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le LUCANE ou CERF-VOLANT !
(Lucanus cervus, Coléoptère Lucanidae)
 
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L'oeuf et la larve !
 
Les femelles "pondeuses" s'enterrent plus ou moins profondément (10 à 30 cm, voire plus) au pied du "garde-manger" choisi (vieille souche, grosses racines de chênes sénescents). La ponte, une trentaine d'oeufs maxi, est généralement fractionnée en 2 ou 3 épisodes, avec reprise d'activité dans les intervalles. La première ponte, en quelque sorte principale, comporte 10 à 15 oeufs. De moindre importance la seconde "tranche" est rarement suivie d'une quasi relictuelle 3e ponte. Les oeufs sont émis en terre, au plus près du bois nourricier, si ce n'est à son contact. Le développement larvaire porte sur 3 à 5 ans, parfois plus, selon les conditions climatiques du lieu et les qualités nutritionnelles du bois ingéré. A terme les plus grosses larves atteignent quasiment la taille d'un doigt.
 
oeufs de Lucane (Cerf-volant) larve naissante de Lucane Cerf-volant (photo 1) larve naissante de Lucane Cerf-volant (photo 2) larve naissante de Lucane Cerf-volant (photo 3) larves naissantes de Lucane Cerf-volant (duo)
Oeufs et larves naissantes de Lucane!
En dépit de 3 femelles captives, avec gîte et couvert "4 étoiles", je n'ai pu obtenir un seul oeuf.
Il aura fallu une 4e femelle, opportunément trouvée enterrée au pied d'un vieux chêne ... avec les oeufs ci-dessus!
 
 
La larve du lucane (ci-dessous) est de type mélolonthoïde, c.a.d. arquée comme celle du hanneton commun (Melolontha melolontha) qui fait référence. Elle se développe dans le bois mort en voie de décomposition et à ce titre elle est qualifiée de saproxylophage. Le chêne est son arbre de prédilection et elle se développe très souvent au pied des arbres morts, ou au détriment des racines de sujets âgés et dépérissants. Elle affectionne également les souches ou encore les bois tombés à condition qu'ils soient d'un certain volume et en contact avec le sol car elle mène une vie plus ou moins souterraine. Le Lucane peut se développer dans diverses autres essences non résineuses (et entre autres le Châtaignier) mais le chêne a néanmoins sa préférence.
 
 
larve de lucane extraite larve de lucane "in situ"
exemple de larve de lucane (non encore arrivée à son maxi)
 
Evitez de tenir une larve main fermée, car en cas de "morsure" vous ne pourrez strictement rien faire, sinon attendre que la bête veuille bien lâcher prise. Pour l'avoir une fois expérimenté à mes dépens, je puis dire que l'expression "prendre son mal en patience" est vraiment de circonstance, surtout avec une grosse larve, comme c'était le cas. Bien entendu la morsure est en quelque sorte plus "réflexe" qu' intentionnelle, mais le résultat est là ! 
 
Ne pas confondre !
 
La larve du "Rhinocéros" ( Oryctes nasicornis, voir site ) partage parfois les mêmes gîtes que celle du Lucane, mais si la forme générale et la taille sont très comparables, le "crâne" diffère nettement. Comme les illustrations ci-dessous en témoignent, il est lisse et clair chez le lucane, et au contraire foncé et fortement ponctué chez le Rhino.
 
Lucanus cervus tête de larve de lucane tête de larve de Rhinoceros Oryctes nasicornis
 
Etonnant !
 
Compactée ( pour ne pas dire bétonnée ! ) par 35 années d'existence, une petite allée gravillonnée du jardin est bordée au plus près par de vieux chênes têtards, et quelques grosses racines superficielles empiètent un peu ça et là sur le passage. A l'occasion de mon traditionnel "tour de jardin" matinal, un petit tumulus terreux a attiré mon attention, d'autant qu'il jouxtait une des fameuses racines.
 
Bien entendu ça sentait la bestiole à plein nez, mais qui pouvait ainsi creuser dans un sol dont le caractère inhospitalier était encore aggravé par une sécheresse persistante. Tournevis aidant j'ai fini par débusquer une petite femelle lucane venue pondre, et contribuer ainsi à l'inéluctable dégradation d'une racine vieillissante. Je vous laisse imaginer la puissance des mandibules, et les heures de labeur nécessaires pour réaliser un tel creusement. Imaginez également ce qu'il adviendrait d'un doigt imprudemment présenté, même si la bestiole est particulièrement passive et totalement dépourvue d'agressivité. Est-il besoin de le préciser, j'ai fait en sorte que Dame Lucane puisse terminer son ouvrage en paix, sachant qu'en son pays la vie vous abandonne souvent là où vous avez choisi de la donner.
 
 Lucane cerf-volant (Lucanus cervus), tumulus de ponte, photo 1. Lucane cerf-volant (Lucanus cervus), tumulus de ponte, photo 2. Lucane cerf-volant (Lucanus cervus),  femelle à pondre, photo 1. Lucane cerf-volant (Lucanus cervus),  femelle à pondre, photo 2.
 Le tumulus ayant attiré mon attention (voir ci-dessus) et la femelle lucane trouvée à pondre.
 
La nymphe !
 
Le moment venu, c'est à dire au terme de leur croissance, les larves s'enterrent assez profondément et se confectionnent une loge à leur mesure, comme ci-dessous. Elles s'y transformeront en nymphes, puis en insectes parfaits l'automne venu, mais ces derniers n'émergeront qu'au début de l'été suivant.
 
loge nymphale.... Loge de Lucane ....de "Cerf volant"
En dépit d'une taille déjà fort impressionnante, vous noterez qu'il s'agit de la loge d'une petite larve.
Chez les grands spécimens, la loge en question peut outrepasser le volume d'une boule de pétanque !!!
 
 
nymphe de lucane mâle dans sa loge Nymphe de Lucane mâle (photo 1) nymphe de lucane mâle (photo 2) nymphe de lucane mâle (photo 3)
de gauche à droite: 1)- loge nymphale de lucane avec mâle "minor" (fin juin); 2 à 4)- la nymphe. Vous noterez qu'elle est beaucoup plus spectaculaire chez le mâle "major", et vous noterez également le particularisme de l' "extrémité abdominale" des nymphes de lucanes mâles ....à découvrir avant de conclure !
 
 
.... et suite logique !
 
lucane mâle: nymphe à terme dans sa loge nymphe de lucane mâle, peu avant la mue imaginale. lucane mâle venant de faire sa mue imaginale (photo 1) lucane mâle venant de faire sa mue imaginale (photo 2)
de gauche à droite: 1)- notre petite nymphe, en loge, à 48 h de son passage à l'adulte.
2)- la même, extraite de sa loge (sur l'agrandissement, et par transparence, ont distingue nettement les tibias épineux);
3 & 4)-un lucane est né !
 
 
....et pour le plaisir ...tout simplement !
 
lucane: nymphe femelle dans sa loge nymphe femelle de lucane nymphes (mâle et femelle) de lucane
à gauche et au centre: nymphes de lucanes femelles; à droite: comparaison des "sexes nymphaux" ( mâle au-dessus ! )
 
 
.... qui l'eut cru !
 
et en plus ..... pénis en queue de cochon ..... c'est vrai !
Comme le cochon, la nymphe du lucane mâle a la queue en tire-bouchon !
En fait, et vous l'aurez compris, il s'agit du futur pénis ....qui trouvera forme et place plus conformes à l'état adulte !
 
La Loi de la Nature ! 

Ces insectes étant très fréquemment la proie des rapaces nocturnes, les grandes allées forestières sont parfois jonchées de restes de Lucanes mâles. Le plus souvent il s'agit de têtes et de thorax encore unis, comme ci-dessous, suite à la section de l'abdomen, seule partie à l'évidence consommable.

 
Un très édifiant exemple de "recyclage" ... .... d'après une photo de Serge Tejero !
 
Ces "massacres" ont été trouvés fin Mai 2009, dans l'Yonne. Ils étaient regroupés sur moins de 2 mètres carrés de pelouse,
sous un érable rouge servant manifestement de "salle à manger" à un rapace nocturne.
Avec un grand merci à Mr Serge Tejero, pour sa très aimable contribution ! 
 
Lucanus tetraodon , alias le lucane méridional !

Morphologiquement très proche, et un temps considéré comme simple sous-espèce ( voire carrément "négligé" ! ), le lucane méridional (Lucanus tetraodon) n'excède pas 50 mm, et de prime abord la confusion est aisée avec des "cervus" de petite taille. Outre la relative modestie de sa stature, le lucane méridional est plus sombre, plus terne, et le peigne antennaire a 6 dents ... et donc une de plus que son "grand frère" ! A cela s'ajoute un denticule mandibulaire très différemment situé qui représente, à mon avis, le plus fiable critère sélectif (illustré ci-dessous). La biologie de L. tetraodon est identique à celle de L. cervus.

...............
à gauche : à taille comparable ce duo (cervus à gauche et tetraodon à droite), illustre bien la ressemblance de ces 2 espèces, en quelque sorte "jumelles"; à droite : chez cervus les denticules (cerclés de rouge) sont proches de l'extrémité des mandibules, et chez tetraodon (cerclés de vert) ils sont au contraire proches de la base. Insectes issus de ma collection.
 
Pour conclure.... 
 
Compte tenu de la biologie de l'insecte il importe pour sa sauvegarde de laisser en place les bois morts, notamment en milieux forestiers, faute de quoi l'espèce finira par appartenir au passé. D'autre part, est-il besoin de le préciser, les souches d'antan pourrissaient sur place dans nos parcs et jardins, faisant le bonheur de nombreuses espèces d'insectes, à commencer par les lucanes. De nos jours, mécanisation aidant, les souches sont promptement arrachées en quelques coups de tractopelles, ou réduites en copeaux par des engins aux mandibules d'acier portant les très évocateurs nom de "rogneuses" ou "grignoteuses". Pour finir, et bien prendre la mesure de l'amenuisement des effectifs, il faut savoir que J.H. Fabre (1823-1915), le "père de l'entomologie" relate avoir rempli un chapeau haut de forme en une seule soirée. A l'évidence l'éminent entomologiste aurait bien du mal de nos jours à remplir le 1/10e de son couvre chef. 
 
FIN
 
les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr