Intro !
Présentation !
La chrysomèle de la viorne (alias Pyrrhalta viburni pour les initiés !), encore appelée galéruque de la viorne, est un petit coléoptère (ci-contre !) relevant de la nombreuse Famille des Chrysomélidés. Alentour de 750 espèces vivent en effet sur notre sol, et plus de 35.000 sont par ailleurs répertoriées au niveau mondial. Ce sont des insectes phytophages, pour la plupart phyllophages (et donc mangeurs de feuilles !), et cela tant à l'état adulte que larvaire. Les chrysomèles sont souvent plus ou moins spécialisées au niveau alimentaire, et les productions vivrières (légumières, céréalières, et fruitières) concernées par ce préférendum peuvent sérieusement en pâtir.
Présentement le nombre et la boulimie larvaire compensant la petitesse de notre bestiole (5 à 6 mm à l'état adulte), il en résulte souvent de très spectaculaires défoliations, se répétant souvent d'une année sur l'autre. En pareil cas il peut s'ensuivre un dépérissement parfois fatal de ces arbustes ornementaux, dont les espèces les plus connues sont logiquement appelées "Boules de neige" en raison de la forme et de la blancheur de leurs fleurs.
Pour l'anecdote vous noterez que cette chrysomèle a été introduite en 1947 sur le continent américain, lequel nous avait précédemment "refilé" le doryphore, autre chrysomèle non moins ravageuse ! D'aucuns y verront une sorte "d'échange de bons procédés", mais de nos jours la mondialisation nous vaut la survenue de nombreuses espèces animales et végétales, pour certaines à juste titre qualifiées "d'envahissantes", d'où une nuisibilité accrue, et là c'est nettement moins drôle !
Pour conclure cette présentation vous noterez qu'il y a de multiples espèces et variétés de Viburnum (et donc de viornes en bon français !), toutes n'ayant pas le même attrait décoratif à nos yeux ni la même saveur "gustative" pour notre petite chrysomèle ! Certaines viornes sont en effet quasi plébiscitées (telles les Virbunum opulus, lantana, trilobum, ou encore tinus) là où d'autres sont nettement moins appréciées, telle V. lentago, voire franchement délaissées. A défaut de grives on mange dit-on des merles, d'où de possibles adaptations. Vous l'aurez compris, mieux donc "veiller à la viorne", comme on le fait du "grain" des fois que !
Le cycle biologique en (très) bref !
Cette chrysomèle (Pyrrhalta viburni, je le rappelle !) est en quelque sorte annuelle, avec éclosions des larvules en avril-mai, et bouclage de la période larvaire en moins d'un mois. La nymphose a lieu dans une petite logette terreuse souterraine, avec émergence des adultes courant juillet. Accouplements et pontes font suite, et on peut dire qu'à la mi-août la "messe est quasi dite", même si quelques retardataires sont encore visibles. Reste aux ufs a affronter les rigueurs hivernales, et autres "risques du métier", sans parler des redoutables "taille-haies", lesquels ont tôt fait d'araser les nouvelles pousses, et d'ainsi éliminer de nombeuses pontes.
Le développement larvaire !
Dès son émergence, la larvule naissante s'installe sous une feuille et "passe à table" en s'attaquant à la sous-couche charnue (parenchyme), seule partie dont la tendreté est compatible avec les jeunes mandibules. De ce fait les zones attaquées apparaissent comme "vitrées", car l'épiderme de la partie supérieure des feuilles (très mince et semi translucide) est typiquement préservé mais pas pour longtemps !
La larve proprement dite comporte 3 stades, mais leur différenciation n'est pas évidente dans la mesure où la taille peut énormément varier entre le début et la fin d'un stade donné, et le comparatif ci-dessous à gauche illustre le propos Cette variation de la taille s'observe pareillement chez les chenilles, et c'est même encore "plusss pire", car le développement de ces dernières comporte généralement 5 stades, et la différence de taille entre la naissance et l'arrivée à terme peut être considérable, comme l'exemple ci-dessous à droite en témoigne.
La coloration larvaire de cette chrysomèle peut s'avérer quelque peu trompeuse, du moins au niveau du stade intermédiaire (et donc du 2e), ladite coloration étant elle-même intermédiaire ! Initialement noires à la naissance l'amorce de la couleur jaune devient nettement perceptible à la fin de ce 1e stade, et toujours sous l'effet de la croissance le "jaunissement" s'accentue non moins nettement au terme du second, d'où de possibles confusions avec les débuts des 2e et 3e stades. Comme les illustrations le montrent le jaune domine franchement chez les larves à terme, mais de très nombreuses petites macules noires sont néanmoins bien visibles.
En fait le seul repère fiable, et imparable, porte sur la capsule céphalique (autrement dit le "crâne" !), partie très chitinisée, dont la taille varie uniquement lors des mues, et donc des changements de stades. Présentement la petite taille des larves, ne facilite pas les comparaisons, d'autant que les têtes sont bien souvent en partie dissimulées dans les replis du corps.
A tous les stades de leur développement les larves se tiennent de préférence au revers des feuilles, ce qui limite leur visibilité en regard des prédateurs ... fonction parapluie ou parasol en prime ! Ces divers avantages sont toutefois à relativiser car la croissance de ces larves et leur boulimie font qu'elles peuvent aller jusqu'à "squelettifier" les feuilles en ne laissant que les grosses nervures. Avant d'en arriver là, les "dentellières de la viorne" (si je puis dire ! ), tendent à s'approprier une célèbre spécialité calaisienne tant les feuille sont finement (et joliment ?) ajourées. Au passage vous noterez que la bestiole est répertoriée du Calaisis, mais là je me garderais d'évoquer tout rapport avec la bionique !
Pour parer aux coups de vents, où tout simplement se stabiliser au revers du feuillage, ces larves disposent d'un puissant "pygopode", organe exertile situé à l'extrémité de l'abdomen. Il s'agit d'une sorte de 7e patte ajoutant aux facultés locomotrices des larves, tout en ayant des propriétés adhésives "anti-chutes" très efficientes.
Fonctionnant un peu sur le modèle des "post-it", ce dispositif s'observe chez d'autres larves, notamment celles du ver luisant. Chez cette dernière espèce la morphologie et les propriétés du pygopode sont cependant si peu banales qu'elles méritent bien une petite parenthèse. De fait, cette pseudo "7e patte" ressemble étonnamment à nos "balais à franges", et par-delà les fonctions habituellement dévolues à cet organe (locomotion, stabilisation, ancrage), les digitations de ce "balai" peuvent se muer en véritable "gant de toilette". Son efficacité est telle qu'il permet à la bestiole de se débarrasser des plus tenaces résidus et encrassements issus du gluant mucus des escargots, ses proies de prédilection (cf. site).
La découverte relativement tardive de ces viornes parasitées fait que j'ai en quelque sorte "raté un épisode", à savoir la totalité du 1er stade larvaire, émergence comprise. De plus il a fallu compter avec la découverte d'un nombre très restreint d'individus encore au second stade, sans parler de la grande disparité des tailles et de la coloration au sein d'un même stade, comme précédemment montré. Vous l'aurez compris, faute d'avoir pu assurer le suivi de l'intégralité du développement larvaire, les illustrations ci-dessous sont de ce fait des approximations, voire des extrapolations ... en attendant mieux !