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LE VER-LION ou VERMILEO !
(Vermileo vermileo, ou Vermileo degeeri , Diptères Vermileonidae)
 
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Intro !

Encore une drôle de bestiole, si drôle que tout un labo de Biologie Animale (et j'en étais ! ), a eu la bête "sous le nez" des années durant ... et cela sans jamais la voir ! ... ni même soupçonner son existence ! Comme le poinçonneur cher à Gainsbourg, "elle fait des trous, des p'tits trous, toujours des p'tits trous" ! Souhaitons qu'elle en fasse encore longtemps, très longtemps !

Depuis cette lointaine époque une autre espèce de ver-lion s'est découverte,
mais celle-là n'a pas besoin de faire des entonnoirs ... pour s'en prendre à votre ordi !
Présentation

Le "Ver-lion" ou "Vermileo" est un Diptère, autrement dit une "mouche" au sens large du terme. Vous noterez au passage que les Diptères en question ont toujours 2 ailes, et les Hyménoptères 4 (guêpes, abeilles, etc...). Cela précisé, notre bestiole relève des Vermileonidae, très petite Famille, puisqu'elle n'excède pas la quarantaine d'espèces au niveau mondial.

 
Ver-lion ou Vermiléo (Vermileo degeeri), adulte, photo1. Ver-lion, ou Vermiléo (Vermileo degeeri), adulte, photo 2. Ver-lion ou Vermiléo (Vermileo degeeri), adulte, photo 3. ........Ver-lion ou Vermiléo (Vermileo degeeri), adulte, photo 4. Ver-lion ou Vermiléo (Vermileo degeeri), adulte, photo 5.
Vermileo degeeri .... tous azimuts !
ci-dessus à droite : la bête "mise à l'index", et chevauchant mon "étalon" préféré !
Ver-lion ou Vermiléo (Vermileo degeeri), adulte, photo 4. Ver-lion ou Vermiléo (Vermileo degeeri), adulte, photo 5. Ver-lion ou Vermiléo (Vermileo degeeri), adulte, photo 6. Ver-lion ou Vermiléo (Vermileo degeeri), adulte, photo 7.
 
Vermileo degeeri (= Vermileo vermileo) est la seule espèce présente en France, le plus souvent par places, tout en étant nettement plus fréquente en zone méditerranéenne. Fuyant la pluie, le ver-lion affectionne les lieux très abrités et chauds, avec substrats plus ou moins sablonneux, voire poussiéreux, textures indispensables au développement des larves.

La bestiole peut se rencontrer au pied des arbres, ou encore à l'aplomb de rochers, de troncs d'arbres à terre ( etc...), mais la base des vieux murs est également appréciée, la dégradation des joints, des enduits, ou du matériau proprement dit, générant souvent une très favorable pulvérulence.

Le site !

Bordant le couloir des salles de Travaux Pratiques de la Fac, de grandes jardinières extérieures (ci-dessous à gauche) sont situées sous une avancée du bâtiment. Il s'ensuit, orientation aidant, qu'elles ne voient jamais une goutte d'eau, qu'elle soit de pluie ou d'arrosage, d'où un sol en grande partie dénudé, et réduit à l'état de poussière, du moins en surface.

A priori on pourrait croire toute vie impossible, l'ensoleillement ajoutant encore à l'extrême aridité du substrat, mais notre Vermileo trouve là chaussure à son pied. Encore faut-il y regarder de près, et même de très près, car il s'est installé sous le rebord des fenêtres, tout contre la maçonnerie, là où l'ombrage prévaut, la hauteur disponible n'excédant pas quelques cm.

 
site universitaire du Ver-lion le gîte, proprement dit, du Ver-lion ..............Vermiléo ou ver-lion (Vermileo degeeri) , champ d'entonnoirs, photo 1. Vermiléo ou ver-lion (Vermileo degeeri) , champ d'entonnoirs, photo 2.
Le gîte du ver lion !
à gauche : les fameuses jardinières, avec localisation des entonnoirs, et vue très partielle de ces derniers; à droite: un véritable "champ de mines" pour fourmis ! à suivre : très typiques (et poussièreux ! ) entonnoirs ... mais gare à l'illusion d'optique les faisant disparaître !
 
Le gîte et le couvert !

La larve du Vermileo est carnassière, et la capture des proies, le plus souvent des fourmis, se fait grâce à une sorte d'entonnoir faisant office de piège. Quand une "fromi" (ou une autre proie compatible) tombe ou s'aventure dans l'entonnoir, elle est promptement "cravatée" par le ver (ci-dessous), puis une fois vidée de toute substance la dépouille est "jetée" par dessus bords.

A l'instar du Fourmilion, la larve du Vermileo peut "bombarder" ses proies pour accélérer ou provoquer leur chute, mais cela reste occasionnel, la mobilité et l'extensibilité de la "trompe" suffisent et prévalent bien souvent.

le Ver-lion dans ses oeuvres !
Ver-lion  ou Vermiléo (Vermileo degeeri) au fond de son entonnoir (position nocturne) ................Ver-lion ou Vermiléo (Vermileo degeeri) larve capturant une fourmi, photo 1. Ver-lion ou Vermiléo (vermileo degeeri), larve capturant une fourmi, photo 2. Ver-lion ou Vermiléo (Vermileo degeeri), larve capturant une fourmi, photo 3. Ver-lion ou Vermiléo (Vermileo degeeri), larve capturant une fourmi, photo 4. 
ci-dessus à gauche : position nocturne; à droite : illustration du fameux "cravatage" des proies.
 ci-dessous: autre exemple de Ver-lion en attente ... et de "cravatage " d'une fourmi !
(la bête étant méfiante, et ces instants assez fugaces, il a fallu user d'éclairages variés d'où un rendu différent de la coloration).  
Ver-lion ou vermiléo (Vermileo degeeri), larve dans son entonnoir, photo 1. Ver-lion ou Vermiléo (Vermileo degeeri), détail d'une larve dans son entonnoir. Ver-lion ou Vermiléo (Vermileo degeeri), larve ceinturant une fourmi, photo 1. Verlion ou vermiléo (Vermileo degeeri), arve ceinturant une fourmi, poto 2. 
 
Le piège ... entonnoir !
Comparativement au fourmilion, qui use du même type de piège (voir page entomo, rubrique "autres"), les entonnoirs du Ver-lion sont beaucoup plus petits (de l'ordre de 2 cm de diamètre), nettement moins évasés, et le fond plus ou moins tronqué est plan. Toujours au titre des particularités, l'entonnoir du ver-lion intègre souvent les inégalités du terrain, ou du substrat proprement dit, d'où des formes fréquemment irrégulières, ce qui ajoute encore au "camouflage" du traquenard.

La taille des pièges est évidemment fonction de celle des larves, et donc du stade larvaire atteint ( il y en a 3, en principe ! ). Non moins logiquement elle dépend également de l'épaisseur du substrat. Dans le meilleur des cas la profondeur du piège peut approcher les 20 mm, pour un diamètre excédant 25 mm, mais la norme est respectivement de 15 et 20 mm.

Le creusement de l'entonnoir est nocturne, comme pour le fourmilion, mais le processus mis en oeuvre par la larve du ver-lion est nettement plus simple, voire rudimentaire, mais néanmoins très efficace. Tandis que la moitié postérieure du corps est solidement ancrée dans le "sol", la partie antérieure se meut à la manière d'une minuscule trompe d'éléphant, et le substrat est littéralement "balancé" de droite et de gauche.

Replié sur lui-même l'avant corps forme une sorte de crochet, voire d'anneau plus ou moins fermé, où la tête fait office de pelle. En une fraction de seconde la bête plonge dans le substrat et en se relevant brusquement (comme sous l'effet d'un ressort), une "pelletée" de déblais se trouve éjectée et dispersée à la périphérie du futur piège. De la même façon que vous procédez avec une une miette de pain, la bestiole utilise le principe de la "chiquenaude" ainsi définie par le Larousse : "Coup donné avec un doigt replié contre le pouce et que l'on détend brusquement".

 
Ver-lion ou Vermiléo (Vermileo degeeri), entonnoirs-pières, photo 1. Ver-lion ou Vermiléo (Vermileo degeeri), détail des entonnoirs-pièges.................. Fourmilion: entonnoirs détail d'un entonnoir de Fourmilion
à gauche : entonnoirs de Vermileo; à droite : entonnoirs de Fourmilions.
Vous noterez la différence de forme, et surtout de taille (élevages sur substrat d'origine tamisé).
 

Au fil de de ces"pelletées" l'entonnoir se creuse, prend forme, et à terme la larve y aménage un espace plus ou moins plan en-dessous duquel elle se positionne en embuscade. De nuit la partie antérieure est souvent apparente, et de jour elle est au contraire dissimulée sous une fine pellicule du substrat

En dépit de la variabilité des sites, et donc de la nature du substrat, la quasi pulvérulence des parois est de règle car cela conditionne l'efficience du piège. Tout ce qui ne correspond pas à l'attente de la larve est donc systématiquement éliminé, et en l'occurrence fort adroitement éjecté. Présentement j'avoue avoir un peu abusé de la "bonne volonté" de mes pensionnaires, mais la démo n'en est que plus significative.

Comme les illustrations ci-dessous le montrent, les "cailloux" ( traîtreusement proposés ! ) prenaient des allures de rochers tant ils outrepassaient le poids et le volume des larves, mais ces dernières ont brillamment relevé le défi :-) ! Comme toujours le "corps étranger" est littéralement "examiné", tactilement parlant, puis la larve l'oriente au mieux, se positionne de même ... et c'est la "chiquenaude" !

 
Vermiléo ou ver-lion (Vermileo degeeri), test des "cailloux", photo . Vermiléo ou ver-lion (Vermileo degeeri), test des "cailloux", photo ..............Vermiléo ou ver-lion (Vermileo degeeri), test des "cailloux", photo 3. Vermiléo ou ver-lion (Vermileo degeeri), test des "cailloux", photo 4.
Les "cailloux", avant et après éjection ... à voir en vidéo !

La larve

Sauf à tamiser le substrat, ou à bien connaître la bestiole, il n'est pas toujours aisé de trouver les larves. Outre leur relative petitesse (y compris à terme), elles sont en effet toujours enduites de particules sableuses ou poussiéreuses, et de surcroît elles ne bougent pas plus de la tête que du derrière. Cette immobilité, quasi cataleptique, est bien sûr une forme de défense ( savamment appelée "thanatose" ! ), car en temps normal, et donc au fin fond de son "antre", la bestiole est en fait extrêmement réactive.

La "chasse" au ver-lion, se pratique à la petite cuillère, ou la grande si la couche du substrat est plus conséquente. Les entonnoirs n'étant que rarement isolés l'alerte est donnée dès l'instant où votre cuillère plonge dans le "sol". Les entonnoirs environnants semblent alors désertés, "sauve-qui-peut" oblige, et les bestioles deviennent le plus souvent "introuvables", du moins là où l'épaisseur du substrat et sa fluidité le permettent. On ne peut le voir, mais par déduction la larve doit très facilement s'y déplacer, et plus encore en cas de danger ... ou d'entomologiste trop curieux !

 
Ver-lion ou Vermiléo (Vermileo degeeri), larves  "brutes d'extraction". Ver-lion ou Vermiléo (Vermileo degeeri), larves après nettoyage, photo 1. Ver-lion ou Vermiléo (Vermileo degeeri), larves après nettoyage, photo 2. Ver-lion ou Vermiléo(Vermileo degeeri), larves après nettoyage, photo 3.
Exemples de larves de Vermileo ... avant et après nettoyage !
Adoptée lors du déterrage, ou en cas de simple stress, vous noterez la très typique forme en "U", ou en "S". Cette constante, et le tamisage, favorisent grandement le repérage de la bestiole sur le terrain ... mais la partie n'est jamais gagnée ! ci-dessous à droite : limite "décapé" cet exemplaire permet de voir ... tout ce qui peut être vu !
Ver-lion ou Vermiléo (Vermileo degeeri), larves après nettoyage, photo4. Ver-lion ou Vermiléo (Vermileo degeeri) larves avec échelle allumette. ...............
 
 
La larve du Ver-lion est dotée d'une sorte de rostre dévaginable (ci-dessous), à la fois bouche et poignard. Elle est également dotée, mais cette fois à l'autre extrémité, d'une "étoile abdominale" qui n'est pas sans rappeler celle des larves de Tipules (voir page entomo, rubrique "autres"). Vous noterez que cette "étoile" doit là aussi encadrer les orifices respiratoires et anaux, et qu'au vu des différents clichés elle peut en quelque sorte s'épanouir, ou au contraire se refermer. Il est probable, voire certain, que le déploiement de cette "étoile" sert d'ancrage dans le substrat, par exemple lors de la capture d'une proie quelque peu .... récalcitrante !
 
Ver-lion ou Vermiléo (Vermileo degeeri) arve avec rostre dévaginé. Ver-lion ou Vermiléo (Vermileo degeeri), larve avec rostre invaginé. ................ Ver-lion ou Vermiléo (Vermileo degeeri)  appendices abdominaux "étoilés", photo 1. Ver-lion ou Vermiléo (Vermileo degeeri), appendices abdominaux "étoilés", photo 2.
ci-dessus à gauche : "rostre" du Ver-lion, dévaginé et invaginé; à droite : appendices abdominaux, en quelque sorte "étoilés";
ci-dessous : détail du rostre, avec aperçu des pièces buccales !
 
La nymphe

La nymphose intervient fin Mai-début juin et elle se fait à l'aplomb de l'entonnoir, dans le substrat sous-jacent. La nymphe est dite "libre" car sans cocon, logette, ou autre structure de protection. Elle passe aisément inaperçu, car tout comme la larve, elle est en quelque sorte "enduite" de particules empruntées au substrat.

 
 la pré-nymphe .... images exceptionnelles !
 Ver-lion ou Vermiléo (Vermileo degeeri), pré-nymphe, photo 1. Ver-lion ou Vermiléo (Vermleo degeeri), pré-nymphe, photo 2. Ver-lion ou Vermiléo (Vermileo degeeri), pré-nympe, photo 3.
ci-dessus: larve en pré-nymphose, sous différents angles (mise en évidence de l'étoile abdominale (centre), et des soies (à droite); ci-dessous: nymphe fraîche formée, à comparer avec celles in natura, figurées ci-dessous. Vous noterez que l'exuvie nymphale, plus ou moins tirebouchonnée, reste solidaire de l'abdomen, formant ainsi une sorte de fausse queue.
Ver-lion ou vermiléo (Vermileo degeeri), nymphe "fraîche".
 
 
.... puis la nymphe ! 
Ver-lion ou Vermiléo (Vermileo degeeri), nymphes, photo 1. Ver-lion ou Vermiléo (Vermileo degeeri), détail d'une nymphe. Ver-lion ou Vermiléo (Vermileo degeeri), nymphes, photo 2. Ver-lion ou Vermiléo (Vermileo degeeri), détail d'une nymphe, photo 2;
Exemples de nymphes de Vermileo (in natura). Remarquer l'enduit poussiéreux (issu du substrat),
et comparer avec la nymphe "propre", car obtenue "hors sol". (ci-dessus).
 
 
.... et l'éclosion !
Aussi  surprenant que cela puisse paraître, et aussi profonde soit-elle, la nymphe remonte en surface par ses propres moyens pour donner vie à l'insecte adulte. Comme le montrent les photos ci-dessous, l'abdomen reste "planté" dans le substrat, tandis que la partie thoracique s'ouvre longitudinalement pour libérer le jeune imago.
 
Ver-lion ou Vermiléo (Vermileo degeeri), exuvie imaginale in situ, photo 1. Ver-lion ou Vermiléo (Vermileo degeeri), exuvie imaginale in situ, photo 2. er-lion ou Vermiléo (Vermileo degeeri), exuvie imaginale in situ, photo 23 er-lion ou Vermiléo (Vermileo degeeri), exuvie imaginale in situ, photo 4.
 
 
Cohabitation ? ... oui ... mais !

Bien qu'ils soient en concurrence (même biotope, même technique de chasse, mêmes proies), Fourmilion et Ver-lion peuvent cohabiter, et les fameuses jardinières universitaires en témoignent. En fait il serait plus exact de dire qu'ils voisinent, du moins dans le cas présent, car les fourmilions (d'ailleurs relativement peu nombreux) sont installés au grand jour (et soleil ! ), alors que le Ver-lion est en très grande majorité retiré sous les appuis de fenêtres, là où il trouve l'ombrage et le confinement qui semblent lui convenir.

   
En guise de conclusion ....
 
Dans le droit fil des toutes premières et dernières lignes de cette "page entomo",
je dirais que notre petit Ver-lion illustre parfaitement un adage bien connu....

.... "Pour vivre heureux, vivons cachés ! "

 
... avec vidéo récapitulative ... pour conclure ... la conclusion :-) !  
 
Cette "page entomo" a fait l'objet d'une publication, dans la revue "INSECTES" de l'OPIE (N° 191, 4e trimestre, 2018)
 
FIN
 
les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr