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le SPHINX du CHÊNE (Marumba quercus)
(Lépidoptère Sphingidae)
 
(page 2 sur 2)

Intro !

Souvent considéré comme le roi de la forêt, le chêne en son royaume est aussi un extraordinaire garde-manger. Tout au long de sa vie, et même longtemps après sa mort, il nourrit d'innombrables insectes, et les espèces sont si nombreuses et variées qu'à ce jour il n'est point d'inventaire exhaustif.
 
Le menu est de fait royalement servi, car du frêle gaulis au tronc multi centenaire, de la radicelle à la racine, de la brindille à la branche, du bourgeon à la feuille, de la fleur au gland, de la souche au terreau, de la grume à la poutre, de la planche au meuble ... il se trouve toujours preneurs !
 
Pour résumer, c'est comme dans le cochon ... tout est bon !
... reste à savoir si cette très fruste comparaison recevra l'agrément du royal végétal !
 
Présentation !
 
Marumba quercus, alias le Sphinx du chêne, est un papillon nocturne d'assez grande taille, puisque les femelles approchent les 12 cm d'envergure. Comme son appellation usuelle le laisse présager, ce papillon relève de la Famille des Sphingidae, représentée en France par un peu plus d'une vingtaine d'espèces. Même s'il remonte quelque peu le long du littoral atlantique, c'est avant tout une espèce thermophile (= "aimant la chaleur" ! ) et donc un hôte du sud. J'ajouterais que ce sphinx ne s'alimente pas, d'où une durée de vie limitée, entièrement dévolue à la reproduction, et donc à la pérennité de l'espèce.
 
Ce sphinx n'a qu'une génération annuelle, du moins en France, la période de vol s'étalant de Mai à Août suivant les régions. Dans les plus favorisées une seconde "fournée" semble toutefois possible, mais comme souvent il pourrait s'agir d'éclosions prématurées, et limitées, de chrysalides normalement destinées à hiverner. En montagne ce papillon "culmine" à 1500 m.
 
 Sphinx du chêne (Marumba quercus), femelle, photo 1. Sphinx du chêne (Marumba quercus), femelle, photo2. Sphinx du chêne (Marumba quercus), femelle en main. Sphinx du chêne (Marumba quercus), couple.
de gauche à droite: 1 à 3)- femelle de Sphinx du chêne; 4)- couple ... avec mâle à droite !
 
 
Sphinx du chêne (Marumba quercus), profil, photo 1. Sphinx du chêne (Marumba quercus), profil, photo 2 Sphinx du chêne (Marumba quercus), gros plan de face. Sphinx du chêne (Marumba quercus), gros plan 3/4
... t'as de beaux yeux ! ... pourrait-on dire de cette très "barbue" femelle ! 
 
Tous les chênes présents sur son aire de répartition font ventre, y compris le très coriace chêne vert (Quercus ilex), au demeurant fort apprécié, pour ne pas dire préféré, d'où le nom de "Sphinx de l'Yeuse" parfois donné à notre Marumba. Le chêne liège (Quercus suber), au feuillage là encore persistant et non moins coriace, est également très prisé, d'où une forte présence de ce sphinx dans les yeusaies et subéraies méditerranéennes.
 
Hormis la taille plus avantageuse des femelles, et une coloration d'ensemble généralement plus claire, le dimorphisme sexuel est assez peu accusé. Le Sphinx du peuplier (Laothoe populi) peut à la rigueur prêter à confusion, et donc poser problème au néophyte, mais sa taille est nettement moindre, et la position des ailes au repos très différente ... entre autres critères !
 
La ponte !

Quand tout se passe bien ( Dame Nature fait en sorte que le contraire soit rare ! ), l'accouplement est quasi "garanti" dans les 24 à 48 h qui suivent l'émergence, avec ponte dans la foulée, pour ne pas dire sitôt le coït terminé. Les oeufs étant très gros, leur nombre s'en trouve relativement limité, la centaine étant semble-t-il une bonne moyenne. Ils sont bien sûr pondus sur le feuillage nourricier, et "scotchés" ça et là à l'unité. Comme souvent les jeunes arbres et rejets buissonnants sont préférés aux vieilles ramures.

 
Sphinx du chêne (Marumba quercus), oeufs, photo 1. Sphinx du chêne (Marumba quercus), oeufs, photo 2. Sphinx du chêne (Marumba quercus), oeufs, photo 3.
 Très gros, et joliment verts ... tels sont les oeufs du Sphinx du chêne !
Avec l'avancée de l'incubation l'embryon se fait visible, comme ici à droite, où on distingue nettement la "corne" des futures chenillettes.
(ce "scolus", puisque tel est son nom, est typique de la Famille des Sphingidae).
 
La chenille !
 
La chenille du sphinx du chêne est dotée d'une livrée uniforme, plus ou moins bleu-vert, à peine rehaussée de fins liserés obliques blancs. Cette coloration est commune à tous les stades de son développement, et lui assure un excellent camouflage au sein du feuillage. Bien entendu cette constance chromatique ne facilite pas la différenciation précise des stades larvaires, et lui enlève même tout intérêt ... d'où ma presque impasse sur la question !
 
Par contre la chenille naissante fait preuve d'une belle originalité, véritable exclusivité chez les Sphingidae, et sans doute en bien d'autres Familles. Par-delà sa taille, et le classique étonnement qu'elle puisse "tenir" dans l'oeuf venant d'être quitté, la chenille s'attaque illico au "chorion" ( = "coquille" ! ) tout juste abandonné. Ce premier repas, à la fois "récup" nutritive et recyclage, s'observe fréquemment chez d'autres espèces, mais chez notre Sphinx il a la particularité d'être directement suivi de la première mue. En élevage cette mue est même fréquemment observée en l'absence de toute prise de nourriture, car les oeufs sont généralement conservés "en vrac", hors substrat, et dès lors le chorion est très facilement "égaré" lors de l'éclosion.
 
Comme indiqué précédemment les oeufs sont pondus isolément, et à cela il est une bonne raison que l'éleveur a tôt fait de découvrir à ses dépens ... et au grand dam des malheureuses chenillettes. Sitôt nées ces dernières secrètent en effet de nombreux fils de soie, d'où un fatal méli-mélo convulsif avec les bestioles voisines. En cas d'oeufs en vrac cet "emberlificotage" est évidemment garanti, et souvent si inextricable que toute intervention se solde généralement par un étripage ... l'élasticité des chenillettes trouvant très vite ses limites !
 
La naissance !
Sphinx du chêne (Marumba quercus), chenille en train de naître, photo 1. Sphinx du chêne (Marumba quercus), chenille en train de naître, photo 2. Sphinx du chêne (Marumba quercus), chenille en train de naître, photo 3. Sphinx du chêne (Marumba quercus), chenille en train de naître, photo 4.
Au pays des Marumba ... premiers pas dans la vie !
 
Sphinx du chêne (Marumba quercus), chenille naissante sur allumette, photo 1. Sphinx du chêne (Marumba quercus), chenille naissante sur allumette, photo 2. Sphinx du chêne (Marumba quercus), chenille naissante sur allumette, photo 3.
 Classique, mais toujours étonnant !
Tel le poussin venant d'éclore, on se demande comment la chenillette pouvait "tenir" dans son oeuf,
tant la disparité des tailles et volumes est importante.
 
 
Sphinx du chêne (Marumba quercus), chenille naissante mangeant son chorion. Sphinx du chêne (Marumba quercus), chenille faisant sa première mue.
Premier repas, et première mue dans la foulée .... une peu banale "exclu" du Marumba.
Vous remarquerez l'abandon de la capsule céphalique, avec notable augmentation du volume de la tête,
et donc de la puissance des jeunes mandibules, ainsi rendues aptes à grignoter les plus coriaces feuillages.
 
Les jeunes chenilles !
Sphinx du chêne (Marumba quercus),  panel de jeunes chenilles, photo 1. Sphinx du chêne (Marumba quercus),  panel de jeunes chenilles, photo  2. Sphinx du chêne (Marumba quercus),  duo de jeunes chenilles, photo 1. Sphinx du chêne (Marumba quercus),  jeune chenille, photo 1. Sphinx du chêne (Marumba quercus),  jeune chenille, avec échelle allumette
Quelque soit l'espèce, la croissance des chenilles est souvent très variable au sein d'une même fournée.
Les bestioles étant dans les mêmes conditions, et n'ayant pas d'autre explication à proposer, je dirais qu'il y a les "morfales" ... et les autres !
 
 
... les moins jeunes !
Sphinx du chêne (Marumba quercus), chenille à mi parcours, photo 1. Sphinx du chêne (Marumba quercus), chenille à mi parcours, photo  2. Sphinx du chêne (Marumba quercus), chenille à mi parcours, photo 3.
 
 
... et à terme !
Sphinx du chêne (Marumba quercus), chenille à terme, photo 1. Sphinx du chêne (Marumba quercus), chenille à terme, photo 2. Sphinx du chêne (Marumba quercus), chenille à terme, photo 3.
La taille des futures femelles est généralement plus importante que celle des mâles, mais à ma connaissance il n'y a pas de critère(s) morphologique(s) permettant de différencier les sexes, fussent-ils aussi subtils que ceux utilisés pour le sexage des chrysalides. Ci-dessus (gauche et droite), et ci-dessous (gauche): vous noterez la très typique position des chenilles de ce sphinx ( et des autres espèces de la Famille ! ), d'où leur appellation par référence et analogie au célèbre Sphinx de Gizeh
 
Sphinx du chêne (Marumba quercus), chenille à terme, en main, photo 1. Sphinx du chêne (Marumba quercus), chenille à terme, en main, photo 2. Sphinx du chêne (Marumba quercus), chenille à terme, en main, photo 4. Sphinx du chêne (Marumba quercus), chenille à terme, en main, photo 5.
 La classique "prise en main" !
... pour moi une forme de "communion" avec la bestiole !
.... pour vous l'occasion de très concrètement appréhender la taille des bestioles !
 
Détails !
Sphinx du chêne (Marumba quercus), chenille , détail de la tête,  photo 1. Sphinx du chêne (Marumba quercus), chenille , détail de la tête,  photo 2. Sphinx du chêne (Marumba quercus), chenille , détail de la tête,  photo 3. Sphinx du chêne (Marumba quercus), chenille , détail de la tête,  photo 4.
"Circulez y'a rien à voir" !
... du moins pas grand chose en regard d'espèces disons plus "photogéniques" !
 
La nymphose !

Avec les chênes "caducs", le très classique élevage sur "branches trempées" ( = à la manière de fleurs dans un vase ! ) tourne très souvent à la catastrophe, tant les feuilles se dessèchent rapidement sans guère changer d'apparence. La seule parade est de renouveler la nourriture tous les 2 jours, voire tous les jours, d'où la multiplication des contraintes et manipulations ... et bien sûr des risques de "casse" ! C'est encore plus vrai avec Marumba quercus, dont l'élevage est à juste titre réputé "difficile", les bestioles en bas âge mourant par exemple d'un rien ... pour ne pas dire de peur !

Fort de cela, l'élevage a été réalisé en extérieur, sous manchon (en voile transparent), et en l'occurrence sur un des vieux chênes têtards bordant mon terrain. La "technique" est là aussi bien connue, et appréciée pour ses bons résultats. En outre l'entretien est très peu contraignant, puisque limité au seul déplacement du manchon, ce dernier étant bien sûr conditionné par le volume des feuilles manchonnées, en regard du nombre et de la taille des chenilles.

Petit revers de la médaille, la durée de l'élevage s'en trouve sensiblement allongée (intempéries, abaissement nocturne des températures, etc ..), car entre l'éclosion des chenillettes, et leur arrivée en pré-nymphose (ci-dessous à gauche), près de 2 mois se sont écoulés.

 
Sphinx du chêne (Marumba quercus), chenilles  en pré-nymphose. Sphinx du chêne (Marumba quercus), chrysalides. Sphinx du chêne (Marumba quercus), chrysalides en loge, photo 1. Sphinx du chêne (Marumba quercus), chrysalides en main. Sphinx du chêne (Marumba quercus), chrysalides en loge, photo 2.
de gauche à droite: 1)- l'arrivée à maturité des chenilles, et donc à la pré-nymphose, se traduit par un brunissement plus ou moins étendu et marqué. A ce stade la bestiole quitte l'arbre nourricier pour s'enterrer, et s'aménager une logette nymphale au sein de laquelle elle vas se chrysalider; 2)- exemples de chrysalides. Elles vont hiverner, puis éclore au cours du printemps, voire de l'été, selon la région et l'altitude; 3)- exemple de logette nymphale; 4 & 5)- idem en main.
 
 En guise de conclusion ....
 
Cette "page entomo" est la 13e des Sphinx, la 50e des papillons, la 134e du genre,
d'où un travail considérable pour réaliser ce site.
 
C'est aussi beaucoup de plaisir, et l'espoir d'oeuvrer pour la bonne cause,
tout en vous invitant à partager mes "p'tits bonheurs" naturalistes.
 
C'est enfin et surtout un immense merci à Dame Nature,
sans laquelle rien ne serait.
 
 
FIN
 
les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr