ACCUEIL - COLEOPTERES - LEPIDOPTERES - AUTRES -VIDEOS - HISTORIETTES - NEWS - LIENS - WANTED ! - MAILS d'OR -
 
 
 
le CITRON !
(Gonepteryx rhamni, Lépidoptère Pieridae)
 
(page 2 sur 5)  
 
- pour quitter les agrandissements faire "page précédente" dans votre navigateur - 
 
Intro !
 
mâle de Citron (Gonepteryx rhamni).Avec le "Citron" les choses sont claires, car il n'est point nécessaire d'aller chercher midi à quatorze heure, pour trouver la corrélation entre la bestiole et son appellation vernaculaire.
 
A l'inverse, l'origine de certains noms communs de papillons (entre autres insectes) demeure pour le moins obscure. C'est par exemple le cas de la "Grande tortue" ( Nymphalis polychloros ), d'où la présentation, en exclusivité, d'une version explicative inédite ... et très perso !
 
Plus sérieusement, je dirais que la banalité patronymique du Citron cache en fait de peu communes spécificités comportementales, et surtout physiologiques. A découvrir au gré de cette 120 ème "page entomo", et d'un site .... "la valant bien" !
 
Présentation
 
Le Gonepteryx rhamni, alias le "Citron", fait partie des Pieridae, Famille de papillons diurnes dépassant de peu la vingtaine d'espèces en France métropolitaine. Ce papillon est très largement répandu, y compris au-delà de nos frontières, puisqu'il occupe quasiment toute l'Europe, mais aussi l'Afrique du Nord et l'Asie tempérée, le tout en se permettant d'aller flirter avec la ... Sibérie !
 
N'ayant pas d'exigences écologiques très restrictives, le Citron peut se rencontrer pratiquement partout, d'où son statut d'espèce "ubiquiste". Bien qu'il puisse exceptionnellement atteindre 2000m, c'est avant tout un hôte des plaines et de l'étage collinéen, où il fréquente les bois clairs, friches, haies, lisières forestières, zones bocagères ... et votre jardin à l'occasion ! .... le tout en affectionnant une certaine humidité, fut-elle ponctuelle.
 
exemple de Citron "étalé" ....mâle de Citron (Gonepteryx rhamni). .... et donc issu de collection !
l' envergure moyenne de l'espèce est de l'ordre de 50 à 60 mm
 
Bien qu'il puisse s'observer à différentes périodes de l'année, le Citron n'a qu'une génération annuelle (= "monovoltin"), d'où une longévité digne du "Guiness", du moins pour un papillon, Elle atteint en effet les 12 mois, et de ce fait les "nouveaux nés" peuvent côtoyer les survivants de la fournée parentale ... et donc de l'année précédente! Vous l'aurez compris le cycle n'est pas ordinaire, même si quelques autres espèces ont un "cursus" assez comparable, tel le superbe Morio (Nymphalis antiopa, voir site).
 
En dépit de sa vaste répartition, l'espèce est remarquablement stable, et cela au grand dam des collectionneurs toujours épris de variations géographiques ou individuelles. Le Citron n'est pas une espèce rare, mais au train où vont les choses ... il pourrait fort bien le devenir !
 
mâle de Citron (Gonepteryx rhamni) photo 1 mâle de Citron (Gonepteryx rhamni) photo 2 mâles de Citron (Gonepteryx rhamni) mâle de Citron (Gonepteryx rhamni) photo 3
"Citronnades" .... si je puis dire ! 
En dehors du vol, et contrairement aux autres papillons, vous le verrez toujours les ailes fermées ...
... hormis "exception exceptionnelle" !
 
La chenille du Gonepterix rhamni vit sur les Rhamnacées (d'où la dénomination de "rhamni"), tels les Nerpruns, et surtout la Bourdaine (voir ci-dessous),. Le fusain, et le troène, pourraient semble-t-il convenir, du moins exceptionnellement ... mais j'avoue n'avoir pas testé !
 
jeune pied de Bourdaine détail de l'insertion des branchettes de Bourdaine tronc de Bourdaine (détail de l'écorce)
à gauche: jeune pied de Bourdaine (Frangula alnus) m'ayant servi de "pondoir"; au centre: enfourchures typiques en "baleines de parapluie"; à droite: un beau pied de Bourdaine. Encore appelé "Bois noir", cet arbuste peut atteindre 4 à 5 m, et son écorce est très reconnaissable.
 
Le dimorphisme sexuel
 
Comme l'illustration ci-dessous le montre, le dimorphisme porte sur la coloration. Il est particulièrement net, du moins si on considère le dessus des ailes, car les dessous diffèrent beaucoup moins, comme le trio ci-dessous (en main) en témoigne.
 
En raison du blanc verdâtre très pâle du dessus de leurs ailes, les femelles en vol peuvent prêter à confusion avec d'autres piérides, et notamment avec celle du chou (Pieris brassicae, voir site), en raison de tailles assez comparables.
 
"Citron" .... Citrons (Gonepteryx rhamni), couple étalé ... "Citronne" !
les dessus sont bien tranchés ... mais les revers (ci- dessous) le sont nettement moins !
 
 
Citrons (Gonepteryx rhamni) en main, photo 1 Citrons (Gonepteryx rhamni) en main, photo 2 Citrons (Gonepteryx rhamni) en main, photo 3 couple de Citrons (Gonepteryx rhamni)
 de gauche à droite: 1 & 2)- exemples de femelles.
3)- 2 femelles, et 1 mâle sur le doigt en premier plan; 4)- couple (femelle à gauche)
 
Le secret du Citron
 
Son exceptionnelle longévité l'amène évidemment à devoir faire face à l'ensemble des contingences climatiques saisonnières, à commencer par les redoutables froidures hivernales. Quelques autres papillons diurnes peuvent jouent les émules, tel le "Morio" précité, ou encore le bien connu "Paon du jour", mais la différence comportementale est d'importance. Ces dernières espèces sont en effet tenues de se préserver du gel, là où notre Citron se contente d'attendre des jours meilleurs, sous la protection toute symbolique de quelques feuilles mortes, d'un buisson de ronces, ou de 3 feuilles de lierre.
 
Pour ce faire, et aussi surprenant que cela puisse paraître, le Citron secrète à son gré un véritable "antigel" cellulaire très comparable au glycérol entrant par exemple dans la composition des antigels automobiles. Dès lors, vous comprendrez qu'il puisse neiger d'abondance, ou geler à pierre fendre, sans que la bestiole en pâtisse outre mesure, même en se retrouvant aussi givrée que le citron de votre assiette à dessert ... et croyez-moi, ce n'est pas une image !
 
Cette peu banale faculté m'en donnant l'occasion, je soulignerais l'inventivité de la Nature, puisque la roue est bel et bien la seule invention humaine. Je soulignerais également tout l'intérêt de la Bionique, science basée sur l'étude des "inventions de la Vie", en vue de leur transposition à des fins industrielles, et croyez-moi de nouveau, les applications sont légion.
 
Citron (Gonepteryx rhamni), photo 1 Citron (Gonepteryx rhamni), photo 2 Citron (Gonepteryx rhamni), photo 3 Citron (Gonepteryx rhamni), photo 4
" en veux-tu ... en voilà " !
 
Le cycle de l'adulte
 
Compte tenu de la brièveté de leur vie, les papillons sont généralement très "sexe" dès l'émergence, mais en la matière notre Citron ... n'est pas pressé ! Le jeu de mots est certes facile, mais il a le mérite de parfaitement coller à la réalité, puisque le "Citron nouveau" paraît en Juillet .... pour "convoler" au printemps suivant !
 
Entre temps le nouvel adulte va butiner à satiété, et constituer ainsi des réserves graisseuses lui permettant de supporter une longue "diapause" estivale. En d'autres termes notre Citron se retire dans une zone aussi fraîche et ombragée que possible, où il se met littéralement ( et physiologiquement ! ) "en pause", afin de se soustraire aux chaleurs du plein été. L'automne venu le papillon va brièvement se réactiver, histoire de refaire le plein, avant de retomber en léthargie, cette fois hivernale.
 
Compte tenu de refuges hivernaux pour le moins sommaires, le Citron est évidemment très exposé et réactif au réchauffement ambiant. De ce fait il est généralement le premier à reprendre du service, et cela très tôt en saison, mais toujours "en pointillé", c'est-à-dire au gré des premières belles journées de Février.
 
Dans un premier temps les mâles sont les seuls à se dégourdir les ailes, mais la constance et rapidité du vol font qu'ils semblent nettement plus enclins à chercher l'âme soeur qu'à butiner ! Cette fois l'attente sera brève, de l'ordre de 2 à 3 semaines suivant la météo, puis ce sera la pariade et la ponte (ci-dessous décrites); en l'attente du dernier battement d'aile ... puisque tout a une fin, y compris au pays des Citrons !
  
Citron (Gonepteryx rhamni), gros plan photo 1 Citron (Gonepteryx rhamni), gros plan photo 2 Citron (Gonepteryx rhamni), gros plan photo 3
... pour le plaisir ! .... en gros plans ! 
 
 La pariade
 
Chez de nombreux animaux, une parade dite nuptiale précède souvent la pariade, autrement dit l'accouplement. Les modalités sont évidemment aussi diverses que les espèces concernées, mais la finalité reste immuable, à savoir séduire l'élue ... et bien sûr perpétuer l'espèce !
 
Vous l'aurez compris, notre Citron fait partie des espèces "paradeuses", et cela se traduit par un très gracieux ballet aérien, où la femelle impose le rythme et les "figures". Concrètement, le couple volète de concert, tantôt en faisant du "sur place", tantôt en jouant les ascenseurs, tantôt en esquissant un semblant de fuite .... mais toujours de façon parfaitement synchrone ... et toujours en restant à 30 cm l'un de l'autre ! ... comme si un lien invisible les unissait !
 
Au terme de ce très éthéré "pas de deux", où le couple ne fait qu'un sans jamais être "collé-serré", la femelle se pose où il lui plaît ... et sort le grand jeu ! En attendant l'illustration voulue, imaginez le frémissement des ailes grandes ouvertes, et légèrement rabattues tel un toit peu pentu ...mais aussi l'abdomen relevé, pour ne pas dire dressé, et fort éloquemment offert ! Ainsi va la Vie au pays des Citrons ... en souhaitant qu'elle dure et perdure encore très très longtemps !
 
 La ponte
 
La Nature fait bien les choses, et mieux vaut, car la ponte du très précoce Citron correspond pile poil au débourrage plutôt tardif de la Bourdaine, l'arbuste nourricier préféré des chenilles. De ce fait les oeufs sont déposés sur les bourgeons foliaires tout juste "éclatés" (comme ci-dessous à gauche), ou au revers du très jeune feuillage. Le plus souvent les oeufs sont pondus isolément, ou par quelques unités, mais il n'est pas rare que plusieurs femelles se succèdent, ou qu'une même pondeuse ... passe et repasse !
 
L'oeuf frais pondu est blanc, et en l'espace de quelques jours il vire au jaune, puis à l'orangé. Vous noterez qu'il est très allongé, caractère commun à toutes les Pierides. Compte tenu de la période de ponte, la durée de l'incubation est très fortement tributaire de la météo. En "intérieur" elle est d'une dizaine de jours, et je pense qu'elle doit au moins doubler en extérieur, mais je ne saurais l'affirmer. 
 
 
oeufs de Citron (Gonepteryx rhamni), photo 1 oeufs de Citron (Gonepteryx rhamni), photo 2 oeufs de Citron (Gonepteryx rhamni), photo 3 oeuf de Citron (Gonepteryx rhamni), détail oeufs de Citron (Gonepteryx rhamni), photo 4 oeufs de Citron (Gonepteryx rhamni), photo 5
 exemples de pontes du Citron
de gauche à droite: 1 à 4)- oeufs frais pondus, et donc blancs; 5)- passage au jaune quelques jours plus tard; 6)- l'orangé final.
 
 
 
les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr