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La CHRYSOPE VERTE (Chrysoperla carnea) ... and co !
(Névroptères / Neuroptères Chrysopidae)
 
(page 3 sur 4)
 
La larve !

Le développement embryonnaire est rapide, en moyenne 4 à 5 jours pour une température de 20 à 25°. Celui des larves comporte 3 stades (soit 2 mues) et pour une même température, avec nourriture à discrétion, la bestiole passe d'à peine 2 mm à la naissance à près d'1 cm à terme, et cela en guère plus de 2 semaines.

Ces larves sont très polyphages, et comme déjà dit tout fait ventre dès l'instant où la proie est peu chitinisée et d'une taille compatible. Par leur nombre et la mollesse de leurs téguments ( et pourquoi pas leur saveur ! ), les pucerons constituent la proie de prédilection, mais les cochenilles, acariens, psylles, jeunes chenilles, oeufs de papillons (ceux de piérides du chou ont fait un tabac ! ), passent comme lettre à la poste. A cela s'ajoute un cannibalisme quasi de règle, y compris dès le premier âge, les larvules naissantes s'attaquant fréquemment aux oeufs non encore éclos. Sans doute plus anecdotique, la consommation de cadavres d'insectes ( non desséchés s'entend ! ) est bien réelle, et c'est encore plus vrai quand le vif se fait désirer ou est insuffisant.

Les larves de chrysopes sont dotées de mandibules très développées. A la fois longues, courbes, très acérées, et canaliculées, elles permettent de perforer le tégument des proies pour y injecter des sucs digestifs, puis aspirer les éléments nutritifs ainsi liquéfiés. Qualifié de digestion "extra-orale" ce processus est connu chez d'autres larves d'insectes, telles celles des dytiques (cf. page entomo. dédiée). Les larves de chrysopes possèdent également une sorte de 7e patte, appelée "pygopode". Situé à l'extrémité de l'abdomen cet organe fonctionne un peu comme nos "post-it", en ce sens qu'il colle ... mais pas trop ! Déjà à l'oeuvre lors de la sortie de l'oeuf, le pygopode le sera tout au long de la vie larvaire, y jouant un rôle important dans la locomotion et le maintien sur le support.

Les larves de chrysopes font preuve d'une grande voracité, chaque individu étant capable de détruire plusieurs centaine de pucerons au cours de son développement, d'où l'intérêt de cet insecte en culture biologique. Vous noterez la très astucieuse technique utilisée pour neutraliser toute velléité défensive des proies disons un peu trop remuantes. Une fois le futur "déjeuner" embroché sur les crocs mandibulaires, la larve relève la tête et la proie se retrouve illico "hors sol " ... à pédaler dans le vide !

... naissante !
Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  larve naissante sur allumette /échelle, photo 1 Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  larve naissante sur allumette /échelle, photo 2 Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  larve naissante sur allumette /échelle, photo 3...............Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  larve naissante sur règle graduée.
ci-dessus : double illustration de la petitesse de la larve naissante; ci-dessous : cramponnée à son oeuf la larve naissante se remet de ses émotions, si je puis dire, tout en affermissant ses jeunes téguments, ce qui peut demander plusieurs heures, surtout si la bestiole rechigne à descendre de son "piedestal" ! Les agrandissements permettent de bien percevoir la longueur et la finesse des pédicelles, et donc des "filaments porteurs".
Chrysope verte (Chrysoperla carnea), éclosion larvule, photo 1. Chrysope verte (Chrysoperla carnea), éclosion larvule, gros plan, photo 1. ..............Chrysope verte (Chrysoperla carnea), éclosion larvule, photo 2. Chrysope verte (Chrysoperla carnea), éclosion larvule, gros plan, photo 2.
 
 
 
Chrysope verte (Chrysoperla carnea), sortie de l'oeuf, photo 1. Chrysope verte (Chrysoperla carnea), sortie de l'oeuf, photo 2 Chrysope verte (Chrysoperla carnea), sortie de l'oeuf,  détail................Chrysope verte (Chrysoperla carnea), sortie de l'oeuf, photo 3. Chrysope verte (Chrysoperla carnea), sortie de l'oeuf, photo 4.
Scènes d'éclosions : défiant les lois de la gravité, et aussi spectaculaire et périlleuse qu'elle paraisse, la sortie de l'oeuf s'avère formalité. Prévu par Dame Nature l'ancrage de l'extrémité abdominale (via le pygopode précédemment décrit) évite en effet une chute a priori inévitable, tout en permettant un "rétablissement" digne d'un pro de la gym !
 
 
Chrysope verte (Chrysoperla carnea), larvule sur son oeuf, photo 1. Chrysope verte (Chrysoperla carnea), larvule sur son oeuf,  gros plan, photo 1............... Chrysope verte (Chrysoperla carnea), larvule sur son oeuf, photo 2. Chrysope verte (Chrysoperla carnea), larvule sur son oeuf,  gros plan, photo 2.. ............ Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  descente du pédicelle, photo 1. Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  descente du pédicelle, photo 2.
à gauche et au centre : l'abandon de l'oeuf, et de sa protection ( fut-elle devenue illusoire ! ), est toujours un moment délicat, et la "valse-hésitation" des bestioles est nettement perceptible ... moyennant une loupe ! à droite : après maturation des téguments (+ ou - moins 1h), mûres réflexions aidant, la larvule finit pas se lancer, et la descente le long du pédicelle est en grande partie rendue possible par le caractère "adhésif" du pygopode ... à voir en vidéo !
 
.... et en fin de développement (L3)

Au terme de son développement, et donc au 3e et dernier stade larvaire (on dit L3 ! ) la larve atteint 8 à 10 mm. La différence de stature avec les proies s'accentuant, l'appétit de la larve semble décuplé, et les pucerons ne faire qu'une bouchée. Voracité aidant ce stade est évidemment le plus "performant" en matière de lutte biologique. Quand les proies sont nombreuses, colonies de pucerons par exemple, j'ai l'impression que la bestiole ne sachant plus où donner des mandibules a tendance à "piocher" ça et là, et donc plus qu'elle consomme, d'où une sorte de "gaspillage" ... pour une fois bénéfique !

 
Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  larve à terme. Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  larve à terme, détail de la tête........... Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  larve à terme sur allumette/échelle, photo 1. Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  larve à terme sur échelle millimétrique. Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  larve à terme sur allumette/échelle, photo 2.
La larve de la chrysope verte à terme !
à gauche : aspect général et détail des mandibules falciformes; à droite : sous la toise millimétrique ... et perso !
(l'agrandissement de la photo à l'extrême droite présente un encadré avec la larve naissante ... que de pucerons il aura fallu ! )
 
 
Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  larve à terme, avec puçeron, photo 1. Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  larve à terme, avec puçeron, photo 2. Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  larve à terme, avec puçeron, photo 3 Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  larve à terme, avec puçeron, photo 4.
Exemples de prédations ! ... à voir en vidéo !
ci-dessus : sur pucerons; ci-dessous : sur chenille et pontes de piéride.
Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  larve à terme,  attaque chenille. Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  larve à terme,  attaque ponte piéride, photo 1. Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  larve à terme,  attaque ponte piéride, photo 2 Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  larve à terme,  attaque ponte piéride,  détail.
 
 
Introduite par inadvertance dans la box d'élevage ( sans doute avec la "déco" ! ), la larve de chrysope ci-dessous a été trouvée avec les mandibules plantées dans la gorge d'une mante ocellée (Iris oratoria), elle-même à un stade de développement avancé. Bien que la disproportion des tailles soit très importante, la suspicion de prédation est rendue plausible par l'absence de proies conventionnelles, mais aussi par une mue récente de la mante, et d'autre part les sucs digestifs inoculés ne sont pas anodins. En dépit du dérangement causé, "shooting" photo oblige, la chrysope continuait de s'affairer sur le cadavre de la mante, y jouant des mandibules sur de tendres membranes articulaires, et allant même jusqu'à replanter ses crocs au niveau de la gorge ( à voir sur la vidéo "prédation", ci-dessus).
 
Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  larve à terme sur mante ocellée, photo 1. Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  larve à terme sur mante ocellée, photo 2. Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  larve à terme sur mante ocellée, photo 3.
ci-dessus : illustration de l'anecdote relatée; ci-dessous : à défaut de proies plus classiques, et sans doute poussée une faim en permanence insatisfaite, les larves de chrysopes s'accommodent de cadavres d'insectes non encore desséchés ... précision allant de soi !
Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  larve à terme sur cadavre mouche, photo 1. Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  larve à terme sur cadavre mouche, photo 2. Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  larve à terme sur thorax sauterelle.
 
illustration du cannibalisme !
Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  illustration du cannibalisme, photo 1. Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  illustration du cannibalisme, photo 3 Chrysope verte (Chrysoperla carnea),  illustration du cannibalisme, photo 2.
Même quand la nourriture abonde, les rencontres sont rarement amicales ! Si les tailles sont très différentes, la loi du plus fort prévaut. Si elles sont comparables il peut y avoir évitement, ou une brève "passe-d'armes" sans conséquences. Cela peut aussi dégénérer en véritable affrontement, et à l'occasion très mal finir, les longues mandibules étant toujours prêtes à porter l'estocade ! au centre : à peine nées les larvules croquent volontiers les voisines ... encore dans l'oeuf !  
 
 
les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr