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les BALANINS !
(Balaninus nucum et cie, Coléoptères Curculionidae)
 
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"portrait" de BalaninIntro !
 
Dotés d'une "bouille" toute ronde, de grands yeux noirs à l'avenant, et d'un rostre qui tel un célèbre nez n'en finit pas de finir, les peu farouches Balanins sont en vérité de bien curieuses bestioles.
 
N'en déplaise aux conformistes, et quitte à me faire taxer d'anthropomorphisme, vous me permettrez de les trouver particulièrement drôles, expressifs, et pour tout dire charmants, du moins à l'état adulte !
 
Présentation
 
Les Balanins sont des Coléoptères Curculionidae, autrement dit des charançons (au sens large!), et le terme de Curculio est parfois usité en lieu et place de Balaninus. Cela précisé, la faune française comporte près d'une dizaine d'espèces, au demeurant pas faciles à différencier, car très voisines d'aspect et de moeurs. Le corps de ces insectes n'excède pas le cm, et il est recouvert de squamules piliformes, plus ou moins brunes, ou grisâtres, formant des marbrures assez confuses.
 
Qu'ils soient dits des noisettes (comme Balaninus nucum), des glands (comme Balaninus glandium), ou qu'ils soient en quelque sorte "polyvalents", comme celui des châtaignes (Balaninus elephas), ces insectes sont caractérisés par un rostre véritablement démesuré.
 
Prolongeant la tête de la bestiole, telle la trompe d'un pachyderme, le rostre en question peut doubler la longueur de son propriétaire, et cela vaut notamment pour le Balanin éléphant (Balaninus elephas) et plus encore pour sa femelle. Les pièces buccales sont situées à la toute extrémité de l'organe, et les antennes (toujours coudées !) y sont insérées dans la moitié basale, ou apicale, selon les espèces.
 
Les Balanins volent fort bien, et cette aptitude favorise évidemment la propagation des espèces, du moins dans les limites écologiques compatibles. A noter au passage qu'il sont attirés par la lumière, ce que j'ai pu maintes fois constater lors de mes chasses nocturnes. Les Balanins adultes sont polyphages, et ils tirent leur subsistance du feuillage et tiges de très nombreuses espèces végétales et arbustives.
 
Balanin des noisettes (Balaninus nucum), femelle vue de dessus Balanin des noisettes (Balaninus nucum), couple Balanin des noisettes (Balaninus nucum), femelle vue de côté
Balanin des noisettes (Balaninus nucum).
Vous noterez que chez les Balanins le rostre du mâle est plus court, et c'est là une quasi règle,
même si l'ampleur de la différence est sensiblement fonction des espèces.
 
 
Balanin éléphant (Balaninus elephas) Balanin éléphant (Balaninus elephas) Balanin éléphant (Balaninus elephas) Balanin éléphant (Balaninus elephas) Balanin éléphant (Balaninus elephas)
autres exemples de Balanins: Balaninus glandium (Balanin des glands), ou (et) Balaninus elephas (Balanin éléphant) !
Balanin éléphant (Balaninus elephas) Balanin éléphant (Balaninus elephas) Balanin éléphant (Balaninus elephas)
 

 

Balanin éléphant (Balaninus elephas) , photo 1. Balanin éléphant (Balaninus elephas) , photo 2 Balanin éléphant (Balaninus elephas) , photo 3 Balanin éléphant (Balaninus elephas) , sur doigt !
.... en mieux ! ... et même nettement mieux !
 
 
Balanin éléphant (Balaninus elephas) , illustration du vieillissement, photo 1. Balanin éléphant (Balaninus elephas) , illustration du vieillissement, photo 2. Balanin éléphant (Balaninus elephas) , illustration du vieillissement, photo 3. Balanin éléphant (Balaninus elephas) , envol !
 L'usure du temps a cours chez tous les êtres vivants, et au pays des balanins elle se traduit par la perte des squamules,
notamment au niveau des zones les plus soumises à frottements.
 
La reproduction
 
Elle est bien sûr la raison d'être de l'insecte adulte, et non moins logiquement la ponte suit l'accouplement, tout comme l'émergence des adultes coïncide peu ou prou avec le stade optimal de formation des fruits, ces derniers devant recevoir les oeufs. De ce fait, et à titre d'exemple, le Balanin des noisettes quittera sa retraite au printemps , et celui des glands attendra la fin de l' été.
 
Balanins: accouplement, photo 1 Balanins: accouplement, photo 2 Balanins: accouplement, photo 3
Ils prennent leur temps ( 2 bonnes heures ! ) ... et rien ne les dérange !
 
La ponte des "Balanines" est relativement modeste, a priori de l'ordre d'une trentaine d'oeufs, et cette modicité est sans doute liée à la protection dont bénéficie l'oeuf, et au laborieux travail de sape nécessaire à sa mise en place. Les oeufs sont en effet déposés au sein même des noisettes, glands, et châtaignes, et ils le sont à raison d'un par fruit (parfois 2 pour les glands et châtaignes).
 
Il s'ensuit évidemment une somme de travail considérable, la femelle devant préalablement perforer les enveloppes plus ou moins boiseuses des fruits, ce qu'elle fait en usant de son rostre, et moyennant beaucoup de temps et de persévérance. Via le pertuis ainsi créé, l'œuf sera déposé en bonne place grâce à un ovipositeur étonnant, dévaginable, corné, rigide, qui occupe toute la longueur du corps, ce qui a d'ailleurs fait dire à J.H. Fabre : « je dirais presque un rostre, tant il ressemble à celui de la tête ».
 
Le cas des glands !
 
Allez savoir pourquoi, le trou de ponte se fait le plus souvent au niveau de la cupule, d'où une surépaisseur importante à tarauder, alors qu'il serait apparemment plus simple de directement percer l'enveloppe du fruit proprement dit. C'est là une hypothèse, mais ce choix me semble dicté par la nécessité d'un bon "ancrage" des tarses (impossible sur la surface lisse du gland), la bestiole devant littéralement s'arque bouter sur ses pattes pour user au mieux de son rostre, et finalement "faire son trou".
 
Balanin: trou de ponte sur cupule de gland (photo 1) Balanin: trou de ponte sur cupule de gland (photo 2) Balanin: trou de ponte sur cupule de gland (photo 3)
Exemples de trous de pontes ( cicatrisés ! ) sur cupules.
 
 
Balanin: trou de ponte sur gland (photo 1) Balanin: trou de ponte sur gland (photo 2) Balanin: trou de ponte sur gland (photo 3)
Re-exemples de trous de pontes ( là aussi cicatrisés ! ), mais cette fois dans la partie du fruit cachée par la cupule,
et donc après perçage de cette dernière.
 
Balanin: trous de pontes sur gland (photo 4) Balanin: trou de ponte sur gland (photo 5)
à gauche : il arrive que des trous soient percés directement dans le fruit, mais en pareil cas ils le sont toujours pile poil en bordure de la cupule ( voir sur l'agrandissement ! ) ... ou un peu au-delà, comme à droite, mais ce dernier cas de figure est nettement plus "rare". Bien entendu, ces modalités me semblent conforter l'hypothèse ci-dessus émise.
 
La larve
 
Le développement embryonnaire est rapide chez les Balanins, et la croissance larvaire n'est pas en reste, le tout étant par exemple bouclé en 5 à 6 semaines pour Balaninus elephas. La larve est apode, arquée, trapue, et même passablement dodue. Il faut dire qu'elle fait tout pour ça, car les noisettes peuvent se voir réduites à l'état de coques vides, et les glands ne valoir guère mieux en cas de larves "jumelles".
 
 
Balanin: larves à terme (photo 1) Balanin: larves à terme (photo 2) Balanin: larves à terme (photo 3)
 
Exemples de larves de Balanins à terme.
Ci-dessus "récoltées" à la sortie des glands, et ci-dessous "in situ".
Vous remarquerez que le fruit peut être entièrement consommé, comme à droite.
 
Balanin: larve "in situ" (photo 1) Balanin: larve "in situ" (photo 2) Balanin: larve "in situ" (photo 3)
 
 
La nymphose s'effectuant dans le sol, la larve à terme perfore l'enveloppe extérieure du fruit, et s'en extirpe non sans mal, tant le trou de sortie est toujours petit en regard de sa corpulence (allez d'ailleurs savoir pourquoi !). Quand le fruit est naturellement tombé (ou prématurément comme c'est souvent le cas pour les noisettes attaquées), le changement de milieu s'effectue si je puis dire "en douceur", mais il peut s'avérer nettement plus brutal.
 
C'est par exemple le cas des glands, car bien qu'il y ait une certaine concordance entre la maturité larvaire et celle des fruits en question, il est très fréquent de voir les larves sortir avant que leur gland ne soit tombé, d'où une "chute libre" excédant parfois plusieurs dizaines de mètres .... et pas forcément avec un tapis herbeux ou moussu pour amortir la réception ! Certes "c'est fait pour", mais ce balanin est quand même peu banal !
 
 
Balanin: sortie de la larve Balanin: trou de sortie de la larve (photo 1) Balanin: trou de sortie de la larve (photo 2) Balanin: trou de sortie de la larve (photo 3)
à gauche : ce qui s'appelle "mettre le nez à la fenêtre" !
à suivre : on a du mal à imaginer que ces larves puissent passer dans des trous aussi étroits, mais ça passe ...
.... non sans mal et tortillements il est vrai !
 
 
Balanin: lot de glands "troués" Balanins: exemple de glands avec 2 larves Balanin: lot de glands "troués, photo 2"
Exemples de trous de sorties larvaires sur glands.
Vous noterez qu'il n'y a pas de zone en quelque sorte préférée, et que les sorties "jumelles" ne sont pas rares. Vous noterez également que l'aire sommitale du gland n'est jamais attaquée, les trous jouxtants (comme ci-dessus à droite) étant eux-mêmes rares ( j'ai trouvé ces 3 cas sur un lot de 500 glands).
 
 
 
les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr