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L' ARGIOPE FRELON ou ÉPEIRE FASCIÉE (Argiope bruennichi)
(Arachnides, Araneidae) 
(page 3 sur 3)
 Les émergences !

Afin de ne point rater l'instant " T ", une demi-douzaine de cocons de pontes ont été récupérés " in natura " fin février. Vous noterez leur aspect quelque peu "destroy" suite à leur exposition aux intempéries hivernales en tous genres, et notamment aux périodes tempétueuses. Vous noterez également la difficulté de les repérer tant ils se fondent dans le méli-mélo d'un environnement fortement herbacé, lui-même malmené, où les végétaux morts abondent ... et sont de la même couleur que les pontes !

Volontairement coincées dans des ramifications végétales fourchues et desséchées, les pontes ont été regroupées et placées sous une lampe de bureau jouxtant l'ordi. Cela m'a permis d'aisément les surveiller, tout en les soumettant à une luminosité pseudo solaire ajoutant à l'alternance naturelle jour / nuit.

 
ci-dessus : vue partielle du site, et zones restreintes montrant la densité végétale. Servant sur le vif de supports aux cocons, les longues tiges présentement desséchées sont couchées sous l'effet des vents dominants, comme blés sous la tempête. ci-dessous à gauche : exemples de pontes "in situ" illustrant la difficulté de les repérer dans ce genre de milieu; à droite : les pontes récoltées ( passablement cabossées mais néanmoins prometteuses ! ), et ces mêmes pontes mises en situation.
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Bien entendu la zone operculaire des "montgolfières" retenait toute mon attention, car le Web étant muet sur la question ( et la littérature pas plus bavarde ! ) j'ignorais totalement comment l'inventive Dame Nature avait résolu le supposé problème de son ouverture, et donc de l'émergence des jeunes aragnes. Comme pour sa cousine l'épeire diadème, je m'attendais à une éclosion groupée (et regroupée ! ), suivie in fine d'une phase de dispersion ou chaque bestiole prend son "envol" … et pas seulement au figuré !

Mes sacro-saints 20° domiciliaires faisant office d'accélérateur biologique, je prévoyais censément des éclosions plus précoces qu'en milieu naturel, où tout se passe a priori fin avril. Concrètement il m'a fallu patienter jusqu'au 20 mars, jour du printemps calendaire, pour voir une minuscule aragne faire de la "slackline" entre ma lampe et les cocons sous-jacents.

Le lendemain elles étaient 2, puis 3, ce qui m'a amené à séparer les cocons car rien ne permettait de savoir d'où elles sortaient … ni comment elles en sortaient ! Via de nouvelles émergences, toujours au "compte-gouttes", le cocon a été aisément identifié, mais contre toute attente l'opercule n'y faisait pas office de porte de sortie. Les bestioles émergeaient en effet par un minuscule trou d' 1 mm percé dans la paroi du cocon. Il ne semble pas y avoir de zone préférentielle, des trous de sorties étant observables au niveau de la partie ventrue de la "montgolfière", mais aussi au niveau du col. Sur la dizaine de cocons récoltés ou examinés, 1 seul présentait 2 orifices largement distants, et même quasi opposés.

 
Aussi étonnant que cela puisse paraître, ce simple trou est bien l'unique et "officielle" porte de sortie des très sophistiqués cocons d'argiope. Cette très exceptionnelle vidéo permet de voir le perçage du trou, et la sortie des bestioles; ci-dessous : ces cocons "restaurés" ( ramollis et décabossés comme déjà dit ! ) sont cette fois présentés de façon à montrer les trous d'émergences (ici au niveau de l'encolure).
 

Relevant de l'irrationnel, et à vrai dire de l'effraction, cette sorte d'issue de secours m'est apparue de prime abord fort suspecte, avec prévalence du caractère accidentel. Le processus se répétant sur les autres pontes, il a bien fallu me rendre à l'évidence, et admettre qu'en la matière Dame Nature ne s'était pas foulée. J'ajouterais que les sorties sont passablement échelonnées, et conditionnées par l'ensoleillement et l'élévation de la température. Que le ciel vienne à s'ennuager et c'en est fini des émergences, lesquelles reprendront le soleil revenu, quitte à attendre le lendemain … ou plus encore !

Surprise également au niveau comportemental car les bestioles ne se regroupent pas sur les cocons, ou à leur toute proximité. Disons qu'elles peuvent très momentanément former de petits groupes, et qu'elles tissent "à tour de bras" au gré de la configuration de leur environnement. Beaucoup vont et viennent, et s'entraînent volontiers au "ballooning", terme anglo-saxon désignant très explicitement la dispersion par le vent.

 
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à gauche : chez l'argiope, illustration de l'abandon du cocon, et de la dispersion tous azimuts, sitôt l'émergence. En moins d' 1 heure la cactée et la feuille A4 faisant écran ont été "squattées". Vous noterez la densité des fils, bien visibles sur fond noir; à droite : Chez l'épeire diadème, espèce cousine très courante, les jeunes se regroupent de façon particulièrement typique et compacte. A la moindre alerte tout le monde se disperse dans la seconde, pour pareillement se regrouper sitôt le danger passé.

Pas de brise et encore moins de tempête dans ma véranda, mais le moindre déplacement d'air suffit à mettre en suspension les très tenus et quasi invisibles fils de soie. J'ajouterais qu'ils adhèrent instantanément au moindre contact, et cela sur n'importe quel support, de quoi rendre jalouses les plus performantes de nos colles modernes.

Semblant émaner de nulle part, ces fils permettent aux bestioles d'évoluer tous azimuts avec une déconcertante facilité, et souvent une réelle vélocité. Mieux encore, alors que la véranda était restée fermée toute la journée (suite à notre absence), presque toutes les bestioles qui étaient initialement sur la table (dans les tiges sèches ci-dessous photographiées), se baladaient au plafond de ladite véranda, quelques traînardes étant encore visibles le long d'un fil … à l'image des cabines de nos téléphériques !

 
Comme expliqué ci-dessus ...
à gauche : le point de départ ; à droite : aperçu du "téléphérique" !

Pour conclure, vous conviendrez que ce mode d'émergence, pour le moins inattendu, soulève bien des questions, et notamment sur la raison d'être de la très différenciée zone operculaire de la "montgolfière". Même si la soie la constituant ne semble pas différente, ni différemment tissée de celle de l'enveloppe extérieure, il y a sans doute une "bonne raison" … reste à savoir laquelle ! J'en appelle donc aux spécialistes es-aragnes, mais il n'est sans doute que Dame Nature ( et notre Argiope ! ) pour connaître la réponse.

 
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Comparaison de l'aspect de la soie, et de son tissage, entre l' opercule (à gauche) et l'enveloppe de la "montgolfière" (à droite). A priori, comme vous pouvez le constater, les textures sont identiques; au centre : le cocon est "imperméabilisé" (ou limite la pénétration aqueuse, si nécessité vitale il y a), comme le montre la gouttelette d'eau sur l'opercule.
 
En guise de conclusion ....
 
Comme l'aragne, l'entomologiste peut lui aussi "prendre la mouche" !
 
Ras le bol de tous ceux qui "piochent" sans vergogne dans mon site !
Ras le bol de ceux qui usent à tout va du "copié-collé" pour mieux me piller !
 
Que faire: traquer les pirates jusqu'à ce que mort ( la mienne ! ) s'ensuive ?
Squatter les tribunaux ? Publier la liste des pirates ? Pirater les pirates ?
"Positiver" et continuer ? Laisser "pisser le mérinos" ? Aller à la pêche ?
Suivre une cure de désintoxication entomologique ?
Telle est la question ! 
 
FIN
  
les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr