Les pontes ont lieu au printemps, sauf chez le précité "dytique d'hiver". Elles sont échelonnées, et via l'ovipositeur de la femelle, les oeufs sont insérés dans la tige de végétaux suffisamment "tendres". L'incubation est courte, de l'ordre d'une dizaine de jours, et le développement des 3 stades larvaires non moins rapide (5 à 6 semaines).
Dans ses milieux de prédilection, que sont les eaux dormantes très végétalisées, la larve de dytique se déplace avec beaucoup d'aisance. Au besoin sa tête plate y fait office de coin, le corps très souple et fuselé ne demandant qu'à suivre. Frangées de courtes soies, ses longues pattes lui permettent bien sûr de "crapahuter" tous azimuts, mais aussi de nager en "pédalant" tel un chien, là où la brièveté du déplacement ne nécessite pas (ou interdit) plus véloce technique. Pour des déplacements plus conséquents la souplesse corporelle permet un très efficace mode ondulant, à la manière des dauphins. En situation d'urgence la bestiole peut booster sa fuite, ou encore "démarrer plein pot", l'abdomen replié se détendant instantanément tel un ressort ... mode crevettes !
Les larves du Genre Dytiscus sont plus trapues que celles des Cybister, et elles se distinguent aisément par la présence, à l'extrémité abdominale, de 2 "pseudo-cerques" ( les "urogomphes") entourant les orifices respiratoires.


Ces mandibules permettent également d'injecter les sucs digestifs, puis d'absorber les tissus ainsi liquéfiés, d'où la notion de "digestion extra-intestinale". Suivant la nature et le volume du "déjeuner" les coups de mandibules peuvent se multiplier, et l'action mécanique ajouter aux "enzymes gloutons". A terme il peut s'ensuivre une proie plus ou moins "destroy", voire totalement méconnaisable à l'image du vairon ... à découvrir ci-après !
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Parfois qualifiées de "tigres d'eau douce", les larves de dytiques sont très voraces, et exclusivement carnassières ... voire cannibales à l'occasion ! Les proies potentielles sont nombreuses et variées (têtards en tous genres, alevins, grenouillettes, larves de tritons et salamandres, larves de libellules, vers, voire gastéropodes aquatiques et même larves de phryganes ... faute de mieux ! ).
La chasse à l'affût est quasi de règle, et compte tenu des besoins et modalités respiratoires, la bestiole se tient le plus souvent tête en bas ( mandibules grandes ouvertes tant qu'à faire ! ) l'extrémité abdominale à fleur d'eau, en position "prise d'air" . Ce faisant l'affût peut longuement se prolonger, là où il n'excèderait pas les 2 minutes en pleine eau, faute de pouvoir s'y oxygéner. En totale immersion, et si "p'tit creux" il y a, toute proie passant à portée est attaquée. Comme chez de nombreux prédateurs c'est le mouvement qui déclenche l'attaque, sa fulgurance ajoutant à son efficience.

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A terme les larves avoisinent les 6 cm, et elles quittent l'eau pour se nymphoser à terre. La finesse des mandibules et des membres semblant peu adaptée au fouissage, on imagine volontiers des logettes nymphales superficielles et rudimentaires, ou encore aménagées sous une pierre, un morceau de bois mort, un amas de détritus végétaux. En fait les pierres plates et plaques de mousse mises à disposition ont été dédaignées au profit de logettes creusées en pleine terre, leur profondeur atteignant les 5 cm ... et le fond de l'aquaterrarium !
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en bas : mâle de D. dimidiatus !Elles sont à mon sens fort limitées, pour ne pas dire symboliques, car la "mauvaise réputation" du Dytique est passablement surfaite. Certes la bestiole n'est pas forcément la bienvenue dans une installation piscicole (par exemple), mais sauf à pulluler elle y serait finalement plutôt bénéfique. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, tout prédateur contribue finalement à la bonne santé de ses proies ( si je puis dire ! ), en éliminant les individus les plus faibles, qu'ils soient malades, "racho", vieillissants, ou autre. A titre d'exemple un lapin en pleine forme échappera plus facilement au renard que le garenne "myxomateux", et une fois ce dernier croqué par le Goupil de service la propagation de la maladie se verra réduite d'autant.
Toujours au chapitre des "nuisances", le Dytique qui s'égare dans la limpidité bleutée et miroitante d'une belle piscine peut faire désordre. A l'occasion il peut même effaroucher quelques jeunes et jolies naïades ... voire de moins jeunes et jolies ! En pareil cas c'est évidemment le branle bas de combat, et aussi l'occasion d'apprécier ( si l'on peut dire ! ) la rapidité des évolutions de la bestiole, car elle est rarement décidée à s'en laisser conter, et encore moins à finir dans une épuisette. Si pareille mésaventure vous arrive, et que l'épuisette en question s'avère définitivement inopérante, il est parfaitement inutile d'en référer à l'Institut des Pêches, ou pis de vouloir vider votre piscine. Sachant qu'un bain de chlore n'est pas précisément la tasse de thé de tout Dytique normalement constitué, l' "affreuse bestiole" repartira très vite vers une destination à son goût moins ... polluée !
En guise de conclusion ...
... et afin d'illustrer les propensions nécrophages des Dytiques, mais aussi l'intérêt écologique de ces insectes.
C'était dans les marais de Loire, et un ami y avait une batterie de "bosselles" (= nasses) à anguilles, qu'il avait d'ailleurs quelque peu tendance à parfois "oublier" !
A l'époque les rats musqués abondaient en ces lieux, et bon nombre de jeunes rongeurs se fourvoyaient dans les fameuses bosselles, et bien sûr y périssaient noyés. Il me souvient aussi des mêmes engins, appâtés avec des têtes de poulets censées attirer les anguilles ...
Pareillement tentés par ces charognes, il me souvient surtout des Dytiques qui se faisaient piéger par centaines, et finissaient eux aussi noyés, faute de pouvoir aller quérir une salvatrice bulle d'air !