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la Carte géographique (Araschnia levana) !
(Lépidoptère Nymphalidae)
 
(page 2 sur 3)
 
 
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Intro !
 
Par-delà son apparente insignifiance, sachez que ce papillon témoigne d'originalités à nulles autres pareilles. Avant de les découvrir, notez que cette "page entomo" est la 100 e du genre, et croyez-moi ce n'est pas rien , ne serait ce qu'en regard du temps passé pour les réaliser. C'est d'autant plus vrai qu'elles ne doivent rien à personne, qu'il s'agisse des illustrations, des textes, ou encore de la partie informatique de ce site (conception, réalisation, gestion).
 
Vous me permettrez-donc de faire sauter le traditionnel bouchon , tout en souhaitant longue vie à la Nature, aux naturalistes, et bien sûr aux "bestioles" en tous genres, sans lesquelles ce site ne serait pas ce qu'il est !
 
Présentation
 
Comparé en son temps à une toile d'araignée, le curieux graphisme du revers des ailes ce papillon (ci-dessous) lui a valu l'appellation latine d' "Araschnia". C'était oublier un peu vite les partisans d'une ressemblance avec un figuré géographique, d'où l'étonnant nom vernaculaire de "Carte géographique". Ce faisant l'honneur s'est trouvé sauf des deux bords .... mais reste à savoir ce qu'en pense la principale intéressée !
 
Ce "papillon de jour" est la plus petite des Vanesses européennes, et son envergure n'excède pas 30 à 40 mm, là ou d'autres, tel le " Morio" (Nymphalis antiopa) avoisinent le double. L'espèce est généralement localisée, mais souvent commune là où elle vit. Depuis quelques décennies ce papillon est en très nette extension, en Europe comme en France, et le fait est suffisamment rare pour être souligné. La progression se fait tout au long des cours d'eau, y compris de simples ruisseaux, la bestiole y trouvant les prairies plus ou moins mouillées qu'elle affectionne ... et les orties pour le "pain quotidien" de ses chenilles.
 
toile d'araignée ....."Carte géographique" (Araschnia levana)  revers  des ailes sur spécimen de collection.. "Carte géographique" (Araschnia levana) gros plan sur revers de l'aile postérieure.... ou carte géographique
.... telle est la question !
 
La grande originalité de l'espèce est d'avoir 2 générations complètement différentes (ci-dessous), cas extrême du phénomène appelé "dimorphisme saisonnier". Issue de chrysalides hivernantes, la génération vernale (= d'hiver) apparaît en Mai-Juin, et elle est de couleur fauve. Ces formes claires vont bien sûr se reproduire, et donner la seconde génération qui elle sera quasi noire (forme "prorsa"), et volera de la mi-juillet à fin août.
 
la première génération ...."Carte géographique" (Araschnia levana)  forme vernale, spécimen de collection."Carte géographique" (Araschnia levana)  forme prorsa in natura, photo 1.... et la seconde ( = "prorsa" ! )
Exemplaires de collection (perso)
 
La descendance de cette seconde génération est normalement destinée à hiverner, mais une partie des chrysalides peut éclore prématurément, quand les conditions climatiques le permettent. Il s'ensuit une pseudo troisième génération, semblable à la seconde, mais au sein de laquelle peuvent apparaître de peu fréquentes formes individuelles (dites "porrima"), dont la coloration est intermédiaire entre la phase vernale et l'estivale.
 
La forme claire, dite vernale !  
"Carte géographique" (Araschnia levana), femelle de 1e génération, photo 1  "Carte géographique" (Araschnia levana), femelle de 1e génération, photo 2 "Carte géographique" (Araschnia levana), mâle de 1e génération, photo 1
Par-delà le dimorphisme saisonnier, il s'agit en fait d'une classique première génération issue de chrysalides ayant passé l'hiver en l'état, comme cela s'observe chez de nombreuses espèces "bivoltines" (= 2 générations annuelles); ci-dessous à droite: le revers des ailes est identique chez les 2 générations.
"Carte géographique" (Araschnia levana), femelle de 1e génération, photo 3 "Carte géographique" (Araschnia levana), mâle de 1e génération, photo 2 "Carte géographique" (Araschnia levana), revers des ailes..
  
 
Elle ...  "Carte géographique" (Araschnia levana), femelle de 1e génération. ................."Carte géographique" (Araschnia levana), mâle de 1e génération. ... et lui !
Illustration du dimorphisme sexuel chez la forme vernale.
Outre une taille plus avantageuse (et un volume abdominal à l'avenant eu égard aux oeufs), la femelle se différencie surtout par une coloration globale nettement plus claire (le fauve dominant le noir), et par ses ailes antérieures plus largement arrondies ... et donc moins pointues ! ... comme dirait Monsieur de La Palice !
 
 
 La forme estivale dite "prorsa" !
"Carte géographique" (Araschnia levana)  forme prorsa in natura, photo 2 "Carte géographique" (Araschnia levana)  forme prorsa in natura, photo 3 "Carte géographique" (Araschnia levana)  forme prorsa in natura, photo 4. "Carte géographique" (Araschnia levana prorsa) , en main.
Araschnia levana prorsa ... tous azimuts ! 
 
 
Elle ... "Carte géographique" (Araschnia levana prorsa) femelle in natura............. "Carte géographique" (Araschnia levana prorsa)  mâle in natura. ... et lui !
Le dimorphisme chez la forme prorsa !
La femelle est là aussi un peu plus grande, et sensiblement plus ventrue,
mais elle se différencie surtout par l'ampleur des taches blanches, nettement plus réduites chez le mâle.
  
La ponte
 
Elle s'effectue classiquement sur la plante nourricière, et en l'occurrence sur les orties. Vous noterez que cette "mauvaise herbe" donne vie à de nombreux insectes, et notamment aux plus beaux et plus familiers papillons de nos jardins, tels le "Paon du jour", ou encore le "Vulcain" (voir site). Comme souvent la ponte se fait au revers des feuilles, ce qui protège les oeufs des intempéries et des prédateurs ... du moins autant que faire se peut !
 
La ponte proprement dite est là encore très originale, car elle se présente sous la forme de minuscules colonnettes constituées d'oeufs assemblés bout à bout. Les colonnes en question, 5 ou 6 par ponte, sont appendues sous le feuillage, chacune comportant jusqu'à 12 ou15 oeufs (j'ai même trouvé 17 ! ). La durée de l'incubation est de l'ordre de 8 à 10 jours.
 
"Carte géographique" (Araschnia levana prorsa) femelle à pondre. "Carte géographique" (Araschnia levana prorsa) femelle à pondre, détail. "Carte géographique" (Araschnia levana), ponte, photo 1. "Carte géographique" (Araschnia levana), ponte, photo 2. "Carte géographique" (Araschnia levana), ponte avec allumette/échelle, photo 1. "Carte géographique" (Araschnia levana), ponte avec allumette/échelle, photo 2.
de gauche à droite: 1 & 2)- femelle à pondre, avec vidéo en prime ! .... exceptionnel !
(à cette occasion j'étais véritablement vautré dans les orties, avec l'APN à bout de bras, car la bête était au fond d'un fossé bordant une route de campagne)
à suivre: exemples de pontes ... y compris avec mon "échelle" favorite !
 
 
"Carte géographique" (Araschnia levana), ponte  embryonnée, photo 1. "Carte géographique" (Araschnia levana), ponte  embryonnée, photo 2. "Carte géographique" (Araschnia levana), ponte  embryonnée, photo 3. "Carte géographique" (Araschnia levana), ponte  en cours d'éclosions.
Exemples de développements embryonnaires; à droite: début des éclosions !
 
 
"Carte géographique" (Araschnia levana), femelle sous feuille d'ortie. "Carte géographique" (Araschnia levana), autre exemple de ponte. "Carte géographique" (Araschnia levana), détail des oeufs.
à gauche: future ponte ... ou simple sieste ! au centre: pas facile à trouver "in natura" !
(beaucoup de patience, de bons yeux ... et un zest de chance ! )
à droite: gros plan ... et même très gros plan !  
 
La chenille !
 
Les chenilles de la "carte géographique" sont grégaires, avec dispersion générale après la dernière mue larvaire. Elles sont noires, épineuses, et ressemblent à des chenilles de "Paon du jour" (Inachis io), lesquelles vivent également sur les orties (voir site). C'est encore plus vrai quand ces dernières sont à mi parcours de leur développement, mais comme vous le verrez les chenilles d'Araschnia s'en distinguent aisément, moyennant un peu d'attention..
 
"Carte géographique" (Araschnia levana),  groupe de chenilles sur ortie. "Carte géographique" (Araschnia levana),  chenille à terme sur  allumette/échelle, photo 1. "Carte géographique" (Araschnia levana),  chenille à terme sur  allumette/échelle, photo 2.
Chenilles d'Araschnia levana "in natura", et sur mon incontournable allumette !
 
La défense !

Les chenilles d'Araschnia sont dotées d'épines tégumentaires "barbelées", à la fois très nombreuses et très acérées ... de quoi décourager les gosiers affamés ! Ces chenilles ne sont pas urticantes et leur manipulation est sans danger pour les épidermes normalement constitués. En cas de tendances allergiques mieux vaut cependant s'abstenir ... des fois que !

 
"Carte géographique" (Araschnia levana), chenille et son armature épineuse "Carte géographique" (Araschnia levana), chenille et son armature épineuse, détail...................... "Carte géographique" (Araschnia levana),  chenille  en enroulement défensif, photo 1. "Carte géographique" (Araschnia levana),  chenille  en enroulement défensif, photo 2.
à gauche: l'impressionnante armure épineuse défensive ... sans danger pour tout épiderme normalement constitué ! Sur l'agrandissement, remarquer la zone de rupture des extrémités épineuses (telles les ampoules pharmaceutiques autocassables); à droite: illustration de l'enroulement défensif, à la manière du hérisson se mettant en boule.
 
Quelque soit leur âge, ces chenilles usent par ailleurs d'un système de défense extrêmement simple, et néanmoins particulièrement efficace. Il consiste en effet à se laisser tomber, corps enroulé en anneau, et à disparaître ainsi dans la végétation sous-jacente. Leur capacité de discernement est par ailleurs assez surprenante car tout le monde "décroche" dès qu'on touche l'ortie abritant la colonie, et rien ne se passe quand les feuilles s'agitent sous l'effet du vent. Une fois l'alerte passée, toutes remontent sur les orties, se retrouvent, et se regroupent là où elles étaient, alors que l'enroulement des corps génère des "roulés-boulés" favorisant la dispersion des points de chûtes, et donc des fuyardes.
 
Pour les curieux !

Chenilles de "Cartes géographiques" ou chenilles de "Paons du jour", telle est la question pouvant parfois se poser. Outre leur ressemblance, les 2 espèces se développent en effet sur les orties, et leur comportement est de surcroît très comparable. Comme vous le verrez ci-dessous, un minimum d'attention permet cependant d'aisément les différencier.

 
la chenille du "Paon du jour" (Inachis io) ! .... "Paon du jour" (Inachis io), chenilles à terme en main. "Carte géographique" (Araschnia levana),  chenille à terme  en main. ... la"Carte géographique" (Araschnia levana) !
A première vue une indéniable ressemblance ... à y regarder de plus près, bien des dissemblances !
 
 
"Paon du jour" (Inachis io), chenille en main. "Paon du jour" (Inachis io), chenille en main, détail. ..................... "Carte géographique" (Araschnia levana),  chenille à terme. "Carte géographique" (Araschnia levana),  chenille à terme, détail.
Les critères de différenciation :
à gauche: Paon du jour (Inachis io): 40 mm à terme, pas de cornes céphaliques, points blancs très visibles, épines "monostyles".
à droite: Carte géographique (Araschnia levana): 20 mm à terme, 2 cornes céphaliques, points blancs à peine visibles, épines "barbelées".
 
 
 
les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr