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le SITARIS des MURAILLES !
( Sitaris muralis, Coléoptère Meloidae)
 
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Préambule !
 
Par principe mes "pages entomo" se veulent du vécu, et elles le sont, textes et illustrations ne devant rien à personne. Présentement j'avoue avoir quelque peu anticipé, l'indigence initiale des illustrations ... se comblant peu à peu !
 
En l'attente de pouvoir totalement "décortiquer" le sujet à ma convenance, je vous propose un avant-goût de l'étonnante "saga" qui donne vie à un insecte de prime abord insignifiant, la brièveté de sa vie ajoutant encore à sa discrétion.
 
Dépassant l'entendement, le développement du Sitaris est en effet à nul autre pareil. En cela il témoigne des arcanes de l'Evolution, tout comme de l'extraordinaire "inventivité" de la Nature et de la Vie ... sans parler de facultés instinctives défiant quasiment la notion même d'intelligence, tant elles atteignent des sommets.
 
Pour une bonne compréhension, et en dépit de l'inévitable longueur du texte, j'insiste sur la nécessité d'une lecture intégrale et réfléchie. Il vous en coûtera 10 mn de votre temps, mais croyez-moi, vous ne le regretterez pas !
  
Drôle de Famille !

Les Sitaris sont de petits coléoptères, dont la taille n'excède guère 10-12 mm. Les élytres, très étroits et déhiscents, laissent une grande partie de l'abdomen et des ailes à découvert. Le Sitaris muralis, ci-dessous, est largement répandu, tandis que la seconde espèce, S. solieri (non figurée) est nettement méridionale.

 
 
Sitaris des muraillles Sitaris des murailles (Sitaris muralis) Sitaris des murailles (Sitaris muralis)  adulte étalé.Sitaris muralis
Le Sitaris de solier (Sitaris solieri), espèce méridionale très voisine, a les élytres roux avec l'apex noir.
 
 
Les Sitaris relèvent des Meloïdés, Famille représentée en France par une petite quarantaine d'espèces, au demeurant très hétérogènes, du moins au niveau morphologique. Bon nombre d'entre elles ont la particularité de se développer aux dépens d'Hyménoptères "nicheurs", entre autres mellifères, tels que les Andrènes, les Anthophores, ou encore les Colletes. Les modalités de ce développement sont à la fois fort complexes et originales, la palme revenant toutefois à notre Sitaris, encore que le Stenoria analis n'a rien à lui envier, ce dernier faisant en outre l'objet d'une "page entomo" très détaillée ... que je vous recommande !
 
 
 Quelques exemples de Meloidae !
Cerocoma schreberi Zonitis flava Zonabris variabilis Stenoria analis, adulte.
de gauche à droite : 1)- Cerocoma schreberi mâle, avec ses très curieuses et "tarabiscotées" antennes (celles des femelles sont filiformes); 2)- Zonitis flava; 3)- Zonabris variabilis; 4)- Stenoria analis, espèce ci-dessus "recommandée" ! La taille de ces insectes est de l'ordre de 12 à 15 mm.
 
 
Méloé violet (Meloe violaceus), accouplement. Méloé violet (Meloe violaceus), accouplement en main. Méloé violet (Meloe violaceus), autohémorrhée.
 Le Genre Meloe comporte une douzaine d'espèces françaises, les plus grandes, telle le ci-dessus Méloé violet (Meloe violaceus) atteignent 30 mm.
à gauche et au centre : prélude à l'accouplement ! à droite : illustration de l'autohémorrhée, réaction défensive ci-dessous décrite;ci-dessous : le très volumineux abdomen des femelles peut contenir plusieurs milliers d'oeufs, mais une infime partie donnera des insectes adultes, et donc aptes à se reproduire. En dépit de l'énormité et du poids de son abdomen, mais aussi de pattes non conçues pour, la bête parvient à profondément creuser le sol pour y déposer sa ponte. Cette vidéo vous montrera une "big mamma" méloé à l'oeuvre, et pour bien juger de la difficulté et de la pénibilité du travail, sachez qu'il lui a fallu une journée et 2 nuits non stop.
Méloé violet (Meloe violaceus),  dissection ponte. Méloé violet (Meloe violaceus), détail du rangement des oeufs  dans l'abdomen. Méloé violet (Meloe violaceus), volume d'une ponte.
 
Les Meloïdés ont également la particularité d'être vésicants, leur "sang" ou hémolymphe étant chargé de cantharidine, substance dont la toxicité s'apparente à celle de la strychnine. A cela s'ajoute le phénomène dit d'autohémorrhée, qui se produit lorsque ces insectes sont inquiétés ou agressés. Concrètement il s'agit d'une sorte de saignée réflexe, laquelle fait sourdre le fameux sang au niveau de la bouche et des articulations. Dès lors vous comprendrez que les prédateurs en tous genres ne s'y frottent pas, cela valant encore plus pour les oiseaux insectivores.
 
la Lytta vesicatoria (2 à 3 cm) Lytta vesicatoria (Mouche d'Espagne ou Mouche de Milan)......aphrodisiaque...ou pas ?
 
Sous le nom de "Mouche d'Espagne", ou encore de "Mouche de Milan", vous noterez que la Lytta vesicatoria (ci-dessus) entrait couramment dans la pharmacopée dite traditionnelle, et qu'elle était même connue depuis l'Antiquité, notamment en vertu de propriétés prétendument aphrodisiaques. Pouvant être aisément collectées en grand nombre, ces bestioles étaient le plus souvent desséchées, puis broyées, avant d'intégrer diverses mixtures, onguents, emplâtres, et autres "philtres d'amour"….voire de mort, la cantharidine étant gravement dommageable au système rénal.
 
NOTA: à l'attention des entomologistes en herbe je précise que la manipulation de toutes ces bestioles ne pose pas de problèmes particuliers. Mieux vaut cependant éviter de se frotter les yeux, sucer les doigts, ou encore ronger les ongles... voire se curer les narines. Il pourrait en effet s'ensuivre une sensation de "brûlure" fort explicite, et à coup sûr instructive quant au caractère vésicant de ces insectes.
 
La "saga" du Sitaris !
 
l'hôte !
 
Les adultes du Sitaris apparaissent en juillet-août, et leur peu de goût pour les "grandes envolées" fait qu' ils se cantonnent le plus souvent à proximité immédiate des colonies d'Anthophores, c'est à dire là où ils se sont développés, et sont donc assurés de trouver l'âme sœur.

Vous noterez que les Anthophores sont des Apidés, autrement dit des sortes d'abeilles sauvages affectionnant les parois terreuses bien ensoleillées et plus ou moins verticales. Les talus peu végétalisés sont évidemment très prisés, tout comme les vieux murs de pisé et torchis, ou encore les joints argileux unissant les pierres des constructions anciennes.

Elles y nidifient en groupe, au point de parfois cribler le support quand il s'y prête, mais chaque femelle a son propre nid, lequel est constitué d'un tunnel d'accès prolongé par les cellules larvaires. Contrairement aux abeilles domestiques, les Anthophores ne sont pas du tout agressives, mais elles inspirent toujours une réelle défiance... sauf à bien les connaître!

 
sitaris mâle sur le vif couple de Sitaris muralis sitaris mâle sur le vif accouplement "à l'envers" de Sitaris muralis
Sitaris muralis sur le vif (24 août 2005)
de gauche à droite: 1 & 2)- exemplaire mâle; 3)- couple; 4)- accouplement "à l'envers"
(en fait, et vous l'aurez compris, Mr sitaris n'était pas disposé à répondre aux avances de sa compagne, et il l'était même si peu que le couple est finalement mort sans descendance ... adieu les oeufs et triongulins espérés !  
 
la ponte !
 
La prise de nourriture étant plus qu'accessoire, les Sitaris émergeants vont très vite s'accoupler, et périr de même, la femelle bénéficiant toutefois d'un délai de grâce de 2 à 3 jours, laps de temps nécessaire à la ponte.
 
Très petits car très nombreux (1 à 2 milliers), les œufs sont déposés en amas, au sein même de la galerie d'accès du nid de l'Anthophore, la femelle Sitaris y pénétrant non sans logique à reculons. Située à quelques cm de l'entrée, et sans la moindre protection, la ponte est évidemment très vulnérable, mais en pareil cas les intempéries et la prédation sont classiquement compensées par le nombre élevé des œufs.
 
la larve primaire, ou triongulin
 
Un mois après la ponte, soit en septembre en moyenne, les œufs vont éclore et donner des larvules très particulières d'à peine 1 mm. Leur principale caractéristique est de porter 3 ongles à chaque "patte" (et non deux comme la norme le voudrait), d'où l'appellation de "triongulins", forme larvaire initiale propre aux Méloïdés.
 
Passée l'éclosion, les jeunes larvules restent groupées, et ne s'alimentent pas. Plus rien n'y fera, si ce n'est la survenue du jour "J", c'est à dire l'émergence printanière (Avril) des Anthophores, jusqu' alors blotties au fond des cellules où elles se sont développées.
 
En gagnant l'air libre, chaque abeille va devoir passer là où les triongulins sont amassés, et puisque telle est leur destinée, il s'en trouvera toujours quelques uns pour "faire du stop", en s'agrippant à l'abondante toison de l'Apidé.
 
Dans la foulée, les minuscules passagers "clandestins" vont s'efforcer de gagner des zones difficilement accessibles aux "peignes" de l'abeille, sous peine de se faire éjecter lors du toilettage. Plus encore, ils vont devoir solidement se cramponner, d'où l'intérêt des ongles surnuméraires, afin de ne point chuter lors des pérégrinations de leur hôte, y compris aériennes.
 
Pour autant nos "triongulins" ne sont pas sortis de l'auberge, car chez les insectes les mâles émergent le plus souvent avant les femelles, et présentement le décalage est de 3 bonnes semaines. En d'autres termes, et vous l'aurez compris, les larvules chevauchent des Anthophores mâles là il faudrait des femelles, et quand ces dernières émergent tout le monde ou presque est déjà en selle, mais sur le mauvais cheval !
 
Pour minuscules et primitifs qu'ils soient, nos triongulins ne sont pas à court d' idées, et le changement de monture va s'opérer à l'occasion du seul contact physique entre les 2 sexes, à savoir lors de l'accouplement desdites abeilles. Sachant qu'il a lieu en vol, je vous laisse imaginer la hardiesse du transfert et les risques encourus !
 
Au pays des Sitaris le "parcours du combattant" est cependant loin d'être terminé, la rudesse de la concurrence ajoutant encore à la difficulté. La survie de chaque triongulin passe en effet par son aptitude à devancer ses congénères, le but de la manoeuvre étant d'enfourcher l'œuf de l'abeille à la seconde même de son émission, et donc de son dépôt à la surface du miel liquide contenu dans la cellule. Autant dire qu'à la moindre fausse manœuvre, ou au plus petit faux pas, c'est la noyade assurée, la viscosité du miel ne pardonnant pas.
 
Vous en conviendrez, de telles péripéties on valeur d'exploit, et pour l'occasion notre triongulin va enfin pouvoir s'alimenter, lui qui a le ventre vide depuis sa naissance, soit 6 à 7 mois au bas mot. Toujours à califourchon sur son œuf, il va donc entreprendre de l'ouvrir, et de s'y sustenter, tout en faisant en sorte de ménager l'enveloppe, ce bien frêle esquif étant sa seule sauvegarde sur cette mini "mer de miel".
 
Bien entendu, une fois les oeufs pondus, et les plus futés des intrus à pied d'œuvre, notre malheureuse abeille achève d'enfermer le loup dans la bergerie, en obturant les cellules censées héberger sa future progéniture.
 
le second stade larvaire
 
Il aura suffit d'une semaine pour totalement vider l'œuf, le contenu de ce garde-manger flottant amenant pile poil notre triongulin au second stade de sa vie larvaire. Il va donc muer, passage obligé pour toute larve d'insecte, et se transformer radicalement au point de pouvoir quitter son radeau sans encombre, et même flotter sur le miel, un peu à la manière d'une barque lourdement chargée
 
La relative platitude du dos, alliée à la lourdeur de l'obésité ventrale, assurent en effet une excellente stabilité, tout en maintenant les orifices respiratoires (alignés tels des hublots !) juste au dessus de la "ligne de flottaison", et en l'occurrence de la surface du miel !
 
Pour l'heure le futur Sitaris atteint tout juste les 2 mm, et Dame Nature n'ayant point prévue d'autre occupation, la larve va passer son temps à se gaver de miel jusqu'à épuisement du stock, ce qui l'amènera en juillet, et à une taille avoisinant les 12 mm.
 
la pseudo-nymphe !
 
Ventrue à l'excès, dotée de pattes inutiles car beaucoup trop courtes, notre larve joue les impotentes, mais une nouvelle surprise attend l'observateur. De fait tout se passe de l'intérieur, et en l'espace de quelques jours, en lieu et place de la ventripotente bestiole, on découvre une sorte de coque ovoïde. Longue d'une petite quinzaine de mm, nettement cornée et ambrée, elle est entourée de la dépouille transparente et totalement intacte de la larve.
 
Sans entrer dans le détail de descriptions morphologiques comparatives, sachez que cette pseudo-nymphe, puisque tel est son nom, n'a strictement rien à voir avec une vraie nymphe, une chrysalide, ou encore une pupe, phases intermédiaires habituelles entre la larve et l'insecte parfait.
 
Sachez encore qu'elle n'a pas d'équivalent chez les insectes autres que Méloïdés, et que cette phase en quelque sorte surnuméraire a initié le terme d'hypermétamorphose.
 
le "retour à la case départ" !
 
Nous sommes en juin, et depuis près d'un an notre pseudo-nymphe est restée en l'état, et en l'attente d'une quasi et très inattendue "marche arrière". De fait une nouvelle larve va apparaître, au demeurant très peu différente de celle précédant la pseudo-nymphe. Là encore tout s'est passé de l'intérieur, et telle une poupée gigogne la nouvelle venue apparaît au sein d'une seconde dépouille.
 
le bout du chemin !
 
Condamnée à l'immobilité, et à vivre sur ses réserves l'espace de quelques semaine, cette larve va connaître une destinée plus conforme à la norme. A terme elle va en effet se métamorphoser en nymphe, cette fois digne de ce nom, ses structures morphologiques préfigurant parfaitement celles de l'insecte adulte à venir.
 
Ajoutez encore quelques semaines, 3 ou 4 au plus, et en donnant vie à un insecte qualifié de parfait, et donc apte à se reproduire, la mue dite imaginale va mettre un point final au développement de notre petit Sitaris, lequel aura pratiquement demandé 2 années.
 
Tout est donc bien qui finit bien, du moins pour ceux qui parviennent au bout du chemin, et ils sont fort peu nombreux en regard des potentialités d'une ponte. Gelés, croqués, noyés, tombés, égarés, éjectés, et j'en passe, tel sera le sort des laissés pour compte de cette saga, mais aussi le résultat d'une sélection naturelle qui fait la part belle aux plus forts, la pérennité de toute espèce étant à ce prix.
 
... et de la théorie à la pratique !
 
Jointoyés à l'argile, les murs en pierres (granit local) d'une très ancienne maison ont été recrépis. Lors de cette opération 2 très petites zones, de quelques cm2 (chacune à la jonction de 2 pierres) se sont trouvées dépourvues d'enduit, d'où la présence de mini cavités. En dépit d'une localisation manifestement peu favorable, et du faible volume des cavités, des abeilles solitaires s'y sont installées … leur parasite faisant suite.

Lors de la découverte de ce peu banal "biotope", 3 sitaris se tenaient côte à côte à l'entrée de la première cavité, 2 autres étaient pareillement positionnés à l'entrée de la seconde, et enfin 2 autres encore, à l'évidence morts depuis peu, ont été trouvés à terre, à l'aplomb des cavités.

Notez-le ! Devant l'exiguité des gîtes, et l'insolite de leur situation, doit-on s'émerveiller de la faculté d'adaptation de la Vie, ou au contraire s'attrister, l'instinct de survie ne laissant d'autre choix face à la rénovation systématique des vieux murs, et plus encore à la prévalence quasi généralisée du béton. A l'image du fragile brin d'herbe se jouant du bitume, Dame Nature fait de la résistance, mais à l'évidence cette dernière a ses limites ... et c'est non moins évident !

 
Sitaris des murailles (Sitaris muralis), le local aux nids. Sitaris des murailles (Sitaris muralis), détail des orifices des 2 "nids". .............Sitaris des murailles (Sitaris muralis), trio d'adultes à l'entrée  de la cavité N°1 Sitaris des murailles (Sitaris muralis), trio d'adultes à l'entrée  de la cavité N°1, photo 2............. Sitaris des murailles (Sitaris muralis), adultes à l'entrée  de la cavité N°2 Sitaris des murailles (Sitaris muralis),  adulte à l'entrée de la 2e cavité.
à gauche : sur terrasse exposée à l'ouest, et adossé au mur de la maison, ce petit abri en panneaux translucides m'a réservé une bonne surprise. Vous noterez la situation et la petitesse des gîtes épargnés par le crépissage; au centre : la 1e cavité, telle que découverte, avec les 3 sitaris prenant l'air "au balcon"; à droite : la seconde cavité avec un des deux "locataires". Il s'agit du gîte ou la pondeuse a été filmée, et les pontes observées (et photographiées ! ) "in situ".
 
 
Sitaris des murailles (Sitaris muralis),  mise en évidence des mandibules.J'étais bien sûr ravi de pouvoir observer à mon gré ces peu fréquents insectes, au demeurant guère farouches, mais j'ai très vite déchanté. La bestiole dispose en effet d'ailes parfaitement conformées, mais ne semble pouvoir ou vouloir s'en servir. Côté pattes c'est à peine "moins pire", et les puissantes mandibules (ci-contre) relèvent de la déco ! "Circulez y'a rien à voir", telle semble être la règle au pays des Sitaris !
 
Les accouplements s'étant sans doute passés avant la découverte du "site" les bestioles restaient quasi immobiles à longueur de jour, certaines, le soir venu, se contentant d'un peu reculer dans leur trou. Vous l'aurez compris je suis resté "grave" sur ma faim, la seule scène de ponte observée se limitant à des mouvements abdominaux révélateurs ( voir vidéo !), mais bien peu spectaculaires.
 
Nul besoin de manger, de s'abreuver, de voler, de se déplacer au delà de quelques centimètres, d'où un métabolisme censément très réduit, mais restant néanmoins tributaire des réserves graisseuses acquises lors du passage à l'état adulte. Il s'ensuit une durée de vie logiquement brève, sans doute guère supérieure à la semaine, et de fait totalement vouée à la reproduction, et donc à la pérennité de l'espèce ! Entre la découverte de ces 5 sitaris, et la mort du dernier d'entre-eux, 6 jours se sont écoulés.
 
Alors que les œufs sont logiquement très nombreux (afin de compenser une perte elle-même très importante), il semblerait que les sitaris soient capables de s'auto-réguler afin de ne pas mettre en péril la survie de leurs hôtes … et donc leur propre survie. Si tel est bien le cas, cela expliquerait la mort de femelles encore bourrées d'œufs, mais aussi le petit nombre des œufs émis, alors que je m'attendais à en voir … "dans tous les coins" !
 
Sitaris des murailles (Sitaris muralis),  dissection d'une femelle montrant la ponte, photo 1. Sitaris des murailles (Sitaris muralis),  dissection d'une femelle montrant la ponte, photo 2. Sitaris des murailles (Sitaris muralis),  oeufs sur allumette échelle.
ci-dessus : Trouvée fraîche morte cette femelle permet une spectaculaire mise en évidence du volume de la ponte, et partant de l'importance numérique des oeufs, dont vous noterez la logique petitesse; ci-dessous : soleil couchant aidant , cette vue intérieure de la 2e cavité montre le nid de l'abeille solitaire (Anthophora sp. ), et la seule ponte observée (ou observable ? )
Sitaris des murailles (Sitaris muralis),  intérieur de la 2e cavité, photo 1. Sitaris des murailles (Sitaris muralis),  intérieur de la 2e cavité, photo 1. Sitaris des murailles (Sitaris muralis),  oeufs  l'intérieur de la 2e cavité.
 
 
en guise de conclusion ....
 
Si vous avez pris la peine de me lire (autrement qu'en diagonale ! ), vous conviendrez que le Sitaris des murailles méritait bien cette page, et que la stratégie de sa reproduction, quasi machiavélique, soulève bien des interrogations.
 
Vous reconnaîtrez également les mérites du grand entomologiste Jean-Henri FABRE (1823-1915) qui fut le premier à percer les secrets de cet insecte, et de bien d'autres encore.
 
Vous comprendrez enfin que l'on puisse se passionner pour l'entomologie, et qu'une vie n'y suffise pas, tant le sujet est vaste et complexe. Pour avoir coutume de le dire, et ce sera le mot de la fin, j'ajouterais que plus on en connaît ... et plus on prend conscience de son ignorance !
 
 
  
FIN
 
les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr