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L'ANTHRÈNE ! (Anthrenus verbasci ... and co ! )
(Coléoptères Dermestidae)
 
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... et la suite logique !

Présentement il aura fallu 3 semaines pile poil à 20°, mais selon la température le temps d'incubation peut beaucoup varier. Pour donner un ordre de grandeur, disons que 2 semaines suffisent probablement entre 25 et 30°, mais que 5 ou 6 sont sans doute nécessaires de 15 à 18°.

Est-il besoin de le préciser, ces clichés d'éclosions sont à plus d'un titre exceptionnels. L'oeuf, et donc la larvule naissante, sont en effet quasi à la limite du visible à l'oeil nu, et les éclosions ne "prévenant" pas, il faut "tomber" dessus ... et être opérationnel sur l'instant. Enfin mon petit Lumix TZ30 s'est véritablement surpassé (la "pub" est méritée ! ) car je l'ai vraiment poussé au bout du bout de ses possibilités.

 
anthrène (Anthrenus verbasci),  comparaison entre oeufs frais et prêts à éclore. anthrène (Anthrenus verbasci),  oeufs prêts à éclore.
à gauche: comparaison entre les oeufs "frais pondus", et ceux "prêts à éclore" sous 24/48 h; à droite: sur les oeufs à terme, ou en approchant, l'oeuf tend à globalement se rembrunir. Parfaitement différenciés, et encore plus bruns, les éventails défensifs tranchent nettement.
 
 
anthrène (Anthrenus verbasci),  éclosion d'un oeuf, photo 1. anthrène (Anthrenus verbasci),  éclosion d'un oeuf, photo 2. anthrène (Anthrenus verbasci),  éclosion d'un oeuf, photo 3 anthrène (Anthrenus verbasci),  éclosion d'un oeuf, photo 4.
Les éclosions, comme si vous y étiez !
anthrène (Anthrenus verbasci),  éclosion d'un oeuf, photo 5. anthrène (Anthrenus verbasci),  éclosion d'un oeuf, photo 6.

 

anthrène (Anthrenus verbasci),  trio de larve néonates anthrène (Anthrenus verbasci),  larve néonate, photo 1. anthrène (Anthrenus verbasci),  larve néonate, photo 2.
ci-dessus à gauche: trio de larves néonates. Sur agrandissement, remarquer les jeunes mandibules fortement pigmentées (et donc sclérifiées) à suivre: "larves du jour" ! ci-dessous: illustration de la petitesse de la larvule naissante, et mise en évidence des 2 très longs filalents "caudaux".
anthrène (Anthrenus verbasci),  larve néonate  sur allumette étalon, photo 1. anthrène (Anthrenus verbasci),  larve néonate  sur allumette étalon, photo 2. anthrène (Anthrenus verbasci),  larve néonate  sur allumette étalon, photo 3.
 
 
 
anthrène (Anthrenus verbasci),  larve néonate en position défensive photo 1. anthrène (Anthrenus verbasci),  larve néonate en position défensive photo 2 anthrène (Anthrenus verbasci),  larve néonate en position défensive photo 3 anthrène (Anthrenus verbasci),  larve néonate en position défensive photo 4
Au plan défensif la minuscule bestiole a déjà tout d'une grande ... et ça se voit !
Dès leur éclosion les larvules sont en effet dotées de "flèches" visiblement susceptibles de s'ériger en éventail. ...
.... à découvrir ci-après de façon plus détaillée !
 

La larve !

Très velues, et ressemblant à de petites chenilles, les larves d'anthrènes sont dotées d'un solide appétit, et de mandibules à toute épreuve, alors qu'elles sont paradoxalement minuscules. Les larves passent généralement inaperçues car la plupart du temps elles évoluent (dans tous les sens du terme), à l'intérieur des insectes ou matières qu'elles attaquent. Elles sont en outre très petites, et peu remuantes, ce qui ajoute à leur discrétion. Les excréments forment une très fine et typique "poussière", aisément repérable et identifiable, du moins pour un oeil averti.

Dans le cadre d'une collection d'insectes la "poussière" en question permet de déceler à coup sûr la présence du parasite, mais aussi de le localiser, car elle se situe évidemment à l'aplomb de l'insecte attaqué. Découverte à un stade précoce, c.a.d. en l'absence de dégâts apparents, cette pulvérulence permet à coup sûr d'éviter le pire ... sous réserve d'intervenir rapidement, via un insecticide ou ... le congélateur !

 
anthrène (Anthrenus verbasci),  groupe de larves, photo 1. anthrène (Anthrenus verbasci),  groupe de larves, photo 2. anthrène (Anthrenus verbasci),  larve sur allumette témoin. anthrène (Anthrenus verbasci), larve gros plan, photo 1. anthrène (Anthrenus verbasci), larve gros plan, photo 2. anthrène (Anthrenus verbasci), "poussière" excrémentaire.
Larves d'anthrènes "tout venant", puis isolées. L'abdomen se termine par de très typiques faisceaux de poils que se redressent et se déploient en éventail quand la bestiole est inquiétée. A l'approche des mues, ou suite à des agressions, ces "pinceaux" ont tendance à plus ou moins perdre leurs poils; à droite: la "poussière" excrémentaire, qui bien souvent trahit la présence d'anthrènes ... pas toujours visibles ! A voir dans la vidéo récapitulative (dernière page).
 
 
anthrène (Anthrenus verbasci), tête de larve. anthrène (Anthrenus verbasci), tête de larve., photo 2 anthrène (Anthrenus verbasci), larve, mandibules isolées sur allumette témoin, photo 1. anthrène (Anthrenus verbasci), larve, mandibules isolées sur allumette témoin, photo 2...
ci-dessus de gauche à droite: 1)- les mandibules, telles qu'elles se présentent, et donc toujours fermées et en grande partie masquées par la lèvre supérieure (= labium); 2)- les mandibules ouvertes, et leur trompeuse grandeur ! 3&4)- la taille réelle ... minus de chez minus ! ci-dessous: petites mais puissantes ! La corne d'un sabot de cerf est en effet transformée en dentelle, et la carapace éytrale d'un grand coléoptère (Carabus hispanus) est aussi proprement découpée qu'avec un emporte-pièce.
anthrène (Anthrenus verbasci),  sabot de cerf attaqué par des larves. anthrène (Anthrenus verbasci), élytre de carabe percé par une larve.
 
 
Comme toujours chez les insectes, le développement de la larve est fortement tributaire de ses conditions de vie, et avant tout de la température, de la nourriture, et de l'hygrométrie (à moindre degré dans le cas présent). Bien entendu les données "in" et "out" sont très différentes, ne serait-ce qu'au niveau température, puisque le chauffage permet la continuité du développement, là où il est de facto interrompu par l'hiver.
 
L'extrémité abdominales des larves d'anthrènes est armée de fortes soies rigides, implantées tous azimuts, dont le rôle défensif est purement mécanique. A cela s'ajoute un dispositif nettement plus sophistiqué, car il met en oeuvre de véritables lancettes, à la hampe barbelée très longue et très fine, dont l'extrémité lancéolée ... ne dit rien qui vaille ! Ces sortes de flèchettes sont très nombreuses et par analogie regroupées dans des sortes "carquois" latéraux (3 de part et d'autre).
 
Tels les poils urticants des chenilles processionnaires ces flèchettes peuvent être libérées, si ce n'est "projetées", quand la larve est inquiétée ou agressée. Il est permis de les supposer "empoisonnées", mais si tel est bien le cas j' ignore la nature du principe actif, et son mode d'action. Je peux seulement dire que ces "volées de flèches" sont sans effet sur notre épidermes, du moins "jusqu'à preuve du contraire" ... dixit Philippe Vandel !
 
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ci-dessus à gauche: localisation des "flèches" défensives; au centre : mise en évidence des triples "carquois" latéreaux; à droite : détail de la partie basale des carquois; ci-dessous à gauche : les "fagots" défensifs vus de dessus; au centre : les flèches défensives (éventail, et vrac). La pointe fait une cinquantaine de µ soit 0,05 mm. ; à droite : détail des flèches au microscope. Nota: l'extrême petitesse du sujet, et l'utilisation d'un simple APN, ne permettent pas de faire mieux, qualitativement s'entend. Ces illustrations sont néanmoins suffisamment explicites, et c'est là l'essentiel.
anthrène (Anthrenus verbasci), soies défensives de la larve, vue dorsale............ anthrène (Anthrenus verbasci), éventail des soies défensives de la larve. ...........anthrène (Anthrenus verbasci), soies défensives de la larve, vues au microscope.
 
 
 Qui s'y frotte ... s'y pique !
anthrène (Anthrenus verbasci),  éventails défensifs en action, photo 1. anthrène (Anthrenus verbasci),  éventails défensifs en action, photo 2. anthrène (Anthrenus verbasci),  éventails défensifs en action, photo 3. anthrène (Anthrenus verbasci),  éventails défensifs en action, photo 4.
 Mise en évidence des "jaillissements" défensifs.
Au repos ces "lancettes" (pouvant pareillement se qualifier de "flèches" ou "fléchettes") sont regroupées, tels des fagots, dans les triples carquois latéraux. Quand la larve est agressée, ou inquiétée, voire simplement dérangée, ces faisceaux défensifs s'érigent en nombre et intensité au prorata du ressenti. Ces érections, le plus souvent instantanées, se présententent généralement sous la forme d'éventails, et plus rarement sous celle de très spectaculaires corolles faisant penser au jaillissement d'un "feu d'artifice" ... en l'occurrence défensif !
 
Au pays des anthrènes le cycle est le plus souvent annuel en extérieur, et nettement raccourci en intérieur où 2 générations annuelles sont parfois possibles. Le développement larvaire normal comporte 5 à 6 mues, mais dans des conditions particulièrement défavorables 2 années peuvent s'avérer nécessaires. Dans les situations extrêmes, et en l'occurrence purement expérimentales, le cycle de certains insectes est susceptible de considérablement s'allonger, tout comme le nombre de mues, mais en pareil cas il y a régression , et donc perte de poids et de taille ... et ça finit toujours mal !
 
Pour illustrer le propos : voyez cet extrait, particulièrement édifiant, de l'article de Michel Lamy sur la mue et la métamorphose des insectes ("INSECTES", n° 118, 2000). Vous noterez que le Trogoderma granarius est un Dermestidae, et donc un proche des anthrènes, alors que les Tineidae sont des microlépidoptères nocturnes ... plus connus sous le nom de "mites" !
 
"C'est aussi le cas de la larve de Tineola (teigne) qui, bien nourrie, fait 4 mues larvaires en 26 jours de développement alors qu'en cas de jeûne, son développement dure 900 jours avec 40 mues (d'après Raccaud-Schoeller) L'insecte peut même devenir de plus en plus petit tout en muant: on rapporte le cas -de la larve- d'un petit Coléoptère, Trogoderma, qui mesurait 8 mm au moment de sa mise à jeun et 1 mm après cinq ans de jeûne (il -elle- pesait alors 1/ 600e du poids initial) (d'après Wigglesworth)".
 
 
les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr