- ACCUEIL -
COLEOPTERES -
LEPIDOPTERES -
AUTRES
-VIDEOS - HISTORIETTES
- NEWS - LIENS
- WANTED
! - MAILS
d'OR
-
-
-
- L' ÉCAILLE
du SÉNEÇON, ou "GOUTTE de SANG"
!
- (Tyria
jacobaeae, Lépidoptère
Arctiidae)
-
- (page 2 sur 2)
-
- - pour quitter les
agrandissements faire "page précédente" dans votre
navigateur -
-
-
- Intro !
-
- Encore appelé la "Goutte de
sang", ou le "Carmin" ou encore l' "Ecaille
jacobée", ce papillon et sa chenille ont la
particularité d'être toxiques. Ils ont aussi le "bon
goût" ( si j'ose dire vu leur toxicité ! ), de le
faire savoir aux prédateurs que sont notamment les oiseaux
insectivores.
-
- Comme vous le verrez, l'Ecaille du
séneçon affiche même la couleur (et ce n'est
pas une image !), là où d'autres espèces
donnent au contraire dans la discrétion, pour elles gage de
survie !
-
- Présentation
!
-
- Tyria jacobaeae est un papillon
de nuit, autrement dit un "Hétérocère", par
opposition aux "Rhopalocères" que sont les papillons
diurnes. Il peut néanmoins voler de jour, mais bien souvent
l'envol fait suite à un quelconque dérangement de
l'insecte au repos (passage de bétail, de promeneurs, coup
de vent, ou autre !). J'ajouterais que les "performances" de
jacobaeae apparaissent limitées, car son vol
hésitant (voire carrément incertain!) ne
l'amène jamais bien loin ni bien vite. En outre la
bête donne souvent l'impression d'atterrir en catastrophe,
et pas forcément là où elle voudrait,
d'autant qu'elle se laisse volontiers porter par le
vent.
-
- L'écaille du
séneçon relève de la Famille des Arctiidae,
représentée en France par à peu près
70 espèces, souvent très vivement colorées.
Elle vole de mai à juillet, en une seule
génération. L'espèce occupe pratiquement
toute la France, en deçà de 1600 m d'altitude, et
une grande partie de l'Europe. Elle affectionne les friches
ensoleillées, les carrières à l'abandon, les
bords de chemins, les lisières forestières, etc.. Ce
gracieux papillon est encore relativement fréquent par
place, mais globalement il tend nettement à se
raréfier, tout en étant plus présent dans le
sud.
-
-
- à gauche: Tyria
jacobaeae au repos, avec les ailes classiquement en "toit"; au
centre: exemplaire "étalé", et donc issu de
collection;
- à droite: la
traditionnelle photo "en main" !
-
-
-
- La "Zygène du
trèfle" (Zygaena trifolii) ... à titre comparatif
!
- Par delà la convergence
morphologique, et plus encore chromatique,
les Zygènes n'ont strictement rien
à voir avec Tyria jacobaea
-
- L'insecte est rouge et noir, et cette
livrée est qualifiée d' "aposématique", en ce
sens qu'elle a valeur d'avertissement vis-à-vis des
prédateurs. L'hémolymphe (= le "sang" des insectes!)
comporte en effet des composés cyanhydriques, d'où
une toxicité conférant évidemment une
réelle protection à la bestiole. A noter que les
Zygènes sont pareillement dotées, et qu'elles ont
souvent la même allure générale, mais c'est
là l'expression d'une convergence, et non d'une
parenté. A noter enfin que "monsieur et madame" Goutte de
sang portent la même livrée (graphisme et
coloration), la femelle se différenciant uniquement par le
volume plus important de l'abdomen.
-
- Les chenilles de la "Goutte de sang"
sont pratiquement coloniales, ce qui est exceptionnel chez les
Arctiidae. Elles se développent principalement sur le grand
séneçon de Jacobée (Senecio jacobaea,
ci-dessous), mais elles ne sont pas rare sur le petit
séneçon vulgaire (Senecio vulgaris). Faute de mieux
ces chenilles se contenteraient de Tussilages, ou encore de
Pétasites, mais à mon avis c'est là un
pis-aller, et je n'ai pas eu l'occasion d' observer le
fait.
-
-
-
- Séneçons de
Jacobée "in natura". Les "pieds" peuvent se montrer
clairsemés, comme à gauche, ou au contraire
très denses ... comme à droite
!
- Cette plante est toxique, et
elle atteint couramment plus du mètre, ce qui la rend
aisément repérable.
- ( elle domine d'ailleurs
très nettement les plus grandes
graminées).
-
- La ponte, et les oeufs
!
La ponte suit bien sûr
l'accouplement, et se fait non moins logiquement sur la plante
nourricière. Les oeufs sont jaunes, nombreux, et
classiquement déposés par lots au revers du
feuillage. A l'occasion les tiges peuvent recevoir quelques oeufs,
mais ce n'est pas la norme. Les images présentées
totalisent près de 150 oeufs, mais la femelle
concernée avait peut-être déjà pondu
avant .... et continué après ! Vu l'avancement de la
saison, j'ajouterais qu'il m'aura fallu de la chance (et un peu
d'astuce ! ), pour vous présenter cette
ponte.
-
-
- Ci-dessus: exemple de
ponte de Tyria jacobaea , et détail des
oeufs.
- Ci-dessous:
plus l'éclosion approche, et plus la tête des futures
chenillettes devient visible par
transparence;
- à droite:
éclosion imminente ... sauf pour les 4 oeufs non
fécondés, et donc restés jaunes !
-
-
- La chenille ...
généralités !
Régulièrement
annelée de jaune et de noir, la chenille de T. jacobaea est
facilement reconnaissable, car à nulle autre pareille. A
terme elle atteint une trentaine de mm, et compte tenu de
l'échelonnement des pontes elle est quasiment observable de
juin à septembre. Sa coloration et ses tendances coloniales
la rendent en outre bien visible, d'autant quelle ne fait rien
pour se cacher aux yeux des prédateurs (tels les oiseaux
insectivores) ... et pour cause !
Comme le papillon qu'elle deviendra, la
chenille est en effet toxique (toujours les fameux composés
cyanhydriques), et comme lui encore elle "affiche la couleur",
mais cette fois la livrée aposématique est du type
"vespoïde", par référence à la couleur
des guêpes et frelons, insectes bien connus pour être
du genre "qui s'y frotte s'y pique ! Comme vous le verrez dans la
rubrique "conclusion", notre quotidien emprunte là encore
à un monde animal qui n'a pas fini de nous étonner
... et de nous inspirer !
Les très jeunes chenilles ne
pouvant prétendre à la toxicité de leurs
aînées, Dame Nature a prévu une protection
très efficace, et non moins astucieuse. En cas de danger
les menues bestioles se laissent choir instantanément dans
la végétation sous-jacente, ce qu'elles font "en
rappel", à la manière des alpinistes. Une fois
l'alerte passée chacune remonte le long de son fil , et
toute la nichée se retrouve là où elle
était ... jusqu'au prochain "sauve qui
peut".
-
-
- Exemples de chenilles
"mûres", autrement dit au maxi de leur taille, et donc
proches de se chrysalider.
-
- ... et en main ! ....
............
... comme d'hab !
-
-
- La chenille ...
développement !
-
- De la naissance au
"premier âge" !
-
..........
- Sitôt nées ...
sitôt attablées ! ... telle est la règle au
pays des '"Gouttes de sang" ... et des autres chenilles
!
-
- De l'ébauche
à l'acquisition de la livrée typique !
-
......
- A compter de la naissance le
chromatisme type, à droite, a été acquis en
guère plus une semaine.
- Autant dire que les bestioles ne
font pas semblant de passer à table !
-
- En avant toute
!
-
- Une fois la coloration acquise,
il n'est d'autre changement que l'accroissement de la
taille.
- Cette dernière est bien
sûr à la mesure du feuillage dévoré,
mais elle est aussi fonction du facteur temps ... durée et
météo !
-
- Terminus,
tout le monde descend !
-
- Chenilles "in natura" sur
séneçon de Jacobée,
- mais plus pour longtemps car la
toute proche nymphose se fait au niveau du
sol.
-
-
- La chrysalide
!
-
- Arrivées à maturité
les chenilles descendent à terre pour se nymphoser. Quand
le sol est particulièrement meuble, ou plus ou moins
friable, la chenille est susceptible de fouir, mais elle se
nymphose toujours à très faible profondeur, et au
sein d'un pseudo cocon formé de particules terreuses
à peine agglomérées par une ébauche de
trame soyeuse. Dans la majorité des cas les chenilles
s'insinuent simplement sous les débris
végétaux, ou les plantes herbacées, et elles
s'y nymphosent à nu. La chrysalide hiverne ainsi, et la
nouvelle génération de Tyria jacobaeae sera visible
de Mai à Juillet, compte tenu de l'échelonnement des
émergences.
-
-
- exemples de cocons "terreux" de
Tyria jacobaea
-
-
-
- Chrysalides de la "goutte de
sang", en place, et après extraction du
cocon.
-
-
- En guise de conclusion
...
En matière de
sécurité (industries, travaux publics, etc...) notre
signalétique emprunte en quelque sorte au monde des
insectes, car par convention normalisée l'alternance de
zébrures jaunes et noires est toujours synonyme de danger.
Ce choix n'est certainement pas fortuit, et on peut même le
qualifier de judicieux dans la mesure où il s'inspire de la
crainte généralement ressentie face à tout
insecte arborant ce type de graphisme. En pareil cas il s'ensuit
de notre part un recul systématique, quasi-réflexe,
et c'est précisément cette réaction salutaire
qui est recherchée en matière de
sécurité.
En tant qu'entomologiste il faut
cependant signaler que cette crainte est souvent
irraisonnée car de très nombreux insectes,
totalement inoffensifs, ne font que mimer les quelques
espèces pouvant poser problème, tels les
guêpes et les frelons.
Signalons enfin que la notion même
de mimétisme est parfois controversée, certains
considérant que la convergence morphologique doit plus au
simple hasard qu'à une évolution en quelque sorte
orientée. Comme il se doit les arguments en faveur de l'une
ou l'autre de ces thèses ne manquent pas, mais en
débattre dépasserait censément le cadre de
cette "page entomo", et fortiori celui de la présente
conclusion.
-
-
FIN
-
- les pages entomologiques d'
andré lequet
: http://www.insectes-net.fr