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LE DORYPHORE !
(Leptinotarsa decemlineata, Coléoptère Chrysomelidae)
 
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doryphore adulteIntro !
 
Par-delà sa presque rareté, et des ravages qui le plus souvent appartiennent au passé, le Doryphore est un joli Coléoptère de la très grande famille des Chrysomélidés, insectes essentiellement phytophages.
 
Pour la Science c'est le Leptinotarsa decemlineata, dénomination latine qui fait référence à des tarses considérés comme grêles, et au fait que les élytres totalisent une dizaine de fines lignes noires.
 
Historique:

Originaire d' Amérique centrale, l'insecte a été découvert par SAY, en 1823, sur une Solanée sauvage (Solanum rostratum) des Montagnes Rocheuses. Profitant des plantations de pommes de terre, la bestiole s'est par la suite largement répandue, et en l'occurrence c'est peu dire.

Elle apparaît brièvement en Europe en 1875 (Angleterre, Allemagne, Suède), puis en France en 1900, mais sans davantage pouvoir s'implanter. Peu après la première guerre mondiale (1922) deux nouveaux foyers d'infestation (Sud-Ouest, et sud du Massif central) permettent cette fois la propagation de l'espèce, avec plein essor et généralisation à partir de 1940, c'est à dire au cours de la seconde guerre mondiale (cf. anecdote 2).

De nos jours on ne peut guère parler de prolifération, et encore moins de pullulations (du moins chez nous), tant la lutte contre le ravageur a gagné en efficience. Reste qu'elle est essentiellement chimique, d'où de multiples incidences, notamment sur notre entomofaune. À titre d'exemple le grand Sphinx tête de mort (Acherontia atropos, ci-dessous) en fait bien souvent les frais. Ses chenilles vivent en effet sur les Solanées, et très fréquemment sur la pomme de terre où elles se voient évidemment décimées.
 
 
Acherontia atropossphinx tête de mort (acherontia atropos) et détail ou Sphinx tête de mort !
Ce grand papillon nocturne (12 cm d'envergure), est devenu un insecte rare. Remarquer l'étonnant graphisme qui lui a valu son nom, mais aussi la croyance populaire (et totalement infondée !) d'être de mauvais augure.
 
 
Biologie et développement
 
Quand le réchauffement du sol est suffisant (avril-mai) les adultes hivernants (ci-dessous) commencent à sortir , et à se reproduire. A terme, et le plus souvent en juillet, ils donneront une nouvelle génération d'insectes adultes. Selon le cas ces derniers pourront se reproduire, ou se voir momentanément contraints d'estiver, ce qui correspond à une sorte de diapause.
 
couple de doryphorecouple de doryphore (femelle en vue ventrale)
Chez le Doryphore les sexes sont semblables, le mâle étant généralement plus petit.
 
 
Compte tenu de la longévité de l'insecte, et des sorties d'hivernage très échelonnées, les générations se superposent plus ou moins, et tous les stades de développement peuvent s'observer simultanément. A la fin de l'été les adultes survivants vont s'enterrer pour passer l'hiver, et ils se réactiveront au printemps afin de perpétuer l'espèce.
Le cycle de cette Chysomèle est à la fois très rapide (5 à 6 semaines), et très classique. Les œufs, de 500 à 7 ou 800 sont pondus à l'envers des feuilles par paquets isolés de 30 à 50 œufs (ci-dessous). En l'espace d'une semaine ils donneront des larves, lesquelles vont bien sûr s'empresser de passer à table. A terme, et en cas d'attaque sévère non jugulée, les parties aériennes de la plante peuvent se voir complètement défoliées.
 
 
ponte de doryphorelarves naissantes de doryphore
un des multiples lots composant une ponte de Doryphore, et larves naissantes
 
 
 
début 2e stade larves de doryphore (2e stade)larves de doryphores (3e stade)fin 3e stade
 
les "bébés" doryphores profitent bien, et même plus que bien !
 
 
Au bout de 15 à 20 jours, et d'une croissance subordonnée à 3 mues, la larve va s'enterrer pour effectuer sa nymphose (ci-dessous) puis sa mue imaginale. Cette période est là encore très brève, l'insecte adulte apparaissant de 10 à 15 jours plus tard.
 
 
 nymphes de doryphores
Tout comme les ailes, voir anecdote ci-dessous,
les nymphes du doryphore sont d'une couleur bien peu banale....
 
 
chromatogenèse du doryphore
mue imaginale et chromatogenèse du Doryphore.
 Nota: à gauche la mue imaginale vient de se faire, puis dans les heures suivantes le tégument du jeune adulte va progressivement se durcir, et acquérir la coloration propre à l'espèce, c.a.d. comme ci-dessous.

 

 
.....et la nouvelle génération .... accouplement de doryphores ....se met très vite au travail !

Pour la petite histoire…

doryphore ailes ouvertesL'entomologie est une science aux multiples facettes, et si certains s'adonnent à la traditionnelle collection, il en est qui se consacrent plutôt à l'observation ou à l'élevage. Pour d'autres la passion de l'insecte s'exprime au travers de la photographie ou de la vidéo, et d'autres encore privilégient le dessin, la peinture, voire même la sculpture.

La liste n'est pas exhaustive, et je prendrais le cas d'un ami qui se cantonne aux insectes de son jardin, et le plus souvent à 1 couple par espèce. L'originalité de sa collection tient à la fois dans la diversité des espèces collectées, mais aussi dans leur présentation et surtout dans une préparation telle que l'insecte semble doué de vie, et le cas échéant prêt à prendre son essor.
 
Comme ci-dessus, c'est souvent l'occasion de découvrir la "face cachée" des élytres, ce que les préparations conventionnelles ne permettent pas. Avec ses surprenantes ailes roses, convenez que notre doryphore méritait bien cette petite parenthèse.

… et pour la grande !

Comme nous l'avons vu le doryphore a véritablement commencé à envahir la France en 1940, période où l'Allemagne faisait de même. Les deux appréciant nos "patates", et la rondeur des casques valant bien celle des carapaces, les soldats allemands sont très vite devenus des "doryphores".

Cette métaphore était évidemment censée tourner l'ennemi du moment en dérision, bien piètre consolation en vérité. Par-delà le symbolisme, et le péjoratif, elle permettait néanmoins d'évoquer l'occupant à son insu, et à l'occasion de s'offrir malgré tout une petite satisfaction qui pourrait se qualifier de bien française.
 
 
FIN
 
lles pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr