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 les GERRIS !
(Hémiptères-Hétéroptères Gerridae)
 
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Locomotion ....
 
Comme évoqué en intro, les Gerris "marchent" sur l'eau, ou plus exactement ils y glissent (d'où le nom de "Patineurs") en de très typiques saccades successives. En cas de fuite ces dernières s'accélèrent, gagnent en ampleur, et peuvent se muer en de véritables sauts, un peu à la manière d'un ricochet. Si panique il y a, c'est carrément tout et n'importe quoi, l'éventuel prédateur ne sachant plus où donner de la tête. Sans entrer dans le détail des phénomènes physiques, sachez que la "flottabilité" de la bestiole est conjointement assurée par son très faible poids, et par des tarses "hydrofugés" (via une glande idoine) remplissant le rôle des flotteurs d' hydravions. J'ajouterais qu'une rétention d'air au niveau de la pilosité des tarses, me paraît pouvoir compléter le dispositif.
 
Toujours pour imager le propos, et la fameuse "tension superficielle" des liquides, disons que la surface de l'eau se creuse sous le poids de la bestiole, comme le fait un drap tendu sous la pression du doigt ou de la main. Pour finir, sachez que les pattes intermédiaires sont plus spécialement "affectées" à la propulsion (telles des rames), les postérieures servant plutôt de gouvernail. Le tout fait bien sûr merveille sur l'eau , mais à terre la bestiole est incapable de se mouvoir, si ce n'est sous la forme de sauts totalement désordonnés.
 
flottaison d'un trombone; Flottaison d'une aiguille de couturiere. Gerris, extrémité d'une patte.
à gauche et au centre: illustration de la fameuse "tension superficielle" de l'eau, laquelle permet à un trombone ou une aiguille de flotter comme une plume. C'est là un classique du genre ... mais il est bien difficile de trouver plus démonstratif ! à droite: mise en évidence de la finesse des membres intermédiaires et postérieurs .... d'où la difficulté de les photographier avec un simple APN. Concrètement: TS= tarse, TB= tibia (en vue partielle). Diamètre des tibias en leur milieu: 1/10e de mm !
 
 
Gerris: detail  d'un tarse, photo 1 Gerris: detail d'un tarse, photo 2
à gauche: 1/2 tibia et tarse à 2 articles des pattes intermédiaires et postérieures à droite: détail du tarse. Par opposition aux pattes antérieures vous remarquerez la pilosité grossière et peu dense, mais surtout la présence constante de 3 grands poils sensoriels à la toute extrémité du tarse. A n'en pas douter, ce sont eux qui "captent" les vibrations transmises par l'eau lorsqu'une proie s'y déplace, y chute, ou s'y débat.
 
... et bio-indication !
 
Les Gerris sont d'excellents "bioindicateurs", leur mode de vie les rendant particulièrement sensibles aux pollutions, notamment à celles touchant la surface des eaux. En portant atteinte au "film porteur" (issu de la tension superficielle générée à l'interface de l'eau et de l'air) les "tensioactifs" condamnent nos Gerris à la noyade, le sol ( si je puis dire ! ) se dérobant sous leurs pattes. Sachant que ces tensioactifs sont omniprésents dans tous les produits d'hygiène et d'entretien ( entre autres ! ), et de surcroît avec une efficience telle "qu'une goutte suffit" ( comme dit la pub ! ), je vous laisse imaginer l'impact environnemental des innombrables détergents et assimilés quand les eaux usées ne sont pas traitées, le sont mal, ou le sont insuffisamment .... et cela sans parler du surdosage, quasi de règle !
 
Dimorphisme sexuel et accouplement
 
mâle ! .... Gerris: dimorphisme sexuel. ... femelle !
Les caractères sexuels dits "secondaires" étant inexistants chez les Gerris, il faut obligatoirement avoir recours à l'examen des "plaques génitales", c'est à dire de la partie ventrale des derniers segments abdominaux. Comme la photo le montre, la différence est nette, la confusion impossible ... mais une petite loupe n'est pas inutile !
 
 
Gerris: accouplement, photo 1. Gerris: accouplement, photo 2. Gerris: accouplement, photo 3.
 Le classique "chevauchement" des accouplements !
 
Quid !
Personnellement j'ai toujours vu mes Gerris se chevaucher "à bras le corps", comme ci-dessous, et donc on ne peut plus classiquement ... le couvert étant toutefois fréquemment remis ! Pour Sonia Dourlot (*) il en va très différemment puisqu' à propos du Gerris lacustre (Gerris lacustris), elle écrit "Comme chez la majorité des punaises, l'accouplement est brutal: le mâle, plus petit, pénètre la femelle n'importe où, dans l'abdomen, le thorax ou même la tête. Le corps de la femelle est en effet capable de concentrer la semence du mâle pour la diriger vers ses organes génitaux". ..............(*) - "Petite collection d'insectes de nos régions", édité par Larousse en 2008.
 
En d'autres termes l'auteure fait référence à la fameuse "copulation traumatique" (="insémination traumatique"), observable en mode intra abdominal chez la punaise des lits (Cimex lectularius). N'ayant rien vu de comparable chez mes bestioles ( pas même de velléités copulatoires disons "bizarroïdes" ! ), j'aimerais bien sûr lever le doute ... et suis donc preneur de toute info sur la question !
 
 
toujours ainsi .... Gerris: accouplement, detail ... ou pas toujours ?
... telle est la question !
Ponte
 
Gerris: oeufs sur allumette. Gerris: ponte, photo 1. Gerris: ponte, photo 2. Gerris: oeufs prêts à eclore
de gauche à droite: 1)- la taille des oeufs, via l'incontournable allumette; 2)- illustration du développement embryonnaire des oeufs, depuis le "frais pondu" (translucide), au "prêt à éclore" (yeux bien formés); 3)- remarquer l'ouverture "au rasoir" des oeufs éclos, et le stade du développement embryonnaire correspondant à l'acquisition des "ébauches oculaires"; 4)- éclosions imminentes ! En regardant bien on devine, entre les yeux ("tiret" noir), la carène qui permettra de trancher l'enveloppe de l'oeuf.
 
Larves
 
Les larves ressemblent aux adultes, mais elles s'en distinguent par l'absence d'ailes fonctionnelles. Totalement absentes chez les très jeunes larves, elles se font moignons, puis s'allongent progressivement au fur et à mesure des 5 stades larvaires. Elles deviennent fonctionnelles (du moins pour les formes "macroptères") lors de la mue dite "imaginale", autrement dit lors du passage à l'état adulte. La biologie des larves est identique à celle des adultes.
 
Gerris: neonate, photo 1. Gerris: neonate, photo 2. Gerris: neonate photo 3.
Larves naissantes !
 La marche sur l'eau et la prédation n'ont déjà plus de secrets pour ces "mini-gerris",
mais dans la nature on peut très vite passer du statut de "chasseur" .... à celui de "chassé" !
Chez les jeunes Gerris l'abdomen semble manquer, mais cette impression ... n'est qu'une impression !
 
 
Gerris: larves, photo 1. Gerris: larve, photo 2. Gerris: larve, photo 3. Gerris: larve, photo 4.
Exemples de larves montrant la différence des silhouettes et longueurs d'ailes, en fonction du stade de développement.
(disons que les jeunes larves sont très "ramassées", et qu'elles s'allongent au fil des stades larvaires)
Gerris: larve, photo 5. Gerris: larve, photo 6. Gerris: larve, photo 7. Gerris: larve, photo 8.
 
 
 
En guise de conclusion ...
 
Rappelez-vous ! .... une goutte suffit !
Merci de ne pas l'oublier !
 
 
FIN
 
les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr