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 la likenée bleue !
 
C'était en Octobre, en pleine forêt, et quasiment à l'heure du crime ...brrrrr !
 
C'était aussi sur la petite commune du Cellier, non loin de Nantes, là même où l'hilarant et talentueux Louis de Funés avait château....
 
A l' époque, avec 3 où 4 amis entomologistes, nous nous retrouvions assez régulièrement pour des chasses nocturnes aux ingrédients souvent surprenants, du moins pour le non initié.
 
Ce jour là il s'agissait de traquer Catocala fraxini, autrement dit la grande et peu fréquente " Likenée bleue".
 
Comme les autres Catocales (il en est des rouges et des jaunes !), la bête est plus attirée par le sucré que par la lumière, et elle se chasse donc à la "miellée", mixture par principe à base de miel.....mais nous étions plutôt confiture....et pinceau !
 
Concrètement il s'agit en effet de "confiturer" le tronc des arbres bordant les chemins et sentiers forestiers, cette opération se faisant à hauteur d'homme, et bien sûr avant la nuit tombée.
 
J'ajouterais qu'une surface guère plus grande que la main suffit, mais que ces "tags" doivent être aisément repérables, et donc bien visibles, mais aussi suffisamment nombreux et dispersés, afin de multiplier les chances d'un succès toujours très aléatoire.
 
Chasse de nuit oblige, une bonne torche électrique complète l'attirail du parfait "mielleux", l'inspection des appâts devant toutefois se faire en lumière très atténuée, afin de ne point effaroucher les papillons éventuellement attablés, et plus encore la fameuse et méfiante Likenée.
 
En règle générale nous chassions jusqu'à 2 ou 3 heures du matin, et le plus souvent à raison d'une 1/2 heure de ronde, suivie d'une 1/2 heure de pause. Cette dernière se passait au "camp de base", et bien entendu nous en profitions pour papoter bestioles...ce qui n'étonnera personne !
 
A l'époque j'avais l'oreille fine, et à plusieurs reprises, lors des pauses, j'avais perçu des sortes de craquements qui ne cadraient pas vraiment avec la vie animale nocturne. De surcroît ils me semblaient anormalement proches, et toujours provenir de la même direction, pour ne pas dire du même point.
 
Pour épisodiques et discrets qu'ils soient, ces bruits m'intriguaient et m'agaçaient tout à la fois, d'autant que les collègues ne semblaient pas s'en soucier, ni même les percevoir. A l'occasion d'une ronde j'avais bien évoqué la chose, mais à les entendre je me faisais des idées....un peu à la Jeanne d'Arc si je puis dire !
 
Lors d'une énième pause, les craquements se sont de nouveau manifestés. N'y tenant plus je suis allé voir de quoi il retournait, faisant en sorte de prendre la "source" à revers. Je n'avais pas pris ma torche, connaissant la configuration d'une toute proche petite lisière... pour avoir été y satisfaire un besoin naturel, alors qu'il faisait encore jour !
 
La lune éclairait fort peu, mais néanmoins suffisamment pour distinguer ce que j'ai cru être un tas de bois, amassé comme souvent au pied d'un arbre. N'ayant pas souvenir de l'avoir vu, je me suis approché, mais arrivé à quelques mètres mon pseudo tas de bois s'est d'un coup redressé, pour partir aussi vite que lui permettaient des jambes qui manifestement n'avaient plus 20 ans.
 
L'homme connaissait les lieux, et sans répondre à mon interpellation, il a très vite disparu dans la nuit, tandis que je trébuchais, et m'affalais piteusement, en tentant de me lancer à sa poursuite.
 
Reconstitution faite, le bonhomme était à moins de 10 m de nous, et il nous épiait sans doute depuis 2 bonnes heures. Tapi au pied de son arbre, et gagné par l'engourdissement, il devait éprouver le besoin de bouger un peu de temps en temps, d'où les craquements perçus.
 
Bien entendu il n'y avait rien à voir, ni à entendre, qui puisse "émoustiller" quelqu'un, ni même intéresser quiconque à ce point. A défaut d'explication cohérente, un garde forestier se serait par exemple manifesté, il a fallut se contenter de l'évocation d'une sorte de "satyre à la retraite", ou plus simplement d'un esprit passablement "dérangé".
 
Vous comprendrez que la fête s'en soit trouvée quelque peu gâchée, et pour tout dire écourtée, car le possible retour de notre "affreux Jojo", allié à la bizarrerie de son comportement, nous laissaient craindre quelque malveillance au niveau des voitures ou du matériel.
 
Pour conclure, j'ajouterais que cette forêt était décidément bien mal fréquentée (si je puis dire ! ), car une autre fois nous nous sommes retrouvés face aux canons des mitraillettes de la maréchaussée locale. Vous l'aurez compris, les gendarmes étaient eux aussi en "chasse", et tels des papillons de nuit ils avaient été attirés par la lumière de nos torches !
 
 
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