Le développement embryonnaire est rapide, en moyenne 4 à 5 jours pour une température de 20 à 25°. Celui des larves comporte 3 stades (soit 2 mues) et pour une même température, avec nourriture à discrétion, la bestiole passe d'à peine 2 mm à la naissance à près d'1 cm à terme, et cela en guère plus de 2 semaines.
Ces larves sont très polyphages, et comme déjà dit tout fait ventre dès l'instant où la proie est peu chitinisée et d'une taille compatible. Par leur nombre et la mollesse de leurs téguments ( et pourquoi pas leur saveur ! ), les pucerons constituent la proie de prédilection, mais les cochenilles, acariens, psylles, jeunes chenilles, oeufs de papillons (ceux de piérides du chou ont fait un tabac ! ), passent comme lettre à la poste. A cela s'ajoute un cannibalisme quasi de règle, y compris dès le premier âge, les larvules naissantes s'attaquant fréquemment aux oeufs non encore éclos. Sans doute plus anecdotique, la consommation de cadavres d'insectes ( non desséchés s'entend ! ) est bien réelle, et c'est encore plus vrai quand le vif se fait désirer ou est insuffisant.
Les larves de chrysopes sont dotées de mandibules très développées. A la fois longues, courbes, très acérées, et canaliculées, elles permettent de perforer le tégument des proies pour y injecter des sucs digestifs, puis aspirer les éléments nutritifs ainsi liquéfiés. Qualifié de digestion "extra-orale" ce processus est connu chez d'autres larves d'insectes, telles celles des dytiques (cf. page entomo. dédiée). Les larves de chrysopes possèdent également une sorte de 7e patte, appelée "pygopode". Situé à l'extrémité de l'abdomen cet organe fonctionne un peu comme nos "post-it", en ce sens qu'il colle ... mais pas trop ! Déjà à l'oeuvre lors de la sortie de l'oeuf, le pygopode le sera tout au long de la vie larvaire, y jouant un rôle important dans la locomotion et le maintien sur le support.
Les larves de chrysopes font preuve d'une grande voracité, chaque individu étant capable de détruire plusieurs centaine de pucerons au cours de son développement, d'où l'intérêt de cet insecte en culture biologique. Vous noterez la très astucieuse technique utilisée pour neutraliser toute velléité défensive des proies disons un peu trop remuantes. Une fois le futur "déjeuner" embroché sur les crocs mandibulaires, la larve relève la tête et la proie se retrouve illico "hors sol " ... à pédaler dans le vide !
Au terme de son développement, et donc au 3e et dernier stade larvaire (on dit L3 ! ) la larve atteint 8 à 10 mm. La différence de stature avec les proies s'accentuant, l'appétit de la larve semble décuplé, et les pucerons ne faire qu'une bouchée. Voracité aidant ce stade est évidemment le plus "performant" en matière de lutte biologique. Quand les proies sont nombreuses, colonies de pucerons par exemple, j'ai l'impression que la bestiole ne sachant plus où donner des mandibules a tendance à "piocher" ça et là, et donc plus qu'elle consomme, d'où une sorte de "gaspillage" ... pour une fois bénéfique !