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les Tégénaires !
 
 
TégénaireÀ l'époque j'étais tout gosse, et ce jour-là j'aidais ma grand-mère à nettoyer son pigeonnier......
 
Adossé à un mur, et presque entièrement couvert, le pigeonnier en question s'apparentait à une grande volière.
 
Pour l'heure il s'agissait d'enlever une sorte de couvre sol constitué de vieilles lames de parquet. Au fil des ans le bois s'était en effet passablement vermoulu, et certaines lattes étaient même quasi pourries, là où l'humidité était la plus présente.
 
Entre ce " plancher " et le sol, un espace de quelques centimètres avait été ménagé, et des souris s'y étaient bien sûr installées. Brutalement mises à jour, elles étaient souvent promptement occises par le sabot de la grand-mère, et à l'occasion les fuyardes finissaient sous la griffe du minet de la maison.
 
Nous arrivions à la fin de notre ouvrage, là où l'humidité était la plus importante, et le sabot grand-maternel avait déjà eu raison de plusieurs grosses tégénaires surprises dans leur soyeuse retraite. Taxées par elle de " sales bêtes " leur sort m'indifférait nettement plus que celui des plutôt sympathiques souris, mais curieusement il me gênait davantage de voir l'arachnide se faire écrabouiller.
 
À un moment donné 2 nouvelles tégénaires ont été débusquées, mais cette fois elles étaient sur l'envers des planches que la grand-mère venait de soulever. Totalement à découvert, et tout près de ses mains, les bêtes semblaient encore plus grosses, plus noires, et plus velues.
 
En l'espace d'une seconde les " sales bêtes " se sont retrouvées à terre, pattes recroquevillées et toutes frémissantes des affres de l'agonie. Du plat de la main, et sans l'ombre d'une hésitation, ma grand-mère venait de froidement les estourbir sous mes yeux.
 
Cette fois c'en était trop, et la nausée m'est alors venue d'un coup.
 
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À n'en pas douter mon aversion pour les araignées date de cet instant, car par ailleurs il n'est pas un animal que je ne puisse saisir à mains nues. Rien n'étant totalement négatif, il s'ensuit que je comprends parfaitement ceux qui éprouvent le même sentiment face aux reptiles.
 
À cet égard j'ai souvent remarqué qu'avec les serpents le " tout ou rien " domine, en ce sens qu'on aime ou on n'aime pas. On peut même dire que les uns sont attirés, pour ne pas dire fascinés, et que la peur et la répulsion sont quasi instinctives chez les autres, au point de relever de l'irrationnel voire de la phobie.
 
Pour ma part je pense néanmoins que l'acquis prévaut sur l'inné, en ce sens que l'éducation des parents conditionne très souvent celle des enfants, y compris en ce qui concerne la nature des rapports avec les reptiles. À cet égard le cas de mes enfants est assez symptomatique, et ma réaction l'est d'ailleurs tout autant.
 
Alors qu'ils étaient âgés de 3 et 4 ans j'ai en effet pris conscience qu'ils ne craignaient pas du tout les reptiles, d'autant qu'ils étaient habitués à les côtoyer, et à me voir les manipuler au même titre que les autres bestioles qui à l'époque se partageaient mon appartement.
 
À l'évidence ma jeune progéniture n'était pas prête d'être apte à la faire la différence entre les espèces pouvant êtres dangereuses, et celles ne l'étant pas. Un jour ou l'autre, à l'occasion de nos fréquentes balades en campagne, le pire pouvait donc arriver. En conséquence, et non sans quelques regrets, je me suis séparé de toutes mes vipères et couleuvres, en leur rendant bien sûr leur liberté.
 
Rien n'étant jamais tout blanc ou tout noir il me souvient de la réaction mitigée de mon père quand j'ai ramené mes premiers reptiles à la maison. Il s'agissait de couleuvres vipérines, et je l'entends encore me dire qu'un jour je tomberai sur des " vipères couleuvrines ".
 
Ce faisant il marquait ainsi sa différence, mais dans le même temps il acceptait la mienne.
 
 
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