C'était en juillet 1973, durant les vacances, et je campais sur Ascarat, quasiment au pied du fameux Pic d'Arradoy. Sans pour autant dédaigner les autres espèces, je recherchais avant tout le Chrysocarabus lineatus, et ma surprise a été grande en voyant ces énormes bestioles flotter dans mes pièges à vinaigre (*). Pour tout dire il m'a fallu examiner les ailerons membraneux pour constater qu'il s'agissait bien de splendens, et non du lineatus espéré, d'où une certaine déception ... même si j'avais le sentiment d'avoir finalement déniché une bestiole hors normes
Dans une vieille canette de bière trouvée sur place, et recyclée illico en piège à carabes, il y avait un mâle plutôt petit, limite "racho", avec des élytres en grande partie noirâtres. La bestiole était manifestement peu ordinaire, mais aussi passablement "usée" par les aléas du métier de carabus, ce qui pouvait accréditer la thèse d'un mélanisme "mécanique" dit d'érosion, et donc sans intérêt, puisque résultant d'une simple abrasion des téguments ( sur les caillasses par exemple).
L'hypothèse était d'autant plus plausible que l'hémimélanisme vrai, et donc génétique, était encore inconnu chez splendens. Un doute subsistait malgré tout, et la suite devait me donner raison, puisque mon michaellae ( si je puis dire ! ) fut re-découvert et décrit par Remond en 1985 ... soit 10 ans après ma première trouvaille !
Cette année là (1988) je disposais de quelques "arradoyensis" (types) et d'une maigre brochette de "vindobonensis" (énorme auronitens autrichien), d'où l'idée de tenter d'hybrider ces 2 "géants". Le temps passant (et rien ne se passant ! ) je me suis résolu à réunir les arradoyensis, mais sans vraiment prêter attention aux accouplements immédiats, et à leur suite, tant j'étais obnubilé par un élevage "plein pot" (et pots pleins ! ) du quasi mythique cauvini. Au final 8 larves d'arradoyensis ont tant bien que mal survécu, avec à la clé un mâle joliment "enfumé" .... et 2 femelles michaellae haut de gamme ... d'où des regrets eux-mêmes haut de gamme !
Entre l'élevage et l'épingle de collection le choix a été plus que difficile, la bête pouvant se qualifier de rare. Néanmoins, estimant l'occasion trop belle pour la laisser passer j'ai décidé de "tenter le coup". Contre toute attente les accouplements se sont très vite multipliés, et cela totalement hors saison ( quoique ! cf. nota ! ), puisque la "repro" de nos Chrysocarabus est printanière. Epuisé semble-t-il par ses excès génésiques le mâle est mort avant l'hiver, et que ce soit avant ou après hivernage ... les prometteuses femelles n'ont jamais pondu !