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CERUCHUS CHRYSOMELINUS and Co !  
(Coléoptères Lucanidae)
 
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Avec mes remerciements à Olivier Jaffrézic pour le partage de cette peu commune espèce !
 
Présentation des Lucanidae !

Ce sont ses insectes dits "saproxylophages", et donc consommateurs exclusifs de bois morts, au niveau larvaire s'entend. La Famille des Lucanidae est caractérisée par l'extrémité des antennes en forme de "peigne", d'où l'ancienne appellation de "Pectinicornes", faisant opposition aux scarabées "Lamellicornes". Chez ces derniers (240 espèces en France) les "dents" du peigne sont cette fois mobiles, et peuvent se déployer ou se replier à la manière d'un éventail.

La Famille des Lucanidae est représentée en France par 7 espèces, là où d'autres Familles de coléoptères dépassent allègrement le millier, telles les Curculionidae ou "charançons" (1325 espèces), ou encore les atypiques Staphilinidae (1480 espèces). Avec une taille atteignant 85 mm chez les mâles, le Lucanus cervus, bien nommé "Cerf-volant" (voir site), est le plus grand coléoptère européen, mais aussi un des plus connus ... du moins de nom ! A contrario les 5 à 7 mm de Aesalus scarabaeoides en font le plus petit des Lucanidae de notre faune, et assurément l'un des plus discrets, si ce n'est des plus rares.

Notez-le : les Lucanidés ne figurant pas sur la présente (Lucanus cervus /tetraodon et Dorcus)
font l'objet de "pages entomo" spécifiques.

 

Ceruchus chrysomelinus !

Considérée comme rare, cette espèce est de plus localisée. En France ce petit Lucanidae (moins de 20 mm) est connu des Alpes (Savoie, Hte Savoie, Htes Alpes, Alpes Maritimes, Isère, Ain), et plus ponctuellement du Cantal et de la Moselle. L'espèce est forestière et se rencontre le plus souvent au-delà des 1000 m d'altitude. Le Ceruchus affectionne les résineux (sapins, épicéas) en voie de décomposition, d'où la notion de saproxylophagie (par opposition aux insectes xylophages du bois vif, et des sapro-xylophages, constituant un moyen terme). En dépit de la modestie de sa taille cet insecte semble rechercher les bois volumineux, lesquels sont souvent prématurément éliminés, les hôtes effectifs ou potentiels l'étant pareillement ... comme ci-dessous auguré !

Découvert a posteriori, l'excellent article de P. Hervé, intitulé "Naturalistes et forestiers" (Revue Forestière Française, 1954), aborde le devenir de cet insecte. Plus de 60 ans se sont depuis écoulés, et à ce titre l'extrait suivant peut se qualifier de prémonitoire : "Remarquons également que, ses exigences climatiques mises à part, cet insecte, qui évolue dans les vieux troncs à moitié décomposés, disparaîtrait devant une hygiène un peu scrupuleuse de la forêt".

 
Ceruchus chrysomelinus, couple, photo 1. Ceruchus chrysomelinus, couple, photo 3. Ceruchus chrysomelinus, couple, photo 2 ........... Ceruchus chrysomelinus, mâle. Ceruchus chrysomelinus,  détail mandibules mâle.
ci-dessus à gauche : couple. Le développement mandibulaire des mâles permet d'aisément différencier les sexes;
à droite : gros plan sur le mâle, avec détail des mandibules; ci-dessous : de 15 à 18 mm sous la toise !
Ceruchus chrysomelinus,  mâle avec allumette. Ceruchus chrysomelinus, mâle sur règle graduée. Ceruchus chrysomelinus, mâle en main.
 
L'accouplement ! 
Ceruchus chrysomelinus,  grand mâle en attente. Ceruchus chrysomelinus,  accouplement. ................ Ceruchus chrysomelinus,  accouplement., photo 2. Ceruchus chrysomelinus,  accouplement, photo 3.
à gauche : beau mâle "émoustillé" par l'approche d'une femelle, et contrairement aux apparences, ce qui devait arriver ... n'arriva pas ! Au pays des Ceruchus, face au peu d'enthousiasme d'une femelle, les mâles usent en effet d'une "technique" très originale, et on ne peut plus explicite ... mais pas forcément couronnée de succès ! (à découvrir en vidéo ! ); à droite : foin des préliminaires, l'accouplement est cette fois effectif, sans retenue aucune, mais le mâle a dû patienter 6 jours ... et moi aussi ! :-)
 
Les oeufs !
Ceruchus chysomelinus, oeuf in situ. Ceruchus chysomelinus, oeuf sur allumette étalon.
Ils sont pondus dans des troncs ou parties de troncs à terre, principalement de pins et d'épicéas. Le bois doit-être fortement dégradé, ce qui permet à la femelle de s'y insinuer pour pondre, en profitant par exemple de fissures ou vieilles galeries d'insectes xylophages. Les oeufs sont gros en regard de la taille des femelles, ce qui laisse supposer une ponte réduite, mais aussi une durée de vie relativement importante, d'où une prise de nourriture dont la nature reste à déterminer. En captivité, banane et confiture n'ont pas eu le succés escompté.
 
 La larve !
Ceruchus chrysomelinus, duo de larves. Ceruchus chrysomelinus, larve, photo1. Ceruchus chrysomelinus, larve, photo2. Ceruchus chrysomelinus, larve avec allumette. Ceruchus chrysomelinus, larve en main.
 ci-dessus : larves à terme.
ci-dessous : les très développées et puissantes mandibules sont à la mesure des bois résineux attaqués.
Ceruchus chrysomelinus,  tête de larve, photo 1. Ceruchus chrysomelinus,  tête de larve, photo 2 Ceruchus chrysomelinus,  tête de larve, photo 3 Ceruchus chrysomelinus,  tête de larve, photo 4.
 
 Vols et envols !
Ceruchus chrysomelinus, scène d'envol, photo 1. Ceruchus chrysomelinus, scène d'envol, photo 2.  Ceruchus chrysomelinus, scène d'envol, photo 3. Ceruchus chrysomelinus, scène d'envol, photo 4.
Là où certains espèces de Lucanidae jouent les noctambules, telle le fameux "Cerf-volant, les Ceruchus sont au contraire actifs de jour, et même très actifs ! Comme ces photos en témoignent les 2 sexes volent aisément, mais non sans logique l'ombrage forestier est préféré à la luminosité du plein soleil.
 
Platycerus caraboïdes alias la "Chevrette bleue" !

En dépit de sa petitesse (12-15 mm), et de sa ressemblance avec un carabique, d'où son appellation scientifique, la Chevrette bleue fait partie de la Famille des Lucanidae. C'est une espèce forestière qui se développe dans les vieilles souches de hêtres et de chênes. Le plus souvent d'un joli bleu foncé métallique, la bestiole peut se voir parée de vert, ou plus rarement de violet, voire de noir.

La chevrette bleue est principalement nocturne, mais peut néanmoins se rencontrer de jour, et cela d'Avril à Septembre. Ce petit Lucanidae est certainement plus répandu qu'on le pense, mais ses moeurs et sa petitesse ne facilitent pas son observation. Le dimorphisme sexuel, relativement peu marqué, porte principalement sur la conformation des mandibules, celles du mâle étant très modestement plus développées, là où celles du Lucane cerf-volant relèvent du ... "dix cors" ! (Sur liste rouge UICN)

 
chevrette (Platycerus caraboides) mâle, photo 1 chevrette (Platycerus caraboides) mâle, photo 2 ............. ...chevrette (Platycerus caraboides)  femelle...chevrette (Platycerus caraboides)  couple.. ...............chevrette (Platycerus caraboides)  adultes avec allumette étalon.
à gauche: chevrette bleue mâle; au centre: femelle verte et couple (la coloration n'est pas liée au sexe).
à droite: "quatuor" (2 femelles côté gauche ... et 2 mâles côté droit ! ).
 
 
chevrette (Platycerus caraboides)  avant corps du mâle chevr avant crps femelle.ette (Platycerus caraboides) ................chevrette (Platycerus caraboides)  dimorphisme thoracique.
Comme ces photos le montrent le dimorphisme sexuel porte essentiellement sur le développement des mandibules, un peu plus important chez le mâle, mais aussi sur le profil du thorax, et plus précisément du "pronotum, ce dernier étant sensiblement plus arrondi chez la femelle. à gauche: couple (femelle à gauche); à droite: mise en évidence du dimorphisme, sur thorax isolés.
 
 
 chevrette (Platycerus caraboides)  larves, photo 1 chevrette (Platycerus caraboides)  larves, photo 2 chevrette (Platycerus caraboides)  larves, photo 3
Larves de la Chevrette bleue.
 
Sinodendron cylindricum ! 

Sinodendron cylindricum est là encore une espèce forestière, relativement répandue, mais toujours localisée et peu commune. Lors de mes quêtes carabologiques, j'ai par exemple arpenté les grandes forêts bretonnes et normandes durant des années, et j'ai toujours trouvé le Sinodendron dans la seule forêt de Cerisy (Calvados). J'ajouterais que cette curieuse espèce y est à coup sûr peu fréquente, puisque ses gîtes larvaires de prédilection sont précisément les vieilles souches de feuillus ... où les carabes recherchés trouvent eux-mêmes refuge pour passer l'hiver. Piochon aidant vous pouviez donc y "faire d'une pierre 2 coups", mais mieux valait ne point trop rêver ! Insecte sur liste rouge UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature)

 
Sinodendron cylindricum, couple. Sinodendron cylindricum, dimorphisme sexuel. Sinodendron cylindricum, avant corps du mâle.
ci-dessus : couple, et illustration du dimorphisme ( la concavité thoracique et la corne céphalique étant bien sûr l'apanage du mâle ! )
ci-dessous : mâle sous la toise "digitale" et "allumétrique" (maxi 18 mm). Insectes de ma collection.
Sinodendron cylindricum, sur doigt. Sinodendron cylindricum, avec allumette échelle. Sinodendron cylindricum, mâle en main.

 

 
Aesalus scarabaeoides !

Ses 5 à 7 mm en font le plus petit et le plus atypique de nos Lrucanidae. C'est aussi un des plus discrets si ce n'est des plus rares. C'est une espèce nocturne et forestière se développant principalement dans la "carie rouge" des chênes. L'espèce est sans doute plus répandue qu'on ne le pense. Pour l'heure il est surtout connu du Béarn, du Roussillon, d'Alsace, d'Auvergne, des Alpes.

 
Aesalus scarabaeoides, sur doigt. Aesalus scarabaeoides Aesalus scarabaeoides,  avec allumette-échelle.
Souvenir des Pyrénées-Orientales (Forêt de la Massane ! )
 

En guise de conclusion ... des noms pour des noms !

Shakira, Beyonce, Lady Gaga, Madonna, Sting !

Au fil de ses 306 pages ( dont 47 de glossaire et 34 d'index, excusez du peu ! ) la 4e et dernière édition du très sérieux "CINZ" ( Code International de Nomenclature Zoologique ! ) "définit et édicte les règles d'élaboration et de priorité des noms scientifiques des organismes animaux". En d'autres termes on vous y explique ce qu'il convient de faire, ou ne pas faire, quand vous modifiez la nomenclature (= taxonomie) existante, en "baptisant" par exemple une nouvelle espèce animale. Une Commission idoine est bien sûr chargée de vérifier la conformité de la modification, ou de l'appellation, et le cas échéant de la valider, l'amender, ou la rejeter.

Moyennant de rester "dans les clous" ainsi définis, le descripteur dispose d'une totale liberté d'où parfois de surprenantes appellations, que je n'ose qualifier d'hommages. Extraits d'une rubrique Nature de Laurent Cabrol, les quelques exemples ci-dessous illustrent parfaitement le propos, les éphémères notoriétés terrestres se voyant de facto entérinées pour l'éternité ! Reste à connaître l'avis des intéressées !

C'est ainsi qu'un taon (Scapia beyonceae) a été dédié à Beyonce car les 2 arborent un "postérieur doré" (sic), et de surcroît la bestiole a été découverte en 1981, année de naissance de la chanteuse. Trouvée en Equateur en 2014 une guêpe ne cessant d'agiter son abdomen s'est vue dédiée à l'ondulante et affriolante chanteuse Shakira sous le nom de Aleiodes shakirae. A cela s'ajoute la guêpe de Lady Gaga (Aleiodes gaga), ou encore le minuscule "ourson d'eau" (= tardigrade ! ) de Madonna (Echiniscus madonnae). La gent masculine n'étant pas en reste le chanteur Sting a sa grenouille (Dendropsophus stingi), mais là pas question d'honorer un déhanché, aussi "sublime" soit-il. L'hommage rendu et mérité, fait en effet référence à l'engagement de ce chanteur pour la préservation de la forêt amazonienne. Dont acte !

Ces bestioles sont bien sûr visibles sur le Web ... ainsi que leurs célèbres et talentueuses inspiratrices !

FIN

 
les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr