Qui n'a vu des arbres, arbustes, buissons, ou autres végétaux, maculés par ce qui ressemble fort à un jet de salive, et pour tout dire à un crachat ?
Pour ne rien vous cacher sachez que ce sont des "crachats de coucous", mais n'en déduisez pas pour autant que l'oiseau en question se conduit décidément fort mal, lui qui par ailleurs se complait déjà à squatter sans vergogne le nid d'autrui. En fait, page entomologique oblige, les coupables sont bel et bien des insectes, et en l'occurrence des Cicadelles
Présentation !
Proches parentes de nos bien connues cigales (voir page entomo), les Cicadelles sont de ce fait classées dans l' Ordre des Homoptères, insectes piqueurs-suceurs caractérisés par des ailes antérieures entièrement cornées, assimilables aux élytres des coléoptères. Ces insectes de petite taille (souvent en deçà du centimètre) sont très communs, mais ils passent aisément inaperçus. Comme tous les Homoptères, les Cicadelles sont dotés d'un rostre qui leur permet de perforer les végétaux pour se nourrir de leur sève.
Quand elles sont dérangées, outre leur aptitude au vol, les Cicadelles adultes ont la faculté de sauter "à pattes jointes" avec une étonnante vivacité, et ce à bonne distance. Ces sauts tous azimuts, et au besoin répétitifs, sont évidemment de nature à dérouter le prédateur .... et favoriser ainsi la fuite du déjeuner escompté !
Les larves se sustentent de sève, comme les adultes, et vivent au sein d'amas spumeux communément appelé "crachats de coucous", et plus rarement "écume printanière". Pour faire simple disons que les excréments larvaires sont à la fois liquides et visqueux , et que les larves en question y pulsent de l'air pour former les fameux "crachats" où elles vont se développer jusqu'au stade adulte. Etant très fragiles et vulnérables, elles y trouvent une très efficace protection contre la déshydratation, et dans une certaine mesure contre les prédateurs. D'autre part, les bulles d'air ainsi formées assurent une indispensable et très efficace régulation thermique ... dont nous nous sommes inspirés !
Comme les trains, une cicadelle peut en cacher une autre, d'où des espèces à la fois très comparables ( "Famille " oblige ! ), mais néanmoins différentes. A titre d'exemple les larves de la Cicadelle écumeuse (Philaenus spumarius) vivent isolées, chacune sécrétant son propre "crachat". A l'inverse, les larves de la Cicadelle de l'aulne (Aphrophora alni) vivent en "coloc" au sein d'un même "crachat", le volume de ce dernier croissant avec le nombre des résidents. J'ajouterais que cette espèce se développe essentiellement sur les aulnes et saules, là où la première "crache" ( si je puis dire ! ), sur de très nombreux végétaux herbacés et ligneux.
Par référence à la bionique (étude de processus biologiques en vue de leur transposition à des fins industrielles), on peut dire que la frêle cicadelle a découvert bien avant l'homme le principe et les propriétés isolantes des mousses alvéolaires. La comparaison avec le bien connu "plastique à bulles" est encore plus patente et frappante, pour ne pas dire troublante, et les photos ci-dessous en témoignent.