensemble parfait, mes trois petits reptiles se sont retrouvés comme morts. Ils pendaient aux bouts de mes doigts, complètement flasques, gueules béantes, langues pendantes, et yeux comme révulsés. Que je dépose les petits reptiles à terre, ou que je les y laisse tomber ne provoquait pas davantage de réactions. Tels ils étaient, tels ils restaient.
 
Je n'y comprenais rien car les coups de pattes du chaton relevaient plus du jeu et d'aimables tapotements que de la volonté de blesser, et encore moins de tuer. Ne décelant pas la moindre griffure, ni la plus infime trace de sang, j'étais persuadé que mes bestioles étaient en quelque sorte mortes de peur. Néanmoins la simultanéité de leur passage de vie à trépas me semblait confusément bizarre, et en attendant la fin de mon ouvrage, elles finirent dans un seau de jardin.
 
Une demi-heure plus tard je suis retourné " jeter un œil " à feus mes petits reptiles, et comme par miracle tous trois étaient revenus à la vie…
 
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Depuis ce jour, j'ai eu maintes fois l'occasion de voir les couleuvres à colliers ou vipérines " faire le mort ". C'est à la fois très spectaculaire, et déroutant, mais on peut s'interroger sur l'efficacité du subterfuge, et surtout sur ses implications physiologiques.
 
C'était au Maroc, bien des années plus tard.....
 
J'étais à la pêche dans un des nombreux lacs qui émaillent le Moyen-Atlas. N'étant pas du genre à rester en place, je laissais souvent mon père à sa très statique pêche à la carpe pour traquer les carnassiers au lancer, et notamment le brochet.
 
Alors que je contournais la très marécageuse queue du lac, je suis tombé sur deux très grosses couleuvres vipérines, que je n'ai pu m'empêcher de capturer tant leur taille dérogeait à l'habituel. N'évitant qu'à moitié la rituelle et très malodorante aspersion des glandes cloacales, je me suis retrouvé dans l'obligation de retourner au " camp de base " parental. De fait, n'ayant rien pour caser les reptiles, j'étais bien obligé de les tenir, et partant je n'étais plus en mesure de pouvoir " mouliner ", et donc de pêcher.
 
Chemin faisant les vipérines m'avaient classiquement fait le " coup du mort ", quand j'ai aperçu une petite boule toute hérissée de poils noirs, et surtout deux yeux si beaux et si bleus que je ne voyais qu'eux. Il s'agissait d'un chaton qui se tenait tapi dans l'ombre, un peu en retrait de l'entrée d'un vieux busage d'une petite trentaine de centimètres de diamètre. Bien entendu j'ai là encore craqué, mais en une fraction de seconde je me suis retrouvé avec la main mordue et lacérée au-delà de l'imaginable, et le petit fauve aux yeux d'azur est bien sûr resté dans son antre de béton.
 
Au final mes 2 vipérines ne sont jamais revenues à la vie, ce qui est très exceptionnel, car c'est la seule fois où j'ai pu observer le fait. Par ailleurs ma mésaventure avec le chaton ne passant pas inaperçue, j'ai eu droit à un " savon " parental carabiné, et au demeurant justifié, car la rage sévissait alors de façon chronique…et de surcroît je le savais !
 
En guise de conclusion je dirais que je m'en suis tiré à moindre mal, mais qu'entre un chaton faussement enragé, et des couleuvres vraiment mortes, cette journée m'est doublement restée à l'esprit.
 
 
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