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la MANTISPE de STYRIE ou MANTISPE PAÏENNE (Mantispa styriaca = pagana) ! 
Névroptères (Neuroptères) Mantispidae
 
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La ponte ... suite !

 ... et dans le genre "incroyable mais vrai " !

La mantispe est connue pour être une "grosse pondeuse", mais la femelle ci-dessous a vraiment fait fort, au point de se demander si le cap des 8000 oeufs n'est pas franchi, et même largement. Bien entendu une telle quantité a sa raison d'être, car par-delà l'inévitable prédation elle vise avant tout à compenser l'énormité de la "casse" induite par le caractère particulièrement aléatoire d'une biologie larvaire totalement hors normes.

Ce principe vaut également pour les méloés, gros coléoptères atypiques à la biologie larvaire non moins complexe (parasites d' "abeilles" sauvages), car la ponte principale (la 1e), peut atteindre les 4000 unités, et 3 ou 4 autres de moindre importance sont émises les jours suivants. A titre informatif, les chiffres records sont évidemment détenus par les insectes coloniaux (dits "sociaux"), la palme revenant aux reines de certains termites africains, à raison d'un oeuf toutes les 2 secondes, soit 13 millions l'an, et cela tout au long d'une durée de vie de l'ordre de ... 10 ans !!! . A l'inverse certains coléoptères cavernicoles, de type Aphaenops, sont si peu soumis à la prédation et aux aléas du métier, qu'ils pondent 1 seul oeuf (au demeurant énorme ! ) de temps en temps ... limite tous les "36 du mois" !

 
Mantispe de styrie ou Mantispe païenne (Mantispa styriaca) femelle à pondre, photo 1. Mantispe de styrie ou Mantispe païenne (Mantispa styriaca) femelle à pondre, photo 2. Mantispe de styrie ou Mantispe païenne (Mantispa styriaca)  ponte !
à gauche et au centre: pondeuse en action (vues partielles); à droite: le gros de la ponte (vue partielle là aussi ! ).
Selon Monique Gosselin (a qui j'adresse un grand merci pour ces très exceptionnelles et démonstratives photos ! ),
quelques heures auront suffi pour déposer cette très spectaculaire ponte.
 
... et un autre exemple !
Mantispe de styrie ou Mantispe païenne (Mantispa styriaca) femelle à pondre, photo 1. Mantispe de styrie ou Mantispe païenne (Mantispa styriaca) ponte importante. .................Mantispe de styrie ou Mantispe païenne (Mantispa styriaca) pontes multiples,  photo 1. Mantispe de styrie ou Mantispe païenne (Mantispa styriaca) pontes multiples,  photo 2.
... non moins impressionnant et spectaculaire !
à gauche : la bête à l'oeuvre, et à sa droite une ponte pour le moins "copieuse"; à droite: exemples de fenêtres ... "taguées" !
Comme ces photos prises non loin de Montpellier le montrent, de multiples pontes sont observables sur des entourages de fenêtres en alu gris foncé.
Ces fenêtres sont orientées nord, d'où une température du métal "vivable", là où une exposition sud "cuirait" à coup sûr les pontes.
 
Bien entendu le choix d'un tel support est pour le moins étonnant, tout comme le nombre des pontes, (et donc des oeufs), puisque 4 fenêtres sur 6 on été ainsi "taguées", à raison de 3 à 4 pontes importantes par fenêtre. Reste à savoir si cette incroyable prodigalité est l'oeuvre d'une seule pondeuse, auquel cas le nombre des oeufs émis dépasse l'entendement. A contrario, si plusieurs participantes il y a eu, on peut pareillement s'interroger sur leur nombre, mais aussi sur la nature de l'attraction générant leur regroupement. Pourrait-il y avoir des phéromones de pontes, comme il y a des phéromones sexuelles, ou d'agrégation, ou encore de piste comme chez les fourmis ... that is the question ! Si un spécialiste "es mantispes" visite cette page je serais ravi d'avoir son avis !
  
La vie larvaire !
L'embryogenèse ! 
Mantispe de Styrie(Mantispa styriaca) = Mantispe païenne (Manstispa pagana),  embryogenèse, à "J +7", photo 1 Mantispe de Styrie(Mantispa styriaca) = Mantispe païenne (Manstispa pagana),  embryogenèse, à "J +7", photo 2..
à "J+7 (ou 8 ! )" on commence à nettement distinguer la segmentation des embryons, ainsi que les yeux de la larvule en devenir.
.Mantispe de Styrie(Mantispa styriaca) = Mantispe païenne (Manstispa pagana),  embryogenèse, à "J +7", photo 3. Mantispe de Styrie(Mantispa styriaca) = Mantispe païenne (Manstispa pagana),  embryogenèse, à "J +7", photo 4..Mantispe de Styrie(Mantispa styriaca) = Mantispe païenne (Manstispa pagana),  embryogenèse, à "J +7", photo 5.........
 
 
Mantispe de Styrie(Mantispa styriaca) = Mantispe païenne (Manstispa pagana),  embryogenèse, à "J +10", photo 1 Mantispe de Styrie(Mantispa styriaca) = Mantispe païenne (Manstispa pagana),  embryogenèse, à "J +10", photo  2.
à "J+10" la segmentation s'affirme nettement.
 
La larve naissante !

Au terme de l'incubation, une quinzaine de jours en moyenne, la larvule se libère via une zone de rupture (d'où la notion d'ovirupteur) générant l'ouverture en "Y" de l'enveloppe de l'oeuf (= chorion). Laborieuse et entrecoupée de phases de "récup", la sortie demande souvent plus d'une dizaine de minutes, au terme desquelles les minuscules larvules (1 mm ! ) tendent à s'agglutiner, puis tournicotent temporairement de concert, avant de se disperser et très vite se fondre dans leur environnement. Dans la mesure où elles sont très mobiles, ne s'alimentent pas, et peuvent éclore tôt en saison (d'août à septembre), je pense que les larvules se mettent au plus vite en quête d'un gîte où elles passeront l'hiver.

 
Mantispe de Styrie(Mantispa styriaca) = Mantispe païenne (Manstispa pagana),  éclosions d'une ponte, vue d'ensemble................ Mantispe de Styrie(Mantispa styriaca) = Mantispe païenne (Manstispa pagana),  larves naissantes, photo 1. Mantispe de Styrie(Mantispa styriaca) = Mantispe païenne (Manstispa pagana),  larves naissantes, photo 2................ Mantispe de Styrie(Mantispa styriaca) = Mantispe païenne (Manstispa pagana),  larves naissantes sous la toise.
à gauche : l'heure de la sortie ! Ce ne n'est peut-être pas une règle absolue, mais les éclosions se sont toujours produites en fin de nuit ... sauf une vers 23h ! au centre : fuyant l'éclairage nécessaire à la prise de vues les larvules passaient très vite sous la brindille. Il s'agit là de copies d'écran de cette vidéo montrant égalant la ponte, avec un très exceptionnel "gros plan" sur l'émission des oeufs; à droite : larves sous a toise !
 
Mantispe de Styrie(Mantispa styriaca) = Mantispe païenne (Manstispa pagana),  naissance d'une larve, photo 1. Mantispe de Styrie(Mantispa styriaca) = Mantispe païenne (Manstispa pagana),  naissance de larves, photo 1. Mantispe de Styrie(Mantispa styriaca) = Mantispe païenne (Manstispa pagana),  naissance de larves, photo  2. Mantispe de Styrie(Mantispa styriaca) = Mantispe païenne (Manstispa pagana),  naissance d'une larve, photo 2. Mantispe de Styrie(Mantispa styriaca) = Mantispe païenne (Manstispa pagana),  naissance d'une larve, photo  3.
Illustration de la toujours très laborieuse éclosion, d'où des séquences à la fois raccourcies et accélérées (4 fois) sur la vidéo ci-dessus mentionnée. 
Au sein de son oeuf (0,5 mm X 0,2 mm) la larvule (1 mm) est en effet véritablement pliée en 2... disons collée serrée !
Mantispe de Styrie(Mantispa styriaca) = Mantispe païenne (Manstispa pagana),  naissance de larves, photo  3. Mantispe de Styrie(Mantispa styriaca) = Mantispe païenne (Manstispa pagana),  naissance de larves, photo 4. Mantispe de Styrie(Mantispa styriaca) = Mantispe païenne (Manstispa pagana),  naissance de larves, photo 5. Mantispe de Styrie(Mantispa styriaca) = Mantispe païenne (Manstispa pagana),  naissance de larves, photo 6.
  
Le printemps venu, avril généralement, la minuscule larvule se réactive (et sort donc de ce qui s'apparente à une diapause), afin de se mettre en quête d'une inattendue et bien involontaire partenaire. Il s'agit en effet d'une femelle d'araignée chasseresse errante, du genre Lycose, autrement qualifiée d' "araignée-loup"... tout un programme !

Quand la rencontre a lieu, ou plus exactement que les chemins respectifs se croisent, la larve de Mantispe va pénétrer par effraction (sans doute aussi promptement et subrepticement que possible ! ) dans le cocon que transporte l'araignée !

Rendue à pied d'oeuvre, si l'on peut dire, la larvule passablement affamée (on le serait à moins après 7 mois de jeune ! ) va s'attabler aux dépens de la ponte de l'araignée. Quelques semaines plus tard, n'ayant plus que faire de pattes fonctionnelles devenues inutiles, elle va muer une première fois. Nettement plus "ramassée" et boudinée, elle ressemblera alors à une sorte de larve de guêpe (voir site), pattes à minima en sus. Au terme de sa croissance, la larve confectionne son propre cocon (au sein même de celui de l'araignée), puis elle va de nouveau muer, et prendre cette fois la forme d'une nymphe. Chez la grande majorité des insectes ce stade larvaire peut tout au plus bouger, mais non se mouvoir ... sauf que !

A l'instar des chrysalides de certains papillons xylophages (Cossus et Sésies par exemple, voir site) la nymphe de Mantispe est en effet dotée d'une relative mobilité. Le moment venu (généralement courant juin), cette mobilité va permettre à la nymphe en question de s'affranchir de son cocon, et de celui de l'araignée, afin de donner vie à une mantispe adulte, via une 3e et dernière mue, dite "imaginale". La boucle s'en trouve ainsi bouclée, mais vous l'aurez compris, ce n'est jamais gagné d'avance, et loin s'en faut !

Bien entendu tout cela n'arrange pas les affaires de l'entomologiste, car quand la lointaine Styrie s'en vient flirter avec l'Océan, que l'aragne se fait loup, et qu'une païenne revêt les atours d'une religieuse (à moins que ce ne soit l'inverse ! ), convenez qu'il y a de quoi perdre son latin, et même ne plus savoir à quel Saint se vouer ! C'est tellement vrai que Friedrich Moritz Brauer (1832-1904), entomologiste autrichien, a mis 17 ans pour découvrir le lien entre le premier stade larvaire de la mantispe et son devenir au sein des sacs ovigères des araignées.

Quand la Mantispe fait son cinéma !

Autant qu'il m'a été donné d'en juger, il s'agit de manoeuvres purement défensives. Concrètement la bestiole se démène littéralement en tous sens, à une vitesse telle que l'oeil ne peut suivre. L'esbroufe n'excède pas une à deux secondes, puis l'insecte reprend instantanément sa position favorite jusqu'à la prochaine alerte, qu'il s'agisse par exemple de la survenue d'un insecte trop gros ... ou d'un doigt inquisiteur faussement mal intentionné !

 
 
Vous noterez qu'il s'agit d'instantanés, chaque image est donc indépendante des autres, à la fois dans le temps et l'espace.  
 
A propos des illustrations, des origines de la bestiole, et de possibles témoignages....

Les illustrations ci-dessus ont été rendues possibles par une véranda limitant fort opportunément les essors de l'insecte, ou plus exactement son rayon d'action. Le reste du temps la bestiole rejoignait son bocal, où elle trouvait gîte et couvert, à savoir verdure et mouches à sa convenance.

Pour info cette Mantispe a été prise de nuit, aux UV, alors que j'espérais attirer tout autre chose. C'était le 10 août 2005, non loin de la Tranche sur Mer (Vendée), dans une étroite zone boisée classiquement située à l'interface de la dune et du marais.

N'ayant jamais trouvé cet insecte en Vendée, et ne l'ayant d'ailleurs jamais recherché, j'avoue ignorer si sa présence en ces lieux est connue ou pas. Bien entendu je suis preneur de toute info sur la question (références bibliographiques, répartition de la bestiole, signalements de captures en Vendée et dans les Dpts limitrophes, etc...). D'avance merci !

En guise de conclusion ...

Je dirais que cette peu banale bestiole n'indiffère jamais, et même qu'elle suscite toujours une réelle curiosité, qu'il s'agisse du profane, du débutant, ou du plus chevronné des entomologistes !

J'ajouterais qu'une espèce peut être localisée sans être rare, et qu'elle peut être largement répandue sans être fréquente, d'où mon expectative concernant la Mantispe vendéenne. En d'autres termes, rare ou pas rare, telle est la question !!!
 
GRRRR ! A l'occasion de vacances à Gruissan (Aude), de fin Juin à début Juillet 2017, 3 mantispes (dont 2 femelles ! ) sont venues aux UV le soir même de mon arrivée. Bien entendu une vidéo sympa était dès lors prévue, sauf qu' une armada de mini "fromis" a réduit mes espoirs à néant. Contrairement au Bac il n'y a pas eu de "rattrapage" suite à une météo calamiteuse durant toute la semaine de mon séjour re- grrrrrr !
 

 

Pour info : la Raphidie ou "mouche-serpent" !

 
exemple de Raphidie ... Raphidie Raphidie ... (Inocellia crassicornis).
Les Raphidies sont des Neuroptères, comme les Mantispes à qui elles ressemblent, pattes ravisseuses en moins. L'adulte se nourrit surtout de pucerons, et les larves vivent sous les écorces des bois morts où elles trouvent les menus insectes dont elles se nourrissent. L'espèce présentée est inféodée aux conifères.
 

 

Raphidie ou "mouche serpent". Raphidie ou "mouche serpent" en train de pondre. Raphidie ou "mouche serpent", oeuf in situ. Raphidie ou "mouche serpent", détail d'un oeuf.
 de gauche à droite : 1)- autre raphidie, cette fois femelle, d'où la présence d'un long "ovipositeur" prolongeant l'abdomen; 2)- la bête à pondre dans les anfractuosités du bois. Vous noterez l'extrême mobilité de l'organe de ponte, se tortillant en tous sens, d'où le surnom de "mouche-serpent" donné à cet insecte; 3)- l'oeuf "in situ"; 4)- détail de l'oeuf.
Cette très instructive vidéo vous montrera la bête dans ses oeuvres : prédation, ponte, toilettage ! 
 
FIN
les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr