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La FEUILLE MORTE DU CHÊNE (Gastropacha quercifolia) !
(Lépidoptère Lasiocampidae)
 
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Le cocon et la chrysalide
 
J'avoue un certain embarras dans la mesure où l'apparente apathie de ces chenilles ne s'est pas démentie à l'approche du "coconnage". En d'autres temps, lieux et circonstances, j'ai pourtant pu constater qu'elles étaient capables de franchement s'activer, les traces d' errances a priori pré-nymphales sillonnant fort curieusement la poussière estivale d'un petit chemin de terre fréquemment emprunté lors de mes pérégrinations naturalistes.
 
Localisées sur quelques mètres, et s'entrecoupant parfois, ces traces rectilignes traversaient ledit chemin, et pour lever le "mystère" de ce mini Nazca il aura fallu que j'y rencontre une "déboussolée", ou tout simplement une retardataire (sinon une impatiente ! ), le cheminement s'opérant à coup sûr de nuit puisque la journée se passe dans une totale immobilité.
 
 
trace de la chenille de Gastropacha  trace de la chenille de Gastropacha
Les bestioles n'étant pas vraiment disposées à coopérer, la "reconstitution" des traces "chenillées" (c'est le cas de dire ! ), s'est avérée plus laborieuse et moins patente que prévu. Sauf à considérer qu'elles n'étaient pas prêtes (avant l'heure c'est pas l'heure ! ), ce peu d'entrain, limite réticence, me paraît pouvoir résulter d'une captivité censément prolongée.
 
 
Cela étant les cocons sont généralement tissés entre ( ou sur ! ) les branches et branchettes de l'arbre ou l'arbuste nourricier. Allongés, assez souvent plus ou moins naviculaires, ils paraissent plutôt petits, du moins en regard de la taille des chenilles. Très peu épais, limite aérés, ils sont dotés d'une texture grossière, et se singularisent par une certaine variabilité de leur coloration, et plus encore par la nature même de cette coloration.
 
Fondamentalement brun foncé, les cocons de notre "Feuille morte" peuvent en effet comporter des zones sensiblement éclaircies, voire franchement blanchâtres, lesquelles résultent d'une sorte de sécrétion farineuse qui interpénètre la trame soyeuse. Bien entendu c'est surtout patent sur des cocons récents, car les intempéries doivent quelque peu uniformiser la coloration , avec probable prévalence des bruns.
 
Produite par la chenille, cette excrétion est particulièrement abondante à l'intérieur du cocon, au point d'en généreusement tapisser la paroi, mais aussi d'en enrober la chrysalide à l'avenant, sans parler d'un très substantiel surplus accumulé côté tête. N'étant pas spécialiste des "Feuilles mortes" (sauf à devoir comme Prévert les ramasser à l'automne ! ), j'avoue tout ignorer de cette excrétion (origine, composition, raison d'être), sauf à supposer qu'il pourrait s'agir d'urates, autrement dit de déchets organiques rejetés au cours de la pré-nymphose. Si un lecteur peut éclairer ma lanterne, je suis preneur !
 
La vie nymphale est brève, de l'ordre de 2 à 3 semaines, et comme souvent chez les insectes, l'adulte ne songe qu'à se reproduire, ses réserves lui permettant de se passer de nourriture, à telle enseigne que la trompe est....."aux abonnés absents" !
 
 
cocon de Gastropacha (début) cocon de Gastropacha (phase intermédiaire) cocon de Gastropacha (terminé) détail du cocon de Feuille morte
de gauche à droite: 1)- début du cocon; 2)- phase intermédiaire pouvant se qualifier de "cocon noir";
3)- cocon achevé; 4)- détail montrant la texture, et la variabilité de la coloration.
 
 
 
cocon ouvert avec chrysalide en place chrysalide "farineuse" extraite intérieur "farineux" de cocon lot de cocons de Gastropacha
de gauche à droite: 1)- cocon ouvert, remarquer la pruinosité farineuse; 2)- chrysalide "enfarinée" isolée;
3)- mise en évidence de la "farinade" résiduelle; 4)- divers aspects de cocons de "Feuilles mortes"
 
 
Suite logique !
 
Les émergences se produisent le plus souvent en fin de journée, mais il faudra 24 h pour que nos "Feuilles mortes" daignent s'activer un peu, et 48 h pour les voir s'accoupler. Là encore elles prennent leur temps, puisque le "coït" peut se prolonger durant une bonne dizaine d'heures.
 
 
Gastropacha frais éclos accouplement de Gastropacha (vue latérale)  accouplement de Gastropacha (vue de dessus)
à gauche:  les " feuilles mortes" se ramassent aussi à la main ! (remarquer la très grosse femelle, au bout de mes doigts); au centre et à droite: accouplement.
 
 
Sur la piste d'envol ..... Feuilles mortes  pour repeuplement ... une fois la nuit venue !
 ... et ils eurent plein de petites feuilles mortes ! ... du moins je l'espère !
 
L'oeuf
 
Diversement colorés et très joliment décorés, les oeufs sont pondus par petits lots sur les branches et les feuilles des arbres nourriciers (Prunellier, Aubépine, Saules, Chênes, Noisetiers, et divers fruitiers tels les Pruniers et Pommiers par exemple). Compte tenu de la rondeur abdominale des femelles, et de la petitesse des oeufs, je pense qu'on peut raisonnablement tabler sur une moyenne de 400 à 500 unités par ponte, mais il est des femelles pour faire nettement mieux !
 
 
 oeufs de Gastropacha quercifolia oeufs de Gastropacha quercifolia (gros plan) oeufs de Gastropacha quercifolia (gros plan)
les oeufs de Gastropacha quercifolia....
.....à ne pas confondre avec des balles de tennis pour Schtroumfs !
 
 
 
très grosse femelle de Gastropacha (au repos) très grosse femelle de Gastropacha (au repos) très grosse femelle de Gastropacha (en action) abdomen de très grosse femelle de Gastropacha
 les femelles de grande taille, comme ci-dessus, atteignent et dépassent même les 10 cm d'envergure.
En pareil cas les pontes sont à la mesure, ou plutôt à la démesure ....et les "bedaines" plus que replettes en témoignent !
 
 
 
femelle de Gastropacha en fin de vie et de ponte très grosse ponte de Gastropacha (1240 oeufs) ponte de Gastropacha (détail)
10 jours se sont écoulés, et la malheureuse bestiole est au bout du bout, mais avec 1240 oeufs pondus la pérennité de l'espèce est assurée !
 
 
En guise de conclusion
 
Dans le cadre d'une biodiversité à l'évidence plus qu' en péril, je ferais part de mes craintes concernant le devenir de ce curieux papillon, mais aussi de bien d'autres insectes ....sans parler de ceux qui disparaîtront, ou sont déjà disparus, avant même d'être découverts !
 
Au train où vont les choses, un jour viendra où l'aube se lèvera sans doute sur la dernière des "Feuilles mortes", comme elle s'est déjà levée sur le dernier lion de l'Atlas, et tout récemment sur "Cannelle" la dernière ourse pyrénéenne "made in France".
 
 
FIN
 
les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr