ACCUEIL - COLEOPTERES - LEPIDOPTERES - AUTRES -VIDEOS - HISTORIETTES - NEWS - LIENS - WANTED ! - MAILS d'OR -
 
 
La CHRYSOPE VERTE (Chrysoperla carnea) ... and co !
(Névroptères / Neuroptères Chrysopidae)
 
(page 4 sur 4)
La larve ! ... suite !

Les larves à "baluchon" !

Au pays des chrysopes les larves de certaines espèces sont dotées de longs poils dorsaux plus ou moins adhésifs donnant l'impression de pouvoir "récolter" tout ce qui traîne, d'où un excellent camouflage vis à vis des prédateurs, mais aussi des proies convoitées. Il peut s'agir de débris végétaux, grains de sable, dépouilles de proies consommées, graines, (etc. !) que la larve saisit entre ses mandibules avant de basculer la tête en arrière pour les positionner sur son dos, et au besoin les y arrimer avec quelques fils de soie. Bien entendu ces larves ne sont pas des modèles de vélocité, mais grâce à leur camouflage elles peuvent mener leur vie sans chercher à se "planquer". Non sans logique les larves nues, telle la "verte", sont au contraire très réactives et véloces, leur vie se passant le plus souvent "à couvert", afin de limiter leur visibilité, évident facteur de vulnérabilité.  

 
Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  larve  "camouflée", photo 1. Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  larve  "camouflée", photo 2 ....... Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  larve  "camouflée", photo 3........ Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  larve  "camouflée", photo 4.
Illustration des larves "camouflées" !
Elles se rencontrent principalement au sein du Genre Dichochrysa, et de sa quinzaine d'espèces françaises.
Volontairement "dénudée", la larve de la photo centrale montre la localisation, la longueur, et la densité, des "poils accrocheurs"
 

.... à la naissance !

Comme chez les autres espèces, les larvules naissantes s'immobilisent sur les "oeufs vides", durant 1 à 2 heures, afin de durcir leurs jeunes téguments. En second lieu les larvules commencent à se mouvoir, puis à carrément s'agiter, avant de quitter leur "perchoir" en empruntant la tige résultant de l'union des pédicelles. Là encore l'instinct fait merveille, car sitôt descendues ( et je dis bien sitôt ! ), les frêles larvules s'empressent de se camoufler, ce qu'elles font avec beaucoup d'adresse et de précision. J'ajouterais qu'elles ne font pas les choses à moitié, le poids, le volume, et la nature des matériaux récoltés et entassés donnant l'impression de fort peu importer .... et cette vidéo en témoigne !
 
Sur une ponte reposant partiellement à plat sur le support, l'empressement à se camoufler s'est vu démontré de très amusante façon. De fait, j'ai vu une larve naissante se saisir d'un oeuf un peu à l'écart des autres, l'arrimer sur son dos, et vouloir partir avec. Retenu par son pédicelle l'oeuf est évidemment très vite tombé, mais loin de se décourager la minuscule bestiole s'y est reprise 4 à 5 fois d'affilée ... avec le même résultat !
 
Chrysope  à camouflage : larvules naissantes................ Chrysope à camouflage : larvule naissante avec son camouflage, photo 1. Chrysope à camouflage : larvule naissante avec son camouflage, photo 2 Chrysope à camouflage : larvule naissante avec son camouflage, photo 3 Chrysope à camouflage : larvule naissante avec son camouflage, photo 4.
à gauche : larvules au sortir des oeufs. Vous noterez les nombreuses longues soies dont les extrémités sont en quelque sorte "encollées" afin de maintenir les très hétéroclites "baluchons"; à suivre : exemple de camouflage chez une larve naissante. Le volume transporté est tout aussi bluffant que le sont le poids et l'arrimage du "baluchon" ! Bien qu'étant "chargée comme une mule" la minuscule bestiole fait preuve d'une belle célérité, et d'une résistance à l'avenant, car dans le cas présent elle enchaînait les "longueurs d'allumette" sans jamais daigner s'arrêter un instant pour me permettre de lui tirer le portrait dans de bonnes conditions.
 
Le cocon !

Au terme de sa croissance la larve de la chrysope verte cesse de s'alimenter, se fait moins active, puis s'immobilise sous une feuille, un repli, une enfourchure, où elle va coconner. Emise par l'anus, la soie est secrétée par les "tubes de malpighi", organes excréteurs des insectes assimilables aux reins des vertébrés. Légèrement ovalisé le cocon de soie blanche fait 3 mm de diamètre, et il est élaboré en l'espace de 24 h. Comme cette vidéo le montre le tissage requiert une étonnante "gymnastique" de l'extrémité abdominale, mais aussi une grande précision tactile, tout se passant bien souvent "à l'aveugle" ... les yeux étant à l'autre bout !

 
Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  larve  tissant son cocon, photo 1. Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  larve  tissant son cocon, photo 2. ............ Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  cocon, photo 1. Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  larve  tissant son cocon, photo 2.
ci-dessus à gauche : début du tissage du cocon; à droite : cocons terminés; ci-dessous à gauche : 4 à 5 jours après le tissage du cocon la larve devient prénymphe et au fond dudit cocon la mue compactée forme une tache noire généralement bien visible. La seconde photo montre la dépouille larvaire ... décompactée ! au centre : certains cocons, peu denses, laissent percevoir la nymphe par transparence; à droite : les yeux de la nymphe sont très souvent perceptibles, mais ils peuvent changer de place ou momentanément disparaître, au gré des mouvements et positions de la bestiole.
Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  cocon avex exuvie larvaire. Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  exuvie larvaire étalée. .............Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  cocon avec nymphe visible par transparence.............. Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  cocon avec yeux nymphe visible, photo 1. Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  cocon avec yeux nymphe visible, photo 3. Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  cocon avec yeux nymphe visible, photo 2.
  
La nymphe !

Une fois le cocon terminé la larve va progressivement se figer, enroulée sur elle-même, et former ainsi une "prénymphe". Comme son nom l'indique, il s'agit d'une forme transitoire, au demeurant fort brève, la mue nymphale intervenant 4 à 5 jours après le "coconnage". Comme vous le verrez la nymphe a la particularité d'être très mobile ... mais durant un laps de temps très court !

 
Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  prénymphe. Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  nymphe fraîche formée. Chrysope verte (Chrysoperla carnea), nymphe à terme.
à gauche : prénymphe en typique position "foetale"; au centre : nymphe tout juste formée; à droite : nymphe prête à éclore.
Par-delà l'évolution pigmentaire (de règle pour tous les insectes), vous noterez la très notable et inhabituelle évolution morphologique, mais aussi sa probable relation avec la grande mobilité nymphale, tout aussi inhabituelle.
 
L'émergence !

Chez les chrysopes rien n'étant ordinaire, et tout allant très vite, l'heure de la sortie va sonner 10 à 12 jours après le coconnage. En pareil cas on attend l'éclosion d'un insecte adulte, mais c'est une nymphe étonnamment mobile qui va émerger du cocon, et cela de peu banale façon. Apparemment aussi affûtée qu' une lame de rasoir, et utilisée comme telle, la bordure externe des mandibules permet en effet le découpage d'un opercule si parfaitement net et circulaire qu'un compas ne saurait mieux faire, et cette vidéo en témoigne ! Chez d'autres insectes, tel le Bombyx laineux (Eriogastes lanestris, voir page entomo dédiée) l'opercule est en quelque sorte prédécoupé ... comme le sont les couvercles de nos boîtes de conserves ! Dans le cas de ce bombyx, c'est bien sûr la chenille qui concocte le dispositif, le papillon naissant n'ayant plus qu'à "pousser la porte".

Dame Nature est rarement prise en défaut, mais présentement elle a mal calculé son coup en attribuant à la chrysope des antennes à l'évidence trop longues. Le fait est d'ailleurs patent, car en dépit de ses étirements et tractions, l'imago émergeant ne parvient pas à totalement les extraire de leurs gaines exuviales. Il s'ensuit une très originale manière d'y remédier, la chrysope en devenir usant de ses mandibules avec une grande dextérité, exactement comme on tire sur une corde pour la remonter d'un puits. Via une sorte de très rapide "tricotage" desdites mandibules, chaque extrémité antennaire est en effet dégagée, article par article, millimètre par millimètre. La progression se traduit par la formation d'une boucle qui bien sûr se "déboucle" avec le déploiement des antennes, comme cette vidéo le montre !

A propos des vidéos ci-dessus !

1)- la mue imaginale et l'étalement des ailes demandant un "certain temps", il a fallu pratiquer des coupes. Le passage instantané des ailes en position "toit" pouvant prêter à confusion, je confirme la réalité de cette instantanéité, comme c'est également le cas chez les papillons nocturnes porteurs d'ailes "en toit" au repos.
2)- Pouvant se faire de jour comme de nuit, la sortie de la nymphe est souvent très rapide, et de plus imprévisible, d'où la difficulté de réaliser des photos et vidéos, surtout avec un matériel ultra basique (mon petit Lumix TZ 30 en l'occurrence). Présentement j'ai pu profiter de bestioles disons "hésitantes", ou d'opercules quelque peu "récalcitrants" !
 
Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  cocon, découpe de l'opercule, photo 1. Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  cocon, découpe de l'opercule, photo 2. ............Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  nymphe prête à sortir. Chrysope verte (Chrysoperla carnea), sortie de la prénymphe............. Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  cocon, ouverture ratée. Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  cocon, ouverture ratée, détail.
ci-dessus à gauche : la découpe du cocon ! Chapeau les mandibules ... un rasoir ne ferait pas mieux ! au centre, 1)- la nymphe risque un oeil ! 2)- ... puis les deux ! 3)- après s'être affranchie du cocon, la nymphe éprouve le besoin de brièvement se dégourdir les pattes. Il s'ensuit une certaine fébrilité et la quête d'un emplacement à sa convenance, où elle s'immobilise pour effectuer sa mue imaginale, et donc passer à l'état adulte, via le processus ci-dessous; à droite : cette ouverture "ratée", au demeurant exceptionnelle, montre qu'il y a bien découpage par la nymphe, et non pré-formation de l'opercule, comme il peut parfois se dire ou s'écrire.
ci-dessous : séries de gonflements et contractions faisant, l'exuviation commence classiquement par une ouverture thoracique dorsale qui permet à la jeune chrysope de s'extirper de la dépouille nymphale. Une fois totalement libéré, l'imago va peu à peu défriper et étirer ses ailes, avec envol une fois les nouvelles structures suffisamment affermies.
Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  mue imaginale, photo 1. Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  cocon, découpe de l'opercule, photo 2 Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  cocon, découpe de l'opercule, photo 3 Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  cocon, découpe de l'opercule, photo 4 Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  cocon, découpe de l'opercule, photo 5. Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  cocon, découpe de l'opercule, photo 6.
 
 
 
Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  cocon après éclosions. CChrysope verte (Chrysoperla carnea),  idem avec lallumette-échelle. .............Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  opercules isolés. Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  opercule sur allumette, photo 1. Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  opercule sur allumette, photo 2..............Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  cocon avec mue imaginale. Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  cocon vide, gros plan.
 à gauche : cocons vides, avec opercules en place montrant l'existence d'une très subtile "charnière" formée par son incomplète découpe; au centre : opercules isolés, et détail. Vous noterez la perfection de la découpe et de la forme de ces cupules; à droite, photo 1 : elle permet de "tout voir" : le cocon proprement dit, sa charnière, la mue larvaire compactée en son fond, et enfin l'ultime exuvie, dite imaginale; photo 2 : ... pour le fun et la délicatesse du cocon !
 
Récapitulatif des séquences vidéos ! Butinages ; Parades nuptiales ; Pontes ; Eclosion des larves ;
Larves à l'oeuvre ; Tissage du cocon ; Nymphe sortant du cocon (non-stop) ; Du cocon à l'imago (la totale ! )
 
En guise de conclusion !

Les Chalcidiens (dont font partie les parasitoïdes des oeufs de chrysopes) comprennent le plus petit insecte volant connu. Il s'agit de Megaphragma mymaripenne qui affiche 200 microns de longueur sous la toise ... soit 1/5 de millimètre !

 
FIN !
 
Cette "page entomo" a fait l'objet d'une publication, dans la revue "INSECTES" de l'OPIE (N° 193, 2e trimestre, 2019)
  les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr