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 le "sermon" de Luz Ardiden !
 
tête de vipère aspic mâleC'était à l'occasion de vacances estivales pyrénéennes…
 
Ce jour là je chassais les carabes (mes insectes préférés!), au-dessus de Luz-Ardiden, et je recherchais plus précisément le "monilis". À cette altitude, de l'ordre 2000 mètres, on peut trouver la bestiole sous les pierres, dans les zones plus ou moins herbacées.
 
Lors de ma quête, je suis tombé sur un site a priori favorable, mais il s'agissait plus de petits rochers que de grosses pierres, et il était impossible de les retourner, d'autant que la relative platitude du terrain faisait qu'ils étaient plus ou moins ancrés dans le sol, et certainement plus que moins...
 
Dans ce type de biotope, quand carabes il y a, ils se tiennent au plus près de la roche, derrière la végétation qui souvent la cerne, au moins en partie. À l'occasion ils profitent évidemment des irrégularités du minéral pour gagner en protection, et si je puis dire en " confort ".
 
Je prospectais sans succès depuis une bonne heure, et quelque peu déçu j'avais entrepris de changer de coin, et donc de faire demi-tour, tout en " chassotant " sans réelle conviction.
 
Apercevant néanmoins un rocher " présentant bien ", j'écarte les herbes, et avant d'avoir eut le temps de dire " couac " une très grosse vipère aspic se détend, frappe, et se retire aussitôt.
 
La surprise était totale, et l'attaque aussi imprévisible qu'imparable. De surcroît j'étais seul, et les secours nécessaires en pareil cas impensables, d'autant que le " portable " restait à inventer….
 
Fort heureusement je ne retourne jamais une pierre ou ne dégage un obstacle à mains nues, et présentement bien m'en a pris. De fait j'use toujours d'un piochon dont le manche approche les 40 cm. On peut d'ailleurs dire que ce type d'engin est un peu la 3 ème main du carabologue.
 
Cela dit je vous laisse imaginer le bond arrière que j'ai pu faire, et la peur éprouvée sur l'instant. C'était d'autant plus vrai que pour en avoir fait les frais à 2 reprises, je connais parfaitement les suites d'une morsure de vipère. Présentement j'en étais donc quitte pour une belle frayeur, au demeurant très passagère, car durant de longues années je m'étais intéressé aux reptiles, au point d'avoir des dizaines de vipères et couleuvres en appartement. Au final j'étais surtout passablement vexé de m'être ainsi fait avoir.
 
Afin de laver l'affront, et de me réconcilier avec mon amour propre, j'ai débusqué la bestiole et la tenant par l'extrémité de la queue, le bras haut levé ( afin qu'elle me voie bien !), je l'ai comme on dit vertement tancé. Si la scène avait eu un témoin, je crois que ce dernier se serait à juste titre inquiété pour ma santé mentale !
 
Une fois l' " engueulade" assénée j'ai bien sûr relâché le reptile qui s'est empressé de regagner son rocher, et non sans une certaine satisfaction j'ai pu constater que la peur avait changé de camp. De fait la malheureuse vipère était littéralement collée au rocher et ondulait sur place comme pour gagner le plus petit millimètre de recul.
 
C'était une femelle à la robe uniforme d'un grisâtre très sombre, coloration fréquente en altitude. À noter au passage que l'aspic peut se trouver jusqu'à 2300 m dans les Pyrénées, et 2900, dit-on, dans les Alpes. À ces hauteurs, elles sont rares, et en quelque sorte on peut considérer que j'ai eu de la chance d'en rencontrer une. De la même façon, notre vipère en a eu aussi, car beaucoup ne se seraient pas contentés d'un sermon, fût-il salé !
 
Pour conclure je suis resté un moment à observer " ma " vipère, et il faut croire que la leçon avait porté. De fait j'étais à 50 cm et elle ne manifestait plus la moindre agressivité. Immobile, quasi incrustée dans le rocher, et si je puis dire complètement écœurée, elle ne daignait même plus me regarder !
 
 
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