Intro !
L'avènement du piégeage (à voir page suivante) a changé la donne, et bien qu'un usage inconsidéré puisse le rendre dommageable, et donc condamnable, il a néanmoins beaucoup apporté à la connaissance des insectes. Cela vaut notamment pour certains coléoptères, tels les carabes et les cétoines, chez lesquels des espèces et formes individuelles considérées comme rares ou localisées se sont très souvent avérées nettement plus fréquentes ou largement répandues.
Présentation !
La cétoine érugineuse est avant tout une espèce forestière, chênaies notamment, mais elle peut se rencontrer sur des surfaces boisées plus réduites, tels des parcs ( y compris urbains ! ), dès l'instant où ses essences de prédilection sont représentées par des spécimens âgés, pour ne pas dire sénescents. Cette espèce est présente par places en de nombreuses régions, à l'exclusion de l'Ouest (notamment Armoricain), mais aussi du Nord, et selon Pierre Tauzin ses lieux de vie se situent en deçà d'une altitude de l'ordre des 700 m. Cette cétoine semble absente de la péninsule ibérique, mais remonte jusqu'au Danemark. Elle est également connue d'Europe centrale et du sud de l'Asie Mineure.
Essentiellement diurne cette cétoine est active de juin à août mais cette "fourchette" est bien sûr susceptible de varier selon les régions ... et la météo ! Comme déjà dit en intro ce bel insecte ne quitte guère les frondaisons sommitales, assimilables ( toutes proportions gardées ! ) aux fameuses "canopées" des forêts tropicales humides. L'adulte, quasi frugivore sous d'autres cieux, se nourrit et s'abreuve sur les plaies et autres suintements des arbres. Cette cétoine hiverne, mais un certain flou demeure quant aux modalités de cet hivernage, du moins "in natura". Les observations en élevage laissent supposer qu'il peut avoir lieu au sein même du terreau où la bête a pris forme, la probable présence de phéromones attractives spécifiques permettant de plus ou moins "fidéliser" les bestioles, d'où la succession des générations observable au sein d'une même cavité.
Sous d'autres cieux, notamment en Grèce, la cétoine érugineuse se rencontre en zones agricoles peu boisées où elle se fait volontiers frugivore, ses larves s'accommodant de fumiers dégradés et amas végétaux décomposés. Quelques cas comparables ayant été signalés en France (P. Tauzin) il n'est pas impossible que cette belle espèce puisse dans l'avenir s'accommoder de ces nouveaux "menus". C'est d'autant plus plausible que les composts et assimilés sont déjà fréquemment "squattés" par les Cétoines dorées (Cetonia aurata), voire les "Rhinocéros" (Oryctes nasicornis), ces espèces "bien de chez nous" ayant été contraintes de s'adapter suite à la raréfaction de leurs gîtes de prédilection.
Chez les insectes il peut "sauter aux yeux", ou au contraire se faire si discret et subtile qu'il est parfois nécessaire de disposer des 2 sexes afin de comparer ce qui doit l'être. En pareil cas tout se passe bien sûr au niveau de l'extrémité abdominale, et mieux vaut avoir un minimum d'expérience ! Le dimorphisme peut également se manifester là où on ne l'attend pas, et en matière de caractères sexuels dits "secondaires" Dame Nature ne manque pas d'imagination. Présentement il porte par exemple sur les pattes postérieures, là où ce même dimorphisme intéresse les pattes antérieures chez les coléoptères Carabidae ... et les intermédiaires chez les cétoines du Genre Gnorimus ! Je vous laisse imaginer la "prise de tête" si cela valait pour les ... mille-pattes !
... et accouplements !
Contrairement au Pique-prune qui émerge en juin-juillet, puis s'accouple et pond quasi dans la foulée, la cétoine érugineuse ne s'accouple et ne pond qu'après avoir hiverné. Au passage vous noterez que les 2 espèces ont des biologies larvaires très comparables, d'où une probable compétition là où il y a sympatrisme comme dans la fameuse forêt de Bercé (Sarthe). Un cas de cohabitation a cependant été observé en d'autres lieux (Daniel Prunier), mais le fait semble exceptionnel.
Pour finir vous noterez qu'au pays des cétoines les accouplements peuvent se répéter, probablement en raison de la présente longévité des bestioles, et de l'échelonnement important de la ponte. Bien entendu la promiscuité étant souvent de règle en élevage, une certaine "débauche copulatoire" s'en trouve assurément favorisée.
Elle est estivale, fait suite l'accouplement initial, et s'échelonne en moyenne sur 2 mois, avec alternance de pauses et "récidives copulatoires". Au nombre de 30 à 50, les oeufs sont pondus isolément dans le terreau, chacun au sein d'une petite logette, laquelle facilitera l'émergence de la toute jeune et fragile larvule. L'incubation des oeufs est comme toujours fonction de la température, mais la nature du substrat et la profondeur de l'enfouissement tendant à en réguler le niveau, la fourchette moyenne s'en trouve resserrée aux alentours du mois, et cela pour une vingtaine de degrés.
Il demande 2 ans, et comporte classiquement 3 stades larvaires. Dans leur jeune âge les larves trouvent leur subsistance dans le terreau proprement dit, mais en grandissant elles recherchent une nourriture plus consistante et nutritive. Il s'ensuit une propension à migrer vers la périphérie des cavités, là où le bois est moins dégradé, et de ce fait plus nourrissant.
A terme la larve se construit une logette au sein du terreau nourricier, et elle y passera l'hiver avant de poursuivre son développement, et donc de se transformer en nymphe au printemps. Un mois plus tard l'insecte adulte va prendre forme, puis gagner l'air libre et mener la vie qui lui est dévolue, mais pour se reproduire il lui faudra attendre ... l'année suivante ! Le fait mérite d'être souligné car le plus souvent c'est "vite fait bien fait", Dame Nature étant manifestement pressée d'assurer la pérennité de ses "ressortissants". Pour illustrer le propos il n'est pas exceptionnel de voir des papillons mâles voleter et "s'empresser" autour de femelles émergentes en train de sécher leurs ailes.