En entomo un insecte en cache souvent un autre ( comme les trains ! ), et cela vaut pour le moustique commun, alias Culex pipiens. Il y a en effet celui des champs ... et celui des villes ! ... comme les fameux rats de la fable ( Jean de la Fontaine !). Sans doute un peu "écolo", le campagnard apprécie les eaux claires pour se reproduire, et les oiseaux pour y puiser son déjeuner (1), alors que le villageois recherche les sites pollués, et préfère ... notre épiderme !
Certes la réalité est moins tranchée (quoique ! ) mais cela illustre bien la plasticité comportementale et physiologique des moustiques, d'où des capacités de nuisances accrues, et des problèmes sanitaires à l'avenant. Ce site n'étant pas à vocation médicale (2), je me bornerais aux seules approches biologiques et morphologiques du Culex pipiens, moustique "bien de chez nous" ... et de chez moi !
(1) - d'où le nom de pipiens, appellation dérivant de pipio, nom latin du pigeon ...CQFD !
(2) - afin d'illustrer la dangerosité, la diversité, et la complexité du monde des moustiques, sachez qu'au niveau mondial on connaît 464 espèces d'Anophèles, dont 68 sont aptes à transmettre la malaria, laquelle touche 207 millions de personnes et est à l'origine de 627.000 décès en 2012 (Wikipedia) ... de quoi relativiser la fameuse chikungunya ... sans pour autant la minimiser !
Au risque d'enfoncer des portes ouvertes, pour ne pas dires béantes, sachez que plus de 3500 espèces de moustiques sont actuellement recensées au niveau mondial, que 65 d'entre-elles squattent notre doulce France, et que le moustique commun ( Culex pipiens pour les intimes ! ) mérite bien son nom ... tant il commun dirait Monsieur de La Palisse ! Commun il l'est en effet, et cela en raison d'exigences écologiques relevant du "passe-partout", lesquelles lui permettent de prospérer dans toutes les zones tempérées de l'hémisphère nord. Autant dire que l'espèce n'est pas menacée d'extinction, et que les "démoustiqueurs" ont du pipiens sur la planche !
Non content d'être largement répandu, ce "Culex" est de surcroît très prolifique, et la rapidité de son développement (2 à 3 semaines) lui permet de multiplier les générations au cours d'une grande partie de l'année. Comme si cela ne suffisait pas ce moustique pourrait se développer dans un verre d'eau, et croyez-moi j'exagère à peine, les coupelles de nos pots de fleurs et jardinières en témoignant. Vous l'aurez compris les grandes étendues d'eau ( lacs ou étangs par exemple), ne sont pas la tasse de thé du pipiens. Pour imager le propos je dirais qu'il préfère une bassine à un bassin, tout récipient ou "contenant" occasionnel à ciel ouvert suffisant en effet à faire son bonheur. J'ajouterais que la fidélité au lieu de naissance prévaut très souvent, mes fûts pour la "récup" de l'eau de pluie, et un vieux seau volontairement "oublié" au fond du jardin en attestant ! Ces propensions casanières font que les déplacements n'excèdent pas quelques centaines de mètres, dispersion et propagation pouvant être favorisées par le vent.



La bestiole ayant inventé l'anesthésie locale et les anticoagulants bien avant l'homme, la piqûre est sur l'instant indolore, mais la suite l'est parfois beaucoup moins. Par-delà une "grattouille" connue de tous, une simple piqûre peut en effet transmettre des pathologies à la fois variées et fort graves pour certaines. En France les piqûres de moustiques ne prêtent pas à conséquence, du moins pas encore, car le réchauffement climatique et l'arrivée du fameux "moustique tigre" (Aedes albopictus) peuvent évidemment changer la donne. Bien entendu les animaux sont également concernés, la transmission de la myxomatose étant par exemple relayée par les mouches hématophages, les tiques.... et les moustiques !
Pour conclure j'ajouterais qu' à l'état adulte ou larvaire les moustiques représentent une biomasse alimentaire non négligeable, laquelle profite à de très nombreux animaux (oiseaux et mammifères insectivores, sauriens, batraciens, insectes). A titre d'exemple les libellules sont l'un des principaux prédateurs des moustiques, d'autant que les 2 espèces cohabitent à l'état adulte, mais aussi larvaire. C'est moins vrai pour les poissons, plus gourmands en eau si je puis dire, encore que les gambusies (Gambusia affinis), puissent être utilisées ( avec plus ou moins de bonheur ! ) dans la lutte biologique contre les moustiques. Originaires d'Amérique centrale ces petits poissons culiciphages (5-6 cm) sont acclimatés de longue date, notamment en Corse et dans le "Midi".
.........
... et lui !Elle est échelonnée et conditionnée par l'importance et la qualité des "prises de sang". Une ponte réduite peut toutefois avoir lieu avant le premier repas (femelles dites "autogènes"), mais toujours après accouplement, comme il se doit. Au cours de ses 2 à 3 mois de vie une femelle "bien nourrie" peut pondre de 2000 à 3000 oeufs par lots de 100 à 400 unités (le chiffre de 8000 parfois avancé me paraît excessif). Vous noterez que les femelles disposent d'une bien nommée spermathèque (réceptacle servant à la fois de réservoir et de "distributeur") ce qui réduit d'autant les accouplements ... un seul suffisant !
Dès la tombée du jour les futures pondeuses arrivent sur site et commencent à tournicoter en quête du meilleur point de ponte, les plus chanceuses ou les plus pressées se mettant à l'oeuvre avant même la survenue du crépuscule. Les pontes peuvent être déposées à la surface de l'eau, ou de feuilles mortes partiellement immergées, ou encore le long des parois du "contenant". Dans tous les cas elles flottent, et sont susceptible de dériver à leur gré (et à celui du vent !). Noires (blanchâtres à l'émission) et plus ou moins elliptiques, telles se présentent les très typiques pontes du Culex pipiens. Dans leur forme la plus aboutie elles dépassent couramment les 300 oeufs et ressemblent à de minuscules barquettes (rien à voir avec celles du micro-ondes ! ) de 3 ou 4 mm, avec les extrémités légèrement relevées. Egalement qualifiées de navettes (là encore en raison de leur forme elliptique), ces pontes sont hydrofuges et donc parfaitement insubmersibles.
...........

...........

.................

..................
...................

................
