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le DRAGON ou HARPIE (Harpyia milhauseri) !
(Lépidoptère Notodontidae)
 
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Pour info ... le sexe des chrysalides !
Elle ! ... Harpie ou Dragon (Harpyia milhauseri), chrysalide  femelle. Harpie ou Dragon (Harpyia milhauseri), chrysalide mâle. ... et lui !
La disposition des orifices étant immuable, je rappelle que l'anus est sur le 10e et dernier segment abdominal chez les 2 sexes; l'orifice génital du mâle sur le 9e; celui de la femelle sur le 8e; et celui de la ponte sur le 9e. En pratique la distinction desdits orifices ( voire des segments concernés ! ), peut s'avérer assez délicate, voire subtile, et en plus les 2 orifices femelles peuvent ne faire qu'un, du moins en donner l'impression .... ce qui est présentement le cas. !
 
 
Incroyable mais vrai !
Tout papillon de nuit vous le dira, sortir d'un cocon n'est pas sinécure, et ce n'est pas le moindre des paradoxes. Dame Nature doit en effet redoubler d'imagination afin de concocter le dispositif qui permettra d'ouvrir la porte ... qu'elle a elle-même barricadé !
 
Là où le cocon est ténu, et la soie peu résistante, une simple poussée du papillon naissant suffit à le libérer, mais les choses se compliquent très vite dès l'instant où le cocon ... est digne de ce nom ! Le plus souvent la chimie prévaut (dissolution de la soie via une sécrétion idoine du papillon émergeant), mais comme les exemples ci-dessous le montrent, chrysalides et cocons peuvent intégrer des systèmes d'ouvertures très sophistiqués, et de surcroît mécaniquement variés.
 
Présentement c'est la chrysalide du Dragon qui se charge de l'ouvrage, et croyez-moi elle fait fort ... et même très fort ! Elle est en effet "outillée" pour percer et littéralement "découper" un cocon que l'on sait extrêmement dur et résistant. Comme les illustrations ci-dessous le montent, l'analogie avec une mèche à bois ou un trépan est patente, tant par la forme, le rôle, la mise en oeuvre ... et le résultat !
 
Harpie ou Dragon (Harpyia milhauseri), chrysalide, détail de la partie antérieure, photo 1. Harpie ou Dragon (Harpyia milhauseri), chrysalide, détail de la partie antérieure, photo 2.
Vue dorsale et ventrale de l'extrémité antérieure de la chrysalide du Dragon.
Vous noterez la hauteur de la "pointe sèche" centrale, mais aussi la position et la conformation des antennes l'encadrant;
 
 
Harpie ou Dragon (Harpyia milhauseri), chrysalide, détail de la partie antérieure, photo 4. Harpie ou Dragon (Harpyia milhauseri), chrysalide, détail de la partie antérieure, photo 5. .................. foret, détail de la zone "foreuse" Trépan, à titre comparatif.
Un dispositif de perçage digne de figurer dans le catalogue de chez "Casto" !
à gauche: Sur l'agrandissement vous noterez la différence de structure entre la zone abrasive (cercle rouge), et la partie antennaire normale (cercle blanc); à droite: comparaison avec une mèche à bois, puis avec un trépan. Bien entendu la "rotation" de la chrysalide, et l'action des zones abrasives, résultent censément de "tortillements" répétés, et ne sauraient être comparées à la régularité du mouvement rotatif généré par une perceuse. En guise d'intro aux explications ci-dessous, vous noterez que l'étroitesse du cocon et son vernissage interne facilitent respectivement le centrage du perçage, et la "rotation" de la chrysalide.
 
... et comment ça marche !
La conformation du "trépan", si je puis dire, laissait présager des ouvertures a priori circulaires, mais elles sont en fait ovales, et il est probable que cette forme résulte à la fois de la convexité du cocon et des modalités du percement de son ouverture. Tout aussi étonnant les "portes" ainsi découpées disposent d'une véritable charnière dont la position fait que selon le cas la porte s'ouvre en s'abaissant ou au contraire en se relevant. D'autre part les traces de la "pointe sèche" attendues en position centrale sont en fait nettement décalées, cela pouvant résulter d'un non alignement de ladite pointe en regard des zones abrasives

Tout perçage nécessitant un centrage (d'où le préalable et incontournable "coup de pointeau" évitant le dérapage du foret d'une perceuse électrique) la "pointe sèche" de la chrysalide joue sans doute un rôle tout à fait comparable. La recherche du bon positionnement de la chrysalide n'étant pas acquise d'emblée, il s'ensuit fatalement des ratés, lesquels se traduisent par de multiples et bien visibles "coups de pointeau".

Le percement du cocon est à coup sûr obtenu par la répétition de mouvements plus ou moins alternatifs et angulaires, grandement facilités par le parfait lissage interne du cocon, mais aussi par son étroitesse. Bien entendu, les proéminences antennaires abrasives jouant un rôle essentiel dans le découpage de l'opercule, et donc de la "porte".

Le bourrelet dorsal intervient sans doute dans la finalisation de la découpe de la "porte", et la charnière est probablement issue de la zone comprise entre les antennes, cette dernière étant partiellement préservée de l'abrasion. Pour finir vous noterez que le sens d'ouverture de l'opercule précédemment évoqué (par relevage ou abaissement) est bien sûr fonction de la position de la charnière (haute ou basse), elle-même déterminée par celle de la chrysalide (ventrale ou dorsale ) lors du découpage de l'opercule.

Nota : Par-delà les explications ci-dessus, aussi argumentées que possible soient-elles, l'extrême originalité morphologique de cette chrysalide fait qu'il n'est qu'elle pour véritablement savoir qui fait quoi ... et comment il le fait !

 
de gauche à droite: 1)- cocon tel qu'il se présente après émergence du papillon : l' ouverture (flèche) est à peine visible car une charnière tend à "ramener" l'opercule découpé par la chrysalide. Vous noterez que la charnière est à la partie supérieure, et donc que l'opercule se relève ; 2)- opercule ouvert et nettoyé ; 3)- opercule remis en place afin de montrer la perfection du découpage; 4)- idem, mais en vue interne; 5)- vue interne de l'ouverture, avec localisation de la charnière; 6)- opercule isolé, et particulièrement instructif. Sur l'agrandissement vous remarquerez les traces de la "pointe sèche" de la chrysalide (flèches rouges), et leur décalage en regard du centre de l'opercule. Vous remarquerez également les très nettes traces de grattages issues d'essais ou de "dérapages" (flèches vertes).
 
 
Autre exemple de cocon !
ci-dessus de gauche à droite: 1 & 2)- vous noterez qu'ici l'opercule se rabat (charnière en bas), et vous remarquerez l'abondante pilosité perdue par le papillon, ce qui laisse présumer une émergence laborieuse; 3 à 5)- illustration du parfait ajustement de l'opercule (vues externes, et interne); ci-dessous à gauche: détails de l'opercule; à droite: trio de cocons en vues internes montrant le typique profil des ouvertures operculaires, et mise en évidence du bourrelet dorsal qui doit participer à l'ouverture du cocon.
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Pour info !
Sortir d'un cocon ... là aussi tout un art !
Grand paon de nuit (Saturnia pyri) adulte en main. Grand paon de nuit (Saturnia pyri), cocons en main. Grand paon de nuit (Saturnia pyri), cocon ouvert, détal de la nasse, photo 1. Grand paon de nuit (Saturnia pyri), cocon ouvert, détal de la nasse, photo 2. Grand paon de nuit (Saturnia pyri), cocon ouvert, principe du fonctionnement de la nasse, photo 1. Grand paon de nuit (Saturnia pyri), cocon ouvert, principe du fonctionnement de la nasse, photo 2.
Le cocon du Grand paon de nuit (Saturnia pyri, voir site) dispose d'une porte de sortie anti-intrusions fonctionnant sur le principe d'une nasse à poissons inversée. En d'autres termes les fibres soyeuses rayonnantes (admirez le travail de la chenille ! ) s'écartent pour laisser passer le papillon (ou le crayon ! ) mais elles s'opposent à toute intrusion malintentionnée ou accidentelle ... re-crayon !
 
 
Bombyx laineux (Eriogaster lanestris), adulte. Bombyx laineux (Eriogaster lanestris), cocons après éclosions. Bombyx laineux (Eriogaster lanestris), prédécoupage des cocons.
Dans cet autre exemple, non moins sophistiqué, il s'agit du Bombyx laineux ( Eriogaster lanestris, voir site). Cette fois le cocon est très rigide, très peu fibreux, très mince, très cassant, et il est doté d'une ouverture circulaire prédécoupée (comme le sont nos boîtes de conserves ! ), laquelle cède sous la poussée du papillon émergeant. Pour instinctif qu'il soit, admirez là encore le travail de la chenille.
 
En guise de conclusion !
 
Cette page entomo m'en donnant l'occasion ....
 
Je rappelle qu'hormis la roue ( et elle seule ! ) les inventions humaines sont avant tout celles de la Nature, d'où l'intérêt de la "Bionique",
science basée sur l'étude des "inventions de la Vie", en vue de leur transposition à des fins industrielles.  
 
 
FIN
 
les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr