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- L'ERGATE FORGERON
(Ergates faber) !
- (Coléoptère
Cerambycidae)
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- L'oeuf
-
- Je n'y comptais plus vraiment, mais les
oeufs de l'Ergates sont bien là, même s'il convient
de relativiser la notion de ponte, tant la bestiole s'est
montrée parcimonieuse. Elle ne manquait pourtant de rien,
du moins à mes yeux, car elle était comme il se doit
logée-nourrie à convenance ... de plus en fort
galante compagnie ! .... et le tout gratis !
-
- Bien entendu le chiffrage de la ponte,
même approximatif, s'en est trouvé impossible ... du
moins avant autopsie ! Vous l'aurez compris, ma "forgeronne" est
finalement passée de vie à trépas sans crier
gare, peut-être en raison de pesticides résiduels sur
des fruits donnés non pelés ... mea culpa, si tel
est bien le cas ! Toujours est-il que plus de 150 oeufs bien
formés ont été extraits des ovaires, certains
étant même en partie pigmentés. Le
cliché ci-dessous à droite montre une partie de ces
oeufs quasi "prêts à pondre".
-

- Je n'y comptais plus vraiment
... mais ils sont là !
- Sur l'agrandissement du gros
plan vous découvrirez la peu banale ornementation de l'oeuf
d'Ergates.
- Le texte vous en dira plus, y
compris sur l'origine du cliché le plus à droite
!
-
- Par ailleurs j'attire votre attention
sur la surface de ces oeufs, étonnamment structurée
en "nid-d'abeilles" (ci-dessus en gros plan). C'est à coup
sûr très exceptionnel, car les
coléoptères sont connus pour avoir des oeufs
dépourvus d'ornementations, ces dernières
étant par contre très fréquentes chez
d'autres insectes, tels les papillons.
-
- J'ignore si cette curieuse structure a
sa raison d'être, mais je suis tenté d'y voir une
relation avec les modalités de la ponte chez l'Ergate. De
fait, là où d'autres grands capricornes (Aegosome et
Cerambyx par exemple) s'appliquent à insérer leurs
oeufs dans les interstices, fissures, et autres
anfractuosités du bois ou de l'écorce, notre
"forgeron" opère très différemment. Partisan
du moindre effort, si je puis dire, il se contente en effet de
"déposer-coller" ses oeufs à la surface du bois
nourricier, et cela n'importe où ... limite n'importe
comment !.
-
- Cette apparente "désinvolture"
peut expliquer la très inhabituelle coloration noire de ces
oeufs, censément moins voyante et détectable que le
classique blanc-ivoire. Le désordonné de la ponte
peut également favoriser la déshydratation des oeufs
ainsi exposés, d'où ( peut-être ! ) la
structure réticulaire de leur surface. Cette
dernière me semble en effet de nature à pouvoir
compenser la perte hydrique, en piègeant l'humidité
ambiante, tels les fameux "filets à nuages", captant l'eau
dans les régions subdésertiques du Chili et du
Pérou.
-
- La larve
-
- Bien qu'elle puisse occasionnellement se
développer dans les sapins, notamment au sud de l'Europe,
c'est avant tout une adepte des pinèdes où elle
gîte dans les souches et troncs plus ou moins pourrissants.
Suivant les régions, et les qualités nutritives du
bois à sa disposition, 3 à 4 ans sont
nécessaires à son développement.
-
- Arrivée en phase terminale, si je
puis dire, la larve prépare la sortie de l'adulte qu'elle
deviendra, en creusant une galerie venant affleurant la surface du
bois, puis elle se retire dans une logette dite nymphale, en
l'attente de la métamorphose qui intervient
généralement au début de l'été,
-
-

- de gauche à droite: 1)-
tout venant d'un même tronc, montrant que plusieurs
générations peuvent s'y succéder, si le
volume et la qualité du bois le permettent;
2 & 3)- ensemble et détail
de larves au maxi de leur développement; 4)- loge
nymphale montrant le pré-forage du trou de sortie du futur
adulte.
-
-

- grosses larves "in natura" (Ft
de la Coubre, Royan, dpt 17)
-
-

- détail de la tête:
vues dorsale (à gauche) et ventrale
-
- La mue larvaire
!
-
- Ce n'est pas spectaculaire, mais c'est
rare, en ce sens qu'il faut beaucoup de chance pour tomber pile
poil sur ce petit "évènement" qui se traduit par
l'abandon de la dépouille larvaire devenue trop
étroite, au profit d'une enveloppe toute neuve et plus
spacieuse. Présentement c'était chose faite, mais
depuis fort peu de temps, eu égard à la très
faible pigmentation de la "tête".
-
-

- larve venant de muer, en train
d'acquérir la pigmentation et la sclérification
(durcissement) des pièces chitinisées de l'appareil
buccal,
- et notamment des mandibules
(à comparer avec les 2 précédentes
photos).
-
-
- La nymphe
-
- La nymphe est l'équivalent de la
chrysalide chez les papillons, mais contrairement à cette
dernière elle préfigure très nettement ce que
sera l'adulte, y compris le sexe, ce qui est
particulièrement flagrant dans le cas présent,
compte tenu d'un dimorphisme antennaire très
prononcé. Au fur et à mesure de sa maturation la
nymphe va se pigmenter, avec une accélération
marquée à l'approche de la mue imaginale,
c'est-à-dire du passage à l'état adulte. La
durée de la phase nymphale est en partie tributaire de la
température, mais elle reste brève, de l'ordre de 3
à 4 semaines.
-
-

- Nymphe de "forgeronne" tout
juste formée ( en loge, telle que découverte, et
extraite)
- .A manipuler avec
précautions .... et sans excès
!
-
-

- .... et la nymphe de l' Ergate
mâle, là aussi "in situ", et
extraite.
- Remarquer le début de la
pigmentation , par rapport à la nymphe "fraîche"
trouvée en loge.
-
-
- on prend les mêmes ....
.... et on recommence !
- à gauche: "couple" de
nymphes, femelle en haut. Comparer la différence de
pigmentation entre la nymphe femelle venant de se former, et un
mâle à peine plus vieux, la pigmentation oculaire
étant encore nulle.
à droite: ce cliché
pourrait s'intituler "pleine de rien" car il permet de bien mettre
en évidence l'aspect diaphane et quasi immatériel
d'une nymphe venant de se former.
-
-
- La mue
imaginale
-
- Elle représente la
véritable "naissance" de l'insecte, et en l'occurrence de
l'Ergate, à l'instar du papillon émergeant de sa
chrysalide, ou de la mouche quittant son puparium.. C'est toujours
une phase délicate, aboutissement d'un profond remaniement
interne, et son observation m'a toujours laissé
l'impression d'assister à un véritable accouchement,
tant les efforts de la bête sont patents, et ne peuvent
indifférer, à telle enseigne qu'on aimerait pouvoir
l'aider.
-
- De fait, s'extraire de la vieille
dépouille n'est pas rien, car tout ce qui est
chitinisé mue, y compris les ramifications
trachéennes (= respiratoires) les plus fines, puisque ces
tubulures internes sont formées par l'enroulement, à
spires jointives, d'un fil de chitine extrêmement
ténu appelé "ténidie". Bien entendu, le bon
déroulement de cette ultime mue peut se voir
hypothéqué par de multiples contingences, une
sécheresse ambiante excessive comptant parmi les plus
préjudiciables.
-
-
- Ergate mâle venant
de terminer sa mue "imaginale", autrement dit de passer à
l'état adulte
-
-

- à gauche: exuvie imaginale
d'Ergate, telle qu'elle se présente, à savoir plus
ou moins "tirebouchonnée" .... comme la chaussette que vous
venez de retirer ! au centre: mue imaginale, après
"remise en forme", Vous noterez qu'il s'agit d'une mue
incomplètement "récupérée", mais les
étuis alaires sont bien visibles. A droite: il
s'agit de la vue interne d'une mue imaginale de cigale. Les
téguments, nettement plus chitinisés, permettent
d'apprécier la complexité du "démoulage",
mais aussi de voir ce qui reste des plus grosses trachées
respiratoires, sous la forme des filaments blancs.
-
- La
chromatogenèse
-
- Il s'agit bien sûr de
l'acquisition progressive de la coloration,
phénomène physico-chimique allant de pair avec la
sclérification de la chitine, et la résorption de la
distension abdominale. Chez les insectes parés de couleurs
métalliques le processus est beaucoup plus complexe et
spectaculaire, et à l'occasion je vous invite à en
juger, en admirant l'extraordinaire "chromato" du "croesus"
, un des fleurons de notre faune
carabologique (retour via la fonction "page
précédente" de votre navigateur).
-
-

- à gauche: le
spécimen illustrant la mue imaginale, mais là en
loge. A l'arrière de la bestiole vous remarquerez
l'enveloppe nymphale précédemment décrite
comme "tirebouchonnée" et abandonnée comme une
vieille chaussette. A suivre: vous noterez la progression
du processus de pigmentation et de sclérification (=
durcissement de la chitine constituant la carapace). Entre la
première et la dernière image 48 heures se sont
écoulées, mais c'est là une simple
indication, la durée du processus étant tributaire
de la température. En d'autres termes un laps de temps de
l'ordre de la semaine pourrait être nécessaire pour
arriver au même résultat , si les conditions
étaient moins favorables.
-
-
- En guise de conclusion
....
-
- A en croire les Chinois, tout ce
qui vole se mange .... sauf les avions!
- ... et tout ce qui a 4 pieds se
mange également ... sauf la table et les chaises!
-
- L'étal est à
l'évidence bien achalandé, mais cependant
incomplètement garni, car les larves de l'Ergate (entre
autres!) faisaient les délices des gourmets de la Rome des
Césars .... sans parler de "Koh Lanta", et de ses peu
ragoûtants "vers des cocotiers" !
-
- Au travers d'extraits de ses "Souvenirs
entomologiques", Jean-Henri Fabre (1823-1915), le chantre de
l'entomologie, nous convie à la table familiale, et
à une peu banale grillade de brochettes de larves d'Ergates
.... "avec juste une pincée de sel, afin de n'en point
dénaturer la saveur".
-
- "Le témoignage est unanime. Le
rôti est juteux, souple et de haut goût. On lui
reconnaît certaine saveur d'amandes grillées que
relève un vague arôme de vanille. En somme le mets
vermiculaire est trouvé très acceptable; on pourrait
même dire excellent. Que serait-ce si l'art raffiné
des gourmets antiques avaient cuisiné la chose"
.
-
- Pour finir, et toujours d'après
le "compte-rendu" de J-H. Fabre, sachez que la peau laisse
à désirer tant elle est coriace, que la chatte et
les 2 chiens de la maison ont déclaré forfait ....
et dès lors vous comprendrez que je puisse
préférer .... un steak - frites !
-
-
FIN
-

- les pages entomologiques d'
andré lequet
:
http://www.insectes-net.fr