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LE CUL-BRUN !
(Euproctis chrysorrhoea, Lépidoptère Lymantriidae)
 
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La reprise d'activité
 
Fin mars-début avril, et pour peu que la météo soit clémente, c'est en quelque sorte l'heure de la sortie. A pareille époque, et le cas échéant faute de feuilles, les chenilles peuvent s'attaquer aux bourgeons en instance de débourrage, et bien sûr hypothéquer le capital foliaire des arbres. La croissance des chenilles se fait par la suite rapide, et leur appétit allant de pair, les dégâts se font très vite de plus en plus apparents. Au gré des déplacements liés à la prise de nourriture, un nid très sommaire est quotidiennement construit. Ce type de nid est constitué d'une simple trame soyeuse, très aérée, tissée entre feuilles et branchettes.
 
sortie d'hivernage des chenilles du Cul-brun (Euproctis chrysorrhoea)Bombyx Cul-brun (Euproctis chrysorrhoea), jeunes chenilles sortant du nid d'hivernage. jeunes chenilles (post hivernage) chenilles à divers stades
de gauche à droite: 1 & 2)- jeunes chenilles sortant de l'hivernage.
3)- stade larvaire supérieur. 4)- chenilles à divers stades de croissance.
 
 
Bombyx Cul-brun (Euproctis chrysorrhoea), jchenilles avancées sur nid. Bombyx Cul-brun (Euproctis chrysorrhoea), jchenille à terme, photo 1. Bombyx Cul-brun (Euproctis chrysorrhoea), jchenille à terme, photo 2. Bombyx Cul-brun (Euproctis chrysorrhoea), jchenille à terme, en main.
 à gauche: groupe de chenilles (à un stade avancé) sur leur nid; à suivre: chenilles à terme.
 
 
chenille à un stade avancé gros plan sur les "points rouges" de la zone postérieure des chenilles Bombyx Cul-brun (Euproctis chrysorrhoea), détail avant corps chenille.
à gauche: chenille à terme; au centre: détail des "points rouges" postérieurs. La présence de ce qui ressemble à des orifices, laisse supposer qu'il s'agit d'organes fonctionnels, mais leur rôle (si rôle il y a) m'est inconnu; à droite: gros plan de l'avant corps.
 
 
chênes totalement dénudés (début juin) détail des dégâts exemple d'effeuillage
 
Illustration des dégâts occasionnés sur de jeunes chênes par les chenilles du Cul-brun: à gauche: contrairement aux apparences nous ne sommes pas en hiver, mais dans la première décade de juin, et les rouleaux de foin en témoignent. A noter que les vieux nids d'hiver sont encore en place; au centre et à droite: .... il ne reste que les nervures des feuilles !
 
La nymphose
 
Aux alentours de la mi-juin, les chenilles du Cul-brun arrivent au terme de leur croissance. Classiquement elles cessent de s'alimenter, et font preuve d'une certaine fébrilité liée semble-t-il à la recherche d'un lieu jugé favorable pour coconner. Contrairement à beaucoup de chenilles qui quittent leur plante nourricière, la nymphose du cul-brun a lieu "sur le tas", le cocon étant tissé entre feuilles et branchettes. Simple résultante de colonies souvent populeuses, ou ultime manifestation du grégarisme, il n'est pas rare de voir plusieurs chenilles coconner au sein d' une trame commune assimilable à un petit nid. A noter que les cocons, ténus et aérés, sont pour tout dire très rudimentaires.
 
 
 
Les cocons du Cul-brun !
Ci-dessus à gauche: cocon en cours d'élaboration, avec chenille encore visible; à suivre: exemples de cocons "esseulés"
Ci-dessous: exemples de cocons "multiples"
 

 

à gauche: chrysalide "in situ"; à suivre: après extraction des cocons.
 
 
 .... et la suite logique !
Exemple de ...  ... pullulation !
Attirés par une lampe UV, de très nombreux "Culs-bruns" sont venus se poser sur le drap blanc tendu sur ma porte de garage.
 
Prévention, traitements ... et précautions !
 
Les nids d'hiver étant aisément repérables, le jardinier aura évidemment tout intérêt à les supprimer et détruire. C'est facile, radical, sans danger, et le plus souvent un simple sécateur ou un "échenilloir" suffit. A grande échelle, et lors d'invasions massives, le traitement relève des pouvoirs publics. Dorénavant le microbiologique prévaut en principe sur le chimique pur et dur, et l'agent le plus souvent utilisé est le classique Bacillus thuringiensis, épandu par voie aérienne (hélicoptère, ou petit avion spécialement équipé). Il s'agit d'une bactérie entomopathogène, considérée comme sélective, car ne s'attaquant en principe qu'aux chenilles. Reste que toutes les espèces de chenilles sont détruites, y compris les non nuisibles, ce qui ajoute évidemment à l'appauvrissement de notre entomofaune lépidoptérologique.
 
La chenille du Cul-brun est considérée comme urticante, et elle l'est, mais sauf à être particulièrement "réactif", ce n'est rien en regard des chenilles processionnaires du pin ou du chêne (voir pages entomo). Comme pour ces dernières la pilosité "visible" n'est pas en cause, la taille des vrais poils urticants étant de l'ordre de 1 à 2 dixièmes de mm. A noter qu'ils sont là aussi regroupés par plages (appelées "miroirs") sur le dessus des segments abdominaux.
 
Ennemis naturels ... quelques exemples :
 
Ils sont heureusement nombreux, et le plus souvent il s'agit d'insectes parasites (Hyménoptères et Diptères). Sans entrer dans le détail des espèces concernées, sachez que les oeufs, les chenilles, et les chrysalides, sont susceptibles d'être parasités, au gré de "prédateurs" généralement spécialisés.
 
Les Calosomes !

Ces Coléoptères (Famille des Carabidae) et leurs larves, contribuent à l'élimination des chenilles, ces dernières étant leur proie de prédilection. Les Calosoma sycophanta, et inquisitor, sont particulièrement efficaces, les larves du "sycophante" se développant souvent au sein même du nid des chenilles. Reste qu'il ne faut trop rêver car ces prédateurs sont très inégalement répandus, et la dégradation de notre environnement n'arrange rien.

 
Calosoma sycophanta (25-30 mm)Calosoma sycophanta Calosoma inquisitorCalosoma inquisitor (20 mm)
Ces coléoptères ont la mandibule facile, et ils étripent volontiers plus qu'ils ne peuvent consommer. En outre ils volent aisément, et se déplacent "à pattes" avec une grande vélocité, ce qui ajoute là encore à leur efficience. Le C. inquisitor est plus nettement plus petit, plus forestier, et plus terne. Sa livrée, fondamentalement brune est néanmoins très variable (lustre bronzé, cuivré, violacé, verdâtre). 
 
Les tachinaires !

Les Tachinaires parasitent très souvent les chenilles, mais si certaines d'entre-elles sont "multicartes", d'autres espèces sont au contraire plus ou moins spécialisées, leur choix se portant sur quelques espèces de chenilles ... limite sur une seule !

Cela précisé, imaginez un tout jeune nid estival de "cul-brun", tissé à l'extrémité d'une branche basse de l'un de mes chênes, et une mouche tachinaire venant y parasiter les minuscules chenilles. L'occasion était trop belle ( et même exceptionnelle ! ), pour ne point la saisir, mais pour 3 minutes de vidéo il m'a fallu 3 jours de guet ... et des ruses de sioux ! Tenu d'une main l'APN prenait en effet appui sur un fer à béton planté dans le sol, l'autre main servant à courber ledit fer afin de suivre au plus près (quelques cm) les évolutions de la tachinaire en veillant bien sûr à ne point l'effaroucher ! Autant dire que la corbeille de l'ordi n'a pas chômé.

Comme vous le verrez, la femelle tachinaire dispose d'un imposant ovipositeur "télescopique" terminé par un stylet . La peau de la jeune chenille s'en trouve perforée, et dans le même temps l'oeuf ou la larvule (*) sont littéralement injectés. Le développement de l'hôte et du parasite vont de paire, ce dernier faisant en sorte de ne pas léser les organes vitaux de la chenille. Selon les espèces de tachinaires, la sortie de l'asticot et sa pupaison se font quand la chenille arrive à terme, ou quand elle s'est chrysalidée.

(*) Je pense qu'il s'agit d'oeufs "prêts à éclore", l'armature des crochets buccaux (noire) étant nettement visible par transparence (sous binoculaire). J'ajouterais que les "oeufs" sont extrêmement petits en raison même de l'importance de leur nombre, et plus encore de la petitesse des chenillettes attaquées.

 
Bombyx cul-brun (Euproctis chrysorrhoea), nid estival sur chêne. Mouche tachinaire sur nid estival de Bombyx cul-brun (Euproctis chrysorrhoea), photo 1. Mouche tachinaire sur nid estival de Bombyx cul-brun (Euproctis chrysorrhoea), photo 2. Mouche tachinaire parasitant une jeune chenille de Bombyx cul-brun (Euproctis chrysorrhorea).
 de gauche à droite: 1)- le jeune nid de "Cul-brun"; 2 & 3)- la fameuse mouche tachinaire;
4)- la tachinaire en pleine action ! Vous noterez l'importance de l'ovipositeur, mais aussi sa position, et la petitesse des chenilles.
 
 
Les Apanteles !

De nombreuses espèces de chenilles sont très fréquemment parasitées par des "Apanteles", petits Hyménoptères de la Famille des Braconidae. Schématiquement la chenille hôte et les larvules parasites évoluent de concert, et quand le tout arrive à terme, les larves parasites abandonnent la chenille qui se retrouve exsangue et littéralement transformée en passoire.

Sitôt émergées des entrailles de la chenille, les larvules parasites vont alors opter pour la formule ... "lotissement" ou "HLM" ! Suivant les espèces d'Apanteles, les cocons sont en effet tissés individuellement ( tout en restant "groupir" ! ) ou au contraire rassemblés au sein d'un cocon collectif. Par son aspect et sa texture ce dernier genre de cocon ressemble à s'y méprendre à une ponte d'araignée, et c'est encore plus vrai quand la dépouille de la chenille se désolidarise et tombe à terre, cas de figure le plus habituel.

 
Cocons d'Apanteles glomeratus sur chenille de Piéride du chou. Les larves parasites quittent l'hôte en "choeur", et coconnent "groupir", mais contrairement aux espèces à cocon collectif, c'est chacun pour soi ... et chacun chez soi ! Vous noterez que ces cocons sont improprement, appelés "oeufs de chenilles" par les non initiés.
 
Chenille de Cul-brun Euproctis chrysorrhoea) parasitée par des apanteles Cocon collectif d'Apanteles (Hyménoptères parasites), photo 1. Cocon collectif d'Apanteles (Hyménoptères parasites), photo 2. Cocon collectif  d'Apanteles (Hyménoptères parasites), après ouverture, photo 1. Cocon collectif  d'Apanteles (Hyménoptères parasites), après ouverture, photo 2
 ci-dessus de gauche à droite: 1)- la chenille de Cul-brun parasitée, telle que trouvée;
2 & 3)- exemples de cocons collectifs (confondus de prime abord avec des pontes d'araignées ! ); 4 & 5)- cocons "dénudés".
ci-dessous: Apanteles issus d'un même "cocon", et sur le vif.
Apanteles (Hyménoptères parasites), photo 1. Apanteles (Hyménoptères parasites), photo 2 Apanteles (Hyménoptères parasites), photo 3 Apanteles (Hyménoptère parasite), sur le vif, photo 1. Apanteles (Hyménoptère parasite), sur le vif, photo 2.
 
 
En guise de conclusion ....
Comme le chante si bien Pierre Perret ... Quelle époque on vit !
 
- Il y a plus de "papillons" à butiner sur les pare-brises que sur les fleurs !  
- Le miel "urbain" est de meilleure qualité que celui des ruches campagnardes !
- Les grillons prolifèrent dans le métro alors qu'ils disparaissent de nos champs !
- Les fosses d'orages de nos routes et autoroutes remplacent les mares naturelles d'antan !
- Les punaises des lits squattent les hôtels étoilés, et les insectes arrivent dans nos assiettes !
- Les ours disparaissent de nos Pyrénées, mais nous en côtoyons tous les jours au boulot !
 
FIN
les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr