ACCUEIL - COLEOPTERES - LEPIDOPTERES - AUTRES -VIDEOS - HISTORIETTES - NEWS - LIENS - WANTED ! - MAILS d'OR -
 
 
L'HYDROPHILE !
(Hydrophilus piceus, Coléoptère Hydrophilidae)
 
(page 3 sur 4)
 
- pour quitter les agrandissements, et vidéos, faire "page précédente" dans votre navigateur -
 
 
Le dimorphisme sexuel
 
Il est relativement peu marqué chez l'hydrophile, et il se traduit par une excroissance lamellaire située sur les tarses antérieurs. Contrairement aux vrais Dytiques (voir comparatif) il n'y a pas de ventouses, mais seulement des formations épineuses, le tout permettant néanmoins la rétention de la femelle lors de l'accouplement. Cela vaut également pour le Cybister, ce grand "Dytique" étant uniquement doté de brosses ( comparatif ! ).
 
Grand Hydrophile (Hydrophilus piceus)  tarse antérieur de la femelle.  Grand Hydrophile (Hydrophilus piceus)  tarse antérieur  du mâle, face externe. Grand Hydrophile (Hydrophilus piceus)  tarse antérieur  du mâle, face interne.
à gauche: patte antérieure d'une femelle d' Hydrophilus piceus; au centre: tarse antérieur du mâle, face externe; à droite: idem, mais en face interne. Vous noterez les pilosités épineuses permettant une meilleure "prise" sur la femelle lors de l'accouplement.
 
Tarse de dytique (Dysticus) mâle. Tarse de "dytique" (Cybister) mâle.
 à titre comparatif ...
à gauche: tarse antérieur d'un mâle de grand dytique (Genre Dysticus). Vous noterez la présence de 2 grandes ventouses, et d'environ 150 petites structures au rôle comparable, le tout permettant de maintenir la partenaire ... ou de s'y maintenir ! à droite: tarse antérieur de Cybister lateralimarginalis, seul représentant du genre, et seul grand "Dytique" dépourvu de formations adhésives du type "ventouses", mais par ailleurs bien doté en "brosses" non moins efficaces.
 
la ponte
 
Elle suit bien sûr l'accouplement, et elle est incluse dans un "cocon" soyeux, plus ou moins piriforme, fréquemment accolé sous une feuille de plante aquatique flottante. De l'ordre de 2 cm de diamètre, il contient une cinquantaine d'oeufs, et ces derniers sont en quelque sorte aérés par une "cheminée", le plus souvent appelée "mât" (le cocon flottant tel un bateau). Dans une végétation lentique, comme ci-dessous, mieux vaut savoir ce que l'on cherche, et avoir de bons yeux , car tel un périscope seul le mât dépasse et est donc visible!
 
 
Hydrophile (Hydrophilus piceus), cocon de ponte "in natura" Hydrophile (Hydrophilus piceus), cocon de ponte ouvert pour mise en évidence des oeufs.
Le cocon de ponte de l'Hydrophile (Hydrophilus piceus) 
à gauche: ponte flottante typique, "in situ": à droite: les oeufs (la base du "mât" se situe au niveau de l'allumette).
 
 
Hydrophile (Hydrophilus piceus), ponte (hors d'eau.  Hydrophile (Hydrophilus piceus), mât de la ponte. Hydrophile (Hydrophilus piceus) orifice du mât de la ponte. Hydrophile (Hydrophilus piceus), femelle à pondre.
 de gauche à droite: 1)- "cocon" de ponte sous feuille de nénuphar (hors d'eau); 2)- le mât aérifère; 3)- détail de l'orifice aérifère du mât;
4)- femelle à pondre. Cette photo est extraite de cette très exceptionnelle vidéo montrant le tissage du mât.
 
 
... à propos du mât !
Le quotidien ayant ses impératifs il n'est pas toujours possible d'être là au bon moment, pour ne pas dire à l'instant "T", car Dame Nature peut parfois aller vite en besogne, ou encore se manifester là (ou quand) on ne l'attend pas. Ravi de surprendre la pondeuse à l'oeuvre, qui plus est en train de tisser le mât aérifère, il me souvient de ma perplexité, et d'avoir même douté du savoir faire de la bestiole. Le mât en question était en effet aussi plat qu'une crêpe bretonne ... avant de se faire tubulaire durant une absence aussi fâcheuse qu'inévitable.

Considérant qu'entre-temps la bête avait à l'évidence poursuivi et finalisé son ouvrage, je me suis contenté de prendre acte, d'où ce très tardif ..."rattrapage" ! Contrairement à la logique, et comme les photos ci-dessous s'efforcent de le démontrer, la forme tubulaire du mât aérifère n'est pas obtenue par tissage circulaire, mais par l'enroulement "bord à bord" de la lame soyeuse. Bien entendu cet enroulement résulte à l'évidence d'un processus "physico-chimique", sans doute induit par la conjonction de divers facteurs (disposition du tissage, propriétés de la soie, réaction au contact de l'air ou de l'hygrométrie ambiante).

 
.... en attendant mieux !
à gauche : la lamelle initiale du futur mât commence à nettement s'incurver et former gouttière.
à droite : la base du mât témoigne de l'enroulement tubulaire.
 
la larve
 
Par-delà ses tendances nécrophages, la larve de l'Hydrophile est carnassière, et plus encore malacophage. Elle se complait donc dans la végétation superficielle où elle traque les mollusques gastéropodes, et notamment les Limnées et Planorbes (ci-dessous). Quand le tapis végétal est suffisamment dense la larve chasse et "crapahute" carrément à sa surface ( en quelque sorte à l'air libre), bon nombre de ses proies, comme les limnées, affectionnant elles-mêmes y évoluer.
 
 
PlanorbeLimnée et planorbe, le menu préféré des larves de l'Hydrophile (Hydrophilus piceus) Limnée
Ces deux Gastéropodes sont le "menu" de base des larves de l'Hydrophile.
 
 
Contrairement à celle du Dytique, la larve de l'Hydrophile est peu réactive, et surtout d'une surprenante mollesse, cette quasi inconsistance devenant flagrante hors d'eau. La petitesse et la finesse des pattes font par ailleurs qu'elle se déplace par ondulations du corps, à la manière d'une chenille, du moins quand elle évolue sur la végétation ou dans une hauteur d'eau insuffisante pour la porter.
 
Le développement de l'Hydrophile comporte 3 stades larvaires (comme pour les carabes, cf. page entomo), et à l'instar de l'adulte, la larve atteint une taille respectable (5 à 6 cm). Sauf en l'absence totale de nourriture le cannibalisme reste rare, même quand les larves sont de tailles très différentes, et de surcroît confinées dans un espace restreint. De même la larve de l'Hydrophile, pourtant bien "mandibulée", ne cherche pas à mordre quand on la manipule. Il en va bien différemment avec celle des grands Dytiques, extrêmement vives et promptes à l'attaque comme à la riposte. Suite à une maladresse de ma part je garde d'ailleurs un souvenir assez cuisant de la larve de Cybister figurée dans le trio comparatif ci-après.
 
 Hydrophile (Hydrophilus piceus), larve naissante, photo 1  Hydrophile (Hydrophilus piceus), larve naissante, photo 2  Hydrophile (Hydrophilus piceus), larve naissante, photo 3
Larves naissantes de l'Hydrophilus piceus.
 
 
 
 Hydrophile (Hydrophilus piceus), larve à terme Larve de Cybister. Larve de dytique (Dysticus).
à titre comparatif .... en attendant mieux !
à gauche: larve d'Hydrophile (H. piceus) au terme de son développement, et donc au 3e et dernier stade larvaire; au centre: larve de Cybister sp. à droite: larve de Dysticus sp. Au passage vous noterez que les larves du genre Dytiscus sont proportionnellement plus trapues, et surtout dotée d'une tête plus large, plus volumineuse, et bien sûr de crochets falciformes à l'avenant. A noter également que l' aspect "ébouriffé" des franges natatoires ciliées (partie caudale), est dû à la mise hors d'eau. 
 
les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr