ACCUEIL - COLEOPTERES - LEPIDOPTERES - AUTRES -VIDEOS - HISTORIETTES - NEWS - LIENS - WANTED ! - MAILS d'OR -
 
 
L'ERGATE FORGERON (Ergates faber) !
(Coléoptère Cerambycidae)
 
(page 2 sur 3)
 
 
 - pour quitter les agrandissements faire "page précédente" dans votre navigateur - 
 
 
Intro !
 
En d'autres temps l'artisanat était déjà très tendance, si je puis dire, au point semble-t-il d'avoir inspiré le grand naturaliste Linné (Carl Von Linné,1707-1778), d'où les dénominations de Lamia textor (Lamie tisserand), Prionus coriarius (Prione tanneur), et Ergates faber (Ergate forgeron), ce dernier bouclant une trilogie désormais présente sur le site. Cela étant, ne me demandez pas pourquoi l'Ergate forgeron est ainsi dénommé, mais si vous avez quelque idée je suis preneur !
 
Si besoin était, je rappelle que ce naturaliste suédois est l'inventeur de la nomenclature dite binominale, toujours utilisée en Zoologie et Botanique, Concrètement, chaque animal (ou plante) se voit caractérisé par 2 noms, le premier se rapportant au Genre ("Ergates", avec majuscule), et le second à l'espèce.("faber", sans majuscule).
 
Entre autres considérations pratiques, ce concept permet de très clairement définir les espèces affines en les réunissant sous une même appellation générique, telles les Piérides du chou, de la rave, et du navet, respectivement dénommées Pieris brassicae, Pieris rapae, et Pieris napi ....CQFD !
 
Présentation
 
Ergates faber relève de la Famille des Cerambycidae, représentée en France par un peu plus de. 230 espèces. Avec une taille maxi de l'ordre de 60 mm,. la bestiole compte parmi les plus grands longicornes de notre faune. Cet insecte se rencontre essentiellement dans le Sud de la France, où il est souvent commun, mais également dans l'Est et la Normandie où il est nettement plus localisé et moins fréquent.
 
la "forgeronne" ! ....Ergate forgeron femelle (collection) Ergate forgeron mâle (collection).... et le "forgeron" !
exemplaires de collection !
 
Le dimorphisme sexuel est très accentué, et en quelque sorte "multicritères", ce qui est exceptionnel chez nos longicornes. A cela s'ajoute une grande variabilité de la taille, allant du simple au double, si ce n'est plus, et cela chez les 2 sexes. Cette inconstance sous la toise s'observe chez bien d'autres insectes, et elle résulte le plus souvent du lieu et du milieu, autrement dit des conditions climatiques, et nutritives. C'est bien sûr valable pour notre "forgeron", mais cette variabilité semble également quelque peu génétique, et donc indépendante des facteurs précités.
 
55 mm ....Ergates mâles, illustration de la variabilité des tailles... et 35 mm
 illustration de la variabilité de la taille (présentement chez des mâles),
.... mais il y a mieux, de l'ordre de 30 / 60 par exemple !
 
 
minus de chez minus ....Ergates faber mâle "nain", photo 1 Ergates faber mâle "nain", photo 2.... 28 mm sous la toise !
Un quasi record .... preuve à l'appui !
 
L'Ergate est un hôte des pinèdes, au demeurant plutôt utile, car en se développant dans les souches et troncs pourrissants, les larves participent activement à leur dégradation et donc à une production humifère favorable au milieu forestier. La bestiole peut s'observer de Juillet à Septembre, mais principalement en Août. L'espèce est active au crépuscule, mais aussi de nuit, et elle est attirée par les lumières. Dans la journée l'Ergate se dissimule sous les troncs à terre, sous les écorces "déhiscentes" (= décollées, soulevées), et à l'occasion dans de vieilles galeries, d'anciens trous de sorties ... et là où il peut, comme ci-dessous à droite !
 
Ergates faber mâle sur le vif (photo 1) Ergates faber mâle sur le vif (photo 2) Ergates faber mâle sur le vif (photo 3) Ergate forgeron dans sa "planque"
Mâles de l'Ergate forgeron, sur le vif ....
 
Ergates faber, détails de la tête (photo 1) Ergates faber, détails de la tête (photo 2) Ergates faber, détails de la tête (photo 3)
  ..... et "portraits". Remarquez la conformation et la puissance des mandibules.
 
 
"Forgeronnes" là aussi sur le vif, avec gros plan des "cratères" thoraciques.
Vous noterez le port d'un gant ... mais un peu tard ! .... comme la suite vous le montrera !
 
Dimorphisme sexuel
 
Chez bon nombre de longicornes, la longueur des antennes constitue le plus classique, et le plus apparent, des caractères sexuels dits "secondaires". Chez Ergates faber le dimorphisme porte également sur 2 autres critères, non moins évidents et tranchés, à savoir la sculpture du "pronotum" (= partie supérieure du thorax), et la longueur des pattes antérieures.
 
Comme le cliché médian ci-dessous le montre, les antennes du mâle sont nettement plus longues, au point de légèrement dépasser l'abdomen, là où celles des femelles arrivent à la moitié. Les pattes antérieures du mâle sont également plus longues, critère connu chez d'autres espèces, et notamment chez le bel "Arlequin de Cayenne" (Acrocinus longimanus), recordman en la matière.
 
La surface thoracique de la femelle d'Ergates est très "tourmentée", de nombreux "cratères" miniatures lui conférant un aspect quelque peu lunaire. Les bordures latérales sont en outre ornées d'épines acérées diversement positionnées, mais également variables en nombre et en importance. Par opposition le thorax des mâles paraît lisse, hormis deux plages, à peine protubérantes, dotées d'une sculpture comparable à celle de la femelle. Pour finir, les bords latéraux sont dépourvus d'épines différenciées, tout en étant très légèrement et irrégulièrement crénelés.
 
 
femelle ... Ergates faber, thorax de la femelle couple d'Ergates faber (collection) Ergates faber, thorax du mâle... mâle !
illustration du dimorphisme sexuel chez Ergates faber.
Remarquez et comparez l'ornementation des thorax, la longueur membres antérieurs, et enfin la longueur des antennes sur l'illustration centrale.
 
 
couple d'Ergates .... ... démonstratif !
Face à face impromptu, et course poursuite .... intéressée !
 
 
à titre d'info .... et de curiosité !
l'Arlequin de Cayenne... Arlequin de Cayenne (Acrocinus longimanus), mâle.... (Acrocinus longimanus)!
 
.... ce qui s'appelle "avoir le bras long" ... au sens propre !
 
 
Attention ! caution !
 
Habituellement la manipulation des Coléoptères "indigènes" ne pose de problèmes, sous réserve de ne pas "chercher" la morsure, ou de carrément la provoquer en fourrant le doigt là où il ne faut pas. Avec le "forgeron" il en va très différemment, et les images ci-dessous en témoignent. Pour tout dire je voulais sacrifier à la rituelle photo "en main", mais à peine déposée la bestiole s'en est prise par trois fois à mes doigts, avec saignements instantanés, alors que je suis loin d'avoir une "peau de bébé".
 
Vous l'aurez compris, les mandibules sont particulièrement puissantes, et aussi acérées que tranchantes. En outre là bestiole est véritablement agressive, voire hargneuse, et de surcroît très vive car cette triple morsure est intervenue avant de vraiment réaliser ce qui m'arrivait. En fait l'Ergate et le Lucane cerf-volant (voir site) adoptent volontiers la même attitude défensive, au demeurant parfaitement explicite (corps dressé à 45°, et mandibules grandes ouvertes!), mais on ne se méfie pas car le Lucane se contente d'intimider ... là où l'Ergate passe à l'acte sans crier gare !
 
 
Ergate forgeron en position défensive (photo 1) Ergate forgeron en position défensive (photo 2) Ergate forgeron en position défensive (photo 3) Ergate forgeron en position défensive (photo 4)
si vous le cherchez .... vous le trouverez ! ... et je l'ai même trouvé sans le chercher !
 
 
mandibules d'Ergate en gros plan morsure d'Ergate (photo 1) morsure d'Ergate (photo 2) morsure d'Ergate (photo 3) morsure d'Ergate (photo 4)
illustration du très mauvais caractère de l'Ergate...
à gauche: les "cisailles" du forgeron, aussi puissantes qu'acérées; à suivre: 3 morsures au sang, le temps de dire "couac";
à droite: encore en loge, et totalement immature ....mais déjà "enragé" !.
 
 
Pour bien comprendre, et se défier du fort mauvais caractère de la bestiole, je me suis également fait "avoir" par un imago très immature, lors de son extraction de la logette nymphale. La photo (ci-dessus à droite) n'est pas très bonne, car prise dans l'urgence (et la douleur !), mais elle est néanmoins très explicite et édifiante. L'absence de saignement tient à la très incomplète sclérification (= durcissement) des téguments, et donc des mandibules. J'ajouterais que la bestiole était plutôt petite ... et je ne m'en plaindrais pas !
 
Au final, et sauf à être "maso", mieux vaut manipuler l'Ergate forgeron en le tenant dorsalement (comme un crabe), car si on lui laisse sa liberté de mouvements, la sanction est immédiate ... et passablement douloureuse ! Bien entendu c'est très passager, et sans envenimation, mais le risque infectieux demeure, même si le saignement en limite la survenue.
 
Petits tests !
 
Les loups ne se mangent pas entre eux, dit-on, et les Ergates non plus, sauf que nous sommes très loin des aimables joutes des Lucanes cerfs-volants où les blessures sont avant tout d'amour-propre. Au pays des Ergates la carapace est de moindre résistance, et les mandibules tiennent d'un compromis entre cisaille et sécateur, là où celles du lucane relèvent de la pince à linge à trois sous. Ce faisant, et vous l'aurez compris, les éclopés ne sont pas rares, pattes et antennes se voyant fréquemment mutilées dans les affrontements, et même carrément sectionnées !
 
Dans le même esprit, les entomologistes débutants apprennent très vite à se défier des longicornes, car certaines espèces (y compris petites) ont la mandibule particulièrement prompte et efficace ! Dans l'espace réduit d'un flacon de chasse les mutilations peuvent aller bon train, surtout quand les vapeurs délétères s'épuisent. Le tri de la récolte réserve alors de bien mauvaises surprises, sous la forme de carapaces perforées, ou d'appendices et membres ... en déshérence !.
 
Pour illustrer le propos il me souvient de la peu fréquente variété d'un petit longicorne (Rhagium inquisitor, f.ind. ecoffeti), et d'un exemplaire mis imprudemment avec des carabes conservés vivants. L'intrus était pourtant 2 à 3 fois plus petit, mais croyez-moi les Carabus n'ont pas du tout apprécié .... et moi encore moins !
 
 
Ergates forgerons sur la défensive Ergates, face-à-face de mâles (photo 1) Ergates, face-à-face de mâles (photo 3)
à gauche: à l'approche de ma main les 3 bestioles font front, prêtes à en découdre ...mais j'ai déjà donné, et ne suis pas "maso" !
au centre et à droite: : un face à face qui n'a rien de fortuit; mais l'empoignade attendue n'aura pas lieu
(la fuite de l'un déclenchant une brève poursuite de l'autre!)
 
Ergates, combat de mâles (photo 1) Ergates, combat de mâles (photo 2) Ergates, combat de mâles (photo 3)
à gauche : 2e face à face, cette fois avec un mâle plus petit; au centre: le petit est passé franco à l'attaque;
à droite: l'attaquant se fait traîner sans lâcher prise, et la moitié de la patte postérieure de l' adversaire finira par ...abandonner son propriétaire !.
 
 
 
les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr