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Le PIQUE-PRUNE ou BARBOT (Osmoderma eremita) !
(Coléoptère Cetoniidae)
 
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La ponte !
 
En toute logique elle suit l'accouplement, et les oeufs sont pondus un à un, au sein du terreau, dans une petite alvéole aménagée par la femelle. Comme la photo ci-dessous à gauche le montre, ils sont initialement plus ou moins ovoïdes, et tendent à s'arrondir au cours de l'incubation. La durée de cette dernière est de l'ordre 3 semaines, le classique impact de la météo étant présentement très minoré, voire négligeable, le terreau assurant à coup sûr une excellente régulation thermique . Concernant le nombre d'oeufs émis, je risque fort de devoir me contenter de la très large "fourchette", 20 à 80, déterminée par J.M. Luce en 1997.
 
Pique-prune (Osmoderma eremita), oeufs. Pique-prune (Osmoderma eremita), oeuf in situ, photo 1. Pique-prune (Osmoderma eremita), oeuf "in situ", photo 2.
  les oeufs du Pique-prune !
à gauche: sous la toise de la Seita ! au centre et à droite: en logettes "in situ".
 
La larve !
 
La larve de l'Osmoderme est qualifiée de saproxylophage car elle vit dans le bois très dégradé, et pour tout dire dans le terreau qui se forme dans les cavités des très vieux arbres. Elle est également qualifiée de mélolonthoïde, ce type larvaire se référant à la forme arquée de la larve du hanneton commun (Melolontha melolontha).
 
Le Pique-prune peut se rencontrer dans les chênes, hêtres, frênes, saules, châtaigniers, pommiers, tilleuls, voire dans les ifs comme dans le massif de la Sainte Beaume (Var). Cet éclectisme est assez classique chez les insectes saproxylophages car à ce stade de dégradation du bois les différentes essences perdent beaucoup de leur spécificité. A l'inverse l'insecte s'attaquant au bois vif est en général nettement plus strict dans ses choix.
 
Les larves du Pique-prune évoluent au plus près du bois encore quelque peu "consistant", et à ce titre la périphérie des cavités est évidemment très favorable et prisée. Cela vaut notamment pour les grandes larves, les plus jeunes semblant s'accommoder d'une sorte de semi-terreau qui finira de se dégrader au fil des ans et des probables ingestions successives. Le développement demande de 2 à 4 ans, le plus souvent 3, et à terme la taille de cette larve est plus que respectable, comme les illustrations ci-dessous le montrent.
 
 La larve naissante !
Pique-prune (Osmoderma eremita), larves naissantes, photo 1. Pique-prune (Osmoderma eremita), larves naissantes, photo 2. pique-prune (Osmoderma eremita), larve néonate, détail des mâchoires
Larves néonates du Pique-prune !
Il aura fallu 3 petites semaines pour que la Nature fasse son oeuvre.
Vous noterez l'importance du "système pileux", et surtout la puissance des jeunes mâchoires !
 
 
Pique-prune (Osmoderma eremita), mobilité de la larve naissante, photo 4 Pique-prune (Osmoderma eremita), mobilité de la larve naissante, photo 2. PMique-prune (Osmoderma eremita), mobilité de la larve naissante, photo 3. Pique-prune (Osmoderma eremita), mobilité de la larve naissante, photo 4.
Dotées de pattes proportionnellement plus grandes, les larves naissantes sont susceptibles de véritablement "marcher", là où leurs aînées sont plutôt portées sur la reptation. Lors des arrêts, les mandibules grandes ouvertes sont fréquemment utilisées comme stabilisateur, telle la béquille d'une moto. Au passage, vous noterez que la larve du fourmilion use de la même astuce (voir site).
 
.... et les autres !
Pique-prune (Osmoderma eremita) larves "tout venant", photo 1, Pique-prune (Osmoderma eremita) grosses larves, photo 1, Pique-prune (Osmoderma eremita) grosses larves, photo 2, Pique-prune (Osmoderma eremita) larves "tout venant", photo 2, Pique-prune (Osmoderma eremita) grosses larves, photo 3,
Larves "tout venant", avant et après un très écolo (et providentiel) lavage .... à l'eau de pluie !
 
Est-il besoin de le préciser: larves et "cocons" témoignent d' un sauvetage, en l'occurrence hivernal.
Par contre, je n'ai rien pu faire pour le grand Cerambyx cerdo (également protégé),
larves et adultes immatures évoluant au coeur du bois.
 
Pique-prune (Osmoderma eremita) larve en gros plan, photo 1, Pique-prune (Osmoderma eremita) larve en gros plan, photo 2, Pique-prune (Osmoderma eremita) larve en gros plan, photo 3,
 larves très "clean", pour une bonne perception de la morphologie
 
Détails !
Pique-prune (Osmoderma eremita) "portrait", photo 1, Pique-prune (Osmoderma eremita) "portrait", photo 2, Pique-prune (Osmoderma eremita) "portrait", photo 3, Pique-prune (Osmoderma eremita) "détail des mandibules,
"Portraits" de larves d'Osmoderma,
et détail de mandibules manifestement conformées pour ne point se contenter de terreau .... même si la bestiole s'y complait !
 
 
Pique-prune (Osmoderma eremita) mise en évidence des stigmates, Pique-prune (Osmoderma eremita) détail des stigmates, photo 1, Pique-prune (Osmoderma eremita) détail d'un stigmate, Pique-prune (Osmoderma eremita) mise en évidence du réseau trachéen
de gauche à droite: 1)- disposition "en pointillé" des stigmates, autrement dit des orifices respiratoires 2)- exemple de stigmates; 3)- détail d'un stigmate montrant les très nombreuses trachées qui en partent, 4)- aperçu du réseau trachéen "irriguant" l'extrémité abdominale.
 
Pas très spectaculaire ... mais exceptionnel !
 
Croyez-moi, il faut vraiment beaucoup de chance pour "tomber" pile poil sur une larve venant tout juste de muer (et quand je dis "tout juste" ... c'est tout juste ! ), puisqu'elles évoluent dans les profondeurs du terreau nourricier, et donc totalement hors de vue et portée. Présentement il aura fallu un "déménagement" à la fois forcé, salvateur ... et providentiel !
 
Sur les photos ci-dessous (gauche et centre), vous remarquerez la totale dépigmentation de la tête et des appendices, hormis une infime partie des mandibules. Vous remarquerez également le volume et la noirceur de l'extrémité abdominale, attestant que la bestiole peut muer en quelque sorte le ventre plein, c'est-à-dire sans devoir purger son intestin. Le fait mérite d'être souligné, car les arthropodes en instance de mue cessent généralement de s'alimenter, puis ils "évacuent" ce qui doit l'être, et la mue proprement dite intervient après une phase d'inactivité (voire de totale immobilité) plus ou moins longue.
 
Pique-prune (Osmoderma eremita) mue 2e stade, photo 1, Pique-prune (Osmoderma eremita) mue 2e stade, photo , Pique-prune (Osmoderma eremita) mue 2e stade, gros pla tête.
à gauche et au centre: larve venant de passer au 2e stade larvaire (pour mémoire il y en a 3) ... quasi sous mes yeux !
à droite: 18 h après les photos précédentes la pigmentation de la tête est presque arrivée à son terme, mais le complet durcissement (= "sclérification") nécessitera encore plusieurs jours. Vous noterez la forme, la puissance, et l'acéré des mandibules.
 
La loge nymphale !
 
Arrivée au terme de sa croissance, la larve de notre Pique-prune se confectionne une loge nymphale ovoïde, homologue du cocon des papillons. Cette loge est constituée de terreau aggloméré, "lié" par une sécrétion en quelque sorte "salivaire". Les matières fécales sont également incorporées, et me semblent contribuer pour une large part au lissage interne de la paroi.
 
Les loges en elles mêmes sont relativement minces et fragiles, mais cette piètre résistance est largement compensée par le fait d'être incluses dans la masse d'un terreau compacté par les ans, d'où une excellente protection mécanique, mais aussi thermique. Mieux vaut d'ailleurs, car la loge est confectionnée en fin d'été, et la larve devra donc y passer tout l'hiver, et plus encore, car la nymphose est printanière, et l'émergence estivale.
 
Petite cuillère et pinceau ! ... Pique-prune (Osmoderma eremita), , loges nymphales "in situ", photo 1. .......Pique-prune (Osmoderma eremita), , loges nymphales "in situ", photo 2. .... délicatesse et patience !
Quand l'entomologie emprunte aux techniques archéologiques on découvre les logettes "in situ" (= en place ! ) au sein du terreau. Vous noterez que les larves "en mal de nymphose" apprécient un contact, qu'il s'agisse de congénères comme ici, ou de la paroi des cavités où elles se sont développées.
 
 
 
Pique-prune (Osmoderma eremita), loges nymphales, photo 1, Pique-prune (Osmoderma eremita), loges nymphales, photo 2, Pique-prune (Osmoderma eremita), loge nymphale isolée Pique-prune (Osmoderma eremita), vue interne d'uneloge nymphale,
Exemples de loges nymphales.
Vous remarquerez la taille (atteignant couramment 5 cm), et le conglomérat de la paroi externe.
à droite: vous remarquerez également la faible épaisseur de la loge, et le parfait lissé de la paroi interne.
 
 
Pique-prune (Osmoderma eremita) larve dans sa loge, photo 1, Pique-prune (Osmoderma eremita) larve dans sa loge, photo 2,
Exemple de larve en loge.
Comparativement aux larves de la page précédente, vous remarquerez la nette réduction du volume de l'extrémité abdominale, et la relative blancheur de cette dernière, suite à l'élimination des dernières matières excrémentaires. Cette évolution traduit la "mise en route" du processus nymphal, lequel va se poursuivre par une sorte de "ratatinement" de la larve, suivi de la nymphose proprement dite. Bien entendu il va falloir "laisser du temps au temps", car une métamorphose n'est jamais mince affaire.

Pour le cas où !

Quand un arbre "pique-prunier" se retrouve à terre (tempête, abattage inconsidéré ou sécuritaire), le terreau des cavités se voit fatalement plus ou moins "chamboulé" sous la violence de l'impact ... et généralement plus que moins ! Si loges nymphales il y a, certaines s'en trouvent non moins fatalement brisées, et le devenir de leur occupant bien compromis. La reconstruction d'une loge digne de ce nom est en effet impossible pour une larve quelque peu "avancée" ( et l'est encore moins pour une nymphe ! ) .... d'où la "solution" ci-dessous proposée !

 
faute de ... Pique-prune (Osmoderma eremita)  larve en logette artificielle "coque de noix", photo 1 Pique-prune (Osmoderma eremita), larve en logette artificielle "coque de noix", photo 2 Pique-prune (Osmoderma eremita) nymphe, photo 3 ... mieux !
Ce n'est pas la panacée, mais une coque de noix soigneusement évidée, et surtout de grande taille, peut tout à fait sauver la mise
.... sous réserve d'en extraire l'adulte le moment venu ... et de le rendre à Dame Nature comme il se doit !
 
 
 
les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr