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le CRIOCÈRE de l'ASPERGE !
(Crioceris asparagi, Coléoptère Chrysomelidae)
 
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Intro !
 
L' insecte est si petit qu'il faut vraiment y regarder de près pour percevoir la joliesse de l'ornementation et des coloris. Le problème est qu'il n'est point besoin d'une loupe pour déceler la présence de la bestiole, et encore moins pour constater le bel appétit de sa progéniture !
 
 
le Criocère de l'aspergecriocère de l'asperge (Crioceris asparagi) (Crioceris asparagi)
Présentation
 
Crioceris asparagi est bien sûr un Coléoptère, et il relève de la grande Famille des Chrysomelidae, insectes phytophages par excellence (= "mangeurs de végétaux"). Cette Chrysomèle est inféodée aux asperges (Asparagus officinalis), d'où son très explicite nom vernaculaire. La bestiole est par ailleurs apte au vol, ce qui facilite évidemment sa propagation, et elle a tendance à se laisser tomber à la moindre alerte, système de défense fréquent chez les chrysomèles.
 
Ce criocère est très commun, largement répandu, et il se complait aussi bien sur les asperges dites "domestiques" (= cultivées !), que sauvages. Il est considéré comme nuisible, car susceptible de pulluler, et en pareil cas vous verrez que les larves peuvent s'avérer dommageables aux aspergeraies, et fâcheusement influer sur la production des "turions", c'est-à-dire des asperges proprement dites.
 
 
palette chromatique.... panel chromatique de Crioceris asparagi......non exhaustive !
Typiquement l'espèce présente 3 taches blanches distinctes ( comme le spécimen le plus à gauche), mais très fréquemment on observe des coalescences partielles ou totales , d'où la formation de bandes plus ou moins nettes et complètes
 
 
Deux générations sont annuellement observables, la première étant issue d'insectes hivernants, avec ponte début Mai et adultes en juin. Ces derniers se reproduiront à leur tour, mais bien que formés en juillet-août, les nouveaux adultes vont rester sous terre pour estiver, puis hiverner dans la foulée. A terme, c'est-à-dire au début du printemps, ils se réactiveront pour donner la première génération....et la boucle s'en trouvera ainsi bouclée !
 
A noter qu'une autre espèce vit elle aussi sur l'asperge. Il s'agit de Crioceris duodecimpunctata, autrement dit du "Criocère à 12 points" (ci-dessous !). Ce dernier est sensiblement plus gros et trapu qu' asparagi, mais à mon avis moins répandu et donc nuisible. A noter encore que les 2 espèces ont une biologie très comparable, et qu' ils peuvent parfaitement cohabiter.
 
le "Criocère à 12 points" Crioceris duodecimpunctata Crioceris duodecimpunctata 
un autre "mordu" de l'asperge...si l'on peut dire !
 
 
Crioceris duodecimpunctata (photo 2) Crioceris duodecimpunctata (photo 3) Crioceris duodecimpunctata (photo 4)
Avec un simple scanner c'est déjà pas mal ( ci-dessus avec l'allumette ! ) .... mais avec un APN c'est nettement mieux ! 
 
les oeufs
 
L'échelonnement de la ponte ne facilitant pas les observations, je dirais que les oeufs sont a priori assez nombreux, probablement de l'ordre d'une centaine, mais cela reste à confirmer. Ils mesurent à peine 2 mm, et sont pondus isolément, ou par petits groupes de quelques unités (souvent de 2 à 4) sur toutes les parties aériennes de l'asperge (tiges principales ou secondaires, "feuillage" proprement dit, rameaux floraux). Comme les clichés ci-dessous le montrent, ils sont typiquement déposés perpendiculairement au support. L'incubation est rapide, le plus souvent inférieure à la semaine, et dès sa naissance la larvule.... "passe à table" !
 
.pontes sur fragments de ramifications fines pontes sur tige pontes sur fleur oeuf isolé, détail de l'implantation.
Quelques exemples de pontes.....
de gauche à droite: 1)- sur "feuilles"; 2)- sur tige; 3)- sur rameau floral; 4)- détail de l'oeuf, et de son implantation.
 
 
la larve
 
La croissance larvaire est rapide, et elle n'excède guère 2 semaines pour la génération estivale, 3 semblant nécessaires pour la printanière. Comme déjà dit, les adultes de première génération (issus d'hivernants) vont se reproduire dans la foulée, et ceux de la seconde attendront le printemps suivant.
 
 
ensemble.....larves in situ de Crioceris asparagi larve in situ de Crioceris asparagi (détail) .....et détail !
 
larves à terme, "in situ", de Crioceris asparagi
 
 
larve in situ de Crioceris asparagi  (photo 2) larves in situ de Crioceris asparagi  (photo 3) larve in situ de Crioceris asparagi  (photo 4)
La photo centrale témoigne d'une pure coïncidence, et non d'un accouplement, fonction réservée aux seuls "reproducteurs", et donc aux insectes adultes. Cependant vous noterez que certaines femelles de coléoptères conservent l'apparence d'une larve ... mais seulement l'apparence. Il s'agit notamment du Ver luisant (voir site), ou encore des Drillus. Vous noterez également que des insectes (termites) ou des amphibiens (axolotl) peuvent donner des larves aptes à se reproduire. Qualifiées de néoténiques, ces larves très particulières se développent quand les conditions de vie deviennent défavorables.
 
la nymphe & le cocon
 
Au terme de leur développement les larves descendent à terre pour se nymphoser, ce qu'elles font à profondeur variable (selon la nature du sol), mais le plus souvent faible. La larve construit une sorte de cocon sensiblement oblong, et surtout bien individualisé (du moins en terrain sablonneux), en agglomérant des particules du substrat. L'intérieur en est joliment nacré, mais il s'agit plus d'un enduit, que d'une soie proprement dite.
 
Les cocons peuvent être élaborés directement au sein du substrat en question, mais ils sont souvent accolés, et même collés, à de quelconques supports (partie enterrée des tiges aériennes de l'asperge, petits cailloux, fragments boiseux, etc.... ). La nymphose proprement dite survient rapidement, et si les adultes de 1 ère génération (printemps) émergent sans tarder pour donner ceux de la seconde, ces derniers resteront enterrés jusqu'au printemps suivant.
 
 
cocons de Crioceris asparagi intérieur nacré du cocon
à gauche: cocons de Crioceris asparagi (dans du sable); à droite: mise en évidence de l' intérieur nacré du cocon;
 
 
 larve en pré-nymphose dans son cocon imago dans son cocon
à gauche: larve en pré-nymphose dans son cocon; à droite: imago (= jeune adulte) dans son cocon
 
 
nymphes de criocère de l'asperge (photo 1) nymphes de criocère de l'asperge (photo 2) nymphe de criocère de l'asperge (photo 3)
nymphes de Crioceris asparagi .... ensembles et détails !
 
 
nymphe de criocère de l'asperge (photo 4) nymphe de criocère de l'asperge (photo 5) nymphe de criocère de l'asperge (photo 6)
évolution pigmentaire de la nymphe
à gauche: formée depuis peu; à droite: prête à éclore.
 
 
Crioceris asparagi "naissant" (photo 1) Crioceris asparagi "naissant" (photo 2) Crioceris asparagi "naissant" (photo 3)
 .... et les tous premiers états du criocère adulte !
(qui se passent habituellement à l'abri du cocon)
 
 
les dégâts
 
Ils sont surtout imputables aux larves, et ils affectent essentiellement les parties aériennes de la plante. Les plus tendres, comme les "feuilles" en aiguilles (= "clatodes" en botanique !), peuvent se voir entièrement consommées, et les tiges ligneuses êtres littéralement écorcées. Il s'ensuit un dépérissement des parties concernées, avec un très typique et visible jaunissement, et bien sûr un affaiblissement des "griffes" (= pieds ou plants), d'où une moindre productivité.
 
dégâts sur les parties aériennes des asperges (ensemble) détail de parties écorcées
 
Aspect général des dégâts occasionnés sur les parties aériennes des asperges,
et détail de leur "écorçage" (tout ce qui est jaune l'ayant été).
 
 
... et la contre-attaque !

Bien entendu les parasites ne sont jamais bien loin, et ils régulent (au moins en partie !) la "démographie" de notre Criocère. Présentement il s'agit d'un Diptère, autrement dit d'une mouche (au sens large du terme). L'asticot (dénomination des larves de Diptères !) se développe au sein même de l'hôte, et le moment venu il le quitte pour se transformer en pupe (équivalent de la chrysalide du papillon !) puis en insecte dit "parfait". Dans l'exemple ci-dessous la pupe (vide !) est restée enchâssée dans ce qui reste du corps de la larve de Criocère .... à savoir l'enveloppe !

exemple de larve de Criocère parasitéelarve de Criocère parasitée par un Diptère(en l'occurrence par un Diptère)
Voos noterez le volume de la pupe (en partie tronquée suite à l'éclosion du parasite),
et son véritable "jaillissement" hors du corps de l'hôte.
 
 
le mot de la fin !
 
Je dirais que la jolie bestiole a parfaitement le droit d'aimer les asperges, comme vous peut-être,
mais à l'évidence point trop n'en faut !
 
 
FIN
 
les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr