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- Le PIQUE-PRUNE ou
BARBOT (Osmoderma
eremita)
!
- (Coléoptère
Cetoniidae)
-
- (page 4 sur 4)
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La nymphose !
Comme chez tous les insectes à
métamorphoses complètes (= "holométaboles"),
la nymphose marque le terme de la vie larvaire sensu
stricto, et précède la survenue de l'insecte
adulte, et donc apte à se reproduire. La durée de la
vie nymphale est très variable, certains insectes hivernant
par exemple sous cette forme, là où d'autres
espèces "bouclent" leur cycle en 10 ou 15 jours, voire
beaucoup moins (2 à 3 jours chez le moustique).
Chez Osmoderma la logette est
élaborée à la fin de l'été, et
la larve y passera l'hiver en qualité de pré-nymphe.
La nymphose proprement dite intervient le plus souvent en
Mai-Juin, avec apparition des adultes en Juillet-Août. Selon
les régions, et les conditions climatiques, ces dates sont
susceptibles d'un peu varier, mais Juillet semble néanmoins
prévaloir.
-

- Exemple de nymphe, en vue
latérale, ventrale, et dorsale.
-
-

- Exemple d'évolution
nymphale
- de gauche à droite: 1 à
3)- évolution progressive de la pigmentation;
4)- nymphe prête à "éclore", autrement
dit à faire sa "mue imaginale", et donc à donner vie
au Pique-prune adulte. L'avancée importante de la
pigmentation en est principal indice 5)- Pique-prune
"nouveau-né" (issu de la nymphe précédente)
momentanément extrait de sa logette, afin de montrer les
ailes membraneuses, telles qu'elles se présentent à
l'éclosion. Au cours des processus ci-dessous
décrits, elles vont se rembrunir, se rigidifier, et se
replier sous les étuis protecteurs que sont élytres.
-
- La chromatogenèse
!
Comme chez tous les
Coléoptères, entre autres insectes, l'acquisition
des couleurs (= chromatogenèse) se fait progressivement, en
parallèle avec le durcissement de la chitine (=
sclérification) constituant la carapace. La
chromatogenèse du Pique-prune peut se qualifier de
classique, celle des insectes dotés de couleurs
métalliques étant souvent plus complexe et
spectaculaire. Comment très souvent chez les insectes, le
processus est susceptible de s'accélérer ou au
contraire de se ralentir, selon que la température
s'élève ou s'abaisse ... tout en restant bien
sûr dans les limites physiologiques compatibles
!
-

- Entre l'émergence de
l'insecte (à gauche), et l'acquisition de la
coloration définitive (à droite), près
de 3 jours se sont écoulés.
- Le durcissement complet de la
carapace, nettement plus long, est de l'ordre de la semaine.
-
- Pour les curieux
!
-
- La différenciation des larves de
Scarabaeidae ( = "Scarabées" au sens zoologique ) n'est pas
simple tant elles se ressemblent ... et cela ne s'arrange pas au
niveau des Cétoines. Concernant ces dernières, il
est néanmoins assez facile de différencier les
Genres, y compris sur le terrain, sous réserve d'avoir de
bons yeux .... et surtout de savoir où regarder ! Tout se
passe en effet au niveau du dernier sternite abdominal ...
c'est-à-dire du fameux "raster" !
-
- Chez le Genre "Cetonia" (au sens large)
le raster est doté de 2 minuscules rangées de
spicules, et ces lignes épineuses sont sensiblement
parallèles, avant de se rejoindre aux
extrémités. Chez les "Gnorimus", le raster est lui
aussi doté de 2 rangées de spicules, mais
sensiblement disposées en ovale, du moins en regard des
Cetonia. Les spicules sont par ailleurs plus fins, plus
espacés, et moins nombreux, d'où un aspect
clairsemé rendant le repérage du raster assez
subtil, limite impossible à l'oeil nu. Chez "Osmoderma",
notre très médiatisé "Pique-prune"
(ci-dessous à droite), c'est en quelque sorte "circulez, y'
a rien à voir", puisque le raster est totalement
dépourvu de lignes épineuses ... CQFD !
-
- La bonne astuce
!
-
- Vous noterez que les caractères
ci-dessus mentionnés valent également pour les
larves juvéniles, mais qu'ils sont censément moins
visibles, ce qui peut poser problème sur le terrain. En cas
d'incertitude il suffit de légèrement "beurrer" la
zone du raster avec du terreau très humide, ou
humecté d'un peu de salive si nécessaire. Chez les
Cetonia le terreau se voit retenu par les spicules, et le raster
apparaît alors on ne peut plus nettement. Chez Gnorimus,
quoi que vous fassiez, le terreau "n'accroche" pas en raison de
l'espacement des spicules, et de leur moindre rigidité...
re-CQFD !
-
...........
..........

- à gauche: le raster de la
Cétoine dorée ( l'exemple type par excellence !),
d'abord "brut de terreau", puis après toilettage (agrandir
pour bien voir la conformation et la disposition des spicules);
au centre: le raster des Gnorimus (présentement
Gnorimus octopunctatus). Vous noterez la forme plus ou moins
ovalaire, la moindre robustesse des spicules, et leur moindre
nombre, d'où une perception générale
nettement moins tranchée que chez les Cetonia; à
droite: chez la larve du "Pique-prune" le raster est aux ...
"abonnés absents" !
-
- .... et les
très curieux !
Lorsqu'elles sont arrivées au 3e
et dernier stade, on peut déterminer le sexe des larves
d'Osmoderma, mais aussi celui des autres cétoines, et de
bien d'autres coléoptères. Pour cela il faut avoir
de bons yeux ( et même de très bons ! ), puis
rechercher l'organe dit de Herold, sorte de minuscule "point noir"
propre aux larves mâles .... et pour cause !
Il s'agit en effet d'une ébauche
du canal spermatique, et de son débouché,
préfiguration des futurs composants de l'appareil
génital mâle des insectes adultes. Bien entendu les
larves femelles en sont dépourvues, mais dans tous les cas
mieux vaut y regarder à 2 fois, car le risque de confusion
est loin d'être négligeable tant le fameux "point
noir" peut se faire discret, et risquer ainsi de passer
inaperçu.
-
- le sexage ....
... des larves !
- Localisation et conformation de
l'organe dit de Herold ... à l'évidence propre aux
larves mâles ! (voir ci-dessus)
- ( merci d'agrandir les photos
pour mieux appréhender la chose ! )
-

- ... autres larves ... si besoin
était !
-
- Heurs et malheurs
!
-
- La bestiole est certes
protégée, et même
hyper-protégée, mais la Loi des Hommes
s'arrête là où commence celle de la Nature. La
moisissure peut donc impunément étaler son blanc
linceul, la douce logette se muer en cercueil, le grand taupin
s'attabler, et les "pièces détachées" ...
ô combien témoigner des aléas
rencontrés ! Au final, et vous l'aurez compris, la vie au
pays des Pique-prune est loin d'être un "long fleuve
tranquille" !
-

- de gauche à droite: 1 à
3)- les "champignons", tels ces moisissures, peuvent survenir
"post-mortem", mais aussi provoquer la mort; 4)- suite
à diverses contingences (maladies, ou météo
hors normes par exemple) les larves, nymphes, ou imagos, peuvent
périr en loges; 5)- les parties très
chitinisées , et donc très dures, peuvent se
conserver fort longtemps après dislocation naturelle ... ou
suite à une mauvaise rencontre !
-

- Le grand "Taupin ferrugineux"
(Elater ferrugineus) !
- Les larves de ce Taupin sont connues
pour être prédatrices de celles des cétoines,
et notamment d'Osmoderma. L'adulte est en principe nocturne, mais
celui-là se baladait de jour sur l'écorce d'un
frêne, en zone très ombragée il est vrai. Les
larves ci-dessus présentées sont qualifiées
de "fil de fer", et typiques de la grande et très
homogène Famille des Elateridae, et donc des fameux
"Taupins". Présentement il s'agit d'un tout venant, les
larves du grand Elater ferrugineux, étant simplement plus
grosses, du moins à terme.
-
- Pour info ... les indices
de présence !
-
- Les crottes du Pique-prune, ou plus
exactement de ses larves, sont aisément reconnaissables
à leur grande taille, et de surcroît observables en
toutes saisons. A ce titre elles représentent le principal
"indice de présence", présomption le plus souvent
confirmée par la découverte de "pièces
détachées" ( c'est le cas de dire ! ), tels que
thorax, pattes, ou encore élytres.
-
- Le fameux "parfum" émis par le
mâle est également un excellent indice, mais il est
censément limité à la période de
reproduction, et donc à Juillet-Août. Cette forme de
détection nécessite évidemment un minimum de
"nez" .... mais aussi de savoir reconnaître les fameuses
effluves ! J'ajouterais que la moindre brise peut les masquer si
vous êtes mal placé, sans parler de la
difficulté de localiser la "source" quand votre odorat se
voit titillé.
-
- En raison de ses
préférences alimentaires, l'Elater ferrugineux
(Elater ferrugineus), ci-dessus illustré, peut
également constituer un indice. Il est toutefois nettement
moins fiable que les précédents, et de
surcroît ce rare "taupin" est surtout actif de nuit, ce qui
limite beaucoup les chances de le rencontrer.
-

- de gauche à droite : 1)-
crottes de Cétoine dorée; 2)- crottes d'
Osmoderma.(vous noterez que ces crottes sont parfois
appelées "fécès", mais ce terme me semble
plus approprié aux excréments des
mammifères); 3)-
crottes "in natura", montrant que la larve du Pique-prune peut
se développer au quasi niveau du sol, pour peu qu'elle y
trouve terreau et nourriture à sa convenance;
-
-
- A propos de l'A28
.....
-
- Le Pique-prune est actuellement
protégé au niveau européen, et il est
même classé en annexe IV de la Convention dite de
Berne, ce qui lui confère un statut prioritaire
extrêmement contraignant. C'est d'ailleurs ce statut, qui
est à l'origine de l'interruption de la construction de
l'autoroute A28 (Tours - Le Mans), laquelle devait traverser une
zone de la forêt de Bercé (Sarthe) où
l'espèce s'est avérée très
présente.
-
- Pour résumer la situation on peut
dire que les protecteurs de Bercé sont ravis de ladite
présence ( au demeurant totalement inespérée
! ), que les artisans et partisans de l'autoroute sont
également verts, mais là ce serait plutôt de
rage, et enfin que les entomologistes ne sont pas
mécontents de compter les points, ni de voir l'arroseur
quelque peu arrosé.
-
- Epilogue
....
-
- Le 12 Décembre 2005, le dernier
tronçon de l'A28 a été officiellement
inauguré et ouvert à la circulation. Bien entendu,
et vous l'aurez compris, il s'agit de celui traversant la
forêt de Bercé où la découverte du
"Pique-prune" avait "gelé" tous les travaux en .... 1999
!
-
- A en juger par le reportage, les arbres
creux contenant des larves ont été coupés au
niveau du sol, puis totalement ébranchés, et les
fûts résiduels ont été replantés
(si l'on peut dire) en forêt, voire dans de minuscules
enclaves boisées épargnées par les
bulldozers.
-
- De fait, dans le cadre d'un
aménagement paysager spécifique, des sortes de
"reposoirs", ou de "gîtes d'étapes", ont
été prévus pour faciliter la tâche des
bestioles aventureuses, et par exemple désireuses d'aller
voir de l'autre côté du bitume si les arbres sont
plus accueillants, et le terreau plus moelleux !
-
- Pour autant le sort de ces "Pique-prune"
ne me paraît pas très enviable, car par-delà
un vandalisme (à l'occasion vengeur) toujours possible, il
faut compter avec des "pilleurs de troncs" d'un nouveau genre,
lesquels n' auront pas grand mal à repérer les
troncs en question, et à s'y servir, d'autant qu'une belle
pancarte "arbre préservé" leur évitera toute
erreur et perte de temps !
-
-
-
- En guise de conclusion
!
-
- Souvenirs....
-
- C'était sur un campus
universitaire nantais, bâti au sein d'une ancienne et fort
belle propriété abondamment boisée.
C'était aussi bien avant la Loi.....
-
- Majestueux comme il se doit, le
chêne multicentenaire s'élevait d'un jet et ses
ramures culminaient à des hauteurs impressionnantes. De
longue date j'avais repéré une cavité
particulièrement prometteuse, mais sauf à s'appeler
Tarzan il était totalement impossible d'y accéder
tant elle était haute et mal placée.
-
- En dépit de son imposante
stature, et de son apparente superbe, l'arbre était la
proie de deux grands insectes dorénavant
protégés. Les larves du premier, le Cerambyx
cerdo (cf.page entomo) taraudaient le tronc et les branches
maîtresses en tous sens, et celles du second, le Lucane
cerf-volant (Lucanus cervus, cf. page entomo) sapaient
insidieusement des racines déjà
éprouvées par les ans.
-
- La dangerosité s'accentuant au
fil des années, et se confirmant d'ailleurs par la chute de
branches lors d'épisodes tempétueux, les
autorités universitaires se décidèrent
finalement à le faire abattre, et à peine
était-il à terre que j'étais à pied
d'oeuvre.
-
La
cavité était nettement plus profonde et importante
que je n'osais l'espérer et dans le terreau tout
chamboulé par l'impact de la chute il m'a suffi d'un coup
d'oeil pour repérer des crottes d'une taille pour moi
très inusitée. Ayant toujours imaginé que
cette cavité était le gîte idéal pour
la fameuse et splendide Cetonia speciossisima (= Cetonia
aeruginosa), ci-contre, qui a la même biologie larvaire
, j'étais sur l'instant convaincu d'avoir gagné le
gros lot. En poussant un peu plus avant mes investigations je suis
très vite tombé sur un élytre d'Osmoderme et
sur le coup j'avoue avoir été quelque peu
déçu.
-
- L'arbre devant être rapidement
dégagé j'ai évidemment extrait tout ce qui
pouvait l'être, à savoir de très nombreuses
larves, dont beaucoup en fin de développement, mais
également bon nombre de loges déjà
constituées, et bien sûr quelques seaux du
précieux terreau. A l'époque je n'avais pas vraiment
conscience de l'intérêt de cet insecte, et à
décharge il faut reconnaître que pareille abondance
ne plaidait pas en faveur de sa rareté.
-
- Si beaucoup ont été
relâchés dans la nature une fois adultes, pas moins
ont été donnés ou échangés,
tant j'étais convaincu de pouvoir retrouver la bête
à mon gré, mais par la suite je devais
déchanter.
-
- En guise d'épilogue je dirais que
la présence d'Osmoderma sur le campus reste un excellent
souvenir, et qu'elle a permis bien des années plus tard
d'épargner un très vieux bois voué aux
tronçonneuses. Je dirais également que cela a
été rendu possible grâce à l'initiative
d'un Doyen de Faculté .... et aussi au dernier
spécimen d' Osmoderma eremita "made in
Faculté" figurant dans mes collections.
-
-
FIN
-

- les pages entomologiques d'
andré lequet
:
http://www.insectes-net.fr