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 1)- un bien nommé lézard ocellé !
 
tête de Furax, le lézard ocelléC'était au Canet en Mai 1966…..
 
Dans le cadre des travaux pratiques de Zoologie, les enseignants, les étudiants, et moi-même, étions descendus en stage de terrain dans les Pyrénées-Orientales. Nous étions basés à Banyuls sur Mer pour la semaine, et plus précisément au Laboratoire Arago, annexe universitaire de Paris VI.
 
Pour moi ce stage de terrain était doublement pain béni, tant les centres d'intérêt personnels et professionnels convergeaient. Il s'ensuivait des journées particulièrement longues et bien remplies, mais la brièveté des nuits résultait plus d'un plaisir que d'une contrainte.
 
Dès l'aube j'allais en effet chasser pour mon propre compte, et après le petit déjeuner je repartais illico pour co-encadrer les excursions naturalistes en quelque sorte officielles. Après le dîner, et de nouveau à titre " perso ", je repartais en chasse de nuit avec quelques étudiants intéressés, et nous rentrions rarement avant 1h du matin..
 
Le contexte précisé, nous roulions lentement le long de l'étang de Canet quand j'aperçois un lézard qui assez loin devant nous traverse la route et disparaît dans la végétation de l'accotement. La taille, la stature, le volume apparent de la tête, tout indiquait qu'il s'agissait d'un lézard ocellé, et de surcroît d'un superbe mâle
 
Je fais bien sûr arrêter le car à bonne hauteur, et très vite je débusque le saurien qui détale " plein pot " et va se réfugier dans un gros tas de plâtras sauvagement bennés à deux pas de la route.
 
Ayant si je puis dire 40 étudiants sous la main, il s'est vite trouvé une petite dizaine de volontaires pour me prêter main-forte, et en l'occurrence dégager les gravas afin d'accéder au repaire du " monstre ".
 
Son trou était très peu profond, sans doute en raison de la protection déjà assurée par l'amoncellement des déblais, mais la gueule béante de l'animal en obturait littéralement l'entrée.
 
Vu le volume des masséters, mieux valait éviter les impressionnantes mâchoires, car tel un bouledogue ou un pit-bull, la bête n'est pas du genre à lâcher prise quand elle mord, et en d'autres lieux et circonstances j'avais déjà pu en juger.
 
Pour l'avoir là aussi expérimenté, je savais comment tirer parti de ce " mordant " et présentement un morceau de brique s'avéra très démonstratif. Sitôt présenté, sitôt mordu, et par tractions successives j'ai pu extirper la bête d'une main et dans le même temps la " cravater " promptement de l'autre.
 
Tout en tenant l'animal aussi fermement que ce dernier tenait son morceau de brique, j'ai alors entrepris de chercher une éventuelle femelle aux alentours. Je glanais depuis un bon moment quand l'animal a laissé choir le minéral, et de nouveau il m'a fallu clore la gueule béante.
 
Un morceau de roseau qui traînait a fait l'affaire, et là j'ai vraiment pris conscience de la puissance de l'animal. De fait le roseau a carrément craqué et s'est largement fendu, alors qu'il était du diamètre d'un doigt, et de surcroît très dur, car non moins sec.
 
En guise d'épilogue je dirais qu'en dépit de huit années de captivité le mauvais caractère de cet ocellé ne s'est jamais démenti, car le simple fait d'approcher du vivarium suffisait à déclencher l'ouverture de la redoutable gueule.
 
Je dirais encore qu'il devait être quelque peu misogyne, car la douce femelle capturée le jour suivant n'est jamais parvenue à s'attirer les bonnes grâces de son compagnon, et pas davantage à adoucir les mœurs de celui qu'à juste titre nous appelions " Furax ".
 

2)- le lézard ocellé de Meknès

 
.... et là c'était au Maroc, dans la seconde moitié des années 50 ....
 
Comme précédemment indiqué, j'avais déjà eu l'occasion de tester la pugnacité de ce genre d'animal, et la puissance de ses mâchoires. C'était au Maroc, et les ocellés y sont encore plus grands que chez nous, à telle enseigne qu'ils peuvent atteindre les 80 cm, étant entendu que la queue intervient pour plus de la moitié. A noter au passage qu'il s'agit du Lacerta tanginata, copie quasi conforme de notre ocellé (Lacerta ocellata).
 
Ce jour-là je cherchais quelques tortues terrestres (Testudo graeca) pour agrémenter le jardin parental, et plus précisément compenser le lot des inévitables fuyardes.
 
Je suis alors tombé sur un grand spécimen d'ocellé, et en usant de la même astuce que précédemment décrite (cette fois avec l'aide un morceau de branche), j'ai réussi à l'extraire de la faille rocheuse où il s'était réfugié,
 
J'avais juste une sorte de petit sac " marin " fermant par un lien coulissant, et quand j'ai voulu y enfourner l'animal, ce dernier est parvenu à mordre le bord du sac en question, et dès lors il s'est avéré impossible de lui faire lâcher prise. De mon côté j'étais fermement décidé à ramener ce bel ocellé, tant je le voyais déjà faire la une de mes terrariums.
 
La solution s'est imposée d'elle-même : la bête portant le sac, et moi tenant la bête, j'ai pu tranquillement finir mon périple, ce qui m'a certainement demandé près d'une demi-heure. À l'arrivée l'ocellé n'était toujours pas décidé à en " démordre ", et au grand dam de quelques dents, il a fallu me résoudre à faire levier avec la lame d'un couteau.
 
Pour conclure, je dirais avoir volontairement omis un " détail " qui donne toute la mesure du " mordant " évoqué. De fait le fameux petit sac marin était loin d'être vide, car il contenait 3 tortues dépassant très largement le volume du poing, et une superbe couleuvre " fer à cheval " (Coluber hippocrepis) atteignant le mètre cinquante!
 
 
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