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la NÈPE CENDRÉE ou SCORPION d'EAU !
(Nepa cinerea, Hétéroptère Nepidae)
 
(page 3 sur 5)
 
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Dimorphisme sexuel !

Comme les illustrations ci-dessous le montrent, les sexes sont très peu différents, pour ne pas dire indifférenciables à l'oeil nu. Le mâle est toutefois un peu plus petit, et surtout plus étroit, mais sauf à disposer des 2 sexes ( et encore ! ) l'examen des plaques génitales reste indispensable. Quand on connaît bien la bête le sexage à vue est possible, mais une vérification peut parfois s'imposer dans la mesure où la taille des bestioles est censément plus ou moins variable. En d'autres termes il peut y avoir de grands mâles, et de petites femelles ... comme chez les humains !

 
Nèpe cendrée (Nepa cinerea),  couple, vue dorsale. Nèpe cendrée (Nepa cinerea),  couple, vue ventrale. Nèpe cendrée (Nepa cinerea),  extrémité abdominale du mâle Nèpe cendrée (Nepa cinerea),  extrémité abdominale de la femelle.
Illustration du dimorphisme sexuel de la nèpe !
de gauche à droite: 1)- couple vu de dessus (mâle en haut); 2)- couple en vue ventrale ( mâle idem ! ); 3)- extrémité abdominale du mâle, face ventrale, avec plaque génitale nettement ogivale 4)- chez la femelle cette même plaque génitale (en fait la tarière ! ) est non moins nettement triangulaire et pointue.
 
 
Femelle !
Nèpe cendrée (Nepa cinerea),  la tarière, photo 1. Nèpe cendrée (Nepa cinerea),  la tarière, photo 2 ............. Nèpe cendrée (Nepa cinerea),  la tarière et l'ovipositeur, photo 1. Nèpe cendrée (Nepa cinerea),  la tarière et l'ovipositeur, photo 2.
Le dispositif de ponte !
à gauche: triangulaire, acérée, munie d'une base articulée et d'une gouttière interne, telle se présente la tarière. Elle sert à la fois de guide pour l'organe de ponte proprement dit (= ovopositeur = oviscape), et à insérer l'oeuf dans le substrat; à droite: mise en évidence de l'ovipositeur. Pour une meilleure compréhension du dispositif, voyez les agrandissements.
 
 Mâle !
Nèpe cendrée (Nepa cinerea),  édéage du mâle, vue  ventrale. Nèpe cendrée (Nepa cinerea),  édéage du mâle, vue  ventrale de 3/4. Nèpe cendrée (Nepa cinerea),  édéage du mâle, vue  dorsale. Nèpe cendrée (Nepa cinerea),  édéage du mâle, vue de profil.
L'édéage ( = "pénis") du mâle !
de gauche à droite: vues ventrale; ventrale de 3/4; dorsale; de profil
Comme souvent chez les insectes, l'édéage est volumineux. Ces vues "tous azimuts" permettent de visualiser les différentes parties et "pièces" le constituant. Vous noterez que la saillie de l'organe a pour effet de fortement écarter les valves de l'extrémité abdominale, dont celles portant le siphon. Il s'ensuit une disjonction des gouttières, avec écartement pouvant aller très au-delà des 60°, d'où une notable incidence au niveau de l'accouplement.
 

L'accouplement !

Les Nèpes deviennent adultes au cours de l'été, généralement de juillet à août, mais elles vont s'accoupler, et pondre, au printemps suivant (d'avril à juin). Au pays des nèpes l'accouplement se fait par "chevauchement", là où le mode "en opposition" prévaut largement chez les punaises. Il se passe très près de la surface, voire carrément en surface, et même hors d'eau, car la sortie de l'édéage ( = "pénis" ! ) écarte les 2 gouttières du siphon aérifère, et le rend donc inopérant.

Les accouplements sont répétitifs, y compris au cours d'une même phase de chevauchement. Suite à la concentration spatiale des 2 sexes, inévitable en élevage, j'ai d'ailleurs été amené à retirer les mâles de mon "nèpodrome", car à tort ou à raison j'avais la très nette impression que les femelles n'avaient pas la tranquillité voulue pour pondre, tant elles étaient "sollicitées". J'ajouterais qu'elles étaient pourtant "rondes" à souhait, et comme vous le verrez porteuses d'oeufs parfaitement formés, d'où mon incompréhension face à des pontes se faisant attendre au-delà du raisonnable, du moins me semblait-il.

 
Nèpe cendrée (Nepa cinerea),  prélude à l'accouplement, photo 1. Nèpe cendrée (Nepa cinerea),  prélude à l'accouplement, photo 2. Nèpe cendrée (Nepa cinerea),  prélude à l'accouplement, photo 3. Nèpe cendrée (Nepa cinerea),  prélude à l'accouplement, photo 4.
ci-dessus : toujours malaisés à repérer et photographier, ce genre de duo ne doit rien au hasard. Au gré de ces photos vous remarquerez la "végétalisation" des téguments, laquelle ajoute à l'efficience du camouflage d'un insecte chassant à l'affût; ci-dessous : l'accouplement proprement dit se réalise par chevauchement, mais l'accès à la femelle se faisant plus ou moins obliquement, le mâle est souvent tenu de se positionner en conséquence, et de très fortement replier l'abdomen. La "manip" si je puis dire est parfaitement illustrée par cette vidéo.
Nèpe cendrée (Nepa cinerea),  accouplement, photo 1. Nèpe cendrée (Nepa cinerea),  accouplement, photo 2. Nèpe cendrée (Nepa cinerea),  accouplement, photo 3. Nèpe cendrée (Nepa cinerea),  accouplement, photo 4. Nèpe cendrée (Nepa cinerea),  accouplement, photo 5. Nèpe cendrée (Nepa cinerea),  accouplement, photo 6.
 
 
... et même hors d'eau ... en nocturne ! 
Nèpe cendrée (Nepa cinerea)  accouplement hors d'eau, photo 1 Nèpe cendrée (Nepa cinerea)  accouplement hors d'eau, photo 2 Nèpe cendrée (Nepa cinerea)  accouplement hors d'eau, photo 3 Nèpe cendrée (Nepa cinerea)  accouplement hors d'eau, photo 4
ci-dessus : de nuit, comme déjà dit, les népes se dégourdissent volontiers les pattes ... et plus si affinités !
ci-dessous à gauche : en dépit d'un siphon respiratoire brisé et nettement écourté, ce mâle se comporte à l'évidence normalement ... y compris en toutes circonstances ! à droite : détail d'un accouplement (cette fois en eau, les siphons pointant visiblement en surface) montrant l'enchevêtrement des extrémités abdominales et des organes sexuels. Pas simple de rendre à chacun des partenaires ... ce qui lui appartient !
Nèpe cendrée (Nepa cinerea) , accouplement hors d'eau. Nèpe cendrée (Nepa cinerea)  accouplement, détail.
 
La ponte !
Avant-propos !
Je pouvais commencer par la fin, si je puis dire ( et vous le pouvez également ! ), mais il m'a paru bon de développer le cheminement expérimental, à la fois pour le "vécu" dont ce site se réclame, mais également pour l'exemplarité du sujet face à une forme de "copié-collé" particulièrement répandue sur le Web. Reprendre à son compte ce que d'autres ont dit, fait, ou écrit, est à l'évidence monnaie courante, si bien que le lecteur a tendance à considérer la concordance des données comme "parole d'évangile" ... ce qui ne l'est pas toujours ! Il peut en effet s'ensuivre des contre-vérités, des non-sens, des imprécisions, des erreurs d'interprétation, et autres inexactitudes à l'avenant.

La nèpe étant une des grandes curiosités de la mare (tout comme sa cousine la ranatre ! ) elle est évidemment très présente sur le web. Nul ne peut donc ignorer les modalités de sa reproduction, du moins dans les grandes lignes, tant elles sont reprises et "re-reprises" par les différents auteurs. Par contre, et le paradoxe est d'importance, il est totalement impossible de trouver la moindre illustration se rapportant à la ponte, d'où mes doutes sur la pertinence desdites modalités ... et une "saga expérimentale" que je vous invite à partager !

Premières observations
En théorie, et pour résumer les écrits des uns et des autres, les oeufs seraient insérés dans les végétaux flottants. Pourtant très prisés des ranatres, d'alléchants nénuphars et potamots ont été totalement dédaignés par mes nèpes, y compris dans la durée. Sans doute en raison de leur moindre résistance à la pénétration, des débris végétaux fortement dégradés se sont vus gratifiés de quelques oeufs, mais a priori sans réelle conviction ... disons du bout de la tarière !

Les oeufs en contact étant collés entre eux, via une sorte de gel transparent, il est possible que ce dernier ajoute à la cohésion avec le support. Vous noterez que les oeufs de la "cousine ranatre" (voir page entomo) sont plus régulièrement et soigneusement insérés, cette fois dans le vif des végétaux et qu'ils portent seulement 2 "antennes" aérifères disposées en "V", là où ceux de la nèpe en comportent de 5 à 8, disposés en corolle.

Beaucoup d'oeufs donnant l'impression d'être déposés en dépit du bon sens, et en l'occurrence de fréquemment jouer les sous-marins, il est tentant de minimiser le rôle et l'importance des antennes aérifères des nèpes. Bien qu'ils soient à coup sûr fécondés ( eu égard à la démesure génésique des mâles ! ) je ne saurais dire si les oeufs immergés sont viables ou pas, car à l'heure où j'écris ces lignes (1e juillet, c'est du "live" ! ) je n'ai pas encore d'éclosions, et j'ignore la durée de l'incubation.

Compte tenu de ceux déjà formés, et de ceux à venir ( l'échelonnement de la ponte favorisant logiquement la production ovarienne) le nombre total des oeufs émis est probablement relativement conséquent. Les pertes imputables à la "négligence" des femelles, ou occasionnées par les intempéries (entre autres facteurs) se verraient ainsi compensées ... solution aussi classique qu'efficace !

 
Nèpe cendrée (Nepa cinerea),  fenêtre ventrale montrant les oeufs en place, photo 1. Nèpe cendrée (Nepa cinerea),  fenêtre ventrale montrant les oeufs en place, photo 2. Nèpe cendrée (Nepa cinerea),  fenêtre ventrale montrant les oeufs en place, photo 3.
Quand on aime, on ne compte pas ... d'où cette triple illustration du même sujet !
La déception causée par la perte accidentelle de cette femelle pleine ( et même plus que pleine ! ) s'est vue compensée par ces images.
ci-dessus : après découpe d'une "fenêtre", vous noterez l'importance du nombre d'oeufs "prêts à être pondus"; ci-dessous à gauche: gros plan, sur les oeufs; au centre : extraction ( grossière ! ) des ovaires et ovarioles, avec oeufs "in situ", à droite : oeufs extraits, et vraiment sur le point d'être pondus. Vous noterez le nombre et la disposition des filaments aérifères.
Nèpe cendrée (Nepa cinerea),  détail des oeufs , en place. ...............Nèpe cendrée (Nepa cinerea),  extraction des ovarioles avec oeufs en place, photo 1....Nèpe cendrée (Nepa cinerea),  extraction des ovarioles avec oeufs en place, photo 2... Nèpe cendrée (Nepa cinerea),Nèpe cendrée (Nepa cinerea),  extraction des ovaires avec oeufs en place, photo 3. .............. Nèpe cendrée (Nepa cinerea), oeufs prêts à pondre, prélevés sur femelle morte.
 
 
Nèpe cendrée (Nepa cinerea), oeuf prélevé sur femelle morte, photo 1. Nèpe cendrée (Nepa cinerea), oeuf prélevé sur femelle morte, photo 2. Nèpe cendrée (Nepa cinerea), oeuf prélevé sur femelle morte, photo 3.
Là encore il s'agit d'oeufs "mûrs", et donc prêts à être pondus ... mais non encore pondus !
 
 
 
les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr