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Le GRAND APATURA ou GRAND MARS CHANGEANT (Apatura iris) !
(Lépidoptères Nymphalidae)
 
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La chrysalide !
 
Comme toujours la chrysalide proprement dite est précédée par la pré-nymphose, autrement dit par une phase préparatoire incombant évidemment à la chenille. Au terme de son développement cette dernière va cesser de s'alimenter, et tout en purgeant ses intestins elle va se mettre en quête d'un endroit à sa convenance pour s'y chrysalider, ce qu'elle fait sur l'arbre nourricier lui-même, là où d'autres espèces prèfèrent l'abandonner.
 
La quête est brève et la partie basale des feuilles souvent choisie pour y tisser une nappe soyeuse permettant l'amarrage de la chenille, et l'accroche de la future chrysalide. Contrairement à d'autres espèces (comme le machaon par exemple, voir site), la chenille du Grand Mars se chrysalide "tête en bas", le fléchissement du pétiole de la feuille (sous le poids de la chenille) permettant d'accéder à la verticalité requise.
 
Présentement la notion de métamorphose prend tout son sens car la chenille se fait diaphane, et même quasi translucide, là où d'autres espèces se contentent de plus ou moins changer de couleur ... ou de ne rien laisser transparaitre ( c'est le cas de dire ! ) de leurs intentions. Pour peu que l'éclairage soit favorable, on a vraiment l'impression de voir un magma cellulaire, et toutes proportions gardées d'assister en direct aux 2 phénomènes fondamentaux de la métamorphose que sont l'histolyse (= destruction des organes et tissus larvaires), suivie de l'histogenèse (= mise en forme et place des organes adultes).
 
Grand Mars changeant (Apatura iris), trio de chenille en pré-nymphose, photo 1. Grand Mars changeant (Apatura iris), trio de chenille en pré-nymphose, photo 2 Grand Mars changeant (Apatura iris), trio de chenille en pré-nymphose, photo3; Grand Mars changeant (Apatura iris), trio de chenille en pré-nymphose, photo 4; Grand Mars changeant (Apatura iris), chenille en pré-nymphose, photo 5;
Chenilles en pré-nymphose avancée. Vous noterez leur semi-translucidité, visualisation concrète et fort peu banale de la métamorphose.
(phénomène non moins exceptionnellement observable chez le "Citron" -Gonepteryx rhamni- voir site)
Nota: les vues latérale et dorsale sont présentées horizontalement pour une meilleure "lisibilité !
 
 
Grand Mars changeant (Apatura iris), chrysalide, photo 1. Grand Mars changeant (Apatura iris), chrysalide, photo 2. Grand Mars changeant (Apatura iris), chrysalide, photo 3. Grand Mars changeant (Apatura iris), chrysalide, photo 4.
La chrysalide du Grand Mars.
Sa coloration et son aspect foliacé lui confèrent des vertus mimétiques, et donc une certaine protection vis à vis des prédateurs, et notamment des oiseaux. A droite: il s'agit d'une chrysalide prête à éclore, d'où la différenciation des "segments abdominaux", et la perception par transparence des taches alaires blanches.
 
 
Grand Mars changeant (Apatura iris), chrysalide, photo 5. Grand Mars changeant (Apatura iris), chrysalide, photo 6. Grand Mars changeant (Apatura iris), chrysalide, photo 7. Grand Mars changeant (Apatura iris), chrysalide, photo 8.
L'aspect bifide de la partie antérieure de la chrysalide, n'est pas sans rappeler les "cornes" céphaliques de la chenille.
A droite: re "chrysalide prête à éclore" !
 
 
Grand Mars changeant (Apatura iris), crémaster. Grand Mars changeant (Apatura iris), chenille ayant raté sa nymphose./
à gauche: situé à l'extrémité postérieure de la chrysalide, le "crémaster" est un organe griffu permettant l'accrochage de ladite chrysalide sur la nappe soyeuse tissée par la chenille. Vous noterez la similitude avec notre "velcro", et une fois de plus l'antériorité des inventions de la Nature; à droite: cette chenille n'a pu terminer sa nymphose, la future chrysalide s'étant semble-t-il décrochée du crémaster.
 
.... et quand tout se passe ( presque ! ) bien !
Grand Mars changeant (Apatura iris), femelle venant d'éclore. Grand Mars changeant (Apatura iris), femelle venant d'éclore, en main, photo 1. Grand Mars changeant (Apatura iris), femelle venant d'éclore, en main, photo 2. Grand Mars changeant (Apatura iris), femelle  fraîche éclose, photo 1. Grand Mars changeant (Apatura iris), femelle  fraîche éclose,  gros plan, photo 1. Grand Mars changeant (Apatura iris), femelle  fraîche éclose, gros plan de la tête.
Cette femelle est la seule rescapée, mais elle est véritablement disparue "corps et biens" le lendemain de sa mise en "volière".
Pas de trou, pas de cachette possible, pas le moindre morceau d'aile ... j'en suis encore à me demander ce qui a pu se passer !
 
Tout vient à point ... pour qui sait attendre ! 
Grand Mars changeant (Apatura iris), mâle sur crottin, photo 1. Grand Mars changeant (Apatura iris), mâle en main, photo 1. Grand Mars changeant (Apatura iris), mâle en main, photo 2 Grand Mars changeant (Apatura iris), mâle en main, photo 3 Grand Mars changeant (Apatura iris), mâle en main, photo 4. Grand Mars changeant (Apatura iris), mâle en main, photo 5. 
Les années peuvent en effet se suivre, et ne point se ressembler ... d'où ce beau mâle !
Quid de ces images: crottin "miraculeux" ? ventre affamé ? savoir faire ? ... un peu des 3 assurément !
 
Pour info ... le p'tit frère !

Comme son nom l'indique, le Petit Mars changeant (Apatura ilia) ... est plus petit que le grand ! Concrètement son envergure est de l'ordre de 6 à 7 cm, contre 7 à 8 pour "l'aîné". Le Petit Mars affectionne les abords boisés des cours d'eau (= ripisylve), avec un net "préférendum" pour le Sud, en raison de tendances thermophiles (= aimant la chaleur). le Petit Mars peut avoir une deuxième génération, au moins partielle, quand les conditions climatiques le permettent. L'adulte vole en Mai-Juin, puis en Août-Septembre en cas de seconde génération. Les chenilles se développent sur les Peupliers, et notamment le Peuplier Tremble (Populus tremula), mais elles peuvent toutefois s'observer sur le Saule. Les biologies sont par ailleurs identiques .

 
 Petit Mars (Apatura ilia) etales,  forme type et clytie. Petit Mars (Apatura ilia) etale, vue ventrale. Petit Mars (Apatura ilia) mise en evidence du miroitement violet, photo 1. Petit Mars (Apatura ilia), mise en evidence du miroitement violet, photo 2.
Apatura ilia (le Petit Mars changeant)
( en attendant mieux, et même beaucoup mieux, car là encore j'ai puisé dans ma collection ... des années 60 ! )
à gauche: forme normale (brune), et forme "clytie" (jaune), type de variation n'existant pas chez le Grand apatura
au centre: face ventrale (forme brune); à droite: mise en évidence du reflet violacé, sur les 2 formes.
 
En guise de conclusion ....
 
.... extraite de mes "Historiettes naturalistes", cette petite anecdote a le mérite de parfaitement illustrer une particularité "gastronomique" de l'Apatura !
 
C'était sur les bords de la Loire, il y a bien longtemps, et c'était aussi mon premier Apatura ....
 
En ce début juillet j'arpentais les berges du grand fleuve, en l'espoir d' y trouver l'Aromia mosquata, grand longicorne entièrement vert métallique. Au passage, vous noterez que ce joli coléoptère, vulgairement appelé "Capricorne musqué," dégage une odeur très agréable et soutenue. Cela lui valait d'ailleurs de souvent finir dans les blagues de tabac à rouler de nos grands parents où elle y parfumait le fameux "gros gris".
 
En traversant une minuscule enclave sablonneuse, un "éclair bleuté" m'est littéralement passé entre les jambes. Il s'agissait d'un Apatura que je venais de déranger en enjambant involontairement son déjeuner, à savoir un "étron" pour lui fort appétissant. Ces papillons sont en effet très attirés par ce genre de chose, mais également par tout ce qui est peu ou prou en putréfaction, et d'une manière générale par tout ce qui dégage une forte odeur (en l'occurrence un camembert du genre "invendable" fait merveille, mais pour les initiés rien ne vaut un célèbre fromage Alsacien !).
 
Cette nouvelle parenthèse refermée j'étais persuadé que "mon" Apatura allait revenir et me tenant à demi accroupi, les yeux rivés sur la "chose", j'attendais l'instant T dans une totale immobilité car l'insecte est particulièrement vif et méfiant. Les minutes me semblaient des heures et rien ne se passait, à croire que l'insecte repu digérait tranquillement sous les feuillages environnants.
 
C'est alors qu'entendant un très léger bruit je lève les yeux et là stupeur: à quelques mètres de moi 4 têtes dépassaient des grandes herbes (un couple et 2 jeunes ados!) et tous me fixaient sans mot dire, ni esquisser le moindre geste. Les visages exprimaient une totale incrédulité, et à n'en pas douter ils devaient m'épier depuis un bon moment.
 
A l'époque j'étais jeune et je n'ai pas osé donner l'explication qui pourtant s'imposait. Passablement gêné je suis piteusement parti, aussi penaud que déconfit. Il va sans dire que mon bel Apatura vole encore, si je puis dire, et que mes trouble fêtes doivent toujours se demander ce que je faisais et pourquoi je contemplais avec tant d'insistance ce que l'un d'entre eux s'était probablement efforcé de dissimuler à la vue des autres!
 
Cette "page entomo" a fait l'objet d'une publication, dans la revue "INSECTES" de l'OPIE (N° 187, 4e trimestre, 2017)
 
FIN
 
les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr