la momie

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la momie !

C'était au Maroc, dans le Moyen Atlas, et c'était à mi-parcours des années 50....

Là où nous habitions une allée de terre plus ou moins argileuse et caillouteuse permettait aux gens du Quartier d'accéder à leurs garages, débarras, et autres cabanons.

C'était à la fin de l'hiver, et j'empruntais cette allée juste après une brève mais violente averse qui avait plus ou moins lessivé le sol. Affleurant la terre, j'aperçois ce qui me semble être un caillou curieusement marginé de noir, et là surprise. De fait il s'agissait de la carapace d'une tortue terrestre, mais guère plus de 2 ou 3 cm étaient visibles.

" Gratouillant " tant bien que mal avec un caillou qui traînait à proximité j'ai eu l'impression que la carapace pouvait être entière, et je suis donc revenu avec un gros tournevis. Le sol était très dur, damé par le passage des véhicules, et il m'a fallu user d'une pierre en guise de marteau pour pouvoir extirper la fameuse carapace.

Elle était effectivement entière, et même plus qu'entière, car l'animal était encore dedans, tête et membres rentrés. La bête était de la taille d'un gros poing, et pour moi sa mort ne faisait aucun doute tant les orbites étaient creuses, au point de sembler vides. Une fois extirpés, les membres eux-mêmes étaient plus ou moins noirâtres, fripés à l'extrême, semi-rigides, et pour tout dire comme momifiés.

La bête ne sentait pas, la carapace était belle, et en attendant de la préparer le tout a fini dans un coin de la buanderie.

Ma mère était certes habituée à voire traîner de drôles de choses, mais au bout d'une bonne semaine je me suis quand même fait rappeler à l'ordre. J'avais effectivement quelque peu oublié ma momie et dès lors son " décorticage " s'imposait.

Une fois la bête en mains, j'ai été pris d'un doute car outre l'absence d'odeur malgré tout assez étonnante, j'ai eu le sentiment que les orbites étaient légèrement moins creuses. Le délai de grâce maternel étant accordé, la momie est donc retournée dans son carton.

Quelques jours plus tard le doute n'était plus permis ma momie se regonflait et ressuscitait peu à peu, à telle enseigne que les pattes réagissaient d'un poil à la traction, et qu'on devinait les yeux derrière les paupières entrouvertes d'un cheveu.

Au final la bête a bel et bien récupéré, et j'en suis toujours à me demander comment elle a pu se retrouver littéralement scellée dans le sol, combien de temps elle y est restée, comment elle a pu survivre, et comment elle a pu revenir à la vie.


les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr