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le SPHINX de la GARANCE (Hyles gallii) !
(Lépidoptère Sphingidae)
 
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Intro !
 
Les propriétés colorantes de la Garance tinctoriale (Rubia tinctorum) étaient déjà connues 2000 ans avant J.C (Inde et Egypte notamment), mais il aura fallu attendre le milieu du XVII ème siècle pour que cette plante soit cultivée en France, principalement en Alsace et dans le Vaucluse.
 
Le fameux "rouge garance" était obtenu à partir de l' "alizarine", substance contenue dans les racines de la plante. Chimie aidant, ladite substance fut synthétisée en 1869, ce qui sonna le glas des cultures de garance .... et provoqua évidemment l'effondrement des effectifs de notre joli petit sphinx.
 
Comme si cela ne suffisait pas, l'ère des insecticides et autres biocides est venue se surajouter, à telle enseigne qu' Hyles gallii s'est aujourd'hui considérablement raréfié en France, mais aussi en Suisse où il est d'ailleurs protégé (Cantons de Schaffhouse, Vaud, et Thurgovie).
 
 
Présentation
 
Comme dirait Mr de La Palisse, ce Sphinx fait partie des Sphingidae, Famille de Lépidoptères nocturnes représentée en France par 25 espèces, bon nombre d'entre-elles étant plus ou moins migratrices. Hyles gallii est assez répandu en Europe, mais il n'est jamais commun. On peut même dire qu'il est en régression, notamment en France, où il est surtout connu de l' Est.
 
La bestiole est de taille moyenne, les femelles atteignant néanmoins une envergure de l'ordre de 70 à 80 mm. Ce papillon est observable de Mai à juillet, puis d'Août à Septembre-Octobre quand les conditions climatiques s'avèrent favorables à une seconde génération. L'espèce est avant tout crépusculaire, et nocturne, mais elle peut parfois voler et butiner de jour.
 
Par certains aspects biologiques, et surtout morphologiques, ce Sphinx ressemble beaucoup à celui de l'euphorbe (Hyles euphorbiae), comme en témoignent les clichés comparatifs ci-dessous. Le critère le plus simple, et le plus fiable, consiste en l'examen de l'aile antérieure, où la bande costale (vert olive) est continue chez gallii, et largement interrompue chez euphorbiae, au point de pouvoir former de simples taches.
 
 
Hyles gallii , et... Hyles gallii au repos (photo 1) Hyles euphorbiae au repos ....Hyles euphorbiae
Notez la partie costale avec bande olivâtre continue chez gallii, cette même zone se réduisant à des taches chez euphorbiae ...CQFD !
 
 
Hyles gallii au repos (photo 2) Sphinx de la garance (démonstration) Hyles gallii au repos (photo 3) Hyles gallii au repos (photo 3) "portrait"  du Sphinx de la garance
Sphinx de la garance (Hyles gallii) ...encore un moment de plaisir !
 
 
Dimorphisme sexuel
 
Comme souvent chez les Sphingidae, le dimorphisme sexuel est inexistant, du moins en apparence. Chez gallii, comme chez les autres espèces, de très discrets critères sont en effet repérables. C'est par exemple le cas du minuscule frein alaire des mâles (voir le Sphinx tête de mort, ou celui du laurier rose), mais cela concerne déjà le spécialiste, et plus encore l' éleveur. Une chose est sûre, les bestioles n'ont pas besoin de loupes pour s'y retrouver, et les images ci-dessous le démontrent bien !
 
accouplement du Sphinx de la garance (photo 1) accouplement du Sphinx de la garance (photo 2)
accouplement "tête-bêche" classique ...no comment !
 
La ponte
 
Vert "tendre", du moins à l'émission, les oeufs de ce Sphinx sont petits, et partant nombreux. Le chiffre de 400 est parfois avancé, mais celui de 300 me paraît plus conforme à la réalité, et à une moyenne qui pourrait se situer aux alentours de 250 unités, ce qui est déjà plus qu'honorable pour un Sphingidae.
 
Les oeufs sont logiquement déposés sur les plantes nourricières, telles que les Gaillets, les Epilobes, et bien sûr les Garances. Ils le sont de manière éparse, et un peu n'importe où, au gré des feuilles, des tiges, voire des fleurs le cas échéant. La durée de l'incubation est de l'ordre d'une quinzaine de jours.
 
 
oeufs d'Hyles gallii oeufs d'Hyles gallii (détail)
les oeufs du "Sphinx de la garance", l'incontournable allumette en montrant bien la petitesse.
 
 
La chenille
 
Outre sa petitesse initiale, ci-dessous illustrée, la chenille du Sphinx de la garance se caractérise par la grande variabilité de sa livrée, et ce au sein d'un même stade larvaire, ce qui est très inhabituel. Non moins curieusement, le passage au 5 ème et dernier stade ramène tout le monde dans le même giron ....chromatiquement parlant !
 
Plus qu'un long discours, les images à suivre illustrent bien le développement de cette chenille, et notamment la diversité graphique et chromatique des 3 ème et 4 ème stades larvaires, avec uniformisation finale.
 
 
 stade 1
 
chenille naissante d' H. gallii (photo 1) chenille naissante d' H. gallii (photo 2) chenille naissante d' H. gallii (photo 3)
 chenilles néonates ( = nouvelles-nées)
 Les oeufs étant petits, la chenille naissante l'est pareillement, et là encore la sempiternelle allumette en fait foi.
 
 
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 stade 2
 
chenille d' H. gallii au stade 2 (photo 1) chenille d' H. gallii au stade 2 (photo 2)
chenilles au second stade larvaire. Les formes noires, non figurées, sont globalement à parité avec les vertes.
 
 
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 stade 3
 
chenille d' H. gallii au stade 3 (photo 1) chenille d' H. gallii au stade 3 (photo 2)
 
la palette chromatique commence à sérieusement se diversifier !
 
chenille d' H. gallii au stade 3 (photo 3) chenille d' H. gallii au stade 3 (photo 4) chenille d' H. gallii au stade 3 (photo 5)
 
 
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 stade 4

chenilles d' H. gallii au stade 4 (photo 1) chenille d' H. gallii au stade 4 (photo 2) chenille d' H. gallii au stade 4 (photo 3) chenille d' H. gallii au stade 4 (photo 4)

Principaux chromatismes observables. D'autres sont néanmoins possibles, sans parler des variantes.
Vous noterez que cette variabilité chromatique est d'autant plus rare chez les chenilles de papillons, qu'elle s'exprime au sein d'un même stade larvaire.
 
chenille d' H. gallii au stade 4 (photo 5) chenille d' H. gallii au stade 4 (photo 6) chenille d' H. gallii au stade 4 (photo 7)
 
 
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 stade 5
 
chenilles d' H. gallii au stade 5 (photo 1) chenille d' H. gallii au stade 5 (photo 2) chenille d' H. gallii au stade 5 (photo 3)
au 5 ème et dernier stade.... pas de jaloux, tout le monde vire au noir !
 
 
 
La chrysalide
 
Au terme de sa croissance la chenille cesse de s'alimenter, se "purge" quelque peu à l'occasion d'une crotte plus que "mollassonne" (ce que font beaucoup de chenilles), puis elle part en quête d'un lieu à sa convenance pour se nymphoser. La bestiole n'étant pas du genre exigeante, elle va très vite s'enterrer superficiellement , voire tout simplement s'insinuer sous la litière herbacée.
 
Il n'y a pas de cocon, du moins digne de ce nom, mais aménagement d'une simple logette réalisée par refoulement des matériaux environnants, la cohésion de l'ensemble étant assurée par un simple et très lâche tissage.
 
Dans le cadre d'une première génération, la durée du stade nymphal est d'environ 2 mois, mais il se prolongera censément tout l'hiver , s'il s'agit d'une seconde "fournée".
 
 
"cocons" du Sphinx de la garance (photo 1) "cocon" du Sphinx de la garance, détail chrysalides d' H. gallii
exemples de cocons et de chrysalides du Sphinx de la garance
 
 
En guise de conclusion....
 
La curiosité est dit-on un vilain défaut, mais pour le naturaliste c'est l'une des premières qualités, sinon la première ...sous réserve que le sens de l'observation aille de paire ! J'ajouterais qu' une bonne dose d'humilité est de règle, car cette curiosité génère beaucoup plus d'interrogations qu'elle n'apporte de réponses à tous les "pourquoi " et "comment". Dès lors vous comprendrez qu'une vie ne puisse suffire au passionné, car plus on en sait .....et plus on prend conscience de son ignorance !
 
 
FIN
 
les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr