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STENORIA ANALIS !
(Coléoptère Meloidae)
 
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Oups ! ... les questions qui tuent ! 
1)- Comme décrit les gouttelettes descendent et remontent au gré du rythme dit "nycthéméral" (= alternance jour / nuit), mais aussi selon la météo. L'amplitude étant jusqu'alors réduite je ne m'étais pas interrogé sur la nature de cet "ascenseur", mais à l'évidence les photos ci-dessous modifient la donne d'où la rituelle question ... "comment ça marche" ? En la matière ma seule certitude concerne le rôle primordial de la soie, quand à sa nature et ses propriétés physiques. Pour le reste c'est ... "mystère et boules de gommes" :-) !
 
Stenoria analis,  illustration de l'ascenseur, photo 1. Stenoria analis,  illustration de l'ascenseur, photo 2. Stenoria analis,  illustration de l'ascenseur, photo 3.
à gauche : 6 août 15 h 54 : initialement comparable aux autres gouttelettes, le "cordage" de celle-ci s'est considérablement allongé. Pressentant qu'il allait se passer "quelque chose" la surveillance s'est accrue, mais comme soeur Anne je n'ai rien vu venir ! au centre : 7 août 10 h 10, toujours en position "nuit", remontée partielle; à droite : même date : 12 h 38 ciel bouché et température automnale, remontée totale.
 
2)- Sans pouvoir préjuger de leur date d'émission toutes ces pontes (12, ci-contre) ont été collectées le 21 août, leur transfert à domicile ayant pour but d'observer les éclosions, puis la formation des gouttelettes (choses faites ! ), et le cas échéant les modalités de la dispersion des triongulins.

Stenoria analis, pontes en expérimentation.Vous noterez que depuis une semaine (à la date du 9 septembre) les gouttelettes continuent de monter et descendre peu ou prou de concert, et les larvules d'également grouiller à l'unisson, le tout témoignant d'un peu banal potentiel énergétique pour d'aussi minuscules bestioles.

Pour autant rien ne semble vouloir se passer, hormis la présence de quelques errantes larvules (aisément repérables sur papier blanc), dont la chute est à coup sûr plus accidentelle que "prévue". La mise à l'isolement de ces pontes (pas de Colletes nichant dans le carrelage du séjour ! ) peut expliquer cette apparente rétention, mais qu'en est-il "in natura" ? que dire du "plan B" ? de son déclenchement ? de la dispersion au sol des triongulins ? ... voila encore des questions "qu'elles sont bonnes " :-) !

 
.... et une probable réponse !
Cette "rétention", pressentie anormale, et mon peu de succés avec les abeilles domestiques, m'ont incité à retourner sur le site d'Abbaretz (9 septembre) voir si les abeilles Colletes étaient de sorties ... et elles l'étaient ! Dans le même temps l'examen "in situ" de 15 pontes m'a permis de constater que 10 étaient soit en train d'éclore, soit à quelques jours de le faire. Sur les 5 autres, 3 étaient totalement "désertées", et 2 montraient quelques larvules errantes tournicotant comme âme en peine sur les vieux chorions. Bizarrement je n'ai pas trouvé de ponte active, du moins sur ce lot.

Certaines Colletes étant littéralement truffées de triongulins, il est tentant d'y voir une relation de cause à effet avec la "bizarrerie" ci-dessus constatée. Si tel est bien le cas, le rôle de la "gouttelette attractive" s'en trouve conforté, et même doublement. De fait, la raison pour laquelle "mes" gouttelettes refusaient de choir trouve là une explication tout à fait plausible, d'autant que les triongulins qui faisaient la fine bouche avec des abeilles domestiques, des guêpes, et diverses mouches, ne se sont pas faits priés avec les Colletes.

Bien entendu cela signifie qu'il y a réciprocité et spécificité des échanges olfactifs, et donc concordance des signatures chimiques. En conséquence le "plan B" précédemment évoqué risque fort de se voir de facto relégué au niveau d'une "voie de garage", ou pis de se retrouver sans objet. En d'autres termes, parole de triongulins ... hors gouttelette, point de salut !

L'étroitesse des rapports entre l'hôte et son parasite est ici tout à fait remarquable car les triongulins d'autres Meloidae (tel Meloe violaceus) sont loin d'être aussi sélectifs. En embuscade sur les fleurs les triongulins en question ont en effet fortement tendance à sauter sur tout ce qui vient butiner, et donc à fréquemment enfourcher un mauvais cheval, ce manque de discernement étant bien sûr fatal.

 
Stenoria analis sur abeille domestique. ................Stenoria analis sur abeille du lierre (Colletes hederae), photo 1. Stenoria analis sur abeille du lierre (Colletes hederae), photo 2. Stenoria analis sur abeille du lierre (Colletes hederae), photo 3.
Illustration de la réciprocité olfactive, et de la concordance des "SMS chimiques" échangés entre les triongulins de Stenoria et les abeilles Colletes.
ci-dessus à gauche : sur abeille domestique. En dépit de mon insistance (jusqu'à faire reposer la gouttelette sur le thorax) ... il n'y a pas "foule" ! à droite : "en veux-tu en voila" (sur Colletes "sauvages") .... de quoi plaindre ces "mâles-porteurs" :-) ! ci-dessous : également sur individu "sauvage", cette impressionnante profusion est loin d'être exceptionnelle. Pour l'avoir à plusieurs reprises expérimenté, le moindre effleurement d'une gouttelette avec une Colletes maintenue par des pinces ou tenue du bouts des doigts, et c'est carrément la ruée, pour ne pas dire l'assaut .... ceci expliquant celà !
  Colletes succinctus "couverte" de triongulins, photo 1. Colletes succinctus "couverte" de triongulins, photo 2.
 
 
 
Stenoria analis sur allumette/échelle, photo 1. Stenoria analis sur allumette/échelle, photo 2 Stenoria analis sur allumette/échelle, photo 3 Stenoria analis sur allumette/échelle, photo 4.
 ... autres exemples, sur la traditionnelle production de la SEITA !
Bien que les mâles soient très portés sur les Callunes (pseudo bruyères je le rappelle), ce sont bien des "abeilles du lierre" (communication G. Mahé).
 

Bizarre ... vous avez dit bizarre ... ! 

Ce n'est pas une certitude, mais ce n'est pas impossible, et de plus la présomption est grande. Outre une ponte fraîche, une des branchettes prélevées sur site comportait 2 très nettes "empreintes" de ce qui ressemble fort à des vieilles pontes. Chez d'autres insectes, les phéromones dites de pontes sont connues pour dissuader la concurrence, et l'inciter ainsi à passer son chemin. Dès lors pourquoi pas une phéromone de ponte au contraire "attractive", un peu à l'image de ces coccinelles qui chaque année reviennent hiverner chez vous dans la même encoignure d'un mur, ou d'une fenêtre. Vous noterez qu'il s'agit là de phéromones dites d'agrégation, autre illustration des innombrables et subtiles "senteurs" qui régissent le règne animal ... humains compris !
 
Stenoria analis,  pontes multiples, photo 1. Stenoria analis,  pontes multiples, photo 2 Stenoria analis,  pontes multiples, photo 3
Y aurait-il "phéromones sous branches" ... comme "anguille sous roche" ?
à gauche : la nouvelle ponte et l'ancienne, difficile de faire plus près ! à suivre : détail des probables "empreintes" de pontes.
 
La Loi de la Nature !
Stenoria analis,  dans ytoile d'araignée, photo 1.  Stenoria analis,  dans ytoile d'araignée, photo 2.
Je n'ai pas de certitude concernant les oiseaux, mais les araignées profitent à coup sûr de l'aubaine, tout comme les mantes religieuses aperçues. Je soupçonne également les guêpes de s'intéresser aux pontes, l'inspection méthodique de rameaux de saules, constatée à 2 reprises, ne laissant guère de doute.
 
Un "gâchis" énorme ... mais indispensable !

Au fil de mes "expéditions" et pérégrinations sur le site, je suis tombé sur un secteur où les triongulins abondaient, au point d'en "récolter" sur les vêtements comme cela est déjà arrivé à G. Mahé, sur Mesquer (dpt 44), au grand dam de sa femme. Pour illustrer le propos, j'ai dénombré 25 pontes "actives" sur le bouleau "racho" ci-dessous figuré, et pas moins de 14 sur la branchette de 50 cm faisant suite. A raison de plusieurs centaines de triongulins par ponte je vous laisse imaginer leur nombre sur l'ensemble du site, mais aussi l'ampleur d'une hécatombe aux allures de "gâchis", puisqu'au moment où j'écris ces lignes ( 19 septembre ! ) tous ces triongulins sont de facto condamnés par l'émergence des abeilles femelles.

A l'image d'une expression bien connue, je dirais que trop de parasites tuent le parasite. Qu'adviendrait-il en effet des Stenoria si toutes les abeilles étaient parasitées ? Vous l'aurez compris, la disparition de l'hôte entrainant fatalement celle du parasite, la condamnation de tous ces laissés-pour-compte, aussi nombreux soient-ils, est un mal nécessaire garantissant la pérennité du parasite ... et de sont hôte !

 
Stenoria analis, aspect du site, photo 1. Stenoria analis, aspect du site, photo 2 Stenoria analis, aspect du site, photo 3. Stenoria analis, aspect du site, photo 4.
En dépit d'un aspect a priori peu engageant, ce secteur s'est avéré ... pléthorique !
 
 
Stenoria analis, bouleau aux 25 pontes, photo 1. Stenoria analis, bouleau aux 25 pontes, photo 2. ...............Stenoria analis, branchette aux 14 pontes, photo 1. Stenoria analis, branchette aux 14 pontes, photo 2.Stenoria analis, branchette aux 14 pontes, photo 3 Stenoria analis, branchette aux 14 pontes, photo 4...
ci-dessus à gauche : le bouleau "racho" aux 25 pontes de Stenoria; à droite : la branchette aux 14 pontes !
(vous noterez la présence de pontes jouxtantes, l'une active, l'autre en cours de développement.)
ci-dessous : triongulins ... sur jeans !
Stenoria analis,  triongulins sur jeans, photo 1. Stenoria analis,  triongulins sur jeans, photo 2 Stenoria analis,  triongulins sur jeans, photo 3 Stenoria analis,  triongulins sur jeans, photo 4.
 
 
Quasi introuvables sur le site (elles s'y comptent en quelque sorte sur les doigts de la main ! ), je ne saurais dire si les gouttelettes véritablement suspendues (aisément observables en élevage), correspondent à une sorte de "nec plus ultra" (impliquant des conditions météo elles-mêmes au top), ou si elles traduisent au contraire un pis-aller, prélude à la dispersion terrestre précédemment abordée. Bien entendu, une future et énième visite devrait permettre de trancher, celle du 22 septembre n'ayant pu le faire en dépit d'un vent nul, d'un ensoleillement correct, et d'une température tout à fait convenable.

J'y suis retourné le 26, jour du "tournage" de la vidéo sur les accouplements de Colletes (à découvrir ci-après). Comme vous le verrez les mâles abondaient, les femelles copulaient, et les triongulins "triongulaient" ... mais toujours pas en version suspendue ! Le 3 octobre, soit une semaine pluvio-calamiteuse plus tard les femelles chargées de pollen étaient à l'ouvrage, mais plus le moindre mâle en vue. Quant aux triongulins il m'a fallu chercher pour trouver quelques lots résiduels, la quasi totalité des ooplaques étant complètement désertées. Vous l'aurez compris, au pays des Stenoria la "messe était dite", mais qu'est-il advenu des grouillantes larvules ... that is the question !

Epilogue ! Une des dernières " nichées" de triongulins observées le 3 Octobre (voir ci-dessus ! ) a été ramenée à domicile.
Quelques jours plus tard les larvules ont été retrouvées au fond de la box où de très partiels regroupements ont été observés.
Les dernières larvules sont mortes le 14, sans véritable dispersion, car sans doute trop épuisées pour y parvenir.
 
Stenoria analis, ponte active, photo 1. Stenoria analis, ponte active, photo 2. Stenoria analis, ponte active, photo 3. Stenoria analis, ponte active, photo 4.
Panel de "colonies" larvaires observées sur site.
Stenoria analis, ponte active, photo 5. Stenoria analis, ponte active, photo 6. Stenoria analis, brochette de pontes.
 
 
1, 2, 3, 4 ... et cætera !
Le très grand nombre des oeufs, à coup sûr plus du millier, et la parfaite position typique des bestioles, font que cette ponte est doublement exceptionnelle. Que 2 pontes distinctes et contigües se soient développées synchrones, et in fine réunies, n'est pas impossible, du moins dans l'absolu. Si tel est le cas, mais je ne le pense pas, cela met quand même la ponte à 500 unités, ce qui est déjà considérable eu égard à la taille de l'insecte !
 
Stenoria analis,  grosse ote "à plat". Stenoria analis, la même avec comptage. Stenoria analis, détail de la ponte.
à gauche : LA ponte ! au centre : le comptage, à raison de 100 oeufs par couleur (à multiplier par 2 ! );
à droite : on ne peut plus typique position ... "serrés/collés" !
 
 
les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr